Parcours en images et en vidéos de l'exposition

NOTRE-DAME DE PARIS
Des bâtisseurs aux restaurateurs

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°585 du 10 janvier 2024


 

Titre de l'exposition
 
INTRODUCTION

Chef-d’œuvre de l’architecture gothique, symbole du patrimoine français, édifice cultuel éminent, Notre-Dame de Paris est l’un des monuments les plus emblématiques du paysage culturel mondial. L’incendie qui l’a frappée le 15 avril 2019 a touché au cœur les Français et le monde entier. Pour que la cathédrale demeure le cœur de l’île de la Cité et de Paris, un grand chantier s’est ouvert immédiatement après le sinistre, afin qu’elle soit rendue à tous les pèlerins et visiteurs du monde entier en 2024, conformément à l’objectif fixé par le président de la République le soir de l’incendie.
C’est ce chantier hors norme, et ses liens avec les chantiers précédents qui ont forgé l’apparence et l’histoire de Notre-Dame de Paris, qu’invite à découvrir cette exposition. Elle est coproduite par la Cité de l’architecture et du patrimoine et par l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Du chantier médiéval au chantier actuel, en passant par la grande restauration opérée par Viollet-le-Duc au XIXe siècle, elle présente les prouesses architecturales et les savoir-faire mis en œuvre au cours des siècles. Cette exposition a pour vocation de faire découvrir certains des travaux, des techniques et des métiers aujourd’hui mobilisés au chevet de Notre-Dame de Paris, tout en mettant en lumière les liens intrinsèques qu’entretient le chantier actuel avec les chantiers passés.

 

Entrée de l'exposition. © David Bordes.
 
Texte du panneau didactique.


1 - UN CHANTIER HORS DU COMMUN

Scénographie. Entrée de l'exposition.


Le musée de la Cité de l'architecture et du patrimoine a été créé par Viollet-le-Duc, qui fut l'architecte restaurateur de Notre-Dame au XIXe siècle. Il offre aujourd'hui un parcours à travers mille ans d'architecture. Sa célèbre galerie des moulages présente, à l'échelle 1, les chefs-d'œuvre des monuments romans et gothiques, écrin magnifiquement adapté à l'exposition.
Créée en 2004 et ouverte en 2007, la Cité rassemble, autour de «l'objet architecture», un musée, un centre d'archives, une bibliothèque, un centre de création architecturale et l'École de Chaillot, qui forme les architectes du patrimoine. Elle a pour mission de diffuser la connaissance, les enjeux et l'actualité du patrimoine et de l'architecture.
 


La loi du 29 juillet 2019 promulguée à la suite de l'incendie de la cathédrale prévoit la création d'un Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame de Paris, et définit ses attributions. Cet établissement a pour principale mission d'assurer la conduite, la coordination et la réalisation de l'ensemble des opérations de conservation et de restauration de la cathédrale. À ce titre, il est le maître d'ouvrage de cas opérations. Il entre en fonction le 1er décembre 2019.
Il a également pour mission de mettre en valeur le chantier et les métiers qui y sont mobilisés. Pour cela il élabore et met en œuvre des programmes culturels, éducatifs et de médiation à destination de tous les publics, ainsi que des actions de valorisation des métiers d'art et du patrimoine.

