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Lettre n° 509
du 14 octobre 2020
 

Nos sélections de la quinzaine

 
 

 

 


 
      THÉÂTRE

 
 


Photo J. Stey


 

LA LÉGENDE DU SAINT BUVEUR de Joseph Roth. Adaptation Christophe Malavoy. Lumières Maurice Giraud. Décor Francis Guerrier. Avec Christophe Malavoy.
Combien de temps encore Andréa aurait-il vécu sous les ponts de Paris si un promeneur n’avait pas croisé sa route, un beau soir, sur un quai de la Seine ? Un monsieur d’un certain âge à la mine soignée s’arrêta, rempli de compassion, et lui tendit un billet. Digne, Andréa refusa. Puis, considérant l’insistance du donateur, il accepta la somme et, tout en le remerciant, l’assura de son intention de le rembourser. Les semaines qui suivirent, Andréa resta dans les mêmes dispositions d’esprit malgré son penchant pour les plaisirs terrestres. Des rencontres et des hasards heureux l’aiguillonnèrent tandis que d’autres l’égarèrent, ajournant sa décision. Honora-t-il sa promesse ? Là est la question.
La musique est au cœur de la mise en scène très élaborée de Christophe Malavoy. Une trompette, un bugle plus précisément, et quelques chansons sont autant de pauses qui permettent d’apprécier la poésie et la philosophie du texte. ... (Lire la suite).

 




 
      SPECTACLES

 
 


Photo Fabienne Rappeneau


 

VIRGINIE HOCQ ou presque de et avec Virginie Hocq. Mise en scène Johanna Boyé. Avec la participation de Thomas Marceul.
« Pousse-toi papa ! ». Non, ce n’est pas à son père que Virginie s’adresse mais à l’urne funéraire qui trône sur une table aussi encombrée que le reste de l’appartement. « Quel bel enterrement ! On a ri » poursuit-elle !  Elle rit moins maintenant, considérant le bric-à-brac qui l’entoure. Les déménageurs arrivent, il faut vider des décennies de souvenirs. Classer, enfourner dans les cartons, se débarrasser de certains objets, elle s’y emploie avec courage et beaucoup d’à-propos. Sources d’émotions, elle tombe sur le journal intime d’un papa fier de sa fille, sur des articles soigneusement découpés. Ils la renvoient à son enfance et à un début précoce sur les planches : à neuf ans, son interprétation du poulpe médusait déjà ! Courageuse oui, mais bien moins lorsqu’elle envisage la vieillesse. Vieillir, elle s’y refuse !
Le décor déconcertant de l’appartement et la lumière blafarde d’une ampoule omniprésente dégagent une atmosphère pesante de lendemain de deuil, témoin d’une page qui se tourne, totalement opposée à celle, survoltée, de la mise en scène. Véritable tornade, notre humoriste souffle avec virtuosité sur le chaud de la vie et le froid de la mort. ... (Lire la suite).

 




 
      EXPOSITIONS ET SITES

 
 


Photo © Adam Rzepka


 

GIORGIO DE CHIRICO. La peinture métaphysique. Si le fonds du musée de l’Orangerie est constitué par la collection de Paul Guillaume, le marchand d’art de Giorgio de Chirico (1888-1978), en revanche, aucun tableau de ce dernier n’y figure, la veuve de Paul Guillaume les ayant tous vendus. La présente exposition comble un temps cette absence en s’intéressant tout particulièrement aux œuvres réalisées par Chirico à Paris entre 1911 et 1915 et à celles qu’il fit avant et après ce séjour, à Munich et à Ferrare.
C’est durant cette période qui va de 1909 à 1918 que Chirico « invente » la peinture métaphysique, un qualificatif donné par le poète Guillaume Apollinaire, qui le présente, ainsi que son frère, le peintre, écrivain et compositeur Alberto Savinio, à Paul Guillaume et à des artistes tels Picasso, Matisse, Brancusi, Magnelli, Archipenko, Modigliani. Il est certes impressionné par ceux-ci, mais c’est la découverte du polonais Nietzsche dont il lit les écrits dès 1908 et du poète Rimbaud, qui forge son style comme il le confirme en 1919. Il crée un art fondé non pas sur l’apparence des objets, mais sur les significations potentielles et les associations d’idées que ces objets peuvent susciter.
Giorgio de Chirico est né en Grèce en 1888, à Vólos, capitale de la Thessalie dans une famille ottomane cosmopolite de nationalité italienne. En effet son aïeul avait servi la Maison de Savoie et avait gagné cette nationalité. Il reçoit une éducation très complète, en particulier en langues étrangères, et s’inscrit à l’École polytechnique d’Athènes pour suivre les traces de son père, ingénieur dans les chemins de fer, tout en satisfaisant sa passion pour le dessin et la peinture. Son père décède en 1905. C’est sans doute en souvenir de ce dernier que Chirico introduit des trains dans certains de ses tableaux, trains qui évoquent aussi le départ ou le voyage. Sa mère décide alors de s’installer à Zurich pour favoriser la vocation artistique d’Alberto, musicien prodige. Giorgio, quant à lui, s’inscrit à l’Académie des beaux-arts qu’il quitte en 1908, sans diplôme.
Le parcours est divisé en trois sections. ... (Lire la suite).


 
 


Photo © Nicolas Dewitte / LaM


 

ESPRIT ES-TU LÀ ? Les peintres et les voix de l’au-delà. En 1848, les sœurs Fox, installées dans une ferme réputée hantée près de la ville de Rochester, établissent un contact avec un supposé « esprit ». L’événement prend de l’ampleur. Les sœurs Fox ouvrent un cabinet de consultations spiritualistes. Elles parcourent les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne. Le « spiritisme » devient un véritable phénomène de société en moins de cinq ans et fait de nombreux adeptes. Parmi les plus célèbres citons Victor Hugo, Thomas Edison, Camille Flammarion, Arthur Conan Doyle, Jean Jaurès, Pierre Curie, Sigmund Freud. En 1888, Margaret Fox confesse que leurs séances étaient un canular !
Cela n’empêche nullement le spiritisme de continuer et de se développer. Dans une première salle, on voit toutes sortes d’objets : main spirite, tablette ouija, guéridon, trompette, télégraphe, etc. tous supports destinés à communiquer avec l’au-delà. Des créations dictées par des voix intérieures, des guides de l’au-delà, se développent, particulièrement dans les milieux populaires. Des artistes renommés comme Théophile Bra ou Fernand Desmoulin s’affranchissent de leurs productions habituelles et exécutent des dessins, parfois en état de transe. Mais les trois figures majeures de ce courant sont deux anciens mineurs et un plombier-zingueur, tous trois issus du bassin minier du nord de la France, Fleury-Joseph Crépin, Augustin Lesage et Victor Simon. Ils sont mis à l’honneur dans cette exposition réalisée grâce au concours du LaM de Villeneuve d’Ascq, qui possède la plus importante collection d’art spirite au monde.
Tous trois ont en commun de ne pas avoir appris la peinture. Rien ne les prédestinait à peindre, jusqu’à ce que des voix leur enjoignent de le faire. Leurs tableaux sont étranges, souvent symétriques, d’une minutie exceptionnelle, d’une grande qualité plastique, conçus comme des édifications spirituelles, associant des influences et des motifs d’origines disparates : chrétiennes, hindoues, orientales ou encore inspirées de l’Égypte antique. Tous trois sont aussi guérisseurs. ... (Lire la suite).


 

 
 
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