BARTABAS. NOCES DE CRINS. Avec le Cadre Noir de Saumur et l’Académie Équestre de Versailles.
Depuis la création de Zingaro et son Cabaret équestre en 1984 et celle de l’Académie Équestre de Versailles en 2003, Bartabas ne cesse d’animer les scènes du monde entier avec des spectacles originaux, entièrement tournés vers la culture, où le cheval tient une place primordiale. Ses écuyères – il n’y a aucun cavalier à Versailles – et ses chevaux, des lipizzans, donnent des spectacles sans aucun décor ni accessoire, reposant sur des chorégraphies précises créées par Bartabas.
A l’inverse, le Cadre Noir de Saumur, dont les origines remontent à la fin du XVIe siècle, est chargé de perpétuer l’équitation sportive de tradition française. Ses écuyers, et même aujourd’hui ses écuyères, participent aux grandes manifestations sportives tels les Jeux Olympiques. Ainsi son écuyer en chef, le lieutenant-colonel Thibaut Vallette a été médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Les chevaux sont choisis parmi les plus aptes à faire des sauts et des figures complexes, avec simplicité et sans esbroufe.
Comment faire travailler harmonieusement deux ensembles aussi différents ? Bartabas y est parvenu avec son nouveau spectacle, Noces de Crins. Celui-ci alterne les numéros habituels de ses écuyères tels l’escrime à cheval, le carrousel ou les longues rênes et les présentations des écuyers du Cadre Noir dans une mise en scène bi-frontale. Mais il y a aussi de nombreux numéros réunissant les deux institutions. Les chevaux entrent sur la piste par les quatre angles, tournent en rond, serpentent, se croisent, se rejoignent deux par deux, etc. sur les douces musiques d’Arandel inspirées de Bach. C’est une heure de chorégraphie équestre où les spécialistes noteront la précision des gestes dans la conduite des chevaux, tandis que les autres, comme pour un ballet, se contenteront d’admirer les performances de ces cavaliers et cavalières.
Au fait, ces derniers sont-ils nécessaires ? Au milieu du spectacle, cinq chevaux déboulent dans l’arène, sans selle ni rênes. Ils galopent, se roulent sur le sol, se caressent, se reniflent, librement, sans direction, du moins en apparence. Puis ils se regroupent les uns derrière les autres tandis que cinq écuyères prennent place au milieu de la piste. Les chevaux les rejoignent « spontanément » et repartent avec elles. Finalement, il suffit donc de laisser faire les chevaux pour créer un spectacle ? Bien sûr il n’en est rien et nous repartons après avoir apprécié une nouvelle fois le travail inimitable de Bartabas. R.P. Grande Halle de la Villette 19e. Jusqu’au 23 juin. Lien : www.lavillette.com.