| 
 
 Parcours en images et en vidéos de l'exposition
 SAM SZAFRAN (1934-2019)Obsessions d'un peintre
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
 
   
               
                 
                  
                    
                      
                        |  |  
                        | Affiche de l'exposition  |  
                        |  
                          Sam SzafranObsessions d’un peintre
 
                            La trajectoire de Sam  Szafran n’est comparable à aucune autre. Enfant d’une famille juive polonaise,  il a connu pendant la guerre l’ébranlement d’un monde et l’écroulement de  l’enfance. La pratique du dessin et de la peinture lui ont offert cet ancrage  dans le réel qu’une vie menacée par les dangers de l’Histoire lui avait refusé.  En autodidacte, avide de savoir, il a tenu le cap de sa création, retiré dans son  propre univers. Dans le secret de l’atelier, Sam Szafran a poursuivi les  obsessions dont son œuvre est empli sans détourner le regard. Laissant de côté  les débats de son temps, il a choisi la figuration dans une période qui y avait  renoncé ou qui l’entraînait dans de tout autres directions. Contemporain des  dernières avant-gardes, le peintre s’en est tenu à l’écart tout en les  observant avec attention, cultivant un goût pour les techniques passées de mode  comme le pastel et l’aquarelle. 
                            Szafran a élaboré un  vocabulaire fidèle au regard qu’il portait sur le monde, celui qui l’entourait  au plus près : ateliers reflétant ses états psychiques, escaliers en colimaçon  devenus labyrinthes,  espaces envahis par  la végétation, boîtes de pastels métamorphosées par un jeu de perspective… 
                            Trois ans après sa  disparition, cette exposition pose un premier regard sur l’œuvre désormais  achevé.                           
                           « Sam pour moi c’est l’intelligence acrobatique, le cœur en fusion et la  déraison fulgurante » Henri Cartier-Bresson,  1988.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre (autoportrait), 1959. Fusain et pastel sur  papier, 78 x 58 cm. Paris, Galerie Claude Bernard. © Sam Szafran, ADAGP, Paris,  2022. Photo Galerie Claude Bernard / Jean-Louis Losi. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre (Chou), 1961. Pastel sur papier, 74  x 65,5 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022. © Photo ©  musée d’Orsay / Sophie Crépy. 
 
 
Formé aux expressions  plurielles de l’École de Paris après la Seconde Guerre mondiale, Szafran trouve  sa voie dans le choix de la figuration. Après des essais de peinture à l’huile,  le pastel s’impose. Le motif du chou lui donne un prétexte à expérimentation.  Légume bon marché présent dans la cuisine juive, il convoque des souvenirs  d'enfance aux Halles à Paris. |  | Sam Szafran (1934-2019). L'Atelier, rue du  Champ-de-Mars, 1970.  Fusain sur papier, 103 x 74 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP,  Paris, 2022.
 
 
  Le  poète libanais Fouad El-Etr (né en 1942) - directeur de la revue de poésie La  Délirante - est un ami proche de Szafran. Il lui rend souvent visite rue du  Champ-de-Mars et écrit dans un poème « Il neige dans la chambre ». Szafran a  souvent souligné l'importance de la poésie pour son travail. Pour les éditions  de La Délirante, il illustre plusieurs recueils de poésie. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). L’atelier de la rue du  champ de mars (homme allongé), mars 1970.  Fusain sur papier, 105 x 75. Collection  particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  | Sam Szafran (1934-2019). L’atelier de la Rue du  Champ de Mars (second Orage), 1969-1970. Fusain sur papier, 107 x 75 cm. Collection  particulière.  
 
 
En  1969-1970, Szafran occupe quelques mois un atelier situé rue du Champ-de-Mars,  qui lui inspire une des premières séries au fusain. Avec ses tréteaux,  chevalets, chaises et cadres, l'atelier nous est montré dans des états de  chaos, ravagé par la tempête, inondé par la pluie ou sous des flocons dansants,  métaphores de la psychologie changeante de l'artiste. |  
                        |  |  
                        | Scénographie avec tableau chronologique (voir ci-dessous) |  
                        |  |  |  |  
                        |  |  |  |   
                        |  |  
                        |  |  |  |  
                        |  |  |  |   
                        |  |   
                        | 
 
