VÉNUS DE LESPUGUE, LA  MUSE ÉTERNELLE. Dans l’exposition voisine, «Picasso et la préhistoire» (Lettre 568) on constate combien la Vénus  de Lespugue a influencé Picasso. Mais celui-ci n’a pas été le seul à succomber  aux charmes de cette icône de l’art, dont l’original est présenté dans l’exposition  « Arts et préhistoire » (Lettre 565) qui précède celle-ci. Cette exposition nous le prouve amplement. 
                C’est ainsi qu’à côté des reproductions de la fameuse  sculpture intemporelle, nous voyons des œuvres de Brassaï (1899-1984), Femme hottentote (1958), réalisée  avec un galet, et Vénus  noire 1 (1967) et de Jean Arp (1886-1966), Croissance (1938) et Figure sans nom (1957) dont les  formes sont plus proches des sculptures préhistoriques que des statues grecques. 
                Aujourd’hui encore, des artistes sont inspirés par cette «muse  éternelle». C’est le cas de Gabriel Sobin (né en 1971) qui nous présente deux Vénus, l’une en pierre volcanique et l’autre  en albâtre, et une Étude de  la Vénus de Lespugue en onyx rose afghan.
                De leur côté, les Mountaincutters (nés en 1990) réalisent  une installation avec trois Vénus en verre soufflé, présentées inclinées sur des  trépieds, plutôt que verticales comme dans la sculpture classique.
                Plus loin, Muriel Décaillet (née en 1976) nous offre un Totem (2015) et cinq petites Vénus réalisées avec de la brique, du textile et d’autres matériaux comme cette pelote  de cheveux perdus par l'artiste à la naissance de son enfant.
                La Vénus de Lespugue a également inspiré des poètes, tel Robert Ganzo (1898-1995) qui intitule sobrement Lespugue l’un de ses poèmes, que l’on  peut lire dans l’exposition. Jean Fautrier a illustré l'édition de 1942 de Lespugue par  onze lithographies et Zadkine a réalisé pour celle de 1966 six eaux-fortes,  exposées également. De son côté, Yves Klein (1928-1962) a réalisé lui-aussi  une Petite Vénus bleue (évidemment !) entre 1956 et 1957. Mais le plus étonnant est le  travail du styliste américain Thom Browne (né en 1965) qui présente en 2018,  dans le défilé parisien de sa collection printemps été, trois créatures prenant  pour modèle les Vénus préhistoriques, dotées de trois paires de seins  superposées et de fesses plantureuses!
                L’exposition se termine avec la remarquable vidéo d’Anna Ginsburg, What is  Beauty? (2018) destinée par l'artiste à sa  petite sœur pour dénoncer les souffrances dues à l’objectivation du corps  féminin. Tout est dit. R.P. Musée  de l’Homme 16e. Jusqu’au 22 mai 2023. Lien : www.museedelhomme.fr.