Parcours en images et en vidéos de l'exposition
FRIDA KAHLO
Au-delà des apparences
avec des visuels
mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue
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FRIDA KAHLO. Au-delà des apparences.
Incomparable, transgressive, inoubliable, Frida Kahlo est devenue une icône culturelle de renommée mondiale. Ses peintures et sa démarche unique d'autocréation fascinent aujourd'hui encore.
Née au Mexique en 1907, Frida Kahlo grandit sur fond de révolution mexicaine (1910-1920). Elle commence à peindre en 1925, alors qu'elle est alitée à la suite d’un grave accident de circulation qui entraînera des problèmes de santé pendant toute sa vie et de nombreux handicaps. À 22 ans, elle épouse le célèbre muraliste mexicain Diego Rivera. Ensemble, ils quittent le Mexique pour voyager aux États-Unis. En 1939, elle embarque pour Paris pour sa première exposition en Europe. Aujourd'hui, Frida Kahlo est reconnue internationalement comme l'une des artistes les plus remarquables du XXe siècle.
En 2004, ses effets personnels ont été découverts dans la maison où elle est née et a vécu la majeure partie de sa vie, la Casa Azul (la Maison bleue). Mis sous clé à la demande de Diego Rivera après sa mort, en 1954, ces objets sont exposés pour la première fois à Paris.
Frida Kahlo, au-delà des apparences, présente des photographies, des corsets orthopédiques, des accessoires et la garde-robe colorée de Frida Kahlo, aux côtés de ses peintures et dessins. L'exposition dévoile son univers intime et montre comment l'appartenance ethnique, l'expérience du genre et celle du handicap ont façonné sa vie, son style et son œuvre.
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Entrée de l'exposition. Photo Laurent Julliand. |
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Texte du panneau didactique. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
BIOGRAPHIE DE FRIDA KAHLO
1907
Le 6 juillet, naissance de Magdalena Carmen Frida Kahlo y Calderón à la Casa Azul, à Coyoacán, près de Mexico. Elle est la fille de Guillermo Kahlo, photographe d’origine allemande, et de Matilde Calderón y González, métisse d’origine espagnole et autochtone d’Oaxaca, au Mexique.
1910
Début de la Révolution mexicaine. À l’âge adulte, Frida Kahlo revendiquera 1910 comme son année de naissance, en solidarité avec la Révolution mexicaine.
1913
Frida Kahlo contracte la poliomyélite à l’âge de six ans ; sa jambe et son pied droits resteront infirmes à vie.
1925
Le 17 septembre, Frida Kahlo est grièvement blessée dans un accident de la route. Elle commence à peindre pendant sa convalescence.
1929
Le 21 août, Frida Kahlo et Diego Rivera se marient à Coyoacán.
1930
Frida Kahlo et Diego Rivera arrivent à San Francisco ; ils passent la majeure partie de la période 1930-1933 aux États-Unis.
1932
Frida Kahlo et Diego Rivera déménagent à Détroit, où Diego Rivera est chargé de réaliser des peintures murales.
Le 4 juillet, Frida Kahlo fait une fausse couche et frôle la mort par hémorragie. Par la suite, le style de ses peintures devient plus audacieux.
1933
En mars, Frida Kahlo et Diego Rivera déménagent à New York, où Nelson Rockefeller a commandé à Diego Rivera une fresque murale pour le Rockefeller Center. Diego Rivera y fait figurer un portrait de Lénine, ce qui entraîne la destruction de la fresque.
Le 20 décembre, le couple retourne au Mexique.
1937
Diego Rivera fait en sorte que Léon Trotski, dirigeant marxiste exilé au Mexique, obtienne l’asile. Frida Kahlo et Trotski ont une courte liaison qui se termine en juillet.
1938
André Breton et Jacqueline Lamba séjournent au Mexique.
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1939
Frida Kahlo se rend à Paris pour une exposition personnelle. Elle expose finalement dix-huit toiles dans l’exposition collective Mexique, à la Galerie Renou et Colle (du 10 au 25 mars). L’exposition rassemble des photographies, des antiquités préhispaniques, des peintures du XIXe siècle et des objets folkloriques mexicains de la collection d’André Breton.
L’État français fait l’acquisition du tableau de Frida Kahlo, The Frame [Le Cadre], conservé aujourd’hui au Centre Pompidou.
Frida Kahlo et Diego Rivera divorcent.
1940
César Moro et Wolfgang Paalen organisent L’Exposition internationale du Surréalisme à la Galería de Arte Mexicano de Mexico. Les deux Frida et La Table blessée y sont exposés.
Trotski est assassiné le 20 août.
Frida Kahlo se rend à San Francisco pour un traitement médical. Elle se remarie avec Diego Rivera en décembre.
1941
Le père de Frida Kahlo, Guillermo Kahlo, décède.
1943
Frida Kahlo commence à enseigner à l’École nationale de peinture, de sculpture et de gravure du ministère de l’Éducation, connue sous le nom de La Esmeralda.
1946
Frida Kahlo se rend à New York pour une opération de la colonne vertébrale.
1950
Frida Kahlo passe la majeure partie de l’année à l’hôpital et commence à utiliser un fauteuil roulant.
1953
Lola Álvarez Bravo organise la première exposition personnelle de Frida Kahlo à Mexico à la Galería de Arte Contemporáneo. Frida Kahlo assiste alitée au vernissage, le 13 avril.
Frida Kahlo est amputée de la jambe droite jusqu’au genou en raison d’une gangrène.
1954
Frida Kahlo est hospitalisée, mais le 2 juillet, contre l’avis de ses médecins, elle participe à une manifestation contre l’intervention américaine au Guatemala. Il s’agit de sa dernière apparition publique.
Le 13 juillet, Frida Kahlo meurt chez elle à l’âge de quarante-sept ans. Ses cendres reposent à la Casa Azul. |
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Section 1 : « Je suis née ici »
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Scénographie. Photo Laurent Julliand.
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ARBRE GENEALOGIQUE
Magdalena Carmen Frida Kahlo y Calderón naît te 6 juillet 1907, à la Casa Azul (la Maison bleue) à Coyoacán, aujourd'hui un quartier de Mexico. Sa mère, Matilde Calderón y Gonzalez, mestiza d’origine indigène et espagnole, est née à Oaxaca. En grandissant. Frida Kahlo apprendra à témoigner librement de son héritage autochtone, et ce avec une grande créativité.
Son père Wilhelm (Guillermo) Kahlo, émigré allemand, débarque au Mexique à 18 ans et devient photographe. Il transmet à sa fille l'art de poser pour des portraits, si significatif pour artiste.
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Texte du panneau didactique. |
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Frida Kahlo (1907-1954). Mes grands-parents, mes parents et moi (Arbre généalogique), 1936. The Museum of Modern Art, New York, don d'Allan Roos. © 2022 Banco de Mèxico, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. Mexico, DF. / Artists Rights Society (ARS), New York / Adagp, Paris. |
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Guillermo Kahlo. Deux photos de Frida à l’âge de 4 ans, 1911. Tirages gélatino-argentiques. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Photographe inconnu. Photo de mariage de Matilde Calderón et Guillermo Kahlo, 21 février 1898. Tirage gélatino-argentique (fac similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Les parents de Frida Kahlo se sont rencontrés alors qu'ils travaillaient tous deux dans une bijouterie, à Mexico. Sur leur photo de mariage, la robe de mariée de style européen de Matilde est fortement corsetée, et Guillermo porte un costume et une chemise à col cassé. Frida Kahlo a utilisé cette photographie pour représenter ses parents dans plusieurs peintures, dont Mes grands-parents, mes parents et moi, en 1936. |
PRENDRE LA POSE
Frida Kahlo a appris très jeune à prendre La pose. D'abord photographiée par son père, elle a ensuite été le modèle de nombreux photographes de premier plan, ainsi qu'en témoigne cette exposition. La photographie peut être considérée comme le premier médium d'expression artistique de Frida Kahlo. Elle a en effet collaboré avec des photographes pour poser, composer et exprimer de multiples identités bien avant de devenir peintre. Sur les photos prises avant ses 6 ans, elle sourit. Puis, elle contracte la poliomyélite : son visage au regard intense et dénué de joie devient une caractéristique constante. Elle dira plus tard que sa maladie et les brimades qu'elle a subies par la suite l'ont transformée en une enfant triste et introvertie.
