MUSÉE SOULAGES. C’est le cinquième article que Spectacles Sélection consacre au plus grand artiste français contemporain (voir
Lettres 116 ;
308 ;
461 ;
495). Cette fois nous avons une rétrospective permanente et quasi complète de son œuvre, grâce aux diverses donations que Pierre et Colette Soulages ont faites à l’agglomération de Rodez en 2005, 2012 et 2020, et aux dépôts de collections particulières. A lui seul, le musée Soulages, inauguré en 2014, possède plus de la moitié des œuvres de l’artiste détenues par 110 musées de par le monde. Pierre Soulages a voulu « mettre l’accent sur la manière dont naissent les œuvres », en privilégiant les plus anciennes. La collection du musée s'étend de 1946 à 2012.
Pierre Soulages est né à Rodez le 24 décembre 1919. Très tôt il est attiré par la peinture. En 1939 il est admis à l’école des beaux-arts de Paris, mais stupéfait par l’académisme froid et le manque d’innovation de la part de ses pairs, il décide de quitter l’enseignement et retourne à Rodez. En 1942, il fait un bref séjour à l’école des beaux-arts de Montpellier (on peut voir trois études de nus, qu’il a dessinées dans cette école). Il fréquente assidument le musée Fabre auquel il fera une importante donation d’une vingtaine d’œuvres majeures en 2007 et rencontre Colette Llaurens, qu’il épouse la même année. En 1946 le couple s’installe à Courbevoie où Pierre Soulages consacre tout son temps à la peinture et peint ses premiers « brous de noix » avec ce produit utilisé pour teindre le bois.
Le parcours du musée retrace la carrière artistique de l’artiste en huit sections suivant un ordre à la fois thématique et chronologique. Après une brève introduction sur le musée et sur la biographie de Soulages, nous avons un vaste aperçu des « Premières peintures » de l’artiste.
La plus ancienne exposée est
Peinture 81 x 100 cm, 1946. On note cette façon très particulière (nature de l’œuvre, dimensions, date de réalisation) qu’utilise Soulages pour nommer ses oeuvres. C’est une peinture abstraite et pleine de couleurs. Peu à peu, il s’oriente vers des peintures de plus en plus sombres. C’est ainsi qu’en 1947, les tableaux qu’il expose au Salon des surindépendants contrastent avec ceux des autres peintres, très colorés. Il rencontre Picabia qui le prévient : « Avec l’âge que vous avez et avec ce que vous faites, vous n’allez pas tarder à avoir beaucoup d'ennemis ». La plupart de ses toiles sont faites à partir de fonds colorés (bleu, brun, rouge, blanc) sur lequel il superpose de larges traits noirs. Soulages a choisi l’abstraction car il dit ne pas voir l’intérêt de passer « par le détour de la représentation […] Je ne représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins ». Néanmoins, il n’appartient à aucun courant.
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