VERSAILLES REVIVAL, 1867-1937. Laurent Salomé, commissaire de cette  exposition affirme n’avoir pas trouvé de mots français pour présenter le  renouveau et le regain d’intérêt de Versailles durant la période 1867-1937. La  cour n’a été présente à Versailles que de 1682 à 1789 et encore pas durant les  années parisiennes de la régence de Philippe d’Orléans. Après la révolution et  la dispersion du mobilier du château, Versailles était à l’abandon. Comme on  l’a vu dans une précédente exposition, c’est Louis-Philippe qui a redonné vie à  Versailles avec le gigantesque projet de musée, dédié à toutes les gloires de  la France, qu’il conduisit dès le début de son règne, en 1830, jusqu’à son  abdication en 1848. Il faut attendre le Second Empire et l’intérêt de l’impératrice  Eugénie pour Marie-Antoinette pour que l’on s’intéresse de nouveau à Versailles.  Grâce à elle le Petit Trianon est intégré dans l’Exposition universelle de  1867, année de départ de la présente manifestation jusqu’à 1937, année d’une  autre Exposition universelle.
                Durant cette période les  différents conservateurs, et en particulier Pierre de Nolhac, s’attachent à  remeubler le château comme il l’était sous la cour, y compris au détriment du  musée de Louis-Philippe, et à remettre en état les bâtiments et les jardins.  Ceux-ci deviennent un lieu de promenade recherché, d’autant plus que Versailles  est desservie, depuis 1839, par le chemin de fer. Des peintres, des écrivains,  des hommes politiques fréquentent le château. C’est grâce à ceux-ci que l’on  peut illustrer ici ce « revival » de Versailles.
                Le parcours de l’exposition, en  une vingtaine de sections riches de quelque 350 objets, nous décrit cette  période, depuis les « prémices d’un renouveau » sous le Second Empire  jusqu’à la Belle Époque. Dans une des premières salles, les commissaires, comme  l’impératrice Eugénie en 1867, ont tenté de restituer la chambre de  Marie-Antoinette au Petit Trianon. Peu après nous voyons quelques-unes des  toiles peintes à Versailles du peintre russe Alexandre Benois (1870-1960),  tombé amoureux du château. Conservateur au musée de l’Ermitage, il fuira la  Russie en 1926 et passera le reste de sa vie en France.
                Château royal, Versailles est  annexé par la République pour ses grandes cérémonies. Cela commence très mal,  avec la capitulation de l’armée française après le désastre de Sedan et la  cérémonie du sacre de Guillaume Ier, proclamé empereur du Deuxième Reich, le 18  janvier 1871 dans la galerie des Glaces. Il faudra attendre le 28 juin 1919 et  la signature du traité de paix dans cette même galerie pour laver cette humiliation.  En 1875 on construit dans l’aile du Midi la salle du Congrès qui sert encore  aujourd’hui. C’est dans cette salle que sont élus les présidents de la  République, jusqu’en 1953. C’est aussi à Versailles que le président Sadi  Carnot célèbre le centenaire des États généraux en 1889 et c’est là-aussi que  l’on reçoit les souverains étrangers tels le Shah de Perse, le roi d’Angleterre  George VI ou le Tsar Nicolas II. 
                Après des salles montrant les  travaux entrepris à cette époque pour redonner à Versailles son lustre d’antan,  nous voyons comment les poètes et les écrivains décrivaient Versailles et l’utilisaient  pour des manifestations culturelles et mondaines de grande ampleur. Les  peintres étaient particulièrement inspirés par le spectacle offert par le parc  en automne. Mais Versailles inspirait aussi d’autres personnes, plutôt très  fortunées, qui se faisaient construire   des demeures rappelant le château, comme le Palais Rose de Boni de  Castellane à Paris, une imitation du Grand Trianon, ou la villa Marble House de  l’américaine Alva Vanderbilt à Newport, inspirée du Petit Trianon.
                Avec ses canaux et ses Grandes  Eaux, parvenues intactes jusqu’à nous, Versailles fascine et inspire à Henri de  Régnier un recueil de poèmes, La Cité des  Eaux (1902). De même, de nombreux peintres, comme Gaston La Touche ou Henri  Le Sidaner, peignent Versailles et ses fêtes de l’eau. Celles-ci attirent de  plus en plus de monde, jusqu’à 70 000 pour la fête de nuit avec un  « embrasement général » au bassin de Neptune en 1874. Un Versailles  nouveau, de plus en plus ouvert au public, qui atteint le million de visiteurs en  1937, se dessine peu à peu. Avec cette exposition on comprend mieux  l’engouement des touristes pour ce site, exceptionnel à plus d’un titre. R.P. Château de Versailles 78. Jusqu’au 15 mars 2020. Lien : www.chateauversailles.fr.