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Texte du panneau didactique. |
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Guillermo Kahlo. Frida Kahlo à 19 ans, 1926. Tirage gélatino-argentique. Collection privée.
Dans ce portrait, Guillermo Kahlo présente sa fille de 19 ans comme une jeune femme éduquée et à la mode, vêtue d'une robe de style européen. Son apparence sereine et sa posture, qui dissimule sa jambe droite mutilée, masquent le fait qu'elle vient de survivre à un accident de la circulation presque fatal et qu'elle ne s'est que récemment remise de graves blessures. |
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Guillermo Kahlo. Autoportrait nu, entre 1900 et 1912. Tirage gélatino-argentique (fac-similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Les audacieux autoportraits nus de Guillermo Kahlo ont peut-être influencé la décision de Frida d'exposer son propre corps dans des photographies et des peintures. On ne sait pas à quelle date elle a écrit « papa » sur cette photographie. |
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Guillermo Kahlo. Matilde Calderón y González, vers 1897. Tirage gélatino-argentique (fac-similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
La mère de Frida Kahlo pose en « Adelita » devant un décor de studio peint. Adelita était une ballade populaire sur une soldadera (femme soldat). Cette chanson, qui fut associée à la révolution mexicaine de 1910-1920, était l'un des corridos (chants folkloriques mexicains) préférés de Frida Kahlo, qui se peindra en Adelita en 1927. |
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L'ACCIDENT
Le 17 septembre 1925, Frida Kahlo est grièvement blessée lorsque le bus dans lequel elle se trouve avec son petit ami et camarade de classe Alejandro Gomez Arias entre en collision avec un tramway. Elle souffre de nombreuses fractures à la colonne vertébrale, la clavicule, les côtes, la hanche et la jambe droite. Plus grave encore, elle a été empalée par une tige en acier, qui l'a transpercée, pénétrant par la hanche et sortant par le vagin. « J'ai perdu ma virginité », ironisera-t-elle. Alitée, incapable de poursuivre ses études, elle commence à peindre.
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Frida Kahlo. Accident, 17 septembre 1926. 20 x 26,5 cm. Crayon graphite sur papier. Mexico, collection Juan Rafael Coronel Rivera. |
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Texte du panneau didactique |
GENRE ET IDENTITÉ
Adolescente, Frida Kahlo a soigneusement construit et exprimé différentes identités de genre devant la caméra. Le 7 février 1926, Guillermo Kahlo a photographié sa fille vêtue d'un costume trois-pièces pour homme, arborant une canne ornée. Sur une autre photo, elle est coiffée d'une casquette de garçon. Un troisième cliché pris le même jour la montre portant une élégante robe de style européen, posant en jeune femme sophistiquée, des livres sur les genoux. Tout au long de sa vie. Frida Kahlo a utilisé ses vêtements, ses coiffures et ses accessoires pour façonner ses identités de genre diverses, complexes et parfois contradictoires. Dans la terminologie moderne, nous pourrions dire qu'elle a rejeté les catégories binaires cisgenres, embrassant la fluidité des genres et une identité queer. Mais le langage et les choix qui s'offraient à elle à l'époque étaient très différents de ceux dont nous disposons aujourd'hui.
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Guillermo Kahlo. Frida Kahlo portant une casquette, 1926. Tirage gélatino-argentique. Collection privée. |
Section 2 : La Casa Azul
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Scénographie
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LA CASA AZUL
Frida Kahlo est née à la Casa Azul, elle y a vécu la majeure partie de sa vie et y est morte en 1954. Ses parents, qui avaient construit la maison en 1904, l’avaient décorée dans le style européen, en vogue à l’époque. Frida Kahlo et Diego Rivera la rénovent dans les années 1930. Ils repeignent les murs gris en un bleu éclatant, et remplissent leur maison d’objets reflétant leur attachement à la culture mexicaine, notamment l’art populaire, les sculptures préhispaniques et les peintures votives. La Casa Azul devient un centre culturel, attirant des personnalités venues du Mexique et d’ailleurs, parmi lesquelles Léon Trotski et André Breton, à la fin des années 1930.
Frida Kahlo était souvent confinée chez elle en raison de son état de santé, aussi a-t-elle transformé sa maison en un microcosme du Mexique. Des statues archéologiques en décorent l’intérieur, alors que dans le jardin se dressent fièrement des Xoloitzcuintli (chiens nus), des perroquets, des canards, des singes et un faon. La Casa Azul est l’une des expressions de l’éblouissant pouvoir créatif de l’artiste et de son puissant attachement à la mexicanidad (mexicanité).
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Texte du panneau didactique. |
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Guillermo Zamora. Diego et Frida à la Casa Azul, vers 1952. Tirage gélatino-argentique (fac similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Au milieu des années 1940, l'architecte Juan O'Gorman a agrandi la Casa Azul côté nord et ajouté un deuxième étage, construit en pierre volcanique noire, un matériau fréquemment utilisé par les Aztèques. Le studio et la chambre de Frida Kahlo ont été déplacés à l'étage. Le jardin a également été étendu, et une petite pyramide de pierre édifiée pour exposer les figurines autochtones rassemblées par Kahlo et Rivera au fil des ans. |
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DANS SON JARDIN
Frida Kahlo aimait passer du temps dans son jardin, entourée de fleurs, d'arbres, d'animaux et de sculptures. La plupart des clichés de cette section ont été réalisés par des femmes photographes proches de l'artiste, en particulier au cours de la dernière décennie de sa vie.
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Gisèle Freund. Frida Kahlo avec ses canards, 1948. Tirage gélatino-argentique. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. |
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Texte du panneau didactique. |
À L'INTERIEUR DE LA CASA AZUL
«Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule.» - Frida Kahlo
Les miroirs ont joué un rôle clé dans la vie et l'œuvre de Frida Kahlo. Ils sont présents dans tous les coins de la Casa Azul : sur la commode, dans l'armoire, encastrés dans les murs du patio, et jusqu'à l'intérieur du baldaquin du lit de l'artiste. Poser, façonner son apparence et peindre devant un miroir figuraient parmi ses activités quotidiennes.
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Lola Álvarez Bravo. Frida Kahlo, vers 1944. Tirage gélatino-argentique. Collection privée.
L'éminente photographe Lola Álvarez Bravo et Frida Kahlo se sont rencontrées au lycée. Leur amitié s'est poursuivie jusqu'à la mort prématurée de Frida Kahlo. Lola Álvarez Bravo a organisé la seule exposition personnelle de Frida Kahlo au Mexique de son vivant, dans la Galeria de Arte Contemporáneo, à Mexico, en avril 1953. |
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MEXICANIDAD
La révolution mexicaine a éclaté en 1910, lorsque le président Porfirio Diaz a remporté son huitième mandat à l'issue d'une élection truquée. La décennie suivante a été marquée par des troubles politiques, des conflits et des soulèvements armés à travers le Mexique. En lutte contre les grands propriétaires, spéculateurs et puissances étrangères, les insurgés exigent une réforme économique et sociale généralisée au profit du peuple mexicain. Se considérant comme une enfant de la révolution, Frida Kahlo a fait de 1910 son année de naissance.