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
Scénographie


Le 15 avril 2019, un violent incendie touche au cœur Notre-Dame, cathédrale de Paris depuis près de 850 ans, icône du patrimoine français et monument le plus fréquenté d’Europe. Sa charpente en bois, édifiée en grande partie au XIIIe siècle, et sa flèche, construite par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, ont été détruites, emportant dans leur chute une partie des voûtes.
Le soir même de l’incendie, le président de la République annonce l’ouverture d’une souscription nationale pour reconstruire Notre-Dame de Paris, puis fixe l’objectif de rouvrir la cathédrale en 2024. Un élan de générosité sans précédent – 845 millions d’euros de dons, 340 000 donateurs issus de 150 pays – permet de financer l’ensemble des travaux. Une loi votée à l’été 2019 prévoit la création d’un établissement public, mis en place le 1er décembre de la même année. Sa mission première est d’assurer la restauration de la cathédrale.
Un vaste chantier s’ouvre alors, mobilisant artisans et compagnons venus de toute la France. Sous la conduite des équipes de l’établissement public maître d’ouvrage et des architectes en chef des monuments historiques maîtres d’œuvre, tous sont à pied d’œuvre pour sauvegarder puis restaurer l’édifice.
Notre-Dame de Paris retrouvera son architecture disparue dans l’incendie, sa flèche, sa charpente et ses voûtes dans le respect de ses matériaux d’origine. De plus, grâce aux restaurations et nettoyages intérieurs, les visiteurs et les fidèles du monde entier redécouvriront en 2024 la beauté de ses pierres, de ses décors et de son mobilier d’art.
 
Texte du panneau didactique.
 
Projet pour la restauration de la façade occidentale de Notre-Dame de Paris. Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus, 1843.
 
Vestiges de la couverture de Notre-Dame de Paris, 1857-1859. Plomb. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France, service régional d'archéologie.
 

Coq de la flèche. Entreprise Monduit, d’après un modèle d’Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1859. Cuivre avec trace de dorure. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France.

 
Vestiges de bois brûlé issus de la charpente de Notre-Dame de Paris, XIIIe siècle. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France, service régional d'archéologie.
 
Vestige de pierre issu de la voûte de la croisée du transept, XIXe siècle. Calcaire. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France, service régional d'archéologie.
L'incendie et le chantier de restauration en une de la presse mondiale.

Tableau synoptique du chantier de restauration

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Dès le lendemain de l’incendie, les services de l’État et les architectes, aidés de quelques entreprises, conduisent les interventions les plus urgentes et évacuent les œuvres d’art.
Le grand vaisseau, jonché de décombres, menacé d’effondrement, est inaccessible pour de nombreux mois. Il faut établir un état des lieux des dégâts et programmer les travaux de mise en sécurité, dans un environnement empoussiéré de plomb.
Pendant plus de deux ans, une vaste mobilisation permet d’assurer le succès d’opérations complexes, telles que le démontage de l’immense échafaudage sinistré qui entourait la flèche, la dépose du grand orgue, le déblaiement et le tri des vestiges de l’incendie, l’étaiement des arcs-boutants, le montage d’échafaudages permettant de poser des cintres en bois sous les voûtes.
Les nombreux périls qui pesaient sur le monument sont levés un à un. À l’été 2021, l’établissement public peut annoncer la fin de la phase de sécurisation : la cathédrale est sauvée et prête à accueillir les premiers travaux de restauration.

 
Texte du panneau didactique.
 
Équipement de protection individuelle, 2022. Matériaux divers.

À l'issue de l'incendie, le plomb des couvertures disparues est présent dans les décombres accumulés dans la cathédrale et sous forme de poussières collées aux sols et aux parois intérieures. Il est nécessaire de protéger les acteurs du chantier et les riverains. Une zone est définie autour de la cathédrale, séparée de l'espace public et de la «base vie» du chantier (les bâtiments dédiés aux personnes qui y interviennent). Un protocole strict est mis en œuvre, impliquant des vestiaires et des douches. Les acteurs œuvrant sur le chantier doivent revêtir une tenue adaptée ou un équipement de protection spécifique. Des mesures régulières vérifient la baisse progressive des niveaux de plomb dans la zone exposée au fur et à mesure des nettoyages, et l'absence de plomb au-dehors.
1 - Étude d'évaluation. Philippe Villeneuve (mandataire), Rémi Fromont, Pascal Prunet (architectes en chef des monuments historiques), juin 2020. 6 tomes.
2 - Étude de diagnostic. Philippe Villeneuve (mandataire), Rémi Fromont, Pascal Prunet (architectes en chef des monuments historiques), juin 2020. 6 tomes.
3 - Avis favorable au projet de restauration à l'identique. Commission nationale du patrimoine et de l'architecture, juillet 2020.
1.2

COMMENT RESTAURER NOTRE-DAME ?