                            PARTIE 1 - LE CHAOS APPRIVOISÉ
 1 - L'atelier de la rue de Crussol
 
 |   
                        |  |   
                        | Scénographie 
                             |  
                        | 
                          Le chaos apprivoiséL’atelier de la rue de Crussol
 
 Les ateliers que Sam  Szafran occupe à Paris et celui qu’il achète rue Vincent-Moris à Malakoff  forment plus qu’une série ou un sujet. Il s’agit d’un thème qui traverse  l’œuvre de l’artiste, au cœur de sa vie quotidienne, jusqu’à devenir un exercice  d’introspection. Regardés, scrutés, analysés, ces lieux fournissent les  multiples facettes d’une observation qui prend sur le papier et sous le  bâtonnet de pastel la forme d’une figuration constamment renouvelée.
 L’atelier de la rue  de Crussol, petit espace prêté pour un temps par le peintre américain Irving  Petlin, se métamorphose en scène de ses créations, qu’il décrit avec précision  : « On y trouve les motifs qui deviendront récurrents selon les séries : les  châssis retournés le long des murs (ici ceux de Petlin), le tub suspendu en  hommage à Degas (La Bassine), le poêle à charbon, élément central de ce décor  surréaliste, les boîtes de bâtonnets de pastel et les livres d’échantillons À  La Gerbe qui se reflètent inversés, dans la verrière zénithale mal colmatée, la  chaise longue capitonnée trouvée chez Madeleine Castaing où repose une figure  amie… ».
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). L’Atelier  de la rue Crussol, 1969. Fusain sur  papier. New York, Louis-Dreyfus Family Collection. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Funambule (Philippe Petit), 1969.  Fusain sur papier, 79 × 58 cm. Collection Irène et Jacques Elbaz. © Sam  Szafran, ADAGP, Paris, 2022. 
 
 
En 1971, le funambule  Philippe Petit parcourt sur un fil la distance entre les deux tours de la  cathédrale de Notre-Dame à Paris. Il est ami avec Szafran qui le prend comme  sujet et que l’on retrouve dans certains pastels de la série de l’atelier de la  rue de Crussol. Hantant ses œuvres, l’image de l’équilibriste s’exerçant dans  l’atelier fait figure de métaphore de la difficulté du juste équilibre dans son  art. |  | Sam Szafran (1934-2019). Intérieur II, L’atelier de  la rue Crussol, mai  1972. Pastel sur calque contrecollé sur carton, 119,4 x 81,3 cm. États-Unis,  New York (NY), The Metropolitan Museum of Art, New York. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. Photo © The Metropolitan  Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA. 
 
 
« Les  différents états d’ordre et de désordre de cet atelier à travers les onze  variations qu’il m’a inspirées – ton général, lumière du jour, lueur de nuit,  compositions ordonnées ou déchiquetées – expriment la palette d’émotions vives  qui étaient miennes en ce moment, allant de la stabilité relative, sinon de la  sérénité, à la colère et au drame passionnel le plus aigu » (Sam Szafran, 2000). |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). L’atelier de la rue  Crussol, février  1972. Pastel sur calque contrecollé sur carton, 104 x 75 cm. Collection  particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022. Photo Lala. |  | Sam Szafran (1934-2019). Atelier de la rue de Crussol, février-mars 1972. Pastel sur calque contrecollé sur carton. Collection  particulière. |   
                        | 
 
                            PARTIE 1 - LE CHAOS APPRIVOISÉ
 2 - L'imprimerie Bellini
 
 |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  
                          L’imprimerie Bellini
 En 1970, Szafran  reprend avec des associés une ancienne fabrique de lithographies au 83 rue du  faubourg Saint Denis. Y furent imprimées à la fin du XIXe siècle des  lithographies des affichistes Steinlen, Chéret et Lautrec, puis des affiches de  cinéma. Ce lieu inspire à Szafran une importante série de vues d’atelier, qu'il  nomme Imprimerie Bellini en hommage à ce peintre vénitien de la Renaissance.
 Contrairement aux  ateliers de la rue de Crussol - variations à partir d’un même point de vue,  cette série invite le spectateur à arpenter l’espace, petit à petit, du  rez-de-chaussée au sous-sol. Avec précision, Szafran se consacre aux verrières  et aux presses d'imprimerie, outils, bassins et pierres lithographiques,  n’oubliant pas les amis et ouvriers qui accomplissent leur travail.
 L’influence du cinéma  est perceptible, l’artiste s’appropriant les lieux en fixant comme en travelling  différentes perspectives. « Mon premier contact avec l’art a été le cinéma. »,  confie l’artiste, qui cite parmi ses maîtres à penser les cinéastes Serguei  Eisenstein, Orson Welles, ou Alfred Hitchcock.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Imprimerie  Bellini, 1972-1974. Pastel sur calque contrecollé sur carton, 139 x 98 cm. Collection  Irène et Jacques Elbaz. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. 
 