Les artistes mexicains ont forgé leur propre révolution, la Renaissance mexicaine. Ils se sont tournés vers leur pays pour trouver l'inspiration et créer de nouvelles formes d'art public célébrant la diversité ethnique et historique de la nation. Les artistes, dont Frida Kahlo, étaient particulièrement attirés par l'isthme de Tehuantepec, réputé pour sa société matriarcale et la richesse de ses traditions autochtones. Bien que Frida Kahlo ne s'y soit jamais rendue elle a fait des costumes de cette région une partie de son identité et s'est forgé une image emblématique : « La Tehuana ».
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Florence Arquin. Frida Kahlo debout à côté d’une idole, 1946. Tirage à développement chromogène. Collection privée. |
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Frida Kahlo. Portrait de Lucha Maria, une fille de Tehuacán, ou Le Soleil et la Lune, 1942. Huile sur Isorel. Collection Pérez Simón, Mexique.
Frida Kahlo peint Lucha Maria assise pieds nus sur une pierre volcanique, dans un décor binaire où s'équilibrent le jour et la nuit, le passé et le futur. L'arrière-plan est dominé par deux anciennes pyramides de Teotihuacan dédiées au Soleil et à la Lune. La jeune fille et le petit avion militaire qu'elle tient dans ses mains (une possible allusion à la Seconde Guerre mondiale) peuvent également désigner l'avenir, tandis que les vestiges archéologiques rappellent le passé du Mexique. |
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Frida Kahlo. Survivant, 1938. Huile sur métal. Collection Pérez Simón, Mexique.
Frida Kahlo représente ici un guerrier préhispanique jouant à la pelote, inspiré par une figurine issue de la collection Kahlo-Rivera. Trouvée dans des fouilles archéologiques à Colima, cette statue en céramique semble isolée dans un paysage dépeuplé. Lorsque le tableau fut présenté à la première exposition personnelle de Frida Kahlo à la Julien Levy Gallery de New York, en novembre 1938, le critique du New Yorker suggéra qu'il dépeignait « la survie du Mexique dans un monde fragile ». La peinture est présentée dans son cadre d'origine en étain de Oaxaca. |
ART ET POLITIQUE
« Je suis un être communiste. » - Frida Kahlo
Au début des années 1920, le ministre mexicain de l'Éducation, José Vasconcelos, recrute les plus grands artistes du pays, dont Diego Rivera, pour créer une nouvelle forme d'art public. Ainsi débute le mouvement muraliste mexicain. La première commande de Diego Rivera est pour la Escuela Nacional Preparatoria (l'école préparatoire nationale), où Frida Kahlo est alors étudiante. Brillante et véhémente, elle fait partie du groupe politique Los Cachuchas, du nom des casquettes à visière que portaient ses membres.
Les études de Frida Kahlo s'arrêtent brutalement avec son accident. Elle rejoint le Parti communiste en 1928, encouragée par la photographe et militante Tina Modotti. Cette même année, celle-ci la présente à Diego Rivera.
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Texte du panneau didactique. |
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Frida Kahlo. Autoportrait peignant Staline, vers 1954. Mine de plomb sur papier. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Jusqu'à sa mort, Frida Kahlo sera une militante et une fervente communiste. Son désir de consacrer son art au service de la cause politique, à l'instar de Rivera et des muralistes mexicains, est consigné dans son journal vers la fin de sa vie. Ici, l'artiste, habillée en Tehuana, est assise devant son chevalet, sur lequel est exposé un portrait de Joseph Staline. Bien que Frida Kahlo ait accueilli Léon Trotski chez elle à la fin des années 1930. Elle a ensuite affirmé sa loyauté envers Staline. Ce n'est qu'après la mort de Frida Kahlo que les purges staliniennes furent plus largement connues. |
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PEINTURES VOTIVES
Frida Kahlo et Diego Rivera possédaient une collection de plusieurs centaines de peintures votives, connues au Mexique sous le nom de retablos, qui couvraient les murs de la Casa Azul, à la manière de murs d'église. Ces ex-voto ont été produits par milliers à la fin du XIXe siècle et au début du XXe. Peints sur des plaques de métal, le plus souvent par des artistes anonymes, ils étaient accrochés dans les églises en guise de remerciement à la Vierge Marie et aux autres saints, pour les prières exaucées après un accident, une blessure ou une maladie. Les retablos sont généralement composés de trois éléments : la représentation de l'incident dans la partie inférieure du tableau, la divinité salvatrice au-dessus, et un rouleau déployé en bas donnant un compte rendu textuel de l'événement.
En 1932, Frida Kahlo commence à peindre sur métal et utilise le pouvoir formel et narratif du retablo, avec sa compression de l'espace et du temps, dans plusieurs de ses œuvres.
André Breton, fondateur du mouvement surréaliste, lui rend visite à la Casa Azul en 1938 et, saisi par les qualités oniriques de ces peintures vernaculaires, se lance lui-même dans la collection de panneaux votifs.
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Gisèle Freund. Peintures votives à la Casa Azul, 1951. Photographie (fac-similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Texte du panneau didactique. |
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Peinture votive en remerciement à la Vierge de Talpa après un accident de train, Mexico, 22 septembre 1928. Huile sur métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Peinture votive en remerciement à la Sainte-Trinité après un accident de voiture, entre 1920 et 1930. Huile sur métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo a tout particulièrement recherché des œuvres picturales représentant des accidents de la route. Elle a même modifié une peinture votive existante, afin qu'elle soit le reflet de sa propre expérience. Sur cette peinture, un homme est blessé aux jambes par une voiture. |
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Peinture votive en remerciement à la Vierge de Talpa après une fièvre, fin XIXe - début XXe siècle. Huile sur métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México. Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
La composition des peintures votives comprend un espace terrestre, un espace céleste et, souvent, un récit écrit. |
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Peinture votive en remerciement à la Vierge de Talpa après la blessure d'un fils, 1901. Huile sur métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Cette peinture votive montre Ramón Gómez hospitalisé après avoir été blessé. Craignant que son fils soit arrêté sans motif, sa mère invoque la Vierge de Talpa. Le tableau présente Ramón Gómez quittant l'hôpital en homme libre. |
Section 3 : Gringolandia
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Scénographie. Photo Laurent Julliand.
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GRINGOLANDIA
« Les gringas m'adorent, elles remarquent toutes les robes et les rebozos que j'ai apportés, elles sont bouche bée devant mes colliers de jade, et tous les peintres veulent que je pose pour eux. » - Frida Kahlo
Frida Kahlo quitte le Mexique pour la première fois peu de temps après son mariage, lorsqu'elle accompagne Diego Rivera à « Gringolandia », nom qu'elle donnait aux États-Unis. Celui-ci est alors un artiste célèbre, chargé de réaliser des peintures murales à San Francisco, New York et Détroit. Frida Kahlo est d'abord traitée avec condescendance comme « l'exotique » troisième épouse de Rivera, qui « se mêle[ait] joyeusement d'art ».
Ses expériences aux États-Unis (1930-1933) sont complexes et décisives. À San Francisco, elle façonne son style de Tehuana si singulier, est photographiée par de grands photographes et commence à peindre sérieusement.
Si elle prend plaisir à explorer un New York « magique », elle critique toutefois les écarts de richesse et le racisme dont elle est témoin. À Détroit, une fausse couche traumatisante transforme radicalement son art l'amenant à se réinventer en peintre subversive faisant voler en éclats les tabous.
En1938, elle revient triomphalement à New York en tant qu'artiste à part entière, avec une première exposition personnelle à la Julien Levy Gallery. André Breton, rencontré plus tôt cette année-là au Mexique, écrit un essai pour l'exposition, dans lequel il compare le travail de Frida Kahlo à « un ruban autour d'une bombe ».
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Texte du panneau didactique. |
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Lionel Reiss. Frida Kahlo et Diego Rivera à un vernissage, à New York, 10 mai 1933. Tirage gélatino-argentique. Collection privée.
