FELLINI, ROMA ET MOI de et avec Bunny Godillot.
Un vaste plateau à la (dé)mesure de celle qui va l'habiter de son fleuve autobiographique. Elle est l'insolente timide qui fugue loin de la boucherie familiale de Belleville, pour aller retrouver la fascination de sa jeune vie d'adolescente, l'inégalé Federico Fellini. Elle a 16 ans, elle débarque à Rome, dans le studio du Maître, qui observe, amusé et intrigué, celle qu'il nommera désormais Gallina.
Ce récit picaresque, Bunny Godillot en dessine les contours de plus en plus précis, parce que la psy virtuelle qu'elle est allée consulter lui demande de se dévoiler sans fard ni retenue devant un miroir non moins virtuel. Ce déballage à la fois pudique et intime est scandé par les appels téléphoniques de sa mère, qu'elle ménage avec tendresse dans ses délires de vieille dame au seuil de sa disparition.
Qu'avoue-t-on exactement d'une vie qu'un sac de voyage suffirait presque à contenir ? Des objets hétéroclites, un peu puérils peut-être comme le nounours ou le petit rhinocéros, mais qui révèlent le funambulisme perpétuel entre des pays, des amours, le rêve de gloire à la Mostra de Venise et la pudeur des attachements, familiaux et amoureux. Deux tonalités en témoignent, le rouge du sang et des objets-fétiches et le clair-obscur du miroir dévoilé ou des ombres chinoises en fond de plateau. Le seul viatique de certitude n'est-il pas le foulard flamboyant qu'elle noie du parfum de sa mère, cette respiration vitale qui la submerge ?
Un impressionnant voyage à tous les sens du terme, auquel nous convie Bunny Godillot, entre rires et larmes, un humour tenace entre deux pleurs... La fidélité surtout, à la tradition familiale, aux mirages du cinéma, aux amours vivaces. A.D. Théâtre 100ecs 12e.