KEITH HARING. The Political
Line
Article
publié dans la Lettre n° 356
du
17 juin 2013
KEITH HARING. The Political Line.
Le Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et le Centquatre se
sont unis pour présenter une grande rétrospective de cet artiste
dont tout le monde connaît les dessins mais souvent sans mesurer
son engagement dans tous les grands combats du XXe siècle. Né en
1958 à Reading (Pennsylvanie, Keith Haring fait des études de dessin
publicitaire avant de se former, en autodidacte, en étudiant les
œuvres d’artistes qu’il admire, comme Klee, Dubuffet, Pollock, Christo,
Alechinsky. En 1978 il s’installe à New York où il parfait ses connaissances
techniques dans différents medias et où il rencontre nombre d’artistes
et musiciens tels que Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol ou encore
Madonna. Sa vie a quelque chose de similaire à celle de Basquiat
mais alors que ce dernier est plutôt un peintre, Haring est avant
tout un dessinateur de grand talent, capable de produire en quelques
jours d’immenses œuvres comme The Ten Commandments (1985),
dix panneaux de sept mètres de haut, réalisés en trois jours au
CAPC de Bordeaux, au moment même de sa première exposition monographique
dans un musée (exposé au Centquatre). Très vite Keith Haring devient
célèbre et se rend compte que ses œuvres se vendent très chères
sur le marché de l’art. Souhaitant que l’art ne soit pas réservé
à quelques-uns, il dessine à la craie, sur les panneaux noirs du
métro en attente de recevoir une affiche publicitaire, des dessins
destinés à faire connaître l’art aux voyageurs. Il fait ces Subway
drawings au vu de tous, arrêté de temps en temps par la police,
de 1980 à 1985. Après en avoir dessiné quelque 5000, il arrête quand
il se rend compte que des collectionneurs venaient récupérer les
affiches, pourtant non signées !
Dans la même veine il ouvre en 1986, à l’instigation d’Andy Warhol,
autant artiste que businessman, une boutique, le « Pop Shop », où
il vend des produits dérivés de son art (T-shirts, casquettes, badges,
etc.), comme cela se fait aujourd’hui dans les grandes expositions
! Cette initiative qui avait pour but de permettre à tout le monde
d’avoir des objets d’art est mal comprise car l’on croit qu’il le
fait pour gagner encore plus d’argent. En fait l’expérience est
un échec commercial mais la popularité de Keith Haring devient immense.
Il lancera une autre boutique de ce genre au Japon, le pays où il
est le plus populaire aujourd’hui, dans des conteneurs qu’il a entièrement
peints.
Toutefois cette exposition est axée sur un autre aspect de l’œuvre
de Keith Haring, celui de son engagement politique dans les grandes
causes qui ont marqué le XXe siècle. Elles sont toujours d’actualité
aujourd’hui mais cet artiste, mort du sida en 1990, n’est plus là
pour se faire entendre. Le par-cours se déroule ainsi en huit grands
thèmes : L’individu contre l’État ; Capitalisme ; Les œuvres dans
l’espace public ; Religion ; Mass Media ; Racisme ; Écocide, menace
nucléaire et apocalypse ; Dernières œuvres. Sexe, sida et mort.
Ses œuvres illustrent bien, avec les mêmes moyens : les chiens ou
les écrans de télévision omniprésents, les monstres qui attaquent
l’homme, les symboles du dollar ou de la religion, etc., quelques-unes
des grandes préoccupations de notre époque comme la sauvegarde de
la planète, la menace des nouvelles technologies, le risque nucléaire
ou le racisme. Sur ce dernier thème son tableau monumental Michael
Stewart - USA for Africa, en mémoire à ce tagueur noir assassiné
par des policiers en 1983, est éloquent. Il montre « Stewart étranglé
par des mains blanches au moyen d’une corde, le pied écrasé par
un pied blanc, tandis qu’il est menacé par la main-dollar et des
croix. Dans le coin supérieur droit, la terre se scinde en deux,
laissant se déverser un large flot de sang qui noie la population
entière. L’Apocalypse est en marche ». Une exposition à ne pas manquer.
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris 16e (01.53.67.40.00)
et Centquatre 19e. Jusqu’au 18 août 2013. Pour
voir notre sélection de visuels du Musée d'Art moderne,
cliquez ici. Lien :
www.mam.paris.fr.
Pour
voir notre sélection de visuels du Centquatre, cliquez ici.
Lien : www.104.fr.
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