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Lettre n° 594
du 22 mai 2024
 

Nos sélections de la quinzaine

 
 

 

 


 
      THÉÂTRE

 
 


Photo Philippe-Dayriès



 

NAÏS de Marcel Pagnol. Adaptation Arthur Cachia. Mise en scène Thierry Harcourt. Avec la Compagnie Les Fautes de Frappe, Arthur Cachia, Kevin Coquard, Clément Pellerin ou Simon Gabillet, Lydie Tison, Marie Wauquier, Patrick Zard’.
Toine aime Naïs qui aime Frédéric qui aime… Une tragédie racinienne ? Non, juste une romance dans un petit village provençal où il fleure bon le soleil, le chant des grillons, «l’acen» du midi, le thym et le romarin dont les lapins se gavent toute leur vie comme s’ils se préparaient pour le civet ! C’est du moins ce qu’avance Toine, le bossu, amoureux sans espoir de Naïs, la plus jolie fille du village. Mais celle-ci n’a pas oublié Frédéric Rostaing, leurs vacances passées trois ans auparavant, et lui non plus. Alors lorsqu’ils se revoient pour un nouvel été, la flamme étouffée renaît. Cependant le père Micoulin veille. Veuf, personne ne lui prendra sa fille, il la garde jalousement pour lui.
Bossu, Toine, mais loin d’être bête. Á la fin de l’été, qu’adviendra-t-il du fruit des amours des deux jeunes gens, lorsque Madame Rostaing et sont fils regagneront la ville, abandonnant Naïs face à son destin ? ... (Lire la suite).

 

 




 


Photo Aude Jacques Le Seigneur


 

UN LÉZARD CHEZ LA PSY. Texte et mise en scène Victor Haïm. Avec Victor Haïm et Sandrine Chauveau.
En termes de transfert psychanalytique, voici un véritable cas d'école !
Augustin, un fringant octogénaire résolument célibataire, qui n'a jamais connu les plaisirs de la chair, tombe raide dingue, comme on dit, de la psy qu'on lui a recommandé d'aller consulter. Une centaine de séances plus tard, il en est au même point: toujours décidé à tenter l'impossible pour séduire l'objet obsessionnel de son incoercible passion, en dépit de ses rebuffades déontologiques, il projette de braquer une banque, apprend le langage des fleurs, met en œuvre des talents insoupçonnés pour le piano, questionne une bourgeoise qui noie ses désarrois conjugaux dans des torrents de boisson forte, s'en remet aux divagations alarmistes d'une voyante.
Trois certitudes le motivent: il est désespérément désargenté, sans aucun horizon pour régler le monceau de dettes variées qu'il a accumulées, il est travaillé dans sa chair par un désir inassouvi, où qu'il aille il croise le même rival, qu'il assassine d'inventives métaphores fleuries, avant de commettre l'irréparable sur celui qui lui barre l'accès au cœur et surtout au corps de sa bien-aimée!
C'est ce parcours totalement déjanté et burlesque que l'avocate doit dérouler devant le tribunal chargé de juger Augustin. Et elle y joue sa propre crédibilité!
Les divers tableaux se succèdent sur un rythme effréné, scandés en aparté par les conseils de bon sens de l'ami Zinédine. Fleuris, à tous les sens du terme. .... (Lire la suite).








 


Photo Fabienne Rappeneau



 

JE M’APPELLE ERIK SATIE COMME TOUT LE MONDE. Texte et mise en scène Laetitia Gonzalbes. Illustrations et animations Suki. Création musiques et sons Tim Aknine, David Enfrein. Création costumes et décors Claire Avias. Avec Elliot Jenicot, Anaïs Yazit.
Alerte ! Un homme et une femme viennent de s’enfuir d’un asile psychiatrique de la petite ville d’Honfleur. Une heure et dix minutes plus tôt Anna, l’infirmière, était entrée dans la chambre d’un patient, décidée à remplir un formulaire mais toutes ces questions l’avaient agacé. C’est vrai, il se nomme Erik Satie comme tout le monde… Que dire de plus ?  
Une heure et dix minutes plus tard, ils prenaient ensemble «la fille de l’air»… Que s’est-il passé durant ce laps de temps ?
Sur scène, tout est ravissant et ludique ! Elliot Jenicot, Satie, et Anaïs Yazit, Anna, devisent. Derrière eux, une silhouette masculine se forme puis s’anime et esquisse quelques pas de charleston. De croquis en croquis, d’une réplique à l’autre, l’existence et les états d’âme d’Erik Satie se dessinent en filigrane. Aussi atypique que le compositeur qu’il incarne, Elliot Jenicot manie l’ironie et l’humour pour le dépeindre lui et l’époque qui l’a vu naître et vivre. Une vie remplie d’amis et de détracteurs dans un Montmartre de fin de siècle où se pressent poètes, peintres et musiciens, une vie où une rupture amoureuse le brise, où les échecs trop nombreux le conduisent à boire plus que de raison. ... (Lire la suite).







