RAMSÈS et l’or des pharaons. Si Ramsès fait moins rêver que Toutankhamon, l’or attire toujours les visiteurs comme nous l’avions vu, par exemple, avec « L’Or des Scythes » au Grand Palais en 1975 ou encore « L’Or des Incas » à feu la Pinacothèque en 2010 (Lettre 315). Aujourd’hui World Heritage Exhibitions nous éblouit avec un ensemble de quelque 150 pièces provenant des musées d’Égypte sur le thème de Ramsès II et, pour attirer le chaland, de l’or.
Ramsès II (1305-1213 av. J.-C.) a connu le plus long règne de l’Égypte. Il est monté sur le trône à l’âge de 25 ans, succédant à son père Séthi Ier, et est mort à 92 ans.
Ce long règne lui a tout d’abord permis de stabiliser l’Égypte en guerroyant contre ses voisins nubiens, libyens et hittites. Il a aussi eu le temps de construire un grand nombre de temples et lieux de culte divers ou de s’en approprier la paternité. Il a aussi fondé, dans le delta du Nil, une nouvelle capitale, Pi-Ramsès. Toutefois celle-ci, après avoir été submergée par le limon du Nil, devra être déplacée pierre par pierre à Tanis par ses successeurs. Enfin il a pu se faire construire l’un des plus grands tombeaux de la Vallée des Rois (868 m2), en face de Thèbes.
Malheureusement, même si les pharaons du Nouvel Empire et leurs architectes pensaient qu’en étant éloignés de Thèbes et cachés dans la montagne, leurs tombeaux échapperaient aux pillages, il n’en fut rien, à part pour celui de Toutankhamon, et nous n’avons dans cette exposition aucun objet funéraire ayant appartenu à Ramsès II. Cela ne fait rien, l’Égypte antique nous a laissé, malgré ces pillages, une multitude de chefs-d’œuvre dont nous pouvons admirer quelques spécimens.
À défaut d’objets funéraires ayant accompagné la dépouille de Ramsès II, nous avons plusieurs sculptures le représentant, comme cette tête colossale en granite rose, un réemploi d’une image royale plus ancienne, qui ouvre l’exposition, ou cette partie supérieure d’un colosse de 750 kg qui la clôt. On voit aussi des statues représentant Ramsès II en position d’offrande ou encore la partie supérieure d’une statue du roi le représentant jeune, peu après son couronnement.
Le parcours comprend trois grands thèmes, le règne de Ramsès II, sa mort et enfin les objets funéraires, dont la plupart utilise l’or.
Dans la première partie, Dominique Farout, le commissaire, évoque successivement la grandeur de Ramsès II, l’un des pharaons les plus connus des néophytes, ses talents de guerrier dès son plus jeune âge, ses réalisations architecturales monumentales et la vie des égyptiens sous son règne. Une section est consacrée à la fameuse bataille de Qadesh contre les Hittites, représentée sur tous les temples construits ou récupérés par Ramsès. On y voit une vidéo illustrant cette bataille dont on ne sait pas si elle fut aussi éclatante que le laissent supposer les représentions de celle-ci. Parmi les temples construits par Ramsès II, la part belle est faite à ceux d’Abou Simbel et à celui de Louxor. Ils sont évoqués par la splendide scénographie de l’exposition, la marque de la société qui conçoit ce type d’événement, des vidéos et des maquettes. De nombreux panneaux didactiques renseignent les visiteurs, dans un langage simple, sur l’Égypte antique.
La deuxième partie, consacrée à la mort et aux croyances des Égyptiens à cette époque est particulièrement intéressante. Après une évocation des bâtisseurs de tombeaux, on y voit, dans une scénographie éblouissante inspirée de la tombe de Sennedjem, l’un des artistes ayant travaillé sur les tombeaux de Séthi Ier et de Ramsès II, le cercueil extérieur de cet artiste. Compte tenu de sa splendeur, on peut imaginer ce que devait être celui du pharaon à la même époque.
Vient ensuite le thème de l’immortalité, illustré tout d’abord par des momies d’animaux - chat, lionceau, crocodile, mangouste - des sarcophages pour contenir ces momies et des explications sur cette pratique qui a fait des millions de sacrifiés. On entre enfin dans les espaces consacrés aux bijoux et parures qui accompagnaient les défunts fortunés. Parmi ceux-ci, on s’attardera sur les masques en or ou dorés, les colliers pectoraux, les diadèmes, amulettes, bracelets, doigtiers, etc. La salle consacrée à Chéchonq II (XXIIe dynastie) est particulièrement intéressante car on y voit, outre le couvercle en argent de son cercueil, la plupart des objets qui ornaient sa momie. Encore un couvercle de sarcophage en granite et deux couvercles de cercueil en bois et nous entrons enfin dans la salle richement décorée où est exposé le magnifique sarcophage de Ramsès II. Il ne s’agit pas de l’original mais de celui de son grand-père, Ramsès Ier, récupéré par les prêtres de la XXIe dynastie lors du transfert de quelque 36 momies de pharaons, dont Ramsès II, de leurs tombeaux dans une cachette, à Deir El-Bahari, où elles furent retrouvées en 1881. Une exposition-spectacle, avec de magnifiques objets, qui plaira au plus grand nombre. R.P. Grande Halle de La Villette 19e. Jusqu’au 6 septembre 2023. Lien : www.expo-ramses.com.