Parcours en images et en vidéos de l'exposition

SUR LES ROUTES DE SAMARCANDE
Merveilles de soie et d'or

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°570 du 17 mai 2023



 

Titre de l'exposition
 
Carrefour des civilisations entre les peuples des oasis, des steppes, de l'Inde, de la Perse et de la Chine, l'Ouzbékistan est l'héritier de royaumes et d'empires puissants nés de cette situation stratégique politique et intellectuelle unique. Terre de savoirs et de cultures, les pratiques zoroastriennes et musulmanes, après la conquête arabe et l'avènement de l'islam au VIII siècle, ont coexisté et marqué durablement la symbolique des productions artistiques de la région.

Les légendaires « Routes de la soie » ont participé à la prospérité de la Transoxiane emmenant un flot incessant de richesses et de marchands partageant savoirs et légendes. Samarcande et Boukhara sont alors des villes au commerce prospère et des centres florissants de production artisanale. Elles se parent des chefs-d'œuvre de l'architecture islamique, notamment sous le grand Timour dit Tamerlan (1336-1405). Au XVIe siècle, suite à la conquête du pouvoir par les Chaybanides (tribus nomades turco-mongoles), deux puis trois khanats se constituent en Transoxiane. Cet espace prospère et convoité articulé autour de son système urbain est également l'héritier de pratiques nomades qui ont façonné les traditions du pays. Les oasis sont les espaces de culture du coton et de la soie. L'art du tissage et de la broderie d'or, travail d'élite répondant aux exigences et aux goûts de la haute société, s'y sont développés et ont atteint des sommets de technicité et de composition. Les steppes et les régions montagneuses fournissent une abondance de produits lainiers. Les femmes expertes dans le tissage de tapis et le feutrage, produisent les tapis pour l'aménagement et le confort domestique.

Ces pratiques ancestrales ont connu un essor au XIXe siècle. Broderies d'or de la cour, soies urbaines, tapis des steppes, suzanis floraux et stellaires, ikats aux complexes compositions et aux riches couleurs sont des éléments importants de l'identité ouzbèque et de sa diversité. Découvrir et contempler les textiles de l'Ouzbékistan c'est plonger dans l'histoire et la culture de ce pays de contrastes et de constances, entre cultures des steppes et cités millénaires.


Carte de l'Ouzbékistan.
 
Texte du panneau didactique.


A - POUVOIR ET APPARAT



1 - La cour de l'émir de Boukhara.

Scénographie


Le premier émir de Boukhara Shah Murad (1785-1800) tente de centraliser le pouvoir sur les provinces hors de Boukhara, la population composée d'Ouzbeks, Turkmènes, Arabes, Tadjiks, Afghans, Persans, indiens, étant très variée. La religion musulmane est certes fédératrice mais le sentiment d'identité repose principalement sur les traditions.
L'émirat crée alors une impulsion en relançant d'anciennes coutumes artisanales communes à ces populations disparates. La sériciculture - l'élevage de ver à soie - est rétablie dès la fin du XVIIIe siècle et de nouveaux textiles sont créés, incorporant des symboles issus d'un dictionnaire commun: motifs zoroastriens, bouddhistes, islamiques. Les émirs agissent comme de véritables mécènes : des ateliers de confection exclusivement masculins sont créés donnant naissance à un artisanat de luxe.
Un atelier dédié aux pièces les plus importantes est fondé au sein de la citadelle Ark de Boukhara, lieu de résidence de l'émir Muzzafar-Ed-Din (1860-1885). Le tournant du siècle voit Boukhara devenir la capitale de l'artisanat de la broderie d'or, le zardozi. En témoignent les pièces conçues pour le dernier émir Mohammad Alim Khan (1911-1920).
 
Texte du panneau didactique.
 
Chapan de l'émir Nasrullah Khan de style « buttador ». Boukhara, XIXe siècle. Velours, broderies d'or et de soie. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.
 
Le pouvoir des khans au tournant du XIXe siècle

Au XIIIe siècle, les riches oasis de la Transoxiane sont envahies par les tribus nomades mongoles menées par Gengis Khan. Au XIVe siècle, Amir Timur, dit Tamerlan, réunit l’héritage des conquêtes nomades et des centres urbains de Transoxiane, en créant un vaste empire dont la capitale est Samarcande. Au XVIe siècle, trois khanats en rivalité – Boukhara, Khiva et Kokand – se structurent progressivement dans ce que l’on considère comme le nouvel espace « özbek ».
En 1785, à Boukhara, la dynastie des Manghits est au pouvoir avec, à sa tête, Shah Murad. Ne pouvant prétendre au titre de khan, ce dernier crée alors l’émirat de Boukhara et règne en tant qu’émir jusqu’en 1800. À partir de 1868, les trois khanats sont progressivement placés sous protectorat de l’Empire russe, avant de former le gouvernement général du Turkestan. Le 2 septembre 1920, l'armée rouge entre dans Boukhara qui devient alors République socialiste soviétique de Boukhara, avant de devenir en 1924 République socialiste soviétique d'Ouzbékistan. La chute de l'URSS donne lieu à l'indépendance de l'Ouzbékistan le 31 août 1991.