 
La  série des Imprimeries Bellini offre une particularité dans l’œuvre de Szafran :  elle est plus narrative qu’à son habitude. Au-delà de vues d’intérieurs  virtuoses, tant par la composition que par l’usage du pastel dans de si grandes  dimensions, ce sont de véritables scènes. Elles témoignent d’une époque et de  l’ambiance de travail collectif qui régnait dans cet atelier parisien, mêlant  artistes, artisans et machines. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Imprimerie Bellini, 1972. Pastel sur calque  contrecollé sur carton, 139 x 100 cm. Collection particulière. © Sam Szafran,  ADAGP, Paris, 2022. Photo Galerie Claude Bernard / Jean-Louis Losi.
 
 
 La série des Imprimeries  Bellini offre une particularité dans l'œuvre de Szafran : elle est plus  narrative qu'à son habitude. Au-delà de vues d'intérieurs virtuoses, tant par  la composition que par l'usage du pastel dans de si grandes dimensions, ce sont  de véritables scènes. Elles témoignent d'une époque et de l'ambiance de travail  collectif qui régnait dans cet atelier parisien, mêlant artistes, artisans et  machines. |  | Sam Szafran (1934-2019). Imprimerie Bellini, 1972. Pastel sur papier,  72,5 x 52,5 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. Photo  Lala. 
 
 
Les œuvres de la série des Imprimeries Bellini  décrivent le travail dans un atelier d’estampes sous différents aspects.  Certains pastels montrent les machines et les hommes au travail tandis que  plusieurs autres mettent au cœur de la composition les boîtes de pastels,  technique que Sam Szafran a choisie à contre-courant de son époque. Placés au  bas de l’escalier dans la lumière, ils resplendissent comme un trésor. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). L'Escalier Bellini, juillet-septembre 1972.  Pastel sur papier. Galerie DIL. Collection Arlette Boumendil. © Sam Szafran, ADAGP,  Paris, 2022. |  | Sam Szafran (1934-2019). Imprimerie  Bellini, juillet 1972. Pastel  sur calque contrecollé sur carton. Collection particulière. |   
                        | 
 
                            PARTIE 2 - LE VERTIGE DE L'ESPACE - ESCALIERS
 1 - L'escalier de la rue de Seine
 
 |   
                        |  |   
                        | Scénographie 
                             |  
                        | 
                         Le vertige de l’espace – escaliersL’escalier de la rue de Seine
 
 Le poète  Fouad El-Etr s’adresse à Szafran au sujet des dessins qu’il a exécutés au début  des années 1970 pour sa revue de poésie : « Prenons le thème de l’escalier par  exemple, celui du 54 rue de Seine.                            Te  rappelles-tu le jour où tu es revenu épingler sur les murs mansardés de ma  chambre les premiers croquis, comme des squelettes, avec une rampe pour toute  épine dorsale, afin d’apprivoiser ce nouveau modèle et de choisir la meilleure  mise en page pour illustrer une couverture ? »
 L’escalier  y est décrit au fusain en suivant assez respectueusement les codes  traditionnels de la perspective. Cette œuvre est pourtant devenue le préalable  à des expériences formelles toujours plus complexes que l’artiste, presque  quarante ans plus tard, place sous le signe du regard : « J’ai toujours pensé,  comme Alberto Giacometti le disait, que la réalité est beaucoup plus forte que  l’utopie, que le rêve ou le fantastique. Ce qui m’importait c’était moins de  réussir une œuvre que de donner la possibilité aux gens de regarder un peu  mieux. Le rôle de l’artiste c’était de donner un autre regard, un regard qui  permette de voir autrement. »
 
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Escalier  de la rue de Seine, 1975. Fusain sur  papier. Collection Stéphane Dykman. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 1974. Fusain, 78 x 58 cm.  Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 1974. Pastel sur papier, 78  x 58 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Escalier  de la Délirante, 1973. Fusain sur papier. Collection Fouad et Martine El-Etr. 
 
