REVOIR WATTEAU
Un comédien sans réplique, Pierrot, dit le Gilles

Article publié dans la Lettre n°608 du 15 janvier 2025



 
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REVOIR WATTEAU. Un comédien sans réplique, Pierrot, dit le Gilles. Cette exposition monographique est consacrée à l’un des tableaux les plus célèbres et les plus mystérieux du Louvre, qui vient de bénéficier d’un important travail de restauration. Son attribution à Antoine Watteau (1684-1721) est parfois discutée, d’autant plus que son grand format est unique dans la production du Maître.
Au début du XVIIIe siècle, les deux troupes officielles ont leurs personnages comiques vedettes: Crispin pour la Comédie-Française, Arlequin et Pierrot pour la Comédie-Italienne. Watteau s’installe à Paris vers 1702 et s’intéresse à l’univers du théâtre qu’il représente dans de nombreuses compositions, y compris dans des autoportraits. C’est donc dans ce contexte qu’il aurait peint Pierrot en lui associant le personnage de Crispin et une sculpture à tête de faune que l’on retrouve dans d’autres œuvres de l’artiste.
Si le tableau de Watteau semble inconnu durant le XVIIIe siècle, des peintres continuent de s’inspirer du personnage de Pierrot tel que Watteau en avait codifié l’apparence. C’est le cas de Jean-Baptiste-Pater, de Nicolas Lancret et même de Fragonard avec L’Enfant en Pierrot (vers 1780).
À partir de 1720 la vogue du personnage de Pierrot décroît et un nouveau personnage comique, portant un costume blanc identique, fait son apparition dans les parades devant les salles de théâtre, Gilles. C’est pourquoi, quand en 1826 on remarque cette toile dans la collection privée de Dominique-Vivant Denon (1747-1825), ancien directeur du Louvre, on l’intitule Gilles. Finalement le tableau deviendra très célèbre grâce à diverses expositions et entrera au Louvre en 1869 avec le legs du docteur Louis La Caze (1796-1869).
Au XIXe siècle le Gilles inspire des romans et des spectacles musicaux. Sarah Bernhardt joue «Pierrot assassin» (1883). En 1945, Marcel Carné tourne Les Enfants du paradis qui raconte l'histoire du mime Jean-Gaspard Deburau (1796-1846) qui a transformé le personnage de Pierrot au début du siècle précédent. Les peintres s’inspirent encore de ce «grand losange blanc qui se détache sur le ciel». Ainsi, en fin de parcours, on peut voir les transcriptions qu’en ont fait Picasso, Derain, Gris, Rouault et Jean-Michel Alberola.
Avec soixante-cinq œuvres (peintures, dessins, gravures, livres, photographies et extraits de films), cette exposition bien documentée nous offre un panorama très complet sur le chef-d’œuvre de Watteau et sa restauration et sur le monde du théâtre autour du personnage de Pierrot. R.P. Musée du Louvre. Jusqu’au 3 février 2025. Lien : www.louvre.fr.


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