LUCA GIORDANO (1635-1705). Le triomphe de la peinture napolitaine. Après le sculpteur Vincenzo Gemito (Lettre 490), le Petit Palais rend hommage à un autre artiste incontournable de Naples, le peintre Luca Giordano, dont c’est la première rétrospective en France. Formé dans le sillage de Ribera (1591-1652), Napolitain d’adoption, Giordano assimile son génie ténébriste - au point que certaines de ses toiles furent attribuées à Ribera - tout en commençant sa carrière à succès par des quasi-pastiches d’œuvres de Raphaël, Titien, Dürer, etc. Après trois autoportraits de 1665, 1680 et 1692, le parcours commence justement par cette « Fièvre du pastiche » avec, par exemple, une Vierge à l’Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste (vers 1655) qui rappelle Raphaël. Avec ces pastiches qui trompent les connaisseurs, au point qu’il est accusé d’être un faussaire, Giordano montre sa virtuosité tout en s’amusant. Ce peintre très prolifique peint plus de 5000 tableaux et ensembles de fresques d’où son surnom de Luca fa presto (Luca qui va vite). Il travaille non seulement à Naples dont les églises sont remplies de ses toiles d’autel, mais aussi en Espagne où il passe dix ans à la cour de Charles II d’Espagne. Là, il réalise des fresques pour le Cazón del Buen Retiro à Madrid, le monastère de l’Escorial, la cathédrale de Tolède, pour ne citer que les principaux chantiers. L’exposition nous donne à mi-parcours une idée de ces fresques grâce à une projection vidéo immersive.
Les commissaires nous présentent quelque 75 toiles, souvent de grandes dimensions, et une quinzaine de dessins de cet artiste. Ces œuvres proviennent de Naples et de nombreuses institutions françaises et européennes. Le parcours est chronologique mais les toiles sont rassemblées par thème dans une scénographie exceptionnelle de Véronique Dollfuss. ... (Lire la suite).