Chapan de l'émir Mohammad Alim Khan de style « darkham ». Boukhara, XIXe siècle. Velours, soie, broderies d'or et soie. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.

Le chapan de style « darkham » est entièrement recouvert de broderies or. Ce style présente un motif végétal entrelacé ininterrompu qui remplit tout le tissu, avec également ici des motifs floraux. Pesant quatre kilos, il fallait au moins une douzaine de personnes et jusqu'à trois mois pour coudre une telle pièce. Seuls les maîtres brodeurs ustos les plus expérimentés s'attelaient à cette tâche. Ces chapans uniques et rares étaient portés exclusivement par l'émir et son épouse, puis transmis à leurs successeurs.
 
Texte du panneau didactique.


2 - Chapans d'or, de soie et de velours

Scénographie


La pièce la plus importante des costumes d'hommes est le caftan appelé chapan. Il s'agit d’un manteau ample, long, à la coupe unique, qui couvre plusieurs couches de vêtements. À la cour de l'émir, les plus beaux chapans sont confectionnés sur une base en velours de soie appelée bakhmal, et arborent des broderies d'or. Ils intègrent trois compositions ornementales distinctes : le style darkham, le style buttador et le style daukhor. Nommé zardozi, l'art de la broderie d'or s'est répandu en Inde, en Chine, en Iran et en Europe depuis des siècles. Il atteint son apogée au Turkestan à la fin du XIXe siècle, et au début du XXe siècle. Sa renommée vient des techniques ainsi que de la créativité déployées par les brodeurs de Boukhara qui créent des pièces monumentales à l'attention des émirs. Lieu éminent de richesse et de pouvoir, la cour de Boukhara a gardé la tradition timouride de la robe d'honneur. Des chapans brodés d'or sont offerts aux ambassadeurs et aux hauts gradés militaires en tant que cadeaux diplomatiques. Ces derniers pouvaient porter jusqu'à sept chapans superposés les uns sur les autres.
 
Texte du panneau didactique.
 
Chapan de style « buttador». Boukhara, 1897. Velours bakhmal, broderie d'or, soie. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.
 
Chapan de style « buttador ». Boukhara, XVIIIe-XIXe siècle. Velours bakhmal, broderie d'or et d'argent, soie. Tachkent, State museum of the Timurid history of the academy of the sciences of the Republic of Uzbekistan.
 
Chapan de style « buttador ». Boukhara, XVIIIe-XIXe siècle. Velours bakhmal, broderie d'or. Tachkent, State museum of the Timurid history of the academy of the sciences of the Republic of Uzbekistan.
 
Chapan de style « daukhor ». Boukhara, XVIIe-XIXe siècle.  Velours bakhmal, broderies d'or, brocart (parcha). Tachkent, State museum of the Timurid history of the academy of the sciences of the Republic of Uzbekistan.
 
Ornement de bride « gardanband ». Boukhara, XIXe siècle. Métal, cuir, velours, soie, argent, dorure. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.
 
Scénographie.
 
Scénographie avec calottes suspendues au plafond.


3 - Les calottes

Les calottes

La calotte fait partie du costume traditionnel ouzbek depuis des siècles. Nommée doppi elle est portée par tous, hommes, femmes, enfants, bébés, excepté les femmes âgées qui portent des foulards.
Il existe six écoles régionales : Tachkent, Ferghana, Samarcande, Boukhara, Kashkadarya-Sukhandarya, et Khorezm-Karakalpak. Les ornements, la forme et les couleurs sont des indicateurs de l’âge, du statut social et de la région de celui qui les porte. La base peut être en velours, satin, coton ou soie.
L’école de Boukhara, ville de résidence de l’émir, présente des broderies d’or et d’argent qui vont de pair avec les chapans présentés dans cette section. On y retrouve des motifs floraux et végétaux, principalement des rosettes entourées de tiges ramifiées. Les couleurs principales utilisées dans cette école sont le bleu, le gris et le pourpre.
 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie. Diverses calottes suspendues au plafond.


4 - La robe talismanique

Robe talismanique, début du XXème siècle. Chintz, bez. Khiva, Ichan-Qala the State museum reserve.
© La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
La robe talismanique

Les robes talismaniques sont produites en grand nombre dans le monde arabo-musulman. Elles sont généralement portées par des personnes de haut rang. Elles servent de protection contre les agressions, maladies, morts subites, mais également contre le « mauvais œil ».
Cette robe datant du début du XXe siècle, est fabriquée à partir de chintz, un coton blanc épais très résistant et légèrement ciré venu d’Inde. Les inscriptions des sourates du Coran se trouvent jusqu’à la taille et le long des manches. On remarque également le motif du médaillon qui rappelle ceux que l’on trouve au dos de certains chapans.
 
Texte du panneau didactique.
 
Robe talismanique, début du XXème siècle, détail.