En 1933, Diego Rivera et Frida Kahlo participent au dîner de soutien à l'exposition de portraits du peuple juif par Lionel Reiss. Pour affirmer son hostilité à la « théorie nazie aryenne », le couple revendique des origines juives. Frida Kahlo écrit que sa grand-mère paternelle, Henriette Kaufmann, était « une juive allemande », mais les origines juives de son père ne sont pas attestées. La cape de soirée en velours que Frida Kahlo porte sur ce cliché est présentée dans l'exposition. |
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SAN FRANCISCO
« La ville de San Francisco est très belle... J'ai pu voir l'océan pour la première fois et j'ai adoré ! » - Frida Kahlo
C'est en tant que jeune épouse de Diego Rivera que Frida Kahlo arrive à San Francisco. Le couple réside au 716 Montgomery Street de novembre 1930 à mai 1931, dans un milieu animé où évoluent artistes, photographes, écrivains et intellectuels. Frida Kahlo s'épanouit en explorant les quartiers ethniques de la ville. Elle commence à créer son «look » autochtone unique et à incarner l'identité de la Mexicana. C'est aussi dans cette ville qu'elle se met à peindre plus sérieusement, sortant de l'immense ombre de Diego Rivera pour se faire sa propre place en pleine lumière. |
Studio photographique Peter A. Juley & Son. Frida Kahlo et Diego Rivera dans l'atelier de Ralph Stackpole, San Francisco, 1931. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo fut d'abord célèbre pour avoir posé devant l'objectif d'importants photographes. Venus immortaliser l'éminent Diego Rivera, ceux-ci furent subjugués par son épouse. Frida Kahlo a construit son identité emblématique et inoubliable, connue comme « la mexicana » en collaborant avec des photographes de renom, tels Imogen Cunningham, Peter A. Juley ou Edward Weston, bien avant de développer son langage plastique en tant que peintre. |
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Texte du panneau didactique. |
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Scénographie |
DÉTROIT
« [Détroit] me fait penser à un "dépotoir”. Je ne l'aime pas du tout. » - Frida Kahlo
Le 21 avril 1932, Diego Rivera et Frida Kahlo arrivent à Détroit, où Rivera est invité à peindre plusieurs fresques murales à la gloire de l'industrie moderne au Detroit Institute of Arts. Reçu par Henry Ford, Rivera passe beaucoup de temps dans les usines Ford, où les ouvriers et les machines l'inspirent. |
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Frida Kahlo. L'Hôpital Henry Ford, 1932, Détroit, États-Unis. Huile sur métal. © 2022 Banco de México, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo, Mexico, D.F. / Adagp, Paris.
Environ un mois après leur arrivée à Détroit, Frida Kahlo découvre qu'elle est enceinte. Dans une lettre au Dr Eloesser, elle écrit qu'elle a tenté d'avorter. Cependant, après cet échec, elle envisage d'avoir un bébé, malgré ses peurs et ses inquiétudes pour son mariage et sa santé. Le 4 juillet 1932, elle fait une fausse couche traumatisante et frôle la mort par hémorragie. À l'hôpital, elle commence à transformer ses expériences douloureuses en art. L'Hôpital Henry Ford représente le corps nu de Frida Kahlo, tordu et baigné de sang dans un lit d'hôpital. S'écartant radicalement des images conventionnelles de l'accouchement l'artiste présente une « anti-nativité ». Le sang utérin tabou, ses cheveux décoiffés sont aux antipodes du genre traditionnel du nu allongé (l'odalisque) et en rupture avec les autoportraits de Frida Kahlo en belle Tehuana. |
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Frida Kahlo. Autoportrait, endormie, 1932. Mine de plomb sur papier. Musée Frida Kahlo. Banco de México -Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo réalise plusieurs dessins d'elle alitée, dans lesquels ses pensées et ses émotions sont reproduites sous forme de griffonnages s'élevant de sa tête (ou de son esprit). Son art opère un glissement de la représentation fidèle à l'autoportrait symbolique et aux « dessins automatiques » exprimant des émotions, des pensées et des expériences intérieures. Des dessins comme celui-ci annoncent la transition majeure que constituera le tableau L'Hôpital Henry Ford. |
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Guillermo Kahlo. Frida Kahlo pleurant, 1932. Tirage gélatino-argentique. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Peu de temps après sa fausse couche, Frida Kahlo entreprend un long voyage en train pour rentrer chez elle, car sa mère est gravement malade. Elle arrive tout juste avant le décès de Matilde Calderón. Cette photographie prise par Guillermo Kahlo montre Frida Kahlo pleurant la perte de sa mère et de son enfant perdu. |
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DÉBUTS ARTISTIQUES
De son vivant, Frida Kahlo n'a connu que deux expositions personnelles, toutes deux dans des galeries. La première, du 1er au 15 novembre 1938 à la Julien Levy Gallery, à New York; la seconde à Mexico, à la Galeria de Arte Contemporáneo, en avril 1953, juste un an avant sa mort. Lors de l'exposition collective Mexique, à Paris, ses peintures figuraient parmi de nombreux autres objets.
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« Rise of Another Rivera » [L’avènement d’une autre Rivera], par Bertram Wolfe. Vogue US, 1er novembre 1938. Papier imprimé. Collection Gannit Ankori.
Bertram Wolfe, l’un des membres fondateurs du parti communiste aux États-Unis, fut également le biographe et le collaborateur littéraire de Diego Rivera, ainsi qu'un ami proche de Frida Kahlo. Cette critique de l'exposition de l'artiste propose une lecture biographique de ses peintures, se concentre sur son mariage avec Rivera et sa personnalité flamboyante. |
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Texte du panneau didactique. |
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Frida Kahlo. Le Suicide de Dorothy Hale, 1938-1939. Huile sur toile. Phoenix Art Museum, Arizona. © 2022 Banco de México, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo, Mexico, D.F. / Adagp, Paris.
En 1938, à New York, le récent suicide de la comédienne Dorothy Hale défraye la chronique. L'auteure Clare Boothe Luce passe alors commande, à Frida Kahlo, d'un portrait commémoratif. Comme inspiré du mouvement d'une caméra, le suicide de Dorothy Hale est représenté tel qu'il s'est déroulé, en temps réel. Le sang éclabousse le cadre, et le corps semble s'immiscer dans l'espace du spectateur. Choquée par cette représentation, la commanditaire de l'œuvre fera effacer son nom du tableau. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
Section 4 : Paris
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Scénographie
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PARIS
Après ses débuts à New York, Frida Kahlo est invitée par André Breton à exposer son travail à Paris. Cependant, rien n'est prêt pour son exposition lorsqu'elle arrive en janvier 1939. Finalement, la galerie Renou et Colle organise une exposition collective intitulée Mexique, où sont présentées dix-huit de ses œuvres. Frida Kahlo est accueillie avec chaleur par de nombreux artistes de renom présents au vernissage : « ...bien des félicitations pour la chicua, dont une énorme embrassade de Joan Miró et de grands compliments pour mon œuvre de la part de Kandinsky, des félicitations de Picasso, Tanguy, Paalen, et d'autres "grands cacas” du surréalisme », écrit-elle.
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Jean Moral. Frida Kahlo sur le Normandie, 1939. Impression jet d'encre. Avec l'aimable autorisation du musée Nicéphore Niépce. |
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Nickolas Muray. Photographie du tableau de Frida Kahlo Ce que l'eau m'a donné, vers 1938. Impression jet d'encre en couleurs. Collection privée.
Dans un de ses essais, André Breton présente Frida Kahlo comme une femme naïve, ignorant tout de l'histoire de l'art. Il utilise sa peinture pour promouvoir ses propres idées : « Ce que l'eau me donne [...] illustrait à son insu la phrase que j'ai recueillie naguère de la bouche de Nadja ; "Je suis la pensée sur le bain dans la pièce sans glace". » André Breton méconnaît ici le sens profondément novateur du tableau. Frida Kahlo peint des fragments de son corps, ses pensées et ses imaginations flottant dans l'eau du bain. Elle réinvente alors le motif traditionnel de la « baigneuse ». |
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Dora Maar. Frida Kahlo, 1934.© DR, collection privée. © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust / ADAGP, Paris 2022. |
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Les dix-huit tableaux de Frida Kahlo exposés à Paris
Cette vidéo présente les dix-huit peintures de Frida Kahlo présentées lors de l'exposition Mexique (galerie Renou & Colle, Paris, 1939).