 


Photo Victor Tonelli



 

MONTAIGNE, LES ESSAIS. Adaptation Hervé Briaux. Mise en scène Chantal de La Coste. Avec Hervé Briaux.
C'est à une chevauchée de haute voltige que s'est attelé Hervé Briaux, en s'attachant à tracer le portrait de Montaigne, à partir de la profusion de cette prose autobiographique et morale.
Avec un rare bonheur, il nous offre un Montaigne chaleureux, aussi joyeux que tourmenté, qui jongle entre ironie et émouvante franchise. Homme de lettres sans pédanterie, impliqué dans les affaires du monde de son temps, il s'entretient avec lui-même tout en invitant son lecteur, ici son auditeur, à l'accompagner dans une promenade intime, où par le biais d'une forme d'introspection truffée d'anecdotes, il s'interroge avec perspicacité sur ce qui fonde l'humanité d'un homme. En partant, exemples à l'appui, de ce qui reproduit en chacun la force de la coutume, Montaigne égratigne avec indulgence et ironie les travers propres aux hommes, leur dérisoire vanité, leur supériorité usurpée sur ce qu'ils jugent l'absence de conscience des animaux. Or, dit-il, nous ne sommes ni au-dessus ni en dessous !  Seuls nous distinguent notre anxiété, nos désirs insensés... S'ensuit une liste conséquente de défauts qui va jusqu'au mensonge et à la guerre.
Et on retrouve alors la lucidité de Montaigne à propos de la mort, du poison que la peur irraisonnée qu'on en a instille sournoisement en nous, au détriment de l'évidence d'une vie à vivre pleinement. «Vivre à propos», tout simplement. «Il n'y a rien d'aussi beau, d'aussi légitime, et d'aussi ardu, que de savoir vivre cette vie». .... (Lire la suite).









 
      EXPOSITIONS ET SITES

 
 


Photo Centre Pompidou, Mnam-Cci


 

BRANCUSI. La rétrospective. À son décès, Constantin Brancusi (1876-1957) lègue son atelier à l’État français, à charge pour celui-ci de le reconstituer. C’est ce qui sera fait d’une manière partielle au Palais de Tokyo, puis intégralement au Centre Pompidou. Dans la présente rétrospective, l’un des quatre espaces de l’atelier, celui avec les outils, est reconstitué. Brancusi conservait tout: lettres, articles de presse, agendas, factures, disques, etc. Ce sont plus de 10 000 objets qui sont conservés aujourd’hui au Centre Pompidou, dans la Bibliothèque Kandinsky. Brancusi réalisait aussi des tirages en plâtre ou en bronze des œuvres qu’il vendait, de façon à conserver l’unité de son atelier, à la fois musée de sa création et œuvre en soi. Son lègue permet donc de présenter un très grand nombre de sculptures, plus de 120 avec celles prêtées par les plus grands musées internationaux. Avec les photographies, dessins et films de l’artiste, cette grande rétrospective constitue un événement exceptionnel.
Brancusi, déjà primé et exposé dans son pays natal, la Roumanie, se rend à Paris, en grande partie à pied, en 1904. Il s’inscrit à l’école des Beaux-arts et commence à exposer régulièrement dans les Salons. Début 1907 il travaille brièvement dans l’atelier d’Auguste Rodin. C’est là qu’il veut se démarquer du maître et trouver sa propre voie comme le montre, dès cette année-là, trois œuvres majeures: Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière. Abandonnant le modelage pour la taille directe, Brancusi est considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne.
Le parcours en onze sections, plus une longue galerie biographique, est essentiellement thématique. Brancusi reprenait sans cesse les mêmes sujets qu’il modifiait et traitait avec des matériaux différents. Le choix des socles avait également une très grande importance comme l’avait montré le Musée Rodin en 2005 avec son exposition «La Sculpture dans l’espace, Rodin, Brancusi, Giacometti» (Lettre 250).
Une fois franchie la salle d’introduction où l’on voit l’un de ses Coqs, nous arrivons dans la première section, «Blancheur et clarté». En effet ce sont ces termes qui évoquent le mieux l’impression que faisaient son atelier et ses œuvres aux nombreux visiteurs de l’impasse Ronsin, à Paris. Trois gigantesques Coqs, symboles de la France, la terre d’accueil de l’artiste, occupent cette section.
Ensuite, avec «Aux sources d’un nouveau langage» nous voyons les influences multiples qui ont imprégné l’art de Brancusi: Rodin mais aussi Gauguin, Derain, la Grèce, l’Égypte, les arts africains etc. Ses œuvres sont mises en parallèle avec celles qui l’ont inspiré.
Dans la section suivante qui ouvre sur son atelier, nous avons quelques créations en bois, le matériau privilégié de sa région natale. On y trouve une porte, une cariatide, mais aussi des tabourets, des vases, etc. des sculptures proches des véritables objets familiers.
Le parcours se poursuit avec la «Ligne de vie». ... (Lire la suite).

 


 

 
 
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