ÉTINCELLES. Pièces courtes de Jon Fosse. Traduction Camilla Bouchet, Gabriel Dufay, Marianne Ségol, Terje Sinding. Mise en scène Gabriel Dufay. Scénographie Margaux Nessi. Avec la troupe de la Comédie-Française Didier Sandre, Anna Cervinka, Clément Bresson, Sefa Yeboah, Morgane Real.
En Hongrie, on dit: « un ange passe par la scène ». Cette expression n’existe pas dans les pays scandinaves ce qui n’empêche pas Jon Fosse de louer dans un court monologue ce moment clé dans la vie ou au théâtre, quand les mots prononcés par les comédiens sont autant de petites étincelles d’éternité partagées.
Suivent quatre courtes pièces entrecoupées de six poèmes. Ce sont des éclats de vie à un moment charnière de l’existence des personnages, où le temps est acteur à part entière.
Un homme attend sa jeune maîtresse dans l’angoisse qu’elle ne vienne pas. Mais elle apparaît et il se calme. Il est perdu sans elle mais, elle, est perdue à l’idée d’être avec lui. « J’ai juste cette petite vie à moi », confie-t-elle à son ami de toujours, présent à ses côtés. Sept ans plus tard, les deux amants vivent toujours ensemble. Mais le bonheur est-il sans nuages quand on a abandonné sa femme et son enfant, quand on a abandonné son ami à lui-même et à sa solitude?
Une femme a quitté mari et enfants au nom de la liberté. Des années plus tard, elle revient. Elle voulait juste connaître la liberté, mais la liberté, ce n’est pas être libre. On peut se libérer des autres mais pas de soi-même. Alors elle aimerait se lier à nouveau mais il est trop tard.
Un couple marche. Son regard porté sur le sommet d’une montagne, lui voit une lumière qu’elle ne voit pas. Il suit la lumière puis son tracé lumineux en quête de secret.
Et l’ami de toujours poursuit son chemin, sa solitude en bandoulière… ... (Lire la suite).

RELATIONSHIT d’Antoine Sentis. Mise en scène de l’auteur. Avec Quitterie Arnaud, Jean-Charles Deval, Antonin Dobrowolska, Martin Pommier, Cécile Houette.
Un Open Space avec vue stratosphérique et parking…à vélos ! Rien n’est trop beau pour Sarrautech, une Start up dotée d’une vision portée par Alex Belcour, et son frère Aymeric. Enfin, c’est ce que ce dernier voudrait croire… Alex Belcour, donc, jeune entrepreneur, vit l’année vingt-vingt-cinq avec une légèreté coupable. Après avoir materné son équipe à coup de corbeilles à fruits, salle de sport, potager, baby foot, cours de salsa et de yoga, la société est dans le rouge. Que faire pour donner l’impression que tout va bien quand le principal bailleur de fonds est le papa, un paternel qui en a assez «d’entretenir la danseuse»? Aurélie a une idée précise sur le devenir de l’entreprise qu’elle s’efforce de faire partager à Aymeric, son supérieur, et plus parce qu’il y a affinité. Myriam, loin du compte, exige de monter dans la hiérarchie et réclame des augmentations pour son équipe marketing, pour Yohan en particulier. Mais malgré l’amitié que celui-ci entretient avec Aymeric, Alex s’apprête à le licencier. Julie, la stagiaire, jugée transparente, rêve d’un CDI. Et elle ne fait pas que faire couler les cafs’. Elle bosse, observe, compulse et enregistre … ... (Lire la suite).

UNE ÉQUIPE FORMIDABLE de Ivan Calbérac. Mise en scène de l’auteur. Avec Maud Baecker, Ludivine de Chastenet, Sophie de Fürst, Thomas Sagols, Sébastien Pierre, Benoît Tachoires.
«Ce fut un tel bonheur de te diriger!», «Ce fut un tel bonheur d’être dirigée par toi!». Telles sont les paroles que le réalisateur et sa star échangent avec gratitude le soir de l’avant-première. Tout s’est déroulé à merveille assurent les membres de l’équipe. Tous? Non! Cette fois-ci, l’un d’eux n’est pas de cet avis. Depuis sa cuisine, lors du tournage, Hubert, le cuisto, n’a pas perdu une miette de ce qui s’est passé à la cantine, lieu de toutes les espérances mais aussi des désespoirs et des découragements. Et, selon lui, une seule journée à la cantine, cela peut être chaud: Alice, la Star, se fait attendre. Pour patienter, Hubert propose ses dernières créations culinaires, oubliant qu’il a perdu le goût et l’odorat. Alice n’apparaît toujours pas, Max, le réalisateur, stresse à mort. Si JB, le premier assistant, tente de calmer le jeu, Marie-Pierre, la directrice de production, tempête: chaque seconde de retard coûte un max. Seule Natacha, la maquilleuse, fait preuve d’un optimisme débordant. Alice arrive enfin et tout se gâte. Ego, petites rivalités, soif de reconnaissance, ambitions contrariées rivalisent avec des vies personnelles où les épreuves ne manquent pas… ... (Lire la suite).