 
En 1972, Szafran exécute le  dessin d'un escalier situé au 54 rue de Seine. C'est là qu'habite le poète  Fouad El-Etr, éditeur de la revue de poésie La Délirante. Pour en illustrer un  numéro, il a proposé à l'artiste de représenter le palier devant son  appartement. Dessiné ici au plus près du motif, le thème de l'escalier est  devenu celui d'une des plus grandes séries de Szafran. |  | Sam Szafran (1934-2019). Le  poète (La Délirante), 1967. Fusain sur papier. Collection Irène et Jacques Elbaz. 
 
 
Ce fusain au sujet énigmatique montre un homme  qui marche à grands pas poursuivant sa propre parole. Il est reproduit sur la couverture  du premier numéro de la revue de poésie La  Délirante (1967-2000), à laquelle Szafran a contribué  jusqu’en 1983. Ce dessin est devenu l’emblème de La Délirante.  |  
                        |  |  |  |  
                        | La Délirante N°4-5. Automne 1972, revue de poésie dirigée par Fouad  El-Etr, couverture illustrée d’après un dessin de Sam Szafran, tirage à 2250  exemplaires sur papier vergé, 25 x 18, 5 cm. Collection Fouad et Martine El Etr.  © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. © Betrand Huet / Tutti. |  | La Délirante n°1. Juillet-septembre 1967, revue de poésie dirigée  par Fouad El-Etr, couverture illustrée d’après un dessin de Sam Szafran, tirage  à 1500 exemplaires sur papier vélin crème, 25 x 18, 5 cm. Collection Fouad et  Martine El Etr. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. © Betrand Huet / Tutti. |   
                        | 
 
                            PARTIE 2 - LE VERTIGE DE L'ESPACE - ESCALIERS
 2 - Déformations de la vision
 
 |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  
                          Déformations de la vision
 Le motif de  l’escalier est au cœur de l’œuvre de Szafran, à la croisée de ses  préoccupations formelles, et ancré dans son histoire personnelle. L’artiste se  souvient, alors qu’il était enfant, avoir été tenu suspendu dans le vide de la  cage d’escalier par son oncle le menaçant de le lâcher. Il souligne d’autre  part : « Personne avant moi n'avait fait des escaliers, et moi j'ai toujours  vécu dans les escaliers. C'est le côté territorial, physique, la survie, les  petites bandes de mômes qui tiennent un territoire. »
 Pour rendre les déformations  de la vision - point central de ses obsessions, Sam Szafran rompt avec la  tradition du dessin perspectif, en distordant l’espace. Il transcrit les  sensations du vertige et de la chute en utilisant l’anamorphose et la dynamique  en coup de fouet de la «ligne serpentine», empruntée aux peintres maniéristes  italiens. Grâce à une technique virtuose, d’abord au pastel puis à l’aquarelle,  il cherche à toujours affiner la précision des images formées par son regard.
 « On ne pense pas assez aux escaliers. » Georges Perec, Espèces d'espaces, 1974.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 1981. Pastel sur papier, 76  x 57,5 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 1980. Pastel sur papier. Collection particulière.  
 
 
Multipliant les escaliers, Szafran se livre à des  expériences au travers desquelles il cherche à mettre en lumière les mécanismes  de la vision, par la remise en cause des lois de la perspective, héritées de la  Renaissance. « Une interprétation vertigineuse, relève-t-il, en illusion  d'optique, des perspectives traditionnelles - européenne ou arabe - que je n'ai  en vérité jamais apprises ». |  | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 1981-1982. Pastel sur  papier. Collection Pierre Boudriot. 
 