5 - La broderie d’or

Scénographie
La broderie d’or

Zardozi est un mot dérivé du persan qui signifie broderie d’or. Il connaît son apogée sous le règne de l’Émir Muzaffar-Ed-Din (1860-1885).
Caftans, pantalons, accessoires, tapis de croupes, cet artisanat exclusivement masculin se déploie pour la cour et les proches de l’émir. À la fin du XIXe siècle, il existe trente-deux guildes de brodeurs ; chaque guilde étant supervisée par un aqsoqol, un administrateur qui organise le travail et s’assure du respect des coutumes et des rites. Ces maîtres-artisans étaient très estimés pour leur technicité et leur travail considéré comme béni de Dieu. Deux types de broderies d’or existent.
Le zardozi-zamindozi est une broderie qui recouvre entièrement le tissu tandis que le zardozi-guldozi consiste en un motif floral découpé dans du papier puis brodé sur le tissu. Le matériau utilisé est soit de l’or filé doux appelé kolbutan soit de l’or dessiné appelé sim ; la qualité de la broderie étant proportionnelle à son poids.
 
Texte du panneau didactique.
 
Décorations de robes « peshkurta ». Boukhara, XIXe siècle. Velours, broderies d'or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve. 

La broderie d'or étant essentiellement utilisée sur les accessoires féminins, ces derniers sont créés spécialement pour agrémenter les robes. Le peshkurta est une longue bande de broderie façonnée de sorte à s'enfiler par le cou et décore l'encolure de la robe. Les ornements habituels sont les grenades, les motifs géométriques et végétaux. La broderie d'or se trouve également sur les bottes et les chapeaux des femmes.
 
Chapan pour femme « kaltacha », robe, sous-robe, col « peshkurta ». Boukhara, XXe siècle. Brocard de soie, soie, coton, broderies d'or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.
 
Chapan pour femme « kaltacha », robe, col « peshkurta ». Boukhara, fin du XIXe siècle. Velours, mélange de coton et de soie adras et broderies d'or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.

Habituellement, le code vestimentaire féminin est très codifié : les jeunes filles portaient du rouge, les femmes de plus de 30 ans du vert ou du bleu tandis que les femmes âgées portaient des couleurs pâles comme le beige. Ce kaltacha est particulier avec sa technique de l'abrbandi ou ikat lui donnant cet effet flouté grâce au tissage de couleurs différentes : jaune, violet, bleu, vert, blanc et rouge. Ses motifs géométriques et la clarté de ses coloris le destinent à une jeune femme. La doublure de la majorité des manteaux, robes, bottes, accessoires sont également en abrbandi.
 
Bottes pour enfant. Boukhara, 1905. Velours, cuir, soie, broderies d'or et d'argent. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.
 
Bottes pour femme « mahsi ». Boukhara, 1905-1910. Velours, cuir, soie et broderies d'or. Tachkent, State museum of history of Uzbekistan.
 
Coiffes « kaltaposhak ». Boukhara, XIXe siècle. Velours et broderies d'or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.

Porté par les femmes âgées, le kalpushak est un chapeau, doté d'un court voile arrière appelé duma. Le haut de la coiffe est décoré de motifs végétaux en broderie d'or, parfois avec des incrustations de sequins. L'avant et l'arrière sont décorés d'arabesques, la bordure étant constituée d’un ruban tissé en soie. Au centre du voile duma figure un arbuste dans un vase.
 
Calotte. Boukhara, 1940. Velours, boderies d'or et d'argent. Tachkent, State museum of applied arts and handicrafts history of Uzbekistan.
Scénographie


6 - Le vestiaire féminin

Scénographie
Le vestiaire féminin

Les costumes féminins se composent de plusieurs pièces à la coupe unique : une robe chemise, un pantalon, une camisole (sous-vêtement), un chapan, un chapeau, des chaussures, des galoches et différents foulards. Si les coupes sont similaires, la qualité du tissu ainsi que le nombre d’ornements distinguent les différentes classes sociales. Les couleurs utilisées indiquent le statut matrimonial de la femme. Le travail de broderie d’or est un artisanat exclusivement masculin dans une société où il est dit que l’or se ternit des mains et du souffle d’une femme. On craint également que les secrets de cet artisanat ne soient divulgués lors du passage d’une famille à une autre par le biais du mariage. Tout comme il est interdit aux femmes de toucher l’or, il leur est défendu d’en porter de manière ostentatoire.
Ainsi, la broderie d’or n’apparaît que sur les accessoires du vestiaire féminin. Cela étant, l’intégralité du costume féminin est dissimulée dans l’espace public sous un parandja, un manteau long qui recouvre la tête et le corps. Les enfants, quant à eux, ne peuvent porter des vêtements brodés d’or que jusqu’à l’âge de huit à dix ans et seulement pour des occasions spéciales. Par la suite, seuls quelques éléments comme les bottes ou les chapeaux peuvent être ornés d’or.
 
Texte du panneau didactique.
 
