SUR LES ROUTES DE SAMARCANDE
Merveilles de soie et d'or

Article publié dans la Lettre n°570 du 17 mai 2023



 
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SUR LES ROUTES DE SAMARCANDE. Merveilles de soie et d’or. Carrefour des civilisations entre les peuples des steppes, de la Perse et de la Chine, lieu de passage des routes de la soie, fief du grand Timour dit Tamerlan (1336-1405), héritier de la Transoxiane, l’ancien Turkestan, aujourd’hui Ouzbékistan, fait encore rêver avec ses villes ancestrales que sont Samarcande, Boukhara ou Tachkent, sa capitale. On s’attend donc à découvrir dans une telle exposition quelques-unes de ces merveilles qui ont fait la renommée de ces contrées et l’on n’est pas déçu.
Ce ne sont pas moins de 300 pièces inédites représentatives des trésors de l’Ouzbékistan que l’on peut admirer tout au long d’un parcours parfaitement bien scénographié compte tenu de la fragilité des pièces exposées.
Après l’introduction d’usage, avec carte et divers commentaires, nous voyons en premier lieu ces fameux caftans, appelés chapans. Il s’agit d’amples manteaux d’homme, à la coupe unique. Les plus beaux, comme celui du dernier émir, sont confectionnés sur une base en velours de soie et arborent des broderies d’or. Les plus beaux chapans étaient offerts en tant que cadeaux diplomatiques.
Accrochés au plafond voici tout un décor réalisé avec des calottes. Celles-ci, appelées doppi, font partie du costume traditionnel ouzbek. Elles sont portées par tous, à l’exception des femmes âgées qui portent des foulards.
À côté des chapans, nous voyons une robe talismanique. Elle porte des inscriptions tirées du Coran. Ces robes servent de protection contre les agressions, les maladies et même le mauvais-œil.
Dans une immense vitrine sont rassemblés toutes sortes d’accessoires vestimentaires à base de broderie d’or. On trouve ainsi, des ceintures, des calottes, des chaussures, des bottes, etc. tant pour les hommes et les femmes que pour les enfants. Seuls les hommes ont le droit de toucher l’or car il est dit qu’il se ternit des mains et du souffle d’une femme.
Dans ce pays de nomades avec des races de chevaux réputées, l’harnachement d’un cheval n’est pas une mince affaire. Caparaçon d’apparat brodé d’or et d’argent, selle en bois peinte à la main et laquée, collier équestre et rênes en argent, etc. tout est mis en œuvre pour attirer l’attention et montrer la munificence de son cavalier.
Ce que l’on attend aussi dans une telle exposition, ce sont les tapis et les pièces de tissu brodées de fils de soie. Ces dernières, appelées suzanis, sont destinées à la dot de la mariée. Leur usage est multiple, décoration de murs, couverture de lit, taies d’oreiller, rideaux, tapis de prière. Elles sont confectionnées exclusivement par les femmes qui se transmettent leur savoir de génération en génération. Il existe de nombreux courants et styles, avec des motifs spécifiques selon les régions.
On peut voir aussi quelques tapis d’Ouzbékistan. La majorité des tapis commercialisés sont vendus à Boukhara, la ville de tous les commerces. On distingue quatre principaux types de tapis. À côté des tapis feutrés, la forme la plus ancienne, on a des tapis noués, à poils courts ou longs, des tapis tissés à plat et des tapis brodés.
Le parcours se poursuit avec les bijoux. Il y en a de toutes sortes, pendentif, parure pectorale, bracelet, coiffe, anneau de nez, bijou de poitrine, ornement de tête, parure d’épaule, boucle d’oreille, etc. Plus la femme est jeune, plus elle porte de bijoux, jusqu’à dix kilos. En effet le bijou est d’abord un gage de protection et de bonheur. Ces bijoux sont faits en argent ou en alliage avec des incrustations de corail, de cornaline, de turquoises, de perles, de pierres semi-précieuses, chaque pierre et couleur portant une signification propre.
Suspendus au plafond, formant un ensemble harmonieux et aérien, voici une vingtaine de robes, tuniques et chapans pour hommes et femmes, confectionnés dans ce tissu aux mille couleurs, l’ikat. Il s’agit d’une étoffe en coton, dont seuls les fils de chaîne sont teints, ce qui leur donne ce style décoratif unique, qui plaît tant à de grands couturiers. Un film nous explique le processus de fabrication de ces ikats.
Le parcours se termine curieusement par des peintures orientalistes de l’avant-garde russe. En effet, avec la chute de l’Empire, de nombreux artistes soviétiques vont découvrir ce territoire, à la même époque où Matisse découvrait le Maroc. Une exposition chatoyante avec des cartels très intéressants. R.P. Institut du Monde Arabe 5e. Jusqu’au 4 juin 2023. Lien : www.imarabe.org.


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