 
Szafran  explique comment il procède pour représenter l'espace de la cage d'escalier : «  Alors, pour pouvoir faire l'ensemble, je me suis mis à bouger. J'étais obligé  de m'identifier à une araignée, qui monte et descend au bout de son fil, dans  la cage de l'escalier, qui peut voir par-dessous et par-dessus. Et donc, j'ai  commencé à me mobiliser, comme si j'étais une caméra, à bouger, à tourner…». |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre, 1981. Paris, Centre  Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle,  achat 1982, AM 1982-35. © Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022. Photo © Centre  Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Philippe Migeat. |  | Sam Szafran (1934-2019). Sans  titre (Escalier  rue de Seine), 1981. Pastel sur  papier. Collection Josette, Jean-Claude et Bernard Weill. |   
                        | 
 
                            PARTIE 2 - LE VERTIGE DE L'ESPACE - ESCALIERS
 3 - Paysages urbains
 
 |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  
                          Paysages urbains
 «Et puis il y a la  rue. De plus en plus, le paysage urbain m’intéresse. Je remarque d’ailleurs  qu’en peinture il y a beaucoup de choses à faire, qui n’ont pas encore été  faites».
 À partir du début des  années 1990, l'artiste mène de nouvelles expériences autour de vues d’extérieurs,  progressivement apparues par les fenêtres des escaliers qu’il a représentés.  Désormais, Szafran utilise presque exclusivement l'aquarelle sur un support de  soie, que lui fait découvrir un artiste chinois. Cette technique autorise des  compositions de plus en plus grandes où il tente de conjuguer simultanément  l’espace, le temps et le mouvement. Comme un tourbillon d’images, les divers  fragments du tableau deviennent partie intégrante d’un grand tout en mouvement.  Anciens lieux familiers, souvenirs, choses réelles et irréelles, détails  anecdotiques ou concrets, sont des éléments qui viennent composer l’œuvre  peinte.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre, 2012. Aquarelle et pastel  sur soie, 244 x 201 cm. Paris, Galerie Claude Bernard. © Sam Szafran, ADAGP,  Paris, 2022. Photo © Galerie Claude Bernard / Jean-Louis Losi. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Escalier avec rampe et  fenêtre, 1990 –  1992. Aquarelle sur soie, 90 x 118 cm. Collection Irène et Jacques Elbaz. © Sam  Szafran, ADAGP, Paris, 2022. 
 
 
 Dans l’œuvre de Szafran, l’escalier devient parfois non  plus un objet du quotidien mais un objet de contemplation quasi abstrait.  L’espace est ici recomposé suivant la rampe qui, détachée de la structure  architecturale, prend son indépendance et s’élève en volute dans les airs. Il  devient impossible de déterminer le point où se tiendrait le spectateur.  Celui-ci se transforme en œil flottant librement dans l’espace. |  | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre (Malakoff), 2014. Aquarelle sur soie,  72 x 89 cm. Paris, Galerie Claude Bernard. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. Photo Galerie Claude  Bernard / Jean-Louis Losi. 
 
 
Szafran, grand admirateur  de l’écrivain Georges Perec, travaille dans ses paysages urbains des questions  comparables à celles qu’énonce l’écrivain : « L’espace de notre vie n’est ni  continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope. Mais sait-on précisément où il se  brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? » Espèces d’espaces, 1974.  |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Escalier avec Jacques  Kerchache, François Barbâtre et l'artiste, 1993. Aquarelle sur soie, 195 x 109 cm. Collection  particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  | Sam Szafran (1934-2019). Escalier, 54 rue de Seine, 1990. Aquarelle sur  soie. Collection particulière. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre (Escalier), vers 1993. Aquarelle sur  soie, 178 x 126,5. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  | Sam Szafran (1934-2019). Sans titre (Rue de Seine, 1997-1998. Aquarelle sur  soie. Collection particulière. |  
                        |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Carnet de dessins : études d’escalier, fin  des années 1970. Crayon de couleur et stylo bille sur papier.Collection  Lilette Szafran.
 |  
                        |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Travaux préparatoires, fin des années 1970.  Polaroïds collés sur carton, annotations, dessin au crayon graphite, 63 x 49 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. Photo © musée  d'Orsay / Sophie Crépy.
 