Robe, sous-robe « kurta », voile de tête «chor gul», ornement de front «peshonaband», col « peshkurta ». Boukhara, XIXe-XXe siècle. Velours bakhmal, coton, soie broderies d'or. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.


B - L'APPARAT ÉQUESTRE

Scénographie avec 4 selles.

Le cheval fait partie intégrante du mode de vie et de l'identité ouzbèkes. Il est intrinsèquement lié aux conquêtes de territoire et au développement du commerce. Son importance se traduit par la confection et le maintien d'un artisanat spécifiquement dédié au monde équestre.
En revêtant une tenue de cavalier, avec uniforme et armes de cérémonie, le dernier émir de Boukhara, s'inscrit dans la lignée des grands conquérants, réaffirmant ainsi le pouvoir et la richesse de son territoire.
Cette opulence s'étend également à l'élevage des chevaux. Si les purs-sangs sont réservés à l'émir et aux cadeaux diplomatiques, les écuries de la cour présentent non moins de dix-sept races différentes de chevaux dont les fameux lokais, tekes, et turkmènes. Véritable extension du cavalier, on réserve au cheval un attirail riche et luxueux. Tapis de croupes en velours brodés d'or, dauri, selles en bois peintes à la main avec des teintures naturelles, sont complétés par une panoplie luxueuse d'harnachements, de véritables bijoux en argent sertis de turquoise, de cornaline et d'émail. Chacun de ces éléments est élaboré par des corporations spécifiquement dédiées au travail du bronze, d'orfèvrerie, de menuiserie, de tannerie et de broderie d'or.


 
Texte du panneau didactique.
 
Scénographie.
Selle décorée du motif « naqshu-nigor ». Boukhara, 1880. Bois peint et laqué. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.

Collier équestre et rênes.
Harnachement de cheval et pendentifs en formes de feuilles, « peshband ».
Caparaçon d'apparat, « dauri ».
Paires d'étriers.
Boukhara, XIXe siècle.
Argent doré estampé avec rênes en daim.
Argent doré estampé.
Velours bakhmal, adras (soie), broderies d'or et d'argent.
Boukhara, Bukhara state museum-reserve.
 
Tapis de croupe de l’émir, 1911-1912, Boukhara. Velours, adras, broderie d'or. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Tapis de croupe, 1905, Boukhara. Velours, adras, broderie d’or. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Selle décorée du motif « nagshu-nigor ». Tachkent, fin du XIXe siècle. Bois peint et laqué et incrustation d'os. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.

Les selles sont constituées d’une seule pièce de bois. Les plus riches sont laquées avec des ornementations circulaires en marqueteries. Elles se terminent par un double-pommeau qui permet de maintenir les rênes en tension pour que le cheval soit en position statique même quand il n'est pas attaché. Ce double-pommeau était également utile pendant les épisodes de combats pour permettre au cavalier d'avoir les mains libres.
 
Selle, « egar-zini-kupkarigi ». Samarcande, 1914-1915. Bois peint et laqué et marqueterie. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
Scénographie
 
Scénographie
 
Scénographie


C - SOMPTUEUX INTÉRIEURS



1 - Les suzanis, entre ciel et terre

Scénographie


Le suzani est un mot persan qui signifie «fait à l'aiguille». Il s'agit de grandes pièces de tissu brodées de fils de soie destinées à la dot de la mariée. Décorations de murs, couvertures de lit, rideaux, tapis de prière, constituent les ouvrages d'un artisanat exclusivement féminin réalisé au sein du foyer qui se transmet de génération en génération. Éléments d'apparat d'intérieur, ces créations uniques déploient un univers fantasmagorique censé assurer une vie de couple et de famille harmonieuse. Plusieurs écoles régionales existent et chacune d'entre elles suit un dictionnaire symbolique précis affirmant ainsi leur identité.
Deux principaux courants se distinguent : le courant de Samarcande offre un aperçu du ciel avec des motifs astraux audacieux, hypnotiques et rougeoyants ; tandis que celui de Boukhara nous plonge en plein jardin d'Éden avec des motifs floraux, végétaux, anthropomorphiques, luxuriants et colorés.
Ces paradis célestes et terrestres ont une fonction aussi bien décorative que protectrice : abondance, prospérité, sécurité et fertilité sont assurées par cet univers symbolique déployé. Le nombre et la qualité de ces suzanis à l'intérieur d'un foyer dépendent du statut social de la famille, plusieurs années étant nécessaire pour la réalisation d'une grande pièce. Le résultat final témoigne de la patience, du goût et de la créativité de la future mariée.
 
Texte du panneau didactique.
 
Suzani de l’école de Shahrisabz, XIXème siècle, Shahrisabz. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Boukhara. Suzani « bolinpush ». Boukhara, fin du XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
 
Nourata. Suzani. Nourata, fin du XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
Scénographie
 
Suzani « Gulkurpa » de l’école de Tachkent, dernier quart du XIXème siècle. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.
 
Boukhara. Suzani. Boukhara, Shafirkan, fin du XIXe siècle. Coton, boz, fils de soie colorés, point yorma. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.

