NOTRE-DAME DE PARIS. Des bâtisseurs aux restaurateurs. Le 15 avril 2019, un violent incendie ravage Notre-Dame de Paris. Dès la nuit de l’incendie, 340 000 donateurs issus de 150 pays se mobilisent pour la restauration de la cathédrale. Un établissement public est créé afin d’assurer la maîtrise d’ouvrage de ce chantier hors du commun. Le projet de restauration à l’identique, dans le respect des matériaux d’origine, présenté en juillet 2020 à la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture est approuvé à l’unanimité.
Après les travaux d’enlèvement de l’échafaudage mis en place autour de la flèche pour retirer les statues, de mise en sécurité de l’édifice pour qu’il ne s’effondre pas, de dépoussiérage du plomb provenant de la toiture, de tri des vestiges de l’incendie, de retrait des œuvres d’art et du grand orgue, des ateliers de toutes sortes, à Paris et en province, sont mis à contribution, chacun dans son domaine, pour restaurer la cathédrale.
Cette exposition nous décrit étape par étape le déroulé des opérations. Après nous avoir présenté des vestiges issus des décombres, comme le coq, le parcours commence par la description de ce chantier hors norme. Celui-ci recourt tout d’abord à plus de 50 laboratoires et plus de 180 scientifiques et chercheurs qui étudient l’édifice pour comprendre comment il a été bâti et compléter leurs connaissances. Un exemple de leur travail nous est montré avec l’évocation du remontage à blanc d’un arc-doubleau de la nef.
La deuxième partie est le prolongement de la première. Elle s’intéresse en particulier aux travaux réalisés par Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus entre 1843 et 1865, confrontés eux-aussi à un problème semblable. Un panneau est consacré à la fameuse flèche édifiée par Viollet-le-Duc, très différente de celle qui avait été démantelée à la fin du XVIIIe siècle car elle menaçait de s’effondrer. Le célèbre architecte l’avait construite beaucoup plus élancée et l’avait ornée de 16 statues en bronze. Celles-ci venaient d’être déposées pour être restaurées quatre jours avant l’incendie. Cette exposition est une opportunité unique de voir ces statues à hauteur d’homme, dans toute leur splendeur. En dehors de ces représentations des douze apôtres et des attributs des quatre évangélistes, des maquettes, des moulages de certains éléments de Notre-Dame et divers documents illustrent cette deuxième partie.
La dernière partie s’intéresse au travail des quelque 150 entreprises et ateliers d’art employant plus de 1000 compagnons et artisans répartis dans toute la France. Ceux-ci mettent en œuvre leur savoir-faire pour restaurer Notre-Dame avec des techniques similaires à celles utilisées au Moyen-Âge. Après les travaux sur la flèche et ses sculptures, le parcours évoque tout d’abord la reconstruction de la charpente. Celle-ci nécessite l’emploi de 2000 chênes provenant d’une multitude de forêts dans toute la France. Viennent ensuite les travaux sur le grand orgue qui a été fortement empoussiéré au plomb durant l’incendie. Il en est de même des vitraux, répartis dans neuf ateliers, dont un à Cologne, où ils sont dépoussiérés et nettoyés, ce qui donnera une plus grande luminosité à la cathédrale. On profite enfin du démontage des 22 grands tableaux pour les restaurer. On le voit, c’est un chantier qui touche à tous les domaines, depuis l’architecture jusqu’aux moindres décorations. Une exposition intéressante et bien documentée. R.P. Cité de l’Architecture et du Patrimoine 16e. Jusqu’au 1er juin 2024. Lien : www.citedelarchitecture.fr