FRIDA KAHLO. Au-delà des apparences. Le musée de l’Orangerie nous avait présenté en 2013 une exposition des œuvres de Frida Kahlo (1907-1954) associées à celles de son époux Diego Rivera (Lettre n°360). Si le musée de la Mode de la ville de Paris s’intéresse aujourd’hui à cette grande artiste mexicaine, ce n’est pas pour son œuvre pictural mais pour son personnage, sa façon de s’habiller, son look comme on dit aujourd’hui. De fait, on ne voit que très peu de tableaux de Frida Kahlo, souvent de simples photographies, mais un grand nombre d’objets personnels. En effet, à sa mort, Diego Rivera mis sous clé dans la Casa Azul, la maison familiale où elle avait passé toute sa vie, les objets qui lui avaient appartenu. Ce n’est qu’en 2004 que ceux-ci furent découverts et exposés. C’est donc la première fois que nous pouvons les voir en France.
Après une introduction sur l’exposition et la biographie de Frida Kahlo, le parcours commence par une déambulation dans la salle courbe du sous-sol, où sont retracés les principaux événements de sa vie : son enfance à la Casa Azul (la Maison bleue) ; ses premières photographies prises par son père, photographe professionnel, où elle apprend à prendre la pose ; son terrible accident dans un bus percutant un tramway, alors qu’elle avait dix-huit ans, la laissant infirme à vie malgré de nombreuses opérations ; ses séjours en Gringolandia, le nom qu’elle avait donné aux États-Unis, en compagnie de Diego Rivera, appelé à peindre des murales à San Francisco, Detroit et New York et enfin son voyage à Paris en janvier 1939, à l’appel d’André Breton qui avait fait sa connaissance à Mexico l’année précédente. Frida Kahlo avait commencé à peindre, couchée dans son lit durant sa convalescence, avec un chevalet pliant et un miroir fixé dans le baldaquin de son lit. Mais c’est durant son séjour aux États-Unis qu’elle approfondit véritablement son art. Une salle « Handicap et créativité » nous montre comment elle en est venue à ces multiples peintures où elle se représente, par exemple sur son lit d’hôpital ou encore engoncée dans des corsets médicaux qu’elle décore. Plusieurs de ces corsets sont exposés à côté d’une jambe prothétique avec botte à lacets, qu’elle se fit faire en 1953, après l’amputation de sa jambe droite menacée de gangrène. Dans cette salle on voit aussi les nombreux médicaments, produits de toilettes, produits de maquillage, bijoux etc. trouvés dans la Casa Azul en 2004. À leur vue, on comprend l’importance que revêtait pour Frida Kahlo l’aspect qu’elle donnait d’elle-même, ne laissant rien au hasard et contrôlant avec soin son image. Dès l’âge de vingt ans, elle adopte, avec quelques adaptations, les fameux costumes Tehuana portés par les femmes de l’isthme de Tehuantepec, où d’ailleurs elle ne s’est jamais rendue. Selon ses dires, elle fait sensation à San Francisco avec les robes et les rebozos (châles) qu’elle a apportés. Elle écrira : « Les gringas sont bouche bée devant mes colliers de jade et tous les peintres veulent que je pose pour eux ». On peut voir de nombreux costumes Tehuana dans la salle suivante, dont certains, parfois tâchés de peinture, lui ont appartenu. Sur les murs, à côté des autoportraits peints dans ces costumes, on trouve de nombreuses photos de magasines pour lesquels elle a posé, toujours avec ces vêtements mexicains et cet air grave dont elle ne se dépare jamais depuis son accident. Une dernière salle, fermée après le 31 décembre, nous montre comment Frida Kahlo a inspiré les couturiers et créateurs contemporains. Nous avions déjà eu quelques exemples photographiques de cette Fridamania à la fin de l’exposition de 2013. Ici, on voit sur des mannequins des créations de Jean-Paul Gaultier, Yohji Yamamoto, Maria Grazia Chiuri, Alexander McQueen, Riccardo Tisci, Karl Lagerfeld, etc. particulièrement inspirés par les longues jupes, les couleurs vives, les motifs de fleurs ou même de visages, les étonnants resplandores, des coiffes en dentelle qui entourent la totalité du visage, et même les corsets médicaux portés par Frida Kahlo. Une exposition originale sur cette artiste majeure du XXe siècle, avec une remarquable scénographie. R.P. Palais Galliera 16e. Jusqu’au 5 mars 2023. Lien : www.palaisgalliera.paris.fr Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici
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