La célèbre broderie de Boukhara se distingue par sa décoration exubérante et étonnante ville riche et prospère, lieu de résidence de l'émir, cette école est connue pour la richesse de ses motifs et de ses couleurs qui rappelle ceux des tapis persans. Les ornements les plus reconnaissables sont les rosettes de couleur terre cuite et cramoisie, encadrée par une végétation gracieuse. Les suzanis de Boukhara sont époustouflants, fourmillant de détails et d'éléments incroyablement imaginatifs; les compositions sont souvent divisées en cercles concentriques, secteurs, étoiles, fleurs et figures complexes.
 
Samarcande. Demi-suzani « nimsuzani ». Samarcande, fin XIXe-début XXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
 
Samarcande. Suzani « bolinpush ». Samarcande, XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.

Contrairement aux suzanis de Boukhara luxuriants et raffinés, le courant de Samarcande s'inscrit davantage autour des traditions populaires. École distincte réinventée au XIXe siècle, le style de Samarcande tend à se concentrer sur des motifs imposants. Ornements astraux tels que de grands cercles, des rosettes tourbillonnantes, des étoiles de couleurs grenade cramoisie sont encadrées par de larges pousses de couleur verte. La composition centrale encadrée par une bordure, typique de Shakhrisabz, est également très populaire à Samarcande.
Scénographie
 
Taie d’oreillers « Bolinpush » de l’école de Samarcande, 1885-87, Samarcande. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Samarcande. Suzani « bolinpush ». Samarcande, fin du XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
 
Suzani, "Togora-palak" de l’école de Tachkent, début du XXème siècle, Tachkent. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Suzani, "Togora-palak" de l’école de Tachkent, début du XXème siècle, Tachkent (détail). Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
Scénographie
 
Boukhara. Demi-suzani « nimsuzani ». Boukhara, Shafirkan, fin du XIXe siècle. Soie, point yorma. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.
 
Djizak. Suzani « choyshab ». Djizak, années 1950. Coton, fils de soie colorés. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.

Les suzanis de Djizak présentent de larges cercles ou rosettes de couleur rouge ou cramoisie typiques de la région. Contrairement aux pièces de Samarcande et Tachkent où ces motifs sont entièrement entourés de végétation verte, ceux de Djizak présentent des ouvertures dans leur contour. La caractéristique principale du suzani de Djizak est la présence de tumorcha, des amulettes en forme de triangle aux quatre coins de la pièce, gage de protection pour les jeunes mariés et les futurs parents. On retrouve cette forme triangulaire dans les bijoux de cette région. À partir du XXe siècle, le tissu en coton blanc matta est  progressivement remplacé par du tissu orange industriel.
 
Suzani « Palak » de l’école de Tachkent, début XXème siècle, Tachkent. Coton, fils de soie colorés. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Boukhara. Suzani. Boukhara, fin du XIXe siècle. Coton, fils de soie colorés, point daraush. Boukhara, Bukhara state museum-reserve.


2 - Les secrets des tapis d'Ouzbékistan

Scénographie

L'art du tapis est maîtrisé depuis des siècles dans la région des oasis de Transoxiane. Compte tenu de la fragilité de la laine, il ne reste que très peu de pièces aujourd'hui. Ainsi, la majorité des œuvres conservées dans les collections date du XIXe siècle.
Les steppes et les régions montagneuses fournissent une abondance de laine et de produits lainiers. Les femmes, expertes dans le tissage de tapis et le feutrage, produisent ces pièces pour l'aménagement et le confort domestique. Leurs productions alimentent également les marchés locaux urbains et la ville de tous les commerces, Boukhara.
Il existe quatre principaux types de tapis : les tapis à poil court ou long qui font partie des premiers tapis noués; les tapis tissés à plat qui sont facilement pliables et transportables adaptés au style de vie nomade; les tapis brodés ; et les tapis feutrés – forme la plus ancienne - que l'on retrouve principalement chez les peuples nomades et semi-nomadiques. Au-delà des aspects pratiques et décoratifs, le tapis est un objet prophylactique. Les tisseuses s'assurent, avec un choix précis de motifs, la protection de la maisonnée en s'appuyant sur une symbolique ancestrale transmise de génération en génération.


 
Texte du panneau didactique.
 
Tapis brodé « beshkashta ». Djizak, premier quart du XXe siècle. Laine et fils de coton et de soie. Tachkent, State museum of applied arts and handicrafts history of Uzbekistan.