L’étude de restauration de la cathédrale est commandée début 2020 par l’établissement public aux architectes en chef des monuments historiques en charge du monument. Le projet prévoit de restituer à l’identique les parties disparues lors de l’incendie, dans leurs matériaux d’origine : le bois de chêne pour les charpentes, la pierre pour les voûtes, le plomb pour les couvertures et leurs ornements. Il comprend aussi un nettoyage complet des intérieurs.
Ce projet est approuvé à l’unanimité par la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture en juillet 2020. Il est conforme aux principes de restauration des monuments historiques, énoncés dans la Charte de Venise (1964) et le Document de Nara sur l’authenticité (1994), tous deux adoptés par le Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) dépendant de l’Unesco.
Ainsi, à l’issue des travaux en 2024, la cathédrale donnera à voir son architecture extérieure retrouvée et fera découvrir la beauté de ses espaces intérieurs nettoyés et restaurés.
 



Dès le lendemain de l’incendie, les archéologues de la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France se mobilisent pour assurer le tri et l’inventaire des vestiges de l’incendie présentant un intérêt patrimonial ou scientifique.
À partir de l’étude de ces vestiges, un vaste chantier scientifique est ouvert. Il rassemble de nombreux chercheurs, coordonnés par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et le ministère de la Culture dans l’objectif d’approfondir les connaissances sur Notre-Dame de Paris et d’éclairer le projet de restauration.
Le chantier scientifique se compose de neuf groupes de travail :
- le groupe « Acoustique » travaille à retrouver l’acoustique de l’édifice aux différents moments de son histoire et à documenter les sons du chantier ;
- le groupe « Bois et charpente » analyse les vestiges de bois ;
- le groupe « Décors monumentaux » passe en revue l’ensemble du décor peint et sculpté ;
- le groupe « Émotions – mobilisations » s’interroge sur les réactions suscitées par l’incendie auprès du public et ce qu’elles disent de notre rapport au patrimoine ;
- le groupe « Métal » étudie le fer et le plomb présents dans l’édifice ;
- le groupe « Numérique » a pour but d’agréger l’ensemble des données numériques disponibles de la cathédrale afin d’accompagner la restauration ;
- le groupe « Pierre » aide aux diagnostics des pierres encore en place et nourrit la connaissance du processus de construction ;
- le groupe « Structures » procède à une évaluation structurale de la cathédrale et s’intéresse à l’impact du feu, de l’eau ou du vent sur ses matériaux ;
- le groupe « Verre » contribue par ses études à la compréhension des vitraux de Notre-Dame, tant dans leur processus de fabrication que dans la perspective de leur restauration.

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
Edouard Baldus, Vue du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris, avant 1858.
© Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.


Patrimoine mondial de l’humanité, Notre-Dame de Paris tient une place particulière dans le cœur des Français et dans le monde entier, comme en témoignent l’émotion et l’élan de générosité suscités par l’incendie.
Près de 340 000 donateurs issus de 150 pays se sont aussitôt mobilisés réunissant plus de 845 millions d’euros ont été réunis. Cette philanthropie sans précédent permettra de rebâtir la cathédrale en cinq ans.
Ce délai de cinq ans, fixé par le président de la République, est un défi, compte tenu du volume de travaux à conduire au meilleur niveau de qualité patrimoniale. Cette ambition est partagée par tous les acteurs de la restauration et constitue un facteur de mobilisation essentiel au dynamisme du chantier.
La cathédrale a occupé dans le monde entier la une de l’actualité dans les semaines qui ont suivi le sinistre. Depuis, l’intensité de la médiatisation ne se dément pas: le chantier de restauration continue aujourd’hui de susciter un fort intérêt.
 
Texte du panneau didactique.
 
Frères Bisson, Vue de la flèche de Notre-Dame en cours de construction, 1860. © Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.
Évocation du remontage à blanc de l'arc-doubleau de la nef. Conseil scientifique Elise Bailleul, Livio De Luca, Yves Gallet, Florence Mousset, Ariane Neroulidis, XIII siècle. Calcaire. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France, service régional d'archéologie.

