GEORGE CONDO

Article publié dans la Lettre n°627 du 10 décembre 2025



 
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GEORGE CONDO. Cette exposition est la plus importante à ce jour consacrée à cet artiste. Né en 1957 à Concord (New Hamshire), George Condo s’intéresse tout jeune à la peinture et à la musique. En 1979 il suit des cours de dessin à Boston, tout en jouant dans un orchestre de jazz. C’est lors d’un concert à New York qu’il rencontre Jean-Michel Basquiat avec qui il se lie d’amitié. Condo s’installe alors à New York où il travaille dans un atelier de sérigraphie. Dans celui-ci il a pour mission d’appliquer la «poussière de diamant» sur les sérigraphies de la série Myths d’Andy Warhol.
En 1982, il visite de nombreux musées sur la côte ouest, notamment ceux qui détiennent des collections historiques, ce qui renforce son admiration pour les maîtres anciens. Il n’aura de cesse de s’intéresser à l’histoire de l’art et de s’inspirer des techniques de ses prédécesseurs qu’il revisite dans ses compositions. C’est ainsi qu’il peint The Madonna (1981) inaugurant sa série des Fake Old Masters. Plus tard, à Paris en 1993, il apprendra les techniques des maîtres anciens auprès d’un copiste au Louvre.
En 1983, Basquiat le présente à Keith Haring. Les trois peintres formeront un trio qui a contribué à remettre en question le medium de la peinture. C’est pourquoi cette exposition clôt en quelque sorte un cycle commencé ici avec Jean-Michel Basquiat en 2010 (Lettre 320) et Keith Haring en 2013 (Lettre 356).
En 1985, Condo s’installe à Paris où il séjournera jusqu’en 1995 pour retourner à New York.
La présente exposition, réalisée en dialogue avec l’artiste, retrace plus de quatre décennies de la carrière de George Condo en présentant les plus emblématiques de ses œuvres.
Cette rétrospective n’est pas présentée de manière chronologique mais à travers des cycles et thématiques auxquels l’artiste revient sans cesse au fil de séries d’œuvres distinctes. Les commissaires la présente ainsi par le biais de trois volets principaux: le rapport à l’histoire de l’art, le traitement de la figure humaine, et le lien à l’abstraction.
Après l’introduction, le premier volet s’ouvre sur «Le côté obscur de l’humanité» où sont exposées les œuvres les plus puissantes de Condo, depuis The Murder (1980) jusqu’à Birdbrain  (2018) en passant par une grande sculpture en bronze, Rodrigo et sa femme (2008). Viennent ensuite des toiles s’inspirant de diverses périodes antérieures, telle la Renaissance (The Portable Artist, 1995), regroupées dans la notion de Condo de «réalisme artificiel». On y voit aussi une sorte d’autoportrait, The Cloud Maker (1984) avec son seul nom au milieu d’un paysage! Ce premier volet se termine avec des œuvres appartenant aux séries des Collages (à partir de 1986) et des Combination Paintings (1990-1993). Parmi les premiers, le Spanish Head Composition (1988) est le plus monumental avec une quarantaine de dessins collés sur un portrait d’un personnage picassien. Pour les seconds, on remarque surtout The Trapped Hunter (1993), un ensemble de trois tableaux de tailles différentes.
On se dirige ensuite vers le «cabinet des dessins». Au passage on peut voir des carnets de dessins et des lettres et écrits divers de Condo. La salle des dessins est époustouflante. Là sont accrochées plus de 110 œuvres graphiques, depuis ses premiers dessins d’enfant jusqu’à ses encres et pastels les plus récents, sans ordre établi. Cela montre toute l’importance du dessin dans la pratique de Condo.
Le deuxième volet, «le traitement de la figure humaine», commence par une section intitulée «L’être inhumain» où des portraits plutôt conventionnels (Portrait of a Woman, 2002) voisinent avec des personnages issus de l’imagination de l’artiste (The Smiling Sea Captain, 2006).
Viennent ensuite deux séries d’œuvres de grandes dimensions, les Compression Paintings, qui représentent des foules compactes accumulées dans un coin du tableau (Compression III, 2011), et les Drawing Paintings où Condo met au même niveau la peinture et le dessin dans une même œuvre (Female Figure Composition, 2009). Ce volet s’achève avec des toiles peintes entre 2014 et 2015, des «Double portraits». Ceux-ci, très inspirés du cubisme, mettent en regards deux aspects d’un même personnage. D’une manière exceptionnelle chez lui, Condo se l’applique à lui-même dans Self Portrait Facing Cancer 1 (2015), qu’il peint alors qu’il est atteint d’un cancer des cordes vocales.
Nous voyons dans ces salles une douzaine de sculptures en bronze représentant des bustes, voire simplement des têtes de divers personnages, dont le fameux Rodrigo, ce maître d’hôtel maladroit, qui jalonne l’œuvre de Condo.
Le dernier volet est consacré aux œuvres quasi abstraites de l’artiste. Il commence avec la série des Expanding Canvases. Vues de loin, ces toiles en expansion semblent tout à fait abstraites. Mais de près, on voit qu’elles sont constituées d’une multitude de vignettes délicatement peintes.
Les deux salles suivantes regroupent de grandes peintures monochromes, des blanches, des bleues et des noires, ces dernières étant présentées dans une salle elle-même très sombre.
Le parcours se termine avec des œuvres récentes et plus particulièrement des Diagonal Compositions («Compositions diagonales»). Une exposition qui nous permet de mieux connaître cet artiste peu exposé en France. On retiendra la variété de ses œuvres, la richesse de ses couleurs, bien mises en valeur par la scénographie et un parcours original. R.P. Musée d’Art moderne de Paris 16e (01.53.67.40.00). Jusqu’au 8 février 2026. Lien : www.mam.paris.fr.


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