Les tapis tissés à plat étaient traditionnellement réalisés sur de simples métiers à tisser en bois qui pouvaient être facilement pliés, ce qui les rendait parfaitement adaptés à un style de vie nomade. Fabriqués à partir de longues et étroites bandes cousues ensemble, la particularité du tapis beshkashta est qu'il incorpore plusieurs techniques de tissage. Ce tapis présente un motif spécifique de rayures bordées de diamants et de triangles, avec des losanges entourant le motif des cornes associées à la vie des steppes. Ils sont généralement de grande taille et sont utilisés pour cacher la mariée des yeux de tous, le jour de la cérémonie.
Scénographie
Tapis brodé « Kyz gilyam » utilisé comme panneau de mariage. Années 1940, peuple Lokaï. Laine, broderie, soie, coton.
Samarcande, Samarkand state museum-reserve. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
 
Couverture de lit « Takiyapush » de l’école de Nurata, vers 1867, Nurata. Coton, fils de soie colorés.  Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Tapis brodé « Kyz gilyam » utilisé comme panneau de mariage. Années 1940, peuple Lokaï. Laine, broderie, soie, coton (détail). Samarcande, Samarkand state museum-reserve. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
Khosiyat Dzhuraeva. Tapis feutré, 2e moitié du XXème siècle, Jizzakh. Samarcande, Samarkand state museum-reserve.
© La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
Accès à la 4e section


D - UN MONDE DE SYMBOLES ET DE COULEURS

Scénographie


1 - Les bijoux, gages de protection et de bonheur

Scénographie
Les bijoux, gages de protection et de bonheur

L’art du bijou est étroitement lié au vestiaire féminin. Il fait partie intégrante du costume traditionnel de la femme et indique l’âge, le statut social, économique et matrimonial de celle qui le porte. Il ne faut pas considérer chaque pièce de manière individuelle mais comme faisant partie d’un ensemble dont la forme, le matériau et l’esthétique se conforment à des traditions locales. Chaque ensemble se compose généralement de plusieurs pièces : diadème, frontal, temporal, pectoral, collier, bracelets, boucles d’oreilles, bagues. Son rôle prophylactique explique l’abondance d’amulettes et de talismans dans la parure des jeunes filles. Plus la femme est jeune, plus les bijoux sont nombreux et flamboyants. Un ensemble peut peser jusqu’à dix kilos. La majorité des bijoux produits dans l'ancien Ouzbékistan est en argent ou en alliage. Des pierres semi-précieuses pour la plupart ornent les parures : cornaline et corail venus d'Inde et d'Europe, turquoise du Khorassan, perles et verres colorés d'Europe, chaque pierre et couleur portant une signification propre. Tout comme le style vestimentaire qui évolue avec l'arrivée des Russes en 1868, l'art du bijou va se transformer avec l'apparition de nouvelles techniques et d'une esthétique présentant des parures beaucoup plus chargées.
 
Texte du panneau didactique.
 
Coiffe de mariée « Tobelik », XVIIème-XVIIIème siècles. Orfèvrerie (Argent, corail, turquoise, timbre) et textile. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karapalkstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Parure pectorale « Haykel », fin du XIXème -début du XXème siècle.  Métal, pierres. Noukous, State museum of history and culture of the Republic of Karakalpakstan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Bijou de nuque « tadj-duzi ». Khorezm, début du XXe siècle. Argent, corail, filigrane, turquoise, quartz, verre coloré. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.

Ce bijou de nuque « tadj-duzi» en argent est serti de corail et de pierres colorées. Il représente quatre boteh (amandes) motif ornemental très utilisé dans l'art islamique. Pour les zoroastriens, il est un symbole de vie et d'éternité. Encore aujourd'hui en Ouzbékistan, on retrouve ce symbole sur de nombreux bijoux, textiles, tapis. Le contour du bijou présente des chaînettes avec des perles : symboles de la lune, elles apportaient richesse à celles qui les portaient.
 
Diadème. Khorezm, fin du XIXe-début du XXe siècle. Argent, métal blanc, turquoise, corail, pierre rouge. Tachkent, State museum of history of Uzbekistan.
 
Bijou de « takya-duzi ». Khorezm, fin du XIXe- début du XXe siècle. Argent, turquoise, corail. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan.
Scénographie
 
Bijou d'épaule « marjon ». Kokand, fin du XIXe siècle. Argent, corail, perle, perle de verre rouge, dorure, estampage, incrustation. Tachkent, State museum of applied arts and handicrafts history of Uzbekistan.
 
Pendentif de poitrine « kalit bogich». Khiva, fin du XIXe- début du XXe siècle. Argent, perle, métal, corail, verre, turquoise. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.
 
Pendentif de ceinture « Onirmonshaq », fin du XIXème – début du XXème siècle. Métal, corail et turquoise. Noukous, State museum of history and culture of the Republic of Karakalpakstan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Pendentif « onirmonshaq ». Karakalpakstan, fin du XIXe-début du XXe siècle. Argent, cornaline, perle. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky.

Symbole de maternité, le pendentif onirmonshaq est porté en dessous du nombril. Il fait partie d'un des éléments essentiels de la parure de la mariée. La partie supérieure hémisphérique rappelle les coupoles des mosquées. Des chaînettes se terminant par des petites décorations métalliques en forme de larme viennent compléter le tout, et comprennent parfois des cornalines ou des turquoises. Ces chaînettes tintaient au pas de la jeune mariée.
Scénographie
 
Bijou de poitrine « zhalpak tuime ». Karakalpakstan, fin du XIXe- début du XXe siècle. Métal blanc, cornaline. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky.
 