 
 
Vers la fin des années 1970, Szafran se rend équipé  d’un appareil Polaroïd au 54 rue de Seine qu’il a déjà abondamment dessiné : «  Alors j’ai fait ce que je pouvais en une semaine et à partir de là, j’ai  réinventé l’escalier ». Il a constitué ces albums après avoir appris dans  l’atelier du peintre Francis Bacon puis lors d’une exposition consacrée à Pablo  Picasso qu’ils utilisaient tous deux la photographie. « Comme j’avais commencé  par le cinéma. Je ne savais pas très bien ou je voulais en venir. C’était  d’ailleurs très angoissant. C’était après que j’ai commencé à comprendre, pas  sur le coup. Sur le coup, c’était intuitif. » L’artiste utilise ces pages comme  les photogrammes successifs d’un film décomposé.
 |  
                        |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Album de photos Polaroïds  préparatoires, fin  des années 1970. Polaroïds collés sur papier, 38 x 65 cm (ouvert). Collection  Lilette Szafran. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. Photo © musée d'Orsay /  Sophie Crépy. |   
                        | 
 
                            PARTIE 3 - L'INVASION DE L'INTÉRIEUR
 1 - Serres et feuillages
 
 |   
                        |  |   
                        | Scénographie 
                             |  
                        | 
                          L’invasion de l’intérieurSerres et feuillages
 
 Au  printemps 1966, le peintre chinois Zao Wou-Ki prête son atelier parisien à Sam  Szafran. Le lieu recèle une découverte décisive : « j'ai été absolument  incapable d'y travailler : j'étais fasciné par un magnifique philodendron qui  resplendissait sous la verrière, et qu'il m'était impossible de dessiner. Cette  impuissance était devenue une obsession ». Pendant un demi-siècle, l’artiste a  ensuite remis sans relâche sur le métier la représentation de plantes,  principalement des philodendrons Monstera et des aralias. Les feuillages sont  prétextes à des images foisonnantes, bien que Szafran s’oblige à décrire chaque  « individu » précisément.
 La  prolifération des végétaux sur le papier donne lieu à plusieurs ensembles. Le  premier associe pastel et fusain dans un jeu sur le contraste du noir et du  bleu, sans lien avec un quelconque naturalisme.
                            Puis vient la série des  feuillages bleus, peu abondante, où la feuille elle-même est l’objet de  compositions fondées sur la répétition et la multiplication. Seule une présence  humaine, surtout celle de Lilette dans son manteau japonais, offre une  respiration dans des peintures inextricables.
 « Ne cherchez pas d’ordre dans son œuvre :  sa cohérence est fortuite comme celle de la nature. » Arrabal, Le Panique, 1973.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Personnage dans la  végétation, octobre  1971. Pastel et fusain sur papier, 120 x 80 cm. Collection particulière. © Sam  Szafran, ADAGP, Paris 2022. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). L’Atelier  du graveur, 1967. Pastel et fusain  sur papier. Collection particulière.  
 
 
En 1966, le collectionneur et marchand d'art  Jacques Kerchache met à la disposition de Szafran un hangar où son jeune cousin  Serge Kantorowicz vient poser. Le jeune homme, qui vient d'être embauché à  l'imprimerie de la galerie Maeght, endosse pour Szafran le rôle du graveur, que  ce dernier traduit en conjuguant le fusain et le pastel, annonçant les premiers  feuillages bleus. |  | Sam Szafran (1934-2019). Végétation  à la Besnardière, 1968-1969. Pastel et  fusain sur papier. Collection Lilette Szafran.
 
 
 Claude Bernard, le marchand de Szafran depuis  1965, l'invite régulièrement à travailler en Touraine dans sa maison de  campagne, La Besnardière. Dans le jardin d'hiver les premières compositions au  fusain et au pastel comprenant philodendrons et aralias voient le jour,  laissant apercevoir l'architecture des serres et occasionnellement le portrait  de l'hôte des lieux, ou du poète Jean Paget. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Carnet (études de nus, portraits et  autoportraits), vers 1960. 23 dessins au crayon graphite sur papier. Collection  Lilette Szafran. |  | Sam Szafran (1934-2019). Carnet (études et retranscription d’un texte de  Gustave Courbet). 62 dessins au crayon graphite sur papier. Collection  particulière. |   
                        | 
 
