SOULAGES
Une rétrospective

Article publié dans la Lettre n° 461 du 12 septembre 2018


 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

SOULAGES. Une rétrospective. A l’occasion de son quarantième anniversaire, la Fondation Pierre Gianadda consacre son exposition d’été à Pierre Soulages. Nous ne nous lassons pas d’admirer l’œuvre de cet artiste solitaire, « maître du noir et de la lumière ». Après « Soulages, noir lumière » au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris (1996) (Lettre 116) et « Soulages » au Centre Pompidou (2010) (Lettre 308) et diverses expositions de moindre importance dont nous n’avons pas rendu compte, voici une rétrospective magistrale réalisée à Martigny en collaboration avec le Centre Pompidou et Pierre Soulages. À cette occasion, ce dernier déclare : « L’intérêt pour moi d’une rétrospective, c’est voir dans un nouveau lieu et dans un certain ordre des œuvres que, souvent, je n’ai pas revues depuis leur départ de l’atelier et qui n’ont jamais été montrées ensemble. Changées par ce nouveau contexte, elles sont nouvelles. » C’est donc plus de trente œuvres  réalisées entre 1948 et 2017, dont vingt-quatre prêtées par le Centre Pompidou sur les vingt-six répertoriées, qui sont présentées ici.
Le parcours suit un ordre chronologique. Il commence avec des toiles peintes avec une matière inédite en peinture, utilisée par les ébénistes et les menuisiers, le brou de noix (Brou de noix sur papier 65 x 50 cm, 1948). Notons ici qu’à partir du 9 janvier 1950, Soulages choisit de titrer ses travaux selon l’ordre suivant : technique, dimensions, date. Soulages n’abandonnera jamais totalement cette matière et l’on peut voir ici des peintures au brou de noix datant de 1954, 1999 et même 2003.
Plus rares sont les peintures sur verre. Le Centre Pompidou expose ici deux des trois Goudron sur verre conservés, peints en 1948. Ceux-ci préfigurent l’immense travail de Soulages pour l’abbatiale de Conques où il peint, de 1987 à 1994, les 104 vitraux de cet édifice du XIe siècle.
Les œuvres qui suivent sont des toiles datées de 1953 à 1961. Leur ton est sombre mais elles ont encore des parties colorées en marron, jusqu’à celle de 1968, Peinture 220 x 366 cm, 14 mai 1968, où il n’y a que de la peinture noire que l’artiste a laissé s’écouler sur la toile blanche.
Le parcours marque une pause avec six œuvres réalisées avec d’autres techniques que la peinture. Nous découvrons ainsi Encre sur papier 75 x 50 cm, circa 1950 ; Lithographie n°23, 79,8 x 55,7 cm, 1969 ; Bronze III, 1977 ; Gouache vinylique sur papier 109 x 73 cm, 1977 ; Eau-forte n°XXXVIII, 56 x 56 cm, 1980. Toutes montrent l’intérêt de Soulages pour d’autres médiums à certains moments de sa carrière.
Nous arrivons enfin dans la partie la plus spectaculaire de l’exposition, celles des grands formats et de « l’outrenoir ». Elle commence avec le premier polyptyque outrenoir de Pierre Soulages, Peinture 202 x 453 cm, 29 juin 1979. Cette fois, toute la toile est recouverte d’une couche monochrome plus ou moins épaisse de peinture noire, striée et peignée, de façon à accrocher la lumière. L’effet ne cesse de nous surprendre, même près de quarante ans après son invention. Les neuf toiles qui suivent déclinent de différentes façons cette manière de peindre avec la lumière jusqu’à cette dernière toile, Peinture 202 x 125 cm, 19 juin 2017, qui témoigne de la grande vitalité du peintre qui aura bientôt cent ans.
Une exposition exceptionnelle qui mérite d’autant plus le voyage que la fondation Pierre Gianadda possède aussi un musée d’antiquités romaines, un musée des voitures, une collection permanente de peintres suisses et surtout un magnifique parc orné d’une cinquantaine de sculptures contemporaines, œuvres des plus grands artistes du XXe siècle. R.P. Fondation Pierre Gianadda, Martigny (Suisse). Jusqu’au 25 novembre 2018. Lien : www.gianadda.ch.


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