Coiffe de mariée « Tobelik », XVIIème-XVIIIème siècles. Orfèvrerie (Argent, corail, turquoise, timbre) et textile. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Temporaux «koltuk tumor», fin du XIXème - début du XXème siècle. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karapalkstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
 
Bracelets « Bilezik » fin du XIXème -début du XXème siècle. Argent, placage de métal jaune, cornaline, filigrane, ciselure. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky.
Scénographie
 
Collier talisman « bozband - tumor ». Tachkent, XIXe siècle. Argent, dorure, monnaie. Tachkent, State museum of applied arts and handicrafts history of Uzbekistan.

Les colliers talismans étaient nombreux en Asie centrale. Ce «bozband tumor» présente une boîte rectangulaire avec une ouverture sur le dessus pour y glisser des prières. Ses chaînes sont faites de pièces d'argent, rouble de la fin du XIXe et début du XXe siècle.
 
Parure pectorale « haykel ». Karakalpakstan, fin du XIXe - début du XXe siècle. Argent, métal jaune, cornaline. Noukous, State museum of history and culture of the Republic of Karakalpakstan.
Scénographie


2 - Les Karakalpalks

Scénographie
Les Karakalpalks

Les Karakalpaks sont un peuple musulman turcophone semi-nomade d'éleveurs - pêcheurs d'Asie centrale qui vivaient à l'origine dans les steppes. Au XVIIIe siècle, ils s'installent au sud de la mer d'Aral où ils développent une agriculture d'irrigation, et cela jusqu'aux années 1960 et le recul de la mer d'Aral. Les karakalpaks s'organisent en confédération de tribus avec un système clanique fort.
Une des spécificités des Karakalpaks se trouve dans le vestiaire féminin. Une panoplie existe pour les quatre stades traditionnels de la vie d’une femme : jeune fille, mariée, mère, et grand-mère indiquant leur âge, leur rang social, leur clan avec un code couleur et une symbolique précise quant aux motifs brodés.
 
Texte du panneau didactique.
 
Vêtement d’extérieur pour femme en ikat « Kaltacha », XXème siècle, Boukhara. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan.  © Andrey Arakelyan.
 
Parandja. Velours, broderie d’or. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
 
Scénographie.


3 - Ikats, tissus aux 1000 couleurs

Scénographie
Ikats, tissus aux 1000 couleurs

L’ikat est un mot indonésien qui signifie « attacher, nouer ». Il s’agit d’une technique de teinture et de tissage répandue dans toute l’Asie dont l’origine reste mystérieuse. Néanmoins sa présence en Indonésie et en Chine dès le VIe siècle et son expansion dans toute l’Asie laissent penser que les routes de la soie ont étendu son influence. Cet art s’est développé en Ouzbékistan sous le nom de abrbandi. Ce mot persan dont la racine « abr » signifie « nuage » prend son sens dans l’aspect flouté et vaporeux de ses motifs. Contrairement aux artisans indonésiens qui colorent les fils de chaîne et les fils de trame, les maîtres ouzbecks de l'abrbandi ne teignent que les fils de chaîne, secret de leur style décoratif unique. Il s'agit d'un procédé extrêmement long qui peut durer des mois et demande une technicité précise. Chaque région a ses propres motifs qui peuvent être floraux, végétaux, zoomorphiques, géométriques, domestiques et qui déploient un florilège de couleurs et de symboles suivant des codes territoriaux bien précis. Cette technique peut être appliquée sur différents types de tissus, les plus délicats et luxueux étant la soie, shoyi, ou le velours de soie bakhmal, le plus populaire étant le mélange de coton et de soie, adras.
 
Texte du panneau didactique.
 
Cape de mariée « Kyzyl kiymeshek », fin du XIXème - début du XXème siècle. Broderie. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karapalkstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Robe en ikat, XXème siècle, Boukhara. Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Vidéo : La fabrication du abrbandi. Margilan, Fergana, 2022.  Production : Fondation pour le développement de l'art de la culture de la République d'Ouzbékistan. Directeur de la photographie : Azamat Abbasov. Durée : 9’30.

L'ikat ou abrbandi est un symbole de l'identité ouzbèke qui jouit d’une reconnaissance mondiale. Depuis l'indépendance du pays en 1991, cet artisanat connaît un renouveau notamment dans la vallée du Ferghana. En effet, l'engouement international se ressent à travers l'utilisation de cette technique par de nombreux stylistes - Balenciaga, Gucci, Cavalli - qui ont adopté ce procédé. Ce film rend hommage à l'art des maîtres tisserands qui ont repris leur production selon les méthodes ancestrales dans la vallée du Ferghana. Toutes les étapes de fabrication de l'abrbandi y sont expliquées : le fil de soie obtenu par les cocons de vers, la réserve de certaines parties des fils, la coloration du reste, le tissage des fils de chaîne
Scénographie


