SAM SZAFRAN (1934-2019)
Obsessions d'un peintre

Article publié dans la Lettre n°558 du 23 novembre 2022



 
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SAM SZAFRAN (1934-2019). Obsessions d’un peintre. Il est probable que le nom de ce peintre ne vous dise rien. En effet peu d’expositions lui ont été consacrées et il occupe dans le monde de l’art une place hors des mouvements bien identifiés et, par conséquent, peu étudiée dans l’histoire de l’art. La présente exposition répare cet oubli en présentant, trois ans après sa mort, une soixantaine de pastels, aquarelles et fusains, représentatifs de l’œuvre de Sam Szafran.
Né à Paris, dans une famille d’origine juive-polonais, Szafran a vécu une enfance particulièrement difficile marquée par les catastrophes de la Seconde Guerre mondiale qui, par la suite, lui a fait préférer une forme de solitude artistique. Son travail revient sans cesse sur un nombre très restreint de sujets qui ont en commun la description de son environnement immédiat, ateliers, escaliers et feuillages. Le parcours explore tour à tour ces trois thèmes.
En guise d’introduction, outre la biographie de l’artiste, nous avons cinq fusains de 1970 représentant L’Atelier, rue du Champ-de-Mars dans différentes circonstances, y compris après un orage ou avec de la neige. On y voit aussi une nature morte, Sans titre (chou), un pastel de 1961, et un étonnant tableau, Sans titre (1959), mélange de fusain et de pastel qui serait un autoportrait. Dès cette salle nous sommes confrontés aux obsessions de cet artiste pour traiter un même sujet, d’une manière figurative, une forme déconsidérée dans la seconde moitié du XXe siècle, avec diverses techniques. Szafran, largement autodidacte, a découvert celles d’Edgar Degas, le maître du pastel au XIXe siècle. Il s’est aussi initié à l’aquarelle qu’il a cherché à mêler au pastel. Lui-même a désigné le cinéma et Alberto Giacometti comme ses maîtres à penser.
Dans la salle suivante, ce sont des vues de L’Atelier de la rue Crussol, fusain et pastel, qui ornent les cimaises. Dans l’atelier, on note la présence d’une quantité phénoménale de bâtons de pastel et, plus anecdotique, celle d’un tub accroché au plafond, une allusion à Degas. Des fusains nous montrent également son ami Philippe Petit, un funambule, en pleine action.
Toujours dans cette première partie, nous avons des vues de l’Imprimerie Bellini, une ancienne fabrique de lithographies que Szafran reprend avec des associés. Déjà, dans ces représentations d’un atelier complexe, on note l’intérêt de l’artiste pour les escaliers.
C’est le sujet de la deuxième partie de l’exposition « Le vertige de l’espace – Escaliers ». On y voit une quinzaine de vues d’escaliers, parfois les mêmes mais sous différents angles, des « déformations de la vision » comme l’écrivent les commissaires et quelques vues plus générales de « paysages urbains ». Dans des vitrines, nous avons des carnets de dessins et des albums de polaroid avec des croquis ou des photos d’escaliers pris sous tous les angles, comme pourrait le faire une araignée.
La troisième et dernière partie traite le troisième thème, le feuillage, sous le titre « L’invasion de l’intérieur ». Szafran était fasciné par les plantes tels les philodendrons ou les aralias qui envahissaient son atelier. De 1968 à 2016, il s’est acharné à les représenter avec toutes leurs feuilles et moult détails, employant diverses techniques dont de rares pastels bleus, avec une technique unique qu’il avait inventée. Une exposition bienvenue à une époque où l’on donne de plus en plus de place au numérique au dépend des œuvres physiques. R.P. Musée de l’Orangerie 1er. Jusqu’au 16 janvier 2023. Lien : www.musee-orangerie.fr.


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