Recherche et reconstitution : Gannit Ankori.
Cliquer ici ou sur l'image pour voir la vidéo
© 2022 Banco de México, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo,
Mexico, D.F. / INBAL / Adapg, Paris.
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Scénographie |
Femmes Tehuana
La beauté des femmes de Tehuantepec, leurs robes colorées et leur fierté revendiquée pour leurs coutumes et leur identité sont sources d'admiration et de fascination depuis le XIXe siècle. À Tehuantepec, les marchés, les festivals et les jours de fête étaient avant tout le domaine des femmes. Dans Mexico South (1946), Miguel Covarrubias écrit : « Tous les jours, des femmes affairées de tous âges défilent dans des costumes si riches et éblouissants, avec des charges si spectaculaires de fruits et de fleurs sur la tête, qu'on ne peut pas croire qu'elles ne font qu'aller au marché ou rentrer du travail. »
Ces magnifiques tenues Tehuana appartenaient autrefois à Alfa Rios Henestrosa, qui a donné à Frida Kahlo certains de ses huipiles (tuniques) provenant de sa ville natale de Juchitán à Oaxaca, dans le sud du Mexique. Sa petite-nièce, Circe Henestrosa, est la commissaire de cette exposition.
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Texte du panneau didactique. |
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Huipil (tunique), années 1930, isthme de Tehuantepec, Juchitán, Oaxaca, Mexique.
Velours de coton avec motifs floraux brodés à la main.
Enagua (jupe) et holán (volant), avant 1954, isthme de Tehuantepec, Juchitán, Oaxaca, Mexique.
Jupe : velours de coton avec motifs floraux brodés à la main.
Volant : coton avec bordure en dentelle. |
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Huipil (tunique), années 1930, isthme de Tehuantepec, Juchitán, Oaxaca, Mexique.
Coton à motifs de fleurs brodés au crochet et à la machine au point de chaînette.
Enagua (jupe) et holán (volant) années 1930, isthme de Tehuantepec, Juchitán, Oaxaca, Mexique.
Jupe : Coton à motifs de fleurs brodés au crochet et à la machine au point de chaînette.
Volant : coton avec bordure en dentelle. |
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Section 5 : Handicap et créativité
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Scénographie. Photo Laurent Julliand.
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HANDICAP ET CRÉATIVITÉ
L'accident qui faillit coûter la vie à Frida Kahlo à l'âge de 18 ans met un terme brutal à son rêve de devenir médecin. Pendant sa convalescence, la jeune femme, alitée, commence à peindre à l'aide d'un chevalet pliant et d'un miroir, encastrés dans le baldaquin de son lit. «Je me peins moi-même parce que je suis si souvent seule», déclare-t-elle alors que l'autoportrait devient un aspect essentiel de son art. Frida Kahlo subit des dizaines d'opérations dans l'espoir de soulager les graves problèmes de santé affligeant sa jambe droite, sa colonne vertébrale et son appareil génital. Elle est parfois contrainte de porter des corsets et d'autres appareils médicaux, qu'elle décore et transforme en œuvres d'art.
Dès son plus jeune âge, Frida Kahlo a développé une profonde compréhension du rôle émancipatoire des vêtements et des accessoires dans la construction de soi. Elle a conservé le contrôle de son image - dans sa vie, dans ses photographies et dans son art -, mettant en évidence et cachant, révélant et dissimulant à la fois ses handicaps et ses capacités exceptionnelles. Elle a construit un vocabulaire visuel avec lequel elle a exprimé sa souffrance physique et émotionnelle, tout en décrivant sa propre résilience et sa capacité à créer de la joie, de la beauté et de l'art.
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Texte du panneau didactique. |
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Gisèle Freund. Frida Kahlo et le Dr Farill, 1951. Tirage gélatino-argentique. Collection privée.
Les relations nouées entre Frida Kahlo et ses médecins lui sont précieuses, comme celles entretenues avec le Dr Farill, chirurgien de l'hôpital American British Cowdray de Mexico. À la suite des sept opérations de la colonne vertébrale qu'elle subit de 1950 à 1951, elle écrit : « Le Dr Farill m'a sauvée en me rendant la joie de vivre. » dans Autoportrait avec le Dr Juan Farill (1951), Frida Kahlo porte un ample huipil (tunique) de Yalálag (Oaxaca), pour dissimuler son corset et, dans ses mains, une palette transformée en cœur battant. |
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Nickolas Muray (1892-1965). Frida Kahlo peignant au lit, 1940, Coyoacán, Mexique. Tirage gélatino-argentique (fac-similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Bottines portant un badge en relief « A Frida avec amour, Pita et Olga », 1948-1952, Coyoacán, Mexique. Musée Frida Kahlo. Banco de México. Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Satin, cuir, coton, métal et verre. Ces bottes présentent un talon compensé intégré pour s'adapter à la jambe droite, plus courte, de Frida Kahlo, résultat de la polio contractée dans l'enfance. Elles sont personnalisées avec des bandes de perles et de soie brodées de dragons. Le badge est un cadeau de la poétesse Pita Amor et d'Olga, l'épouse de l'artiste mexicain Rufino Tamayo. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Botte à lacet, 1953-1054, Mexique. Cuir, soie brodée et métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México. Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Jambe prothétique avec botte à lacets, 1953-1954, Mexique. Métal, cuir, soie brodée et ruban. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo s'est fait amputer la jambe droite en 1953. Cette jambe prothétique avec sa botte lacée à talon compensé a été spécialement conçue pour elle. Le cuir rouge vif, les lacets rouges, les broderies chinoises sur soie et les grelots tintinnabulants témoignent de l'approche créative et joyeuse de Frida Kahlo face à la vie, même dans l'adversité. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
CORSETS DÉCORÉS
Frida Kahlo a décoré et orné ses corsets en plâtre et les a intégrés dans sa garde-robe, comme si elle avait choisi de les porter. Elle utilisait un miroir, dont le reflet la guidait pour peindre, parfois depuis son lit d'hôpital. Les corsets étaient moulés à ses mesures et restaient en place pendant de longues périodes.
Sur une photographie, l'artiste soulève délibérément son huipil pour exposer son corset comme une « seconde peau » et une œuvre d'art. Actrice de son image, dont elle prend le contrôle avec détermination, elle choisit de cacher ou d'exposer des aspects d'elle-même, faisant de la mode, de la photographie, de la peinture et de la politique des espaces d'expression identitaire.
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Texte du panneau didactique. |
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Corset en plâtre peint, vers 1941. Plâtre, bandages médicaux, coton, miroirs et peinture. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Florence Arquin. Frida Kahlo révélant son corset peint sous son huipil, vers 1951.© DR, collection privée © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust. |
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Frida Kahlo. Autoportrait, 1953, Mexique. Encre sur papier (fac-similé). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Après l'amputation de sa jambe, Frida Kahlo exprime dans son journal le souhait de mourir : « J'espère que la sortie sera heureuse, et j'espère bien ne jamais revenir. » À la page suivante. Elle dessine son dernier autoportrait. Un bâton remplace sa jambe droite amputée, rappelant le surnom de « Frida jambe de bois » qui lui avait été donné dans son enfance. Des flèches traversent son corps, évoquant le martyre de saint Sébastien. |
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Corset orthopédique, 1944, États-Unis. Métal et coton. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Dans les années 1940, la santé de Frida Kahlo se détériore. Elle souffre alors trop pour s'asseoir ou se tenir debout. Le chirurgien orthopédique Alejandro Zimbrón commande ce corset en métal recouvert de tissu, aux États-Unis, pour soutenir sa colonne vertébrale. Il ressemble de manière frappante au corset blanc que porte l'artiste dans son tableau La Colonne brisée. |
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Frida Kahlo. La Colonne brisée, 1944, Mexique. Huile sur toile. © 2022 Banco de México, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo, Mexico, D.F. / INBAL / Adagp, Paris.
