JOHN SINGER SARGENT. ÉBLOUIR PARIS

Article publié dans la Lettre n°624 du 29 octobre 2025



 
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JOHN SINGER SARGENT. ÉBLOUIR PARIS. Réalisée en collaboration avec le Metropolitan Museum of Art, où elle a été présentée au printemps 2025, cette exposition, riche de plus de 90 œuvres de cet artiste américain (1856-1925) né à Florence, nous permet de (re)découvrir un peintre largement oublié en France alors qu’il est célébré en Grande-Bretagne et aux États-Unis comme l’un des plus grands artistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Déçus par l’enseignement artistique que leur enfant recevait à Dresde puis à Florence, les Sargent, qui avaient quitté les États-Unis pour séjourner en Europe, s’installent à Paris, réputée pour ses ateliers privés et sa prestigieuse École des Beaux-Arts. En 1874, John, alors âgé de dix-huit ans, présente ses dessins et aquarelles au grand portraitiste Carolus-Duran (1837-1917) qui est stupéfait par leur qualité. Il l’accepte dans son atelier, déjà fréquenté par des élèves anglais et américains, tandis que John réussit le concours d’entrée à l’École des Beaux-Arts.
Le parcours de cette exposition comprend quatre sections. La première, « L’élève prodige de Carolus-Duran », nous présente des dessins et peintures réalisés pour la plupart sous l’influence du maître. C’est ainsi que si, paradoxalement, nous avons très peu de toiles ayant Paris pour sujet, telle Dans le jardin du Luxembourg (1879), nous pouvons voir des portraits de modèles d’atelier ou d’autres élèves et ami(e)s. Suivant les conseils de Carolus-Duran, Sargent se rend au Prado, où il fait des copies de tableaux de Velázquez, et en Hollande pour étudier Frans Hals, deux peintres du XVIIe siècle qui ont en commun une peinture virtuose, basée sur l'étude de la lumière et le geste de l’artiste.
La deuxième section, « Sargent, Paris et le Monde », nous montre un peintre qui profite de Paris pour voyager, comme ses parents, à travers la France, l’Europe et l’Afrique du Nord. Dans cette section, nous avons des toiles peintes, entre autres, en Bretagne (En route pour la pêche, 1878), à Venise (Ramón Subercaseaux en gondole, 1880), à Capri (Dans les oliviers à Capri, 1878), en Espagne (Alhambra, Patio de los Arrayanes [cour des Myrtes], 1879) ou encore au Maroc (Fumée d’ambre gris, 1880). Tempête sur l’Atlantique (1876), avec ses monstrueuses vagues qui déferlent sur le paquebot, a été peinte au retour de son premier voyage aux États-Unis, avec sa mère et sa sœur Emily, alors qu’il a vingt ans.
Vient ensuite la section la plus caractéristique de son œuvre, « Sargent portraitiste ». Elle s’ouvre sur la majestueuse Dame au gant (1869) de Carolus-Duran et nous présente dans la première salle une douzaine de portraits de grandes dimensions dont d’étonnants portraits d’enfants tels Les Filles d’Edward Darley Boit (1882).
C’est aussi dans cette salle qu’est présenté le Portrait de Mme ***, dit aussi Madame X (1883-1884). Celui-ci représente Madame Gautreau, alors âgée de vingt-cinq ans, dans une posture de profil, inhabituelle à l’époque mais en vogue au XVe siècle, avec un décolleté plongeant, une bretelle tombée, une gamme de couleurs très restreinte et un caractère inaccessible et sensuel. Bref, tout pour susciter les plus vives critiques lors de sa présentation au Salon et faire scandale. Sargent s’en doutait mais a bravé l’obstacle. Néanmoins il change le titre, le Portrait de Madame Gautreau devient celui de Madame X. Il repeint la bretelle sur l’épaule et conserve ce tableau jusqu‘à sa vente au Metropolitan Museum of Art en 1916, après le décès de son modèle.
Cette section se termine avec des portraits d’amis et d’artistes parmi lesquels on trouve Auguste Rodin (vers 1884), Un coup de vent (Judith Gautier) (vers 1883-1885) et le Portrait du maître d'armes Arsène Vigeant (1885), prêt à bondir sur le peintre avec son épée!
Vient enfin la quatrième section, « Après Paris, Sargent et la France », qui nous montre les dernières œuvres qu’il fit après le scandale du Portrait de Madame X et son départ définitif pour Londres en 1986. De 1884 à 1886, Sargent se partage entre Paris et Londres. Mais, même établi dans la capitale britannique, il conserve des amitiés en France, en noue de nouvelles (Gabriel Fauré, vers 1889) et se rapproche un peu plus de Monet (Claude Monet peignant à la lisière d’un bois, vers 1885).
En guise d’épilogue, les commissaires présentent La Carmencita (vers 1890), une œuvre éblouissante qui triomphe au Salon de 1892 et est achetée par l’État français. C’est l’une des rares toiles conservées dans un musée français présentes dans cette exposition. Sargent enverra des œuvres au Salon jusqu’en 1905. Une exposition qui rend un bel hommage, à l’occasion du centenaire de sa mort, à un peintre qui aimait la France et fut oublié par cette dernière. R.P. Musée d’Orsay 7e. Jusqu’au 11 janvier 2026. Lien : www.musee-orsay.fr.


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