QUAND JE SERAI UN HOMME de et avec Catherine Hauseux et Stéphane Daurat.
« Comment, tu pleures ?!, mais tu n’es pas une fille, voyons ! », version quotidienne dans la vie d’un petit garçon. « Tu seras un homme, mon fils », version Ruyard Kipling, dans le genre magistral. Quelle qu’en soit la formulation, l’injonction reste la même, toutes sociétés et époques quasi confondues. Aux femmes d’occuper l’espace domestique, l’intérieur, les tâches ménagères, les enfants. Aux hommes d’assumer la part « noble » du discours vital. Larmes interdites, posture obligée. Et quand la machine se grippe, pour cause de rupture conjugale par exemple, il s’agit de se construire autrement, mais la chose n’est pas simple pour qui n’y est pas accoutumé depuis l’enfance. On a fanfaronné, roulé des biceps, vécu sans vergogne son égoïsme de mâle, force est désormais de passer d’une virilité de surface à l’astreinte domestique, au regard autre sur les enfants, sur l’égalité de statut avec les femmes. Indignation, abattement, incompréhension, résignation. Et ces constatations remettent définitivement en autre perspective les préjugés si confortables.
Sur un panneau mobile défilent des dizaines de prénoms masculins, tandis que sur le fil sèche le linge. Catherine Hauseux interroge cinq figures d’hommes en perte de certitudes qui, fer à repasser en main, devront prendre conscience de ce que signifie vraiment la paternité ou l’enfant à assumer, et apprendre à vivre au quotidien sans leurs étais ataviques. Cinq personnages à tour de rôle qu’interprète avec une justesse convaincante Stéphane Daurat, en émotion et en tendresse, en incertitude et en fragilité. Pas simple de devenir un homme, quand on n’a jamais eu à se poser la question... A.D. Théâtre Essaïon 4e.