Dans La Colonne brisée, Frida Kahlo se dépeint comme blessée, mais provocante, les seins nus. Elle porte un corset orthopédique comme ceux exposés ici. Les clous qui transpercent son corps évoquent le martyre chrétien de saint Sébastien, criblé de flèches, et sa colonne vertébrale suggère une colonne architecturale en ruine. Le paysage mexicain fissuré fait écho à son corps brisé. Ses larmes et ses longs cheveux négligés évoquent la pleureuse de la tradition mexicaine, la Llorona. |
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Corset orthopédique, 1944-1954, Mexique. Cuir, carton et métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Ce corset est fait de cuir épais et rigide, surpiqué et façonné sur une armature métallique interne. Il se ferme à l'aide de boucles, de sangles et d'un laçage: le cuir est percé pour permettre la ventilation. Frida Kahlo a porté de nombreux types de corsets. Ils permettaient de protéger tout le torse, au-delà du soutien ciblé qu'offrent les orthèses dorsales (attelles). |
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Juan Guzmán (1911-1982). Frida Kahlo et Diego Rivera devant la peinture murale Cauchemar de guerre, rêve de paix, 1952. Tirage à développement chromogène. Collection privée. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
PARURES ET ACCESSOIRES
Frida Kahlo a adopté les blouses richement brodées (huipiles), les longues jupes à volants, les châles tissés (rebozos), ainsi que les accessoires, les bijoux et les coiffures élaborées des Tehuanas. Ses amis ont souligné l'intuition dont elle faisait preuve lorsqu'elle s'habillait, façonnant ainsi son style. Elle choisissait chacun de ses vêtements avec minutie, s'arrangeant de la tête aux pieds pour mettre en avant son identité mexicaine. Construire soigneusement ses tenues lui permettait aussi de dissimuler ses graves handicaps, qu'elle choisissait de révéler à travers son art.
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Texte du panneau didactique. |
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Colliers Torzales, avant 1939. Or. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Ces longues chaînes, constituées de maillons à quatre lobes, s'interconnectent pour créer un effet torsadé évoquant une corde (torzales signifie « corde »). Les colliers de dot chargés de pièces de monnaie de la région de Oaxaca permettaient d'afficher la richesse d'une famille. Le premier pendentif ornemental est constitué d'or et de perles; le deuxième, en forme d'oiseau, date probablement de 700 à 1500 de notre ère. Le dernier, une pièce d'or de vingt dollars de 1903, provient des États-Unis. |
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Bagues, avant 1954. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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- Vernis à ongles Lastron « Frosted Pink Lightning » [« Éclair rose givré »], avant 1954, États-Unis. Revlon. Flacon en verre et plastique et vernis.
- Boîte et crayon à sourcils couleur ébène, avant 1954, États-Unis. Revlon. Carton et crayon.
- Poudre compacte n° 3 «Clear Red» [«Rouge clair»] et éponge, avant 1954, États-Unis. Revlon. Boîtier en métal avec maquillage.
- Boîte de limes à ongles, avant 1954, États-Unis. Revlon. Carton et lime émeri.
- Rouge à lèvres « Everything's Rosy » [« Tout est rose » ou « Tout va pour le mieux »], avant 1954, États-Unis. Revlon.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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- Peignes à cheveux, avant 1954, États-Unis. Plastique.
- Coiffe, années 1940. Aluminium, papier et fil de fer.
- Pommade capillaire, avant 1954, Mexique. Pot en verre et cire. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Bracelet en argent et améthystes, 1940. © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017. |
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- Poupée, avant 1954, Mexique. Probablement fabriquée par Frida Kahlo. Coton, soie et peinture. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
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Boîte à couture avec couvercle peint, avant 1954, Mexique. Bois, peinture, cuir, velours et soie (boîte), bois, coton, papier, plastique et métal (contenu). Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
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Lunettes de soleil, années 1950, États-Unis. Plastique et métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
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Section 6 : Œuvres et tenues
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Scénographie. Photo Laurent Julliand.
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ART ET VÊTEMENTS
Les puissants autoportraits de Frida Kahlo, les photographies pour lesquelles elle a posé et ses tenues vestimentaires composées avec soin sont autant de modes complémentaires d'autocréalion artistique. Adolescente, elle s'habillait de façon non conventionnelle pour exprimer sa personnalité et cacher sa jambe abîmée. Vers 20 ans, elle adopta les tenues traditionnelles mexicaines, qu'elle porta toute sa vie.
Bien qu'elle ait créé un style hybride unique, mêlant des éléments de régions et d'époques diverses, elle s'est particulièrement identifiée aux femmes et à la culture matriarcale de Tehuantepec. Elle a adopté leurs blouses brodées, leurs jupes longues, leurs coiffures élaborées et leurs rebozos (châles tissés) dans une fascinante interprétation personnelle de la mexicanidad (mexicanité). En façonnant l'image de son corps handicapés, Frida Kahlo a joué un rôle de pionnière. Par le choix de vêtements et d'accessoires adaptés à ses besoins médicaux et à ses particularités physiques, elle est devenue actrice de la construction d'une apparence audacieuse et singulière. Comme l'indiquent les reprises, les brûlures de cigarettes, les taches et les marques de peinture présentes sur de nombreux vêtements, ses tenues faisaient partie intégrante de sa vie, de son art et de son identité.
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Texte du panneau didactique. |
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Antonio Kahlo. Frida Kahlo, 1946. © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust. |
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Frida Kahlo, Vogue US 1937. |
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Nickolas Muray. Frida Kahlo peignant les deux Fridas, 1939. Tirage à développement chromogène. Collection privée.
Toute sa vie, Frida Kahlo s'est représentée dédoublée - ou divisée en deux. Sur cette photo, elle peint Les deux Fridas (1939), l'une de ses œuvres majeures. Elle y montre une Frida en mariée européenne, l'autre en mère tehuana, tenant entre ses cuisses un portrait en forme d'œuf de Diego Rivera enfant. Son cœur saignant, exposé devant sa poitrine, suggère peut-être les souffrances qu'elle a endurées en essayant de se conformer aux rôles normatifs d'épouse et de mère. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Toni Frissell. Frida Kahlo, Vogue US 1937. © Toni Frissell, Vogue © Condé Nast. |
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Bernard Silberstein. Frida Kahlo portant un resplandor, 1940. Tirage gélatino-argentique. Collection privée.
Frida Kahlo porte la coiffe resplandor et le costume de Tehuana exposés dans cette galerie. Cet ensemble rappelle la photo de famille de Matilde Calderón, la mère de Frida. |
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Collier de lames d'obsidienne, avant 1492 (lames), Mexique. Assemblé par Frida Kahlo. Obsidienne, coton et métal. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. Ministère de la Culture - Institut national d'anthropologie et d'histoire du Mexique - Javier Hinojosa, 2017. |
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Collier en pierres de jade précolombiennes assemblées par Frida Kahlo. © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017. |
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Julien Lévy. Frida kahlo tressant ses cheveux, 1938, New York, États-Unis. Tirage gélatino-argentique. © DR, collection privée © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust.
