S.H. RAZA (1922-2016)

Article publié dans la Lettre n°567 du 5 avril 2023



 
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SAYED HALDER RAZA (1922-2016). Le Centre Pompidou rend hommage à cet artiste indien qui vécut et travailla en France de 1950 à 2011. Cette monographie, la première en France pour cet artiste, adopte un parcours chronologique qui nous permet de bien voir l’évolution artistique de Raza. Celui-ci reçoit un enseignement artistique à Bombay (aujourd’hui Mumbai), à la prestigieuse Sir J.J. School of Arts, enseignement  distinct des canons esthétiques nationalistes de l’École du Bengale. Dans cette école, il rencontre d’autres artistes avec lesquels il fonde, en 1947, au lendemain de l’Indépendance, le PAG, le Progressive Artist’s Group.
La première section, « Minuit à Bombay », reprenant une citation de Nehru, illustre cette période. On y voit des paysages de Bombay, de Bénarès, du Cachemire et aussi un groupe de femmes, sous le titre Été indien, dans un style très éloigné de la peinture indienne traditionnelle. Déjà à cette époque, Raza est remarqué par des critiques et collectionneurs émigrés à Bombay.
En 1950, Raza s’installe à Paris, grâce à une bourse du gouvernement français. Il y retrouve d’autres artistes indiens dont F.N. Souza, membre du PAG, et s’inscrit à l’École des beaux-arts. Sa peinture rappelle alors celle de Gauguin et Van Gogh, qu’il découvre et admire dans les musées français. C’est le cas de ses églises et calvaires bretons, de ses paysages de Cagnes ou de Carcassonne, réunis dans la section « Paysages recomposés ». Dans cette même section, on voit également des nus, dont son ami Souza s’était fait une spécialité, non sans affronter en Inde, en 1949, les foudres de la censure.
L’année 1955 marque un tournant dans sa carrière. Il fait la connaissance de la galeriste Lara Vincy qui le représente et œuvre avec détermination à sa reconnaissance. Elle l’encourage à pratiquer la peinture à l’huile travaillée au couteau. Raza, qui a épousé l’artiste française Janine Mongillat, fréquente alors de nombreux artistes dans toutes les disciplines et s’intéresse au travail de ses contemporains, tels Bernard Buffet, Zao Wou-Ki et Nicolas de Staël. Il rejoint ainsi cet ensemble d’artistes étrangers travaillant à Paris que les critiques ont appelé l’École de Paris. En 1956 il remporte le prestigieux Prix de la Critique. C’est le premier artiste étranger à l’obtenir. Celui-ci lui ouvre la porte à ses premières expositions internationales. La troisième section, « Les feux de Paris », nous présente quelques tableaux de cette période, dont de grands paysages allongés, aux couleurs chaudes et aux formes déstructurées.
Dans les années 1960 et 1970, Raza s’imprègne des motifs indiens, rajpoutes en particulier, au cours de ses nombreux voyages en Inde. Sa peinture devient alors abstraite avec des accumulations de couleurs vives sur des fonds noirs. Il rend aussi hommage au sol natal avec une série de toiles majeures intitulées La Terre ou Zamin (La Terre). Les tableaux de cette époque sont regroupés sous le titre « Géographies sacrées ».
La dernière partie, « Formes significatives », nous montre l’évolution de Raza à partir des années 1980. Sa peinture s’inscrit alors dans une tradition abstraite indienne fondée sur la représentation géométrique des symboles, tel le yantra, support visuel de méditation. Le point, le bindu, qui symbolise la puissance séminale de toute vie, est présent dans la plupart de ses toiles dont certaines témoignent d’une abstraction toute géométrique, telle Nagas (« Serpents » en sanskrit), 1998. Une exposition qui nous fait découvrir un peintre remarquable, aux multiples facettes. R.P. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 15 mai 2023. Lien : www.centrepompidou.fr.


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