LE SPECTACLE DE LA MARCHANDISE. Art et commerce, 1860-1914. Après «Les Villes ardentes, 1870-1914» (
Lettre n°508), le musée des Beaux-Arts de Caen nous transporte dans un autre aspect de la ville au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, le développement démesuré du commerce. Des financiers et commerçants avisés profitent des immenses travaux du baron Haussmann pour implanter des établissements gigantesques, que l’on nommera les «grands magasins». Aristide Boucicaut fonde le
Bon Marché en 1852. Alfred Chauchard, commis au magasin
Au Pauvre Diable, s’associe à Auguste Hériot et Charles Eugène Léonce Faré pour lancer en 1855
Les Galeries du Louvre. Celles-ci deviendront
Les Grands magasins du Louvre employant, en 1875, 2400 personnes. François-Xavier Ruel ouvre en 1856 une boutique de bimbeloterie qu’il nommera un peu plus tard
Bazar de l’Hôtel de Ville. En 1865 Jules Jaluzot fonde
Le Printemps. En 1870, Ernest Cognacq lance
La Samaritaine et enfin, en 1894, ce sont les
Galeries Lafayette qui voient le jour. Ces magasins d’un nouveau genre sont de véritables attractions, au même titre que les grands boulevards du baron Haussmann.
Le parcours de l’exposition retrace en trois parties l’histoire de ces transformations, depuis ce «Paris redessiné» jusqu’à la contamination visuelle entre commerce et art, «La traversée du décor», en passant par «La mise en spectacle» et son nouvel arsenal publicitaire.
Si les grands magasins n’ont pas vraiment intéressé les artistes, en revanche, ils sont passionnés par les grands boulevards comme le montrent les toiles de Pissarro, Bonnard, Canella, Tarkhoff, De Nittis. Il en est de même des grandes réalisations que sont l’Exposition universelle de 1867 ou les Halles, objets de maintes lithographies, gravures et photographies. De leur côté, les grands magasins rivalisent d’imagination pour se faire connaître avec de grandes affiches qui mettent en exergue leur nom et leur immensité.
L’apparition de ces géants du commerce ne porte pas préjudice aux petites échoppes traditionnelles, en particulier celles installées à la périphérie, dans les quartiers populaires. Les artistes, tels Dufy, Luce, Gilbert, représentent à l’envi ces commerçants, qui s’installent à même la rue pour vendre leur marchandise, soit sur des carrés, soit devant leurs boutiques, et leurs clients.
Le plus intéressant dans cette deuxième partie est tout ce qui concerne cette «naissance d’un arsenal publicitaire». Il y a bien sûr les affiches. Sur l’une d’entre elles on lit «On rend l’argent de tout achat qui a cessé de plaire», une pratique contemporaine que l’on ne croyait pas si ancienne. De même, un film de 1930 commandé par
La Samaritaine, nous montre le processus de traitement d’une commande, depuis la distribution de 2.500.000 catalogues dans toute la France jusqu’à l’expédition quotidienne de 20.000 colis en France et à l’étranger. À part les moyens mis en œuvre, les grandes plateformes telles Amazon n’ont rien inventé !
... (
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