Début 2021, un remontage à blanc de l'un des arcs effondrés de la nef a été mené dans le cadre de la préparation du chantier de restauration. L'objectif était de déterminer si des claveaux pouvaient être réutilisés pour la restauration, en fonction de leur emplacement dans l'arc. Sur une bâche de près de 100 m2, le dessin de l'arc a été retracé, accompagné de l'emplacement supposé de chaque claveau. Ce travail a en effet permis aux architectes, aux archéologues et aux chercheurs d'émettre des hypothèses quant à l'emplacement de chaque claveau et à leur réutilisation future dans la restauration des voûtes.
 
Évocation du remontage à blanc de l'arc-doubleau de la nef.
 
Tracé de l'arc-doubleau ayant servi aux archéologues et aux chercheurs pour le remontage à blanc, à partir du relevé d'Andrew Tallon.


2 - COMPRENDRE POUR RECONSTRUIRE :
LES CHANTIERS HISTORIQUES

Scénographie
 
Paris. Cathédrale Notre-Dame. Trumeau de la porte du cloître. La Vierge à l'Enfant. Édifice classé Monument historique par liste de 1862. Moulage réalisé par Jean Pouzadoux. Entré dans les collections du musée en 1880.
 
Saint Thomas. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de M. et Mme Vincent et Florence Gombault.
Scénographie. © David Bordes.


Si l’incendie a causé des pertes irrémédiables, le chantier qui s’est ouvert à sa suite est une occasion unique de plonger dans l’histoire de la cathédrale et de révéler ses secrets, inaccessibles jusqu’à aujourd’hui.
Depuis plus de 850 ans, Notre-Dame raconte son histoire monumentale au cœur d’une histoire collective. Cathédrale au cœur de la capitale du royaume de France, elle est, depuis sa reconstruction au XIIe siècle, l’un des édifices-manifestes de l’art gothique. Il faut presque deux cents ans pour achever le monument. Sous Louis XIV au début du XIIIe siècle, de grands travaux sont entrepris dans le chœur de la cathédrale, modifiant ainsi sa physionomie, la parant de sculptures et de marbres colorés. Puis, dégradée par les destructions révolutionnaires et un défaut d’entretien, Notre-Dame est restaurée sous l’égide d’Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle.
Autant de tranches de vie qu’historiens, architectes, historiens d’art, archivistes, archéologues et scientifiques se sont attachés à écrire et à documenter. Pour les époques anciennes, les sources écrites et matérielles sont rares mais pas absentes. Pour les périodes plus récentes, les témoignages sont plus abondants.
Les acteurs du chantier d’aujourd’hui s’appuient sur cette histoire afin de pouvoir situer ce qu’ils observent dans la cathédrale où ces périodes se côtoient et se superposent. Et réciproquement, les observations des scientifiques sur le chantier d’aujourd’hui viennent enrichir ce que l’on connaissait jusqu’ici de l’histoire de la cathédrale.

 
Texte du panneau didactique.
 
Tête d’homme. Cinquième voussure du portail du Jugement dernier, vers 1220. Moulage, avant 1925, plâtre. Cité de l’architecture et du patrimoine, musée des Monuments français.

Pour la restauration des sculptures de la cathédrale, Viollet-le-Duc et Lassus sont épaulés, dès 1848, par Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, sculpteur érudit et expérimenté. Comme les deux architectes, le sculpteur souhaite retrouver l'esprit de la statuaire médiévale, et se lance dans un patient travail d'étude par le biais de dessins et de moulages. Des dessins sont également réalisés en vue de la restauration des sculptures. Geoffroy-Dechaume restaure notamment les sculptures des portails de la façade occidentale et restitue les statues de la galerie des Rois. Il est également l'auteur des statues de la flèche de Notre-Dame.
 
Viollet-le-Duc dans son atelier. Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, vers 1850. Plâtre original. Cité de l’architecture et du patrimoine, musée des Monuments français.
 