En novembre 1938 se tient la première exposition personnelle de Frida Kahlo, à la galerie Julien Levy, à New York. Au cours de leur brève liaison, Julien Levy a pris une série de photographies de Frida Kahlo seins nus, en train de se coiffer, « comme un rituel ». « Elle avait l'habitude de se coiffer en mettant des choses dans sa chevelure. Lorsqu'elle défaisait ses tresses, elle posait ces choses dans un ordre déterminé sur sa coiffeuse, puis les tressait à nouveau », a-t-il rapporté. |
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Frida Kahlo. L'Arbre de l'espérance, 1946, Mexique. Huile sur toile. @ 2022 Banco de México, Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo a peint L'Arbre de l'espérance après son opération de fusion lombaire à New York, en 1946. Dans ce portrait aux deux points de vue, elle est allongée sur une civière d'hôpital, vulnérable, le sang suintant de ses cicatrices. À côté d'elle, une autre Frida Kahlo assise très droite, en grande tenue de Tehuana, exprime sa résilience et son espoir face à ses problèmes de santé. |
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Frida Kahlo. Autoportrait au Resplandor, 1948. © DR, collection privée © Diego Rivera and Frida Kahlo archives, Bank of México, fiduciary in the Frida Kahlo and Diego Rivera Museums Trust.
Cet autoportrait peint pour son dentiste montre le visage de Frida Kahlo émergeant de l'ourlet rose d'une coiffe resplandor à la dentelle plissée empesée. Piégé dans un cadre ovale, l'oiseau représenté sur la broche fait écho à la situation difficile que traverse l'artiste. Le signe du yin et du yang, tissé dans les fleurons de dentelle, reflète son intérêt pour l'hindouisme et pour le taoïsme. |
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Frida Kahlo. The Frame [Le Cadre], 1938. Huile sur métal et fixé sous verre. Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne / Centre de création industrielle. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jean-Claude Planchet © Banco de México D. Rivera F. Kahlo Museums Trust / ADAGP, Paris 2022.
Frida Kahlo a glissé son autoportrait, peint sur une feuille d'aluminium, derrière un cadre en verre peint à l'envers provenant de Oaxaca. Le tableau a été présenté en 1938, lors de son exposition à la galerie Julien Levy, à New York, puis en 1939, à l'occasion de l'exposition collective Mexique à la galerie Renou et Colle, à Paris. L'État français l'a alors acheté à la galerie, signant ainsi la première acquisition d'une œuvre d'un artiste mexicain. |
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Frida Kahlo. Autoportrait, 1938. Huile sur métal. Collection privée, courtesy Galerie 1900-2000, Paris.
En juillet 1938, plusieurs mois après la visite d'André Breton et de Jacqueline Lamba au Mexique, Frida Kahlo peint cet autoportrait pour Jacqueline. Si sa coiffure enrubannée est caractéristique, son cou est, quant à lui, inhabituellement long et entouré d’un maillage de cordes rouges. |
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Nickolas Muray. Frida portant une robe rose et verte, Coyoacán, 1938. Tirage à développement chromogène. Collection privée. © Archives photographiques Nickolas Muray.
Frida Kahlo s'est soigneusement apprêtée pour ce portrait. Ses cheveux sont ornés de fleurs de fuchsia et de bergenia assorties à son rouge à lèvres. Elle porte son rebozo (châle) magenta préféré et un hulpil (tunique) en satin rose et vert. La broche à fleurs en or (exposée à proximité) apporte la touche finale à sa tenue. |
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Nickolas Muray. Frida portant une robe bleue, New York, 1939. Tirage à développement chromogène. Collection privée. © Archives photographiques Nickolas Muray.
La technique de photographie en couleurs de Nickolas Muray a imprégné d'une intensité accrue la palette déjà colorée de la garde-robe de Frida Kahlo. Les teintes saturées des rubans dans ses cheveux, de son rouge à lèvres et de sa blouse brodée contrastent ici avec l'or de son lourd collier de Tehuana. |
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Costume de Tehuana. Cette tenue était parmi les préférées de Frida Kahlo, qui la portait lorsqu'elle peignait. Des traces de peinture bleue sont encore visibles sur le chemisier et la jupe. Le holán est spécifique à cette jupe, il est empesé et plissé, avec une bordure en dentelle. Frida Kahlo avait l'habitude de peindre assise, comme en témoigne cette photographie, prise au Detroit Institute of Arts. |
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Frida Kahlo. Les apparences sont trompeuses, vers 1946. Fusain et crayon de couleur sur papier. Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo.
Frida Kahlo expose son costume de Tehuana à la manière d'un camouflage, comme un masque vestimentaire élaboré cachant une colonne vertébrale brisée, représentée par une colonne en ruine, et un corset médical qui garde difficilement son corps intact. Elle réitère le message visuel avec ses propres mots : « Les apparences peuvent être trompeuses. » Le corset est exposé dans cette galerie. |
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Manteau en coton guatemalais, huipil Mazatec brodé à la main et rubans de satin. © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017. |
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Châle, huipil en coton, jupe en soie brodée de motifs floraux en velours. © Museo Frida Kahlo - Casa Azul collection - Javier Hinojosa, 2017. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Chemisier, avant 1941, communauté nahua, San Gabriel Chilac, Puebla, Mexique. Coton avec perles de verre brodées à la main. Enagua (jupe) et holán (volant), avant 1954, probablement de Juchitán de Zaragoza, Oaxaca, Mexique.
Jupe : satin avec broderies machine et main.
Volant : coton.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo (blouse, jupe et ceinture). Collection Cibeles Henestrosa (volant). |
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Costume de Tehuana. Les lignes entrecroisées de ce haut sont réalisées au point de chaînette avec une machine à coudre à pédale. Il est accompagné d'une jupe en coton avec une bande de broderie machine. Les Tehuanas appréciaient le coton imprimé, dont des quantités importantes étaient importées de Manchester, en Angleterre, jusqu'aux années 1930. Frida Kahlo porte un ensemble similaire sur une photographie prise par Nickolas Muray dans le studio new-yorkais du photographe, après son retour de Paris en 1939.
Huipil (tunique), avant 1954, isthme de Tehuantepec, Oaxaca, Mexique. Mousseline de coton avec broderie machine (point de chaînette).
Enagua (jupe) et holán (volant), avant 1939, isthme de Tehuantepec, Oaxaca, Mexique. Jupe : coton imprimé avec broderie machine (point de chaînette). Volant : coton.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo (tunique et jupe). Collection Cibeles Henestrosa (volant). |
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Manteau, blouse et jupe. Frida Kahlo et Diego Rivera ont tous deux porté ce manteau, Le tissu aux motifs élaborés est composé de deux panneaux réalisés au métier à tisser. Les bords ont été travaillés au point de boutonnière, avec des fils de soie jaunes et violets. Il se porte sur un chemisier de Puebla aux splendides broderies.
Manteau, avant 1952, San Marcos, Totonicapán ou Quetzaltenango, Guatemala. Brocart de coton.
Jupe. Reproduction moderne.
Chemisier, avant 1954, communauté nahua, Coapa, Puebla, Mexique. Coton avec broderie à la main en fil de coton.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Jupe chinoise et châle. Lors de sa première visite à San Francisco, en 1930-1931, Frida Kahlo est fascinée par le quartier chinois, où elle a peut-être trouvé cette jupe. Elle écrit à son père : « Imagine-toi, il y a 10000 Chinois ici, [...] ils vendent de belles choses, des vêtements et des tissus faits main en soie très fine.» Ces jupes étaient portées avec une robe ou une veste par les femmes chinoises han sous la dynastie Qing (1644-1911). Elle se présente ici avec un châle aux franges de pompons réalisés à la main.
Rebozo (châle), avant 1954, Altepexi, Puebla, Mexique. Coton tissé à la main avec pompons en coton.
Jupe, début des années 1900, peuple han, dynastie Qing, Chine. Soie avec broderie à la main.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Huipil Grande ou resplandor. Le huipil grande ou resplandor est une coiffe de cérémonie inspirée des couronnes rayonnantes des statues de la Vierge Marie. Elle est portée par les femmes de Tehuantepec lors des messes, des mariages et des processions. Ses origines sont inconnues, de même que la fonction des deux manches amidonnées et jamais utilisées.
Portée de deux manières, la coiffe devient une cape - une manche devant, l'autre pendant à l'arrière - pendant la messe; lors d'autres cérémonies, le large volant encadre le visage.