4 - La peinture d'avant-garde

Scénographie

Au tournant du XXe siècle, le Turkestan est la destination de prédilection de l'avant-garde russe entre 1917 et 1932. Alors que l’Empire russe disparaît pour devenir l'URSS, de nombreux artistes soviétiques découvrent ce territoire correspondant à l'actuelle République d'Ouzbékistan. De nouvelles écoles d'art se créent dans les années 1920; une école ouzbèke voit le jour, dont Alexandre Volkov (1886-1957), peintre russe, prend la tête. Au moment où Matisse découvre le Maroc, les peintres de l'avant-garde, à la recherche de «la couleur locale», trouvent dans la richesse des paysages, des formes et des visages de l'Asie centrale, une inspiration unique.
Ainsi, l'essence du pays est représentée dans ces peintures: portraits de la population locale, architecture, paysages, scènes de la vie quotidienne. On retrouve dans les sujets travaillés tapis, suzanis, chapans et ikats présentés dans l'exposition, chaque artiste abordant cette quête d'ailleurs et d'exotisme en suivant son propre courant pictural.
Véritable fil conducteur menant à l'Ouzbékistan, la couleur rejaillit dans toute sa puissance au sein de ces peintures uniques faisant partie de la deuxième plus grande collection d'avant-gardes russes au monde, œuvre du collectionneur Igor Savitsky.

 
Texte du panneau didactique.
 
Dmitriev. Portrait de Mirzo Abduvohid Burkhonzoda, 1912 ? Huile sur toile. Boukhara, Bukhara state museum-reserve. The citadel of Ark - museum of local history (IV-III BC - XX century). © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
R.Ch. Choriyev. Mariée, 1968. Tachkent, Musée d'État des arts d'Ouzbékistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Laziz Hamani.
 
R.A. Axmedov. Femme de Surkhandarya, années 1970. Aquarelle. Samarcande, Samarkand state museum-reserve. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
Scénographie
 
Alexander Nikolaevitch Volkov (1886-1957). Arba (charrette), 1924. Huile sur toile. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky.

Alexander Nikolaevitch Volkov est né dans le Ferghana, de parents russes. Il a étudié dans plusieurs écoles à Saint Pétersbourg avant de devenir professeur à la Tashkent School of arts. Premier directeur du musée d'art de Tachkent, Volkov traite de différents sujets relatifs au patrimoine d'Asie centrale explorant plusieurs courants : cubisme, futurisme,  constructivisme. C'est un pionnier de l’avant-garde en Ouzbékistan, et l’un des fondateurs de la première école ouzbèke des beaux-arts. Il a guidé de nombreux talents tel que Ural Tansykbayev, un de ses meilleurs étudiants, dont le travail est présenté ici (voir plus bas).
 
Lev Leonardovich Bure (1887-1943). Un magicien au Régistan. Années 1920. Huile sur toile. Samarcande, Samarkand state museurn-reserve.
 
Nikolai Georgievich Karakhan (1900-1970). Chaikhana (maison de thé) près de Khauz sous un orme. Années 1920. Huile sur toile. Noukous, State museum of history and culture of the Republic of Karakalpakstan, named after I.V. Savitsky.
 
Nadezhda Kashina  (1896-1977). A Shir-Dora, 1928. Huile sur toile. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karakalpakstan named after I.V. Savitsky.
Scénographie
 
Pavel Benkov (1879-1949). Fonctionnaire du gouvernement de Boukhara, 1928. Huile sur toile. Boukhara, Bukhara state museum-reserve. The citadel of Ark - museum of local history (IV-III BC - XX century). © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
 
Ural Tansykbayev (1904-1974).  Kumgan, 1935. Huile sur toile. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karapalkstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Harald Gottschalk.

Ural Tansykbayev est né à Tachkent, actuel Ouzbékistan. Il est un des plus grands représentants de l'avant-garde orientaliste ouzbèke. Il est présenté comme «le chef de file des coloristes ouzbeks» par la critique russe. Les œuvres d’Ural Tansykbayev se caractérisent notamment par un sens vibrant de la couleur, qui rappelle les travaux d'artistes tels qu'Henri Matisse et André Derain. Des mouvements comme le fauvisme et le post-impressionnisme ont particulièrement influencé l'artiste, en raison des couleurs couramment utilisées dans les palettes de ces mouvements.
 
Victor Ivanovitch Ufimtsev (1899-1964). Motif Oriental, n.d. Huile sur contreplaqué. Noukous, State museum of arts of the Republic of Karapalkstan named after I.V. Savitsky. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Harald Gottschalk.
 
Pavel Benkov (1879-1949). Officiel de l'émir, 1929. Huile sur toile. Tachkent, Musée d'État des arts d'Ouzbékistan. © La Fondation pour le développement de l’art et de la culture de la République d’Ouzbékistan. © Andrey Arakelyan.
Chigiz Ahmarov. Triptyque - Danse du Khorezm, Boukhara, Ferghana, 1971. Détrempe sur toile.
Tachkent, State museum of arts of Uzbekistan.