Demi-écoinçons ornés de rinceaux. Portail Sainte-Anne, vers 1140. Moulages réalisés par Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, entre 1848 et 1865. Plâtre. © Cité de l'architecture et du patrimoine, musée des Monuments français.
Paris. Cathédrale Notre-Dame.
- Bas-reliefs du portail du bras sud du transept. Les originaux de ces deux moulages appartiennent à un ensemble de huit bas-reliefs qui ornent les socles des deux contreforts de la façade du portail sud consacré à la vie de saint Étienne. Sans avoir de rapport direct avec le saint martyr, les scènes figurées dans les quadrilobes illustrent le pouvoir judiciaire épiscopal. Les figures souples, aux membres fins et aux mouvements anguleux, se glissent entre les arcs et les angles des quadrilobes. Édifice classé Monument historique par liste de 1862. Moulages réalisés par Jean Pouzadoux. Entrés dans Les collections du musée vers 1881.
- Inscription gravée donnant le nom de Jean de Chelles comme architecte du transept. Façade du bras sud du transept, vers 1260. Moulage réalisé par Jean Pouzadoux, 1880. Plâtre.
Cité de l'architecture et du patrimoine, musée des Monuments français.


La construction de la cathédrale actuelle est initiée au XIIe siècle par l’évêque Maurice de Sully et s’achève environ 150 ans plus tard, au début du XIVe siècle. Ce chantier modifie considérablement la silhouette de l’île de la Cité, à une époque où Paris s’affirme comme capitale du royaume.
Notre-Dame de Paris constitue l’un des joyaux de l’architecture gothique. La cathédrale incarne l’avènement et le perfectionnement de prouesses techniques et artistiques. L’emploi de la croisée d’ogive et le recours aux arcs-boutants pour renforcer l’édifice permettent l’élévation d’un monument vaste et lumineux, résolument innovant. La première pierre est posée en 1163. Dès la fin du siècle, le chœur et la nef sont sortis de terre. Dans les années 1220-1230, alors que la façade se dote de ses deux tours et se pare de sculptures, il est décidé de modifier le parti original. Les fenêtres hautes sont agrandies pour inonder la cathédrale de lumière. La charpente, surnommée « la forêt », est alors reconstruite. Vers le milieu du XIIIe siècle, le transept, avec ses grandes roses, est érigé par les architectes Jean de Chelles et Pierre de Montreuil. La flèche médiévale s’élève à partir des années 1250. Enfin le chevet est complété d’une couronne de chapelles qui lui donnent sa physionomie actuelle.
 
Texte du panneau didactique.
 
Maquette de la charpente de la flèche. Auguste Bellu, 1859. Bois, échelle 2cm/m. Dépôt de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Centre de recherche sur les monuments historiques.

L'exécution de la charpente est effectuée par l'entrepreneur Auguste Bellu. La couverture en plomb ainsi que la réalisation des statues en cuivre de la flèche sont exécutées par l'entreprise de plomberie Monduit. Quelques années plus tôt, entre 1853 et 1850, ces mêmes entreprises chevronnées ont réalisé la flèche de la Sainte-Chapelle. La charpente de la flèche de Notre-Dame est un sujet longuement étudié par Viollet-le-Duc, à tel point qu'elle sert de référence pour la rédaction de son article sur les charpentes médiévales dans son Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle. Maître de l'art, Viollet-le-Duc est également un théoricien.
 
- La Révolution: un temple de la Raison. Durant la Révolution, la cathédrale devient temple de la Raison. En façade, les statues des portails et de la galerie des Rois sont descellées pour être remplacées par des emblèmes de la liberté (99 statues sont déposées). Ces décors absents de la maquette, sont restitués par Viollet-le-Duc et Geoffroy-Dechaume, qui interviennent également sur le portail central.
- La flèche de la croisée du transept. À la fin du XVIIIe siècle, la flèche médiévale, alourdie de ses cinq cloches, présente des désordres qui la fragilisent. Pour des raisons de sécurité, elle est démontée entre 1786 et 1792. À partir de cette date, les Parisiens s’habituent à la silhouette d'une cathédrale dépourvue de flèche, telle qu'elle est présentée ici.
- La cathédrale des Lumières
. Durant le XVIIIe siècle, des travaux sont initiés aux abords de la cathédrale, et son parvis est agrandi. Germain Soufflot est alors chargé de rebâtir le trésor et la sacristie, inaugurés en avril 1760. C'est sur cette sacristie détruite par Viollet-le-Duc que le maquettiste a choisi de signer son œuvre, sous le plan de Notre-Dame..
 