Resplandor (coiffe en dentelle) et jupe, avant 1984, Juchitán de Zaragoza, Oaxaca, Mexique.
Resplandor : ruban de dentelle cousu à la machine.
Jupe : coton. Volant : broderie en fil de coton.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
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Tunique longue à fleurs. Ce huipil mazatèque est un mélange d'éléments du commerce. Des motifs floraux vifs travaillés au point de croix sont associés à des bandes horizontales de ruban de satin, et les manches amovibles bordées de volants froncés. De la dentelle faite à la machine et une bordure en croquet composent les finitions.
Huipil (tunique), avant 1954, communauté mazatèque, Huautla de Jiménez, Oaxaca, Mexique. Coton avec rubans de satin appliqués et bordure en croquet, broderie au fil de coton (point de croix) et dentelle faite à la machine.
Jupe, avant 1954, Coyoacán, Mexico, Mexique. Synthétique.
Musée Frida Kahlo. Banco de México - Trust des musées Diego Rivera et Frida Kahlo. |
Section 7 : Frida Kahlo : un look contemporain
Exposition-capsule présentée du 15 septembre au 31 décembre 2022
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Scénographie. Photo Laurent Julliand.
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Jean Paul Gaultier. Corset multi-ceintures, jupon, manchons et coiffe. Prêt-à-porter, printemps-été 1998. Jacquard (corset et manchons), tulle et organza à étages (jupon). Jean Paul Gaultier. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Valentino. Robe et cape « Chocolat Dahlia ». Haute couture, printemps-été 2019. Organdi et organza. Valentino.
Le resplandor a fait partie de la somptueuse collection couture printemps-été 2019 de Valentino. Ce défilé a été salué à l'époque pour sa représentation de la diversité, son utilisation de la couleur et de la luminosité. La collection, qui comprenait des aspects romantiques, tels que des volants, du tulle, de la dentelle et des fleurs, a révélé la virtuosité de Pierpaolo Piccioli. |
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Noir par Kei Ninomiya. Robe et capuchon. Haute couture, printemps-été 2020.
Organza de polyester plissé bordé de ruban de satin, fixé par rivets en métal argenté à des cercles en résine en polychlorure de vinyle transparent. Palais Galliera. Kei Ninomiya a utilisé le mot «beginning» (début) pour décrire sa collection prêt-à-porter printemps-été 2020. Celle-ci se caractérise par ses vêtements sculpturaux sans coutures. Conçue comme une métaphore de la création, au sens cosmologique, cette immense robe, entièrement recouverte de ruchés plissés en organza gris pâle et de petits rubans de satin noir, peut rappeler l'association par Frida Kahlo du resplandor et des jupes des Tehuanas. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Franck Sorbier. Poncho à franges, robe et jupon. Prêt-à-porter, printemps-été 1996. Fibre synthétique et report sérigraphique peint à la mains (poncho), acétate, viscose et Lycra (robe), coton orné de broderie anglaise (jupon). Palais Galliera.
En 1995, Franck Sorbier créa ce poncho à franges noires, qui comporte un portrait de Frida Kahlo, entourée de plantes imprimées en transfert sérigraphique, peint à la main. |
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Erdem. Robe « Arturo » et jupe « Adriana ». Prêt-à-porter, printemps-été 2020. Ensemble en popeline de coton et de soie. Erdem. |
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Scénographie |
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Givenchy par Riccardo Tisci.
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La Llorada. Combinaison-pantalon, veste et combinaison. Haute couture, automne-hiver 2010. Tulle de soie, broderie de dentelle et envers satin (combinaison-pantalon), gazar et application de franges de soie (veste) tulle stretch, application de dentelle, guipure (combinaison). Givenchy.
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Los Angelitos. Robe, combinaison, veste à double queue de pie et ceinture. Haute couture, automne-hiver 2010. Tulle de soie, broderie de dentelle, application de tresses de soie (robe), tulle stretch rebrodé de dentelle (combinaison), peau de chèvre de Mongolie à poil lissé, application de tresses, doublure cuir et satin de soie (veste), métal laqué (ceinture). Givenchy. |
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Jean Paul Gaultier.
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Chemise, cravate, veste et jupe. Prêt-à-porter, printemps-été 1998. Coton (chemise), taffetas (veste et jupe). Jean Paul Gaultier.
- Lucha Libre. Veste, jupe, jupon et châle. Haute couture, printemps-été 2020. Collection « 50 ans de mode ». Velours et col en satin (veste), tulle brodé sur jupons de coton blanc (jupe). Jean Paul Gaultier.
Cette silhouette est issue de l'ultime défilé de Jean Paul Gaultier. Pour cet événement, il retaille dans d'anciens prototypes pour recréer autant de passages emblématiques de ses influences. Porté par Claudia Huidobro, mannequin amie du couturier depuis ses débuts, cette tenue prouve une dernière fois tout l'importance de l'œuvre de Frida Kahlo et des cultures d'Amérique latine sur la création parisienne. |
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L'exubérante collection prêt-à-porter automne-hiver 2021 de Richard Quinn intègre des aspects de la personnalité transgressive de Frida Kahlo, en utilisant des combinaisons en latex brodées recouvertes de perles, de paillettes et de pierres précieuses pour dessiner des motifs de fleurs, de dentelle ou encore du répertoire esthétique catholique. Des crucifix dorés, des cœurs capitonnés et de minuscules tourterelles sont cousus sur une mini-robe de mariée et un costume de marié assorti, à patte d'éléphant. |
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Comme des Garçons. Robe longue. Prêt-à-porter, printemps-été 2012, collection « White Drama ». Maille de polyester (robe), toile polyester, toile cupro, dentelle polyester et tricot acrylique (fleurs). Collection du Palais Galliera, Paris. © Courtesy of Comme des Garçons, SS 2012 / Jean-François José.
La collection printemps-été 2012 « White Drama» de Comme des Garçons affichait une spiritualité transcendante, viscérale. Cette pièce, désormais intégrée à la collection du Palais Galliera, prend la forme d'un magnifique cocon, n'allant pas sans rappeler le resplandor de Frida Kahlo. Évoquant la naissance, le baptême, le mariage et la mort, la collection fait écho à une grande partie de l'iconographie utilisée par Frida Kahlo dans ses œuvres et ses tenues. |
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Valentino. Robe. Prêt-à-porter, Resort 2015. Tulle brodé de fils de soie et de perles. Valentino.
Dans cette collection Valentino Resort 2015, Chiuri et Piccioli renvoient aux robes de Tehuana que portait Frida Kahlo et à ses différents autoportraits, en utilisant des motifs de flore et de faune dans des imprimés, des broderies et des appliqués.> |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
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Scénographie. Photo Laurent Julliand. |
LE CORSET
Frida Kahlo a eu besoin de soins médicaux importants durant toute sa vie. Elle a toutefois refusé de leur attribuer le pouvoir de la définir comme invalide, et ses corsets en sont venus à symboliser son esprit combatif et rebelle. Elle les a décorés et embellis, les transformant en choix assumé et en éléments essentiels dans la construction de son look.
Les stylistes utilisent le corset de Frida Kahlo comme point de départ, symbole de sa fragilité physique et témoignage de sa résilience. Jean-Paul Gaultier crée un exotisme burlesque, Alexander McQueen développe sa propre interprétation de l'anatomie féminine, le travail de Maria Grazia Chiuri s'inspire du sens de l'affirmation de soi de Frida Kahlo, tandis que Yohji Yamamoto s'inspire du corps fragmenté. Ces créateurs établissent des parallèles entre la mode et le handicap, mariant ces idées à travers l'image lancinante du corset de Frida Kahlo dans l'avant-garde de la mode.
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Texte du panneau didactique. |
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Givenchy par Alexandre McQueen. Corset et manches. Haute couture, printemps-été 2001. Éléments façonnés de métal argenté. Givenchy. |
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