                            PARTIE 3 - L'INVASION DE L'INTÉRIEUR
 2 - Feuillages à l'atelier
 
 |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  
                          Feuillages à l’atelier
 « Puis il y a un saut  dans l’univers du végétal, observe l’écrivain américain James Lord. Des plantes  ! Des juxtapositions à l’infini de feuilles avec leur palpitation, leur  perfection et profusion à la limite du perceptible, chaque feuille enluminée  dans l’air vibrant, avec une précision jardinière. » Pour que ses compositions  deviennent encore plus foisonnantes, Szafran envisage des formats de plus en  plus importants, qu’il est impossible d’exécuter au pastel. Il se tourne vers  l’aquarelle, qui permet des dimensions plus grandes et lui offre une nouvelle  voie d’expérimentation technique.
 Il n’abandonne  pourtant pas le pastel et se lance le défi d’associer les deux au sein de  certaines œuvres, jonglant entre le sec et le mouillé. Szafran peint les  plantes de son propre atelier, qui dans la réalité et sur le papier, deviennent  monumentales. Il ne cesse jusqu’à la fin de sa vie de revenir aux motifs végétaux  dans un permanent « clin d’œil à Matisse », qui l’avait précédé dans le goût  pour les grandes plantes ornementales dans l’atelier.
 |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Feuillages, 1986-1989. Aquarelle sur  papier, 149 x 99 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Feuillages  avec personnage, 1984. Pastel sur carton.  Collection particulière.   
 
 
La série des pastels bleus de Szafran  constitue un ensemble énigmatique et restreint, d'une grande sophistication  technique. L'artiste recouvre d'abord une feuille de pastel (n°7261 Roché)  broyé puis travaille en transférant la couleur sur le support de la  composition. En répétant cette opération, il crée une forêt de feuilles  entrelacées : une jungle dense, impénétrable, à l'effet onirique. |  | Sam Szafran (1934-2019). Végétation dans l'atelier, 1980. Aquarelle et pastel  sur papier, 106,5 x 75 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP,  Paris, 2022.
 
 
 À la  fin des années 1970, Szafran commence à travailler à l'aquarelle, une technique  dont il se sert à l'origine pour rehausser les gravures réalisées à l'atelier  de son ami Piero Crommelynck. Combiner le pastel et l'aquarelle, réaliser une  synthèse entre « le sec et le mouillé » comme avant lui Degas, devient un nouveau  défi, auquel il se consacre particulièrement dans ses séries de plantes. |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Sans  titre (L’Atelier à Malakoff), 1999. Aquarelle et crayon sur papier. Collection particulière. |  | Sam Szafran (1934-2019). Lilette  dans les plantes, 1987. Fusain,  aquarelle et crayon sur papier. Collection Lilette Szafran. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Lilette dans les feuillages  (Hommage à Georges Perec), février – août 2003.  Aquarelle sur papier, 94 x 149 cm. Collection particulière. © Sam Szafran, ADAGP, Paris, 2022. 
 
 
Szafran  a souligné l’importance de la poésie et de la littérature pour son travail.  Lorsqu'il se trouve dans une impasse, c’est vers les écrivains qu’il se tourne  pour trouver une solution plastique. Ainsi, il reprend le credo de Georges  Perec : « Il faut regarder le monde en biais, c'est alors qu'il apparaît en  grand relief ». Il rend ici hommage à l’auteur d'Espèces d'espaces (1974) –  titre qu’il aurait pu faire sien. |  | Sam Szafran (1934-2019). Hommage à Jean-Clair pour  son exposition « Cosmos », 2012. Aquarelle, 237 x 318. Collection particulière. ©  Sam Szafran, ADAGP, Paris 2022. Photo © Musée d’Orsay / Sophie Crépy. 
 
 
Szafran décrit son hommage  à son ami Jean Clair, membre de l’Académie Française, comme « une expérience  métaphorique liée à l’exposition que Jean Clair a organisée sur l’idée du ciel,  du cosmos, l’idée de l’espace, de la lumière, idée qu’on retrouve dans la  peinture au cours des siècles. (…) On retrouve dans ce projet ce que j’aime, à  savoir le mélange entre les disciplines, entre les scientifiques et les  artistes. » |  
                        |  |  |  |  
                        | Sam Szafran (1934-2019). Sans  titre (Jean Paget dans les feuillages), juillet 1971. Pastel sur calque contrecollé sur carton. Collection  particulière, courtesy galerie Claude Bernard. |  | Portrait de Sam Szafran. |  
                        |  |  |  |  
                        | William Trichter. Sam Szafran dans son atelier, 1981 (extraits) (vidéo) |  |  |   
                        |  |  |  |   
                        | Sam Szafran - Bande annonce |  |  |  |