SOULAGES. Une autre lumière. Peintures sur papier.  Nous avons rendu compte à plusieurs reprises des expositions consacrées à Pierre Soulages (1919-2022), en particulier au Centre Pompidou en 2009 (Lettre 116), à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny en Suisse en 2018 (Lettre 461), au Louvre en 2020 (Lettre 495) et bien sûr dans son musée à Rodez (Lettre 523). À côté de ses toiles et de ses bronzes, il y avait toujours des peintures sur papier. Mais ici, l’exposition est exclusivement consacrée à ces dernières, une première en France. 130 œuvres sont exposées, dont plus d’une trentaine inédites, sur les quelque 800 qu’il peignit et conserva longtemps dans ses ateliers à Paris et à Sète.
Le parcours suit un ordre chronologique depuis ses tout premiers dessins d'après modèle réalisés lorsque Soulages était élève à l’École des Beaux-Arts de Montpellier en 1941-42, jusqu’à ses dernières œuvres sur papier en 2004.
C’est pendant la guerre, en 1942, qu’il découvre l’art abstrait dans un article de Signal consacré à l’art «dégénéré». Il y voit, entre autres, un tableau de Mondrian, qu’il qualifie d’«art né de la division d’un rectangle, fondé sur les rapports géométriques». Dès lors Soulages se lance dans l’art abstrait et ne le quittera plus. Sur le papier, il commence par des fusains puis opte pour le brou de noix, une matière ordinaire utilisée par les menuisiers pour teindre le bois, dont il aime les qualités de transparence et d’opacité et également de luminosité en contraste avec le blanc du papier. Il emploie aussi l’encre et la gouache mais n’abandonne jamais le brou de noix, jusqu’en 2004, l’étalant avec des outils de peintres en bâtiment.
En 1948, le docteur Ottomar Domnik, amateur d’art abstrait, organise une tournée de peintres abstraits dans sept musées allemands. Non seulement Soulages, de loin le plus jeunes des peintres sélectionnés, en fait partie mais c’est l’un de ses brous de noix qui est choisi pour l’affiche. Cette exposition rencontre un grand succès et lance la carrière de Soulages. Celui-ci est exposé dès 1954 et pendant les dix années suivantes à la galerie Kootz à New York, tandis qu’il expose peu en France. En 1957, la galerie Berggruen présente à Paris ses gouaches et ses eaux-fortes. Peu à peu Soulages est exposé dans le monde entier, ce qui confirme sa stature internationale, et présente chaque fois, à partir des années 1960, des peintures sur papier à côté de ses toiles, preuve de l’importance qu’il leur attache. ... (Lire la suite).

BIOPARC. Zoo de Doué-la-Fontaine. Ce parc zoologique ouvert en 1961 abrite quelque 2000 animaux appartenant à 130 espèces. Il se trouve sur d’anciennes carrières de falun, ce qui en fait le seul zoo troglodytique au monde. Sur 17 hectares, ses concepteurs ont creusé des enclos de très grandes tailles, reliés par des chemins et des tunnels qu’empruntent les visiteurs ou les animaux. Ceux-ci bénéficient de conditions de vie qui leur sont manifestement propices compte tenu du nombre de naissances observées dans ce zoo. C’est ainsi qu’une panthère des neiges a donné naissance à une femelle prénommée Bahini et à un mâle baptisé Akela le 25 mai 2025. Comme il reste moins de 3500 panthères des neiges vivant dans la nature, cela montre l’intérêt de sauvegarder dans les zoos les espèces menacées. C’est ce que fait en priorité le Bioparc où l’on voit essentiellement de tels animaux en voie de disparition. Celui-ci est également engagé dans plus de trente «Projets Nature». Pour cela le Bioparc subventionne des associations œuvrant pour la protection de la biodiversité dans différents pays du monde (4,5 millions d’euros versés depuis 2001) et participe à des repeuplements, comme celui des vautours en Bulgarie.
Le Bioparc comprend une quarantaine d’enclos de toutes sortes. Les plus spectaculaires par leurs dimensions sont tout d’abord le Camp des Girafes où évoluent une dizaine de ces animaux, en «danger critique», ainsi que des zèbres de Grévy. Le spectacle des zèbres broutant l’herbe tombée des mangeoires des girafes, lorsqu’elles peuvent manger, tout en empêchant celles-ci de s’en approcher, est un véritable paradoxe. La Vallée des Rhinocéros noirs, où évoluent également des gazelles, est particulièrement imposante. Il en est de même du Cratère des Carnivores mais, vu la complexité du lieu, les lions, guépards et petits carnivores qui s’y trouvent savent où se cacher. ... (Lire la suite).