VISITEURS DE VERSAILLES Voyageurs, princes, ambassadeurs. 1682-1789

Article publié dans la Lettre n° 448
du 14 février 2018


 
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VISITEURS DE VERSAILLES. Voyageurs, princes, ambassadeurs. 1682-1789. Poursuivant les expositions sur la vie à la Cour au temps des rois, le Château de Versailles, en collaboration avec le Metropolitan Museum of Art de New York, où sera également présentée la présente manifestation, nous invite à faire connaissance avec les visiteurs de Versailles sous Louis XIV et ses successeurs. C’est en 1682 que le Roi Soleil décide de transférer le siège du Gouvernement et la Cour à Versailles. Dès le début, le domaine est ouvert à tous à condition de respecter certaines règles. Cela permet cet « accès libre et facile des sujets au prince », selon le vœu du roi. Des transports par route ou en bateau jusqu’à Saint-Cloud sont mis en place. Peu à peu Versailles se couvre d’auberges pour recevoir les visiteurs car seuls les grands personnages peuvent être logés au château. Un imposant dispositif de sécurité (gardes françaises, gardes suisses, gardes du corps, compagnies des Cent-Suisses, etc.) accueille les visiteurs. Ceux-ci doivent respecter un code vestimentaire, surtout lorsque le roi est présent, afin de ne pas être pris pour des valets et de pouvoir apercevoir le roi au cours du Grand Couvert, lorsqu’il se rend à la messe quotidienne ou encore lors de la remise des placets ou des diverses cérémonies, comme le toucher des écrouelles.
À côté de ces visiteurs de tous les jours, il y a ceux qui viennent en ambassade. L’audience qui leur est accordée varie selon l’importance, la religion et les liens familiaux du pays qu’ils représentent. L’histoire a retenu le faste de certaines audiences, en particulier celles de l’ambassade du Siam en 1686, de la première ambassade ottomane en 1721, de la visite, en 1787, du prince de Cochinchine Nguyên Phuc Canh, âgé d’à peine six ans, venu demander à Louis XVI de soutenir son père chassé de ses états par une révolte, de l’ambassade de Mysore en 1788, et des révolutionnaires américains, conduits par Benjamin Franklin, en 1778. Les audiences les plus fastueuses se déroulent dans la Grande Galerie.
Il y a aussi des visiteurs plus surprenants. C’est le cas des artistes et des architectes, souvent envoyés par leurs souverains pour se familiariser avec le style français et les technologies mises en œuvre. Beaucoup se lamentent de ne pas disposer de plans cotés car il est interdit de réaliser des croquis ou de prendre des mesures sur place. Cette sorte d’espionnage industriel permet à Versailles de devenir un modèle pour toute l’Europe. Il y a aussi les visiteurs du Grand Tour, ces jeunes nobles qui font le tour des Cours de l’Europe pour parfaire leur éducation. Il y a enfin des princes en visite officielle ou même incognito afin d’échapper aux lourdeurs de l’Étiquette et aux coûts que cela induit. Ces visiteurs sont ainsi reçus à Versailles avec la simplicité due à leur statut fictif, mais les égards dus à leur statut réel. Le grand-duc, héritier du trône de Russie, et son épouse voyagèrent ainsi incognito sous les pseudonymes de comte et comtesse du Nord. Gustave III, roi de Suède, prit le pseudonyme de comte de Haga. Quelques-uns étaient logés dans le Trianon de marbre. Les plus illustres bénéficiaient de fêtes somptueuses telles que l’illumination du Petit Trianon, à l’époque de Marie-Antoinette.
Certains visiteurs étaient déçus. La description qu’on leur avait faite du château dépassait la réalité. Ils avaient surtout l’impression d’un assemblage de bâtiments. Les architectes des successeurs de Louis XIV en étaient conscients. Il fallait moderniser Versailles afin, entre autres, d’améliorer l’équilibre des façades côté ville. Faute de moyens financiers, la plupart des projets ne furent jamais réalisés.
L’exposition se termine avec les « visiteurs non désirés ». Il s’agit de la foule de parisiens en colère qui envahit le château le 5 octobre 1789. La famille royale est contrainte de rentrer à Paris. Elle ne reviendra plus jamais à Versailles. Ainsi s’achève cette remarquable exposition qui illustre ces différents chapitres avec plus de trois cents pièces (tableaux, vêtements, sculptures, maquettes, objets divers, guides touristiques d’époque, etc.) dans une magnifique scénographie. R.P. Château de Versailles 78. Jusqu’au 25 février 2018. Lien : www.chateauversailles.fr.


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