POP FOREVER - TOM WESSELMANN &...

Article publié dans la Lettre n°609 du 5 février 2025



 
Pour voir le parcours en images et en vidéos de l'exposition, cliquez ici.

POP FOREVER, TOM WESSELMANN &… À la fin des années 1950, le Pop Art déferle des deux côtés de l’Atlantique, en Amérique du Nord comme en Europe. Il est difficile de dire quand commence le Pop et assurément il est encore bien vivant. C’est pourquoi les commissaires de cette exposition grandiose l’ont baptisée «Pop Forever». Pour cela, ils ont mis en avant l’un de ses représentants les plus célèbres, Tom Wesselmann (1931-2004) dont on voit quelque 150 œuvres et plus de 80 archives, accompagné par 35 artistes de 1917 à nos jours avec 70 de leurs œuvres, dont certaines ont été réalisées spécialement pour cette exposition.
Le Pop Art prend sa source dans la représentation de la bande dessinée, de la publicité, du cinéma, des célébrités, des robots ménagers et de tout ce qui concerne la vie courante. Ainsi les œuvres Pop célèbrent les noces de l’art et de la culture populaire.
C’est ce que manifeste l’art de Wesselmann qui débute la peinture à la fin des années 1950, à une époque où pourtant l’art abstrait prédomine aux États-Unis. Lui s’intéresse au vocabulaire iconographique de son temps, incorporant dans ses œuvres de la publicité, des panneaux d’affichage, des images et même des objets. S’il prend pour thèmes des genres classiques de la peinture tels la nature morte, le nu, le paysage, il les traite d’une manière très originale, à mi-chemin entre la peinture et la sculpture. Dans certaines compositions, il incorpore même des lumières, des sons, des vidéos. Ses œuvres les plus spectaculaires, ses Standing Still Lifes, sont à la croisée de la peinture et des installations.
Il fallait bien les quatre niveaux de la Fondation Louis Vuitton pour présenter une telle exposition. Elle commence avec quelques œuvres emblématiques des années 1950-1960 d’artistes tels Roy Lichtenstein, Marjorie Strider, Andy Warhol et quelques autres, autour de celles de Wesselmann. On y voit des installations spectaculaires comme celle de Yayoi Kusama, Self-Obliteration (1966-1974), des objets gigantesques comme ces interrupteurs de Claes Oldenburg (Light Switches – Hard Version, 1964) ou cette Fiat 128 compressée et peinte de Sylvie Fleurie (Skin Crime 3 (Givenchy 318), 1997).
Viennent ensuite des «Natures mortes», mais ces Still Lifes, souvent faits avec des affiches ou des  panneaux publicitaires, prennent des proportions gigantesques comme cette orange (Still Life #44, 1964), ce sandwich (Still Life #33, 1963) ou cette pomme (Still Life #29, 1963). L’utilisation d’objets du quotidien dans les œuvres de Wesselmann fait écho au mouvement Dada et en particulier à la fameuse Fontaine (1917) de Marcel Duchamp, un simple urinoir acheté dans le commerce et présenté comme une œuvre d’art, ready-made.
L’exposition se poursuit avec ce que Wesselmann a appelé des Interiors et des  Shelf Still Lifes, à savoir des fragments d’intérieurs qui incorporent des radios, des téléviseurs et d’autres objets sur des fonds peints de couleurs vives.
En 1961, Wesselmann connaît le succès avec ses Great American Nudes, d’immenses peintures de nus aux frontières de l’abstraction, incorporant des images connues (La Joconde, Kennedy, un tableau de Matisse), voire des objets (table, chaise, objets divers).
La section suivante «Nouvelles perspectives» associe des œuvres de Wesselmann avec celles d’artistes contemporains influencés par l'esprit Pop qu’il a contribué à définir. Parmi ceux-ci, mentionnons Derrick Adams, qui a réalisé quatre Super Nudes pour cette exposition et Do Ho Suh avec sa salle de bains en tissu (Bathroom, 348 West 22nd St., Apt. A, New York, NY 10011, 2003).
À la fin des années 1960, les peintures de Wesselmann se concentrent sur des fragments de corps: pieds, jambes ou encore des visages identifiables tels ceux de Danièle Thompson ou de Paula Lee, qu’il nomme Bedroom Paintings (peintures de chambre à coucher).
Avec la section «Pop Forever», nous voyons des œuvres de divers artistes, tels Jeff Koons et son chien géant (Balloon Dog (Yellow), 1994-2000) ou son aquarium avec 3 ballons de basket (Three Ball 50/50 Tank, 1985), Ai Weiwei et ses urnes de la dynastie Han décorées de logos de Coca-Cola ou encore Tomokazu Matsuyama et ses toiles aux contours découpés comme le sont ceux des céramiques japonaises.
Nous passons ensuite dans la section «Érotisme» où sont présentés une multitude de nus, de petits formats pour la plupart, puis dans la section «Marines» avec des représentations de pieds sur un fond de bord de mer et nous entrons dans la section «Atelier». Là nous comprenons comment travaille Wesselmann grâce à ses dessins, photographies et notes qu’il utilise pour faire ensuite ses immenses compositions.
Les dernières sections ne présentent que des œuvres à très grande échelle. Des bouches tout d’abord, dont certaines sont en train de fumer. Puis des Standing Still Lifes, des créations gigantesques composées de plusieurs toiles disposées les unes derrière les autres, créant une impression de relief et représentant des petits objets – ceinture, chaussure, clé, brosse à dents, rouge à lèvres, etc.- à une échelle démesurée (sept mètres pour une paire de lunettes de soleil). L’effet est saisissant. C’est le syndrome d’Alice au Pays des Merveilles !
Avant d’entrer dans la dernière section, nous voyons quatre compositions d’une technique complexe de Mickalene Thomas réalisées elles-aussi à l’occasion de cette exposition. Viennent ensuite de grandes peintures sur acier ou aluminium, dont certaines sont des sortes de sculptures. Pour certaines compositions, les sujets sont abstraits. D’autres reprennent des thèmes antérieurs. Enfin on termine en beauté avec les Sunset Nude représentant des nus aux formes très simplifiées dans des décors exotiques et colorés. R.P.  Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 24 février 2025. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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