Huit chevrons de la charpente de la nef, vers 1230-1240. Maquette réalisée par Henri Deneux, 1916-1917. Bois, échelle 2 cm/m. Dépôt de la Médiathèque du patrimoine et de la photographie. Centre de recherche sur les monuments historiques.
2.2

UNE PRISE DE CONSCIENCE PATRIMONIALE



Au début du XIXe siècle, la cathédrale menace de tomber en ruines. La Révolution française a entraîné de nombreuses destructions. Les statues de la galerie des rois qui ornait la façade ont disparu, le trésor et les sculptures en métal ont été fondus. La flèche médiévale a été démantelée, non par volonté de la détruire mais parce qu’elle risquait de s’effondrer. Le monument présente une vétusté que les décors éphémères mis en place pour le sacre de Napoléon Ier en 1804 peinent à dissimuler.
Quelques années plus tard, en 1831, Victor Hugo publie son roman Notre-Dame de Paris. Au fil des pages, il fait de la cathédrale une héroïne martyre du temps et des hommes, décrivant abondamment le monument et sa dégradation. L’écrivain n’est pas le seul à s’émouvoir du péril dans lequel se trouve l’édifice. En 1842, une pétition est lancée pour sauver le monument. Parmi les signataires se trouvent des intellectuels, artistes et érudits, dont le peintre Jean Auguste Dominique Ingres et bien sûr Victor Hugo lui-même. Ce cri du cœur est entendu, et dès l’année suivante un concours est lancé pour la restauration de Notre-Dame.
 
Texte du panneau didactique.
 
Portrait de Victor Hugo. © Cité de l'architecture et du patrimoine, musée des Monuments français.

Lettre-pétition pour la restauration de Notre-Dame, 31 mai 1842. Encre sur papier, fac-similé.
© Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN- Grand Palais.

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En 1843, les lauréats du concours lancé pour la restauration de Notre-Dame de Paris sont deux architectes férus de Moyen Âge et sensibles à la conservation du patrimoine : Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc.
Le chantier de restauration dure 20 ans et concerne toutes les parties de l’édifice, du gros œuvre jusqu’aux éléments de décor et aux objets d’orfèvrerie du trésor. Il est possible de suivre étape par étape le déroulé des opérations grâce aux journaux tenus scrupuleusement par les inspecteurs des travaux. Les relevés, dessins ou croquis que Viollet-le-Duc réalise montrent une inlassable curiosité pour le monument et ses secrets de conception. Viollet-le-Duc est soucieux de respecter le savoir-faire des artisans du Moyen Âge, et le chantier de restauration de Notre-Dame permet de remettre au goût du jour certaines techniques tombées en désuétude. Cependant, ce souci archéologique ne s’apparente pas toujours à un maintien du monument dans son état originel. Viollet-le-Duc a ainsi pu recourir à sa riche inventivité pour créer des éléments qui n’existaient pas mais qui contribuaient, dans sa pensée, à recréer un monument idéal du Moyen Âge.
 
Texte du panneau didactique.
 
Notre-Dame de Paris avant la restauration de Viollet-le-Duc.
 
Eugène Viollet-le-Duc, Projet de la flèche, élévation partielle, vers 1857. © Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.
 
Charles Marville, Vue de la fèche de la cathédrale Notre-Dame, vers 1860. © Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.
LA FLÈCHE


La flèche de Notre-Dame est un enjeu important pour l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Il décide, dès la présentation de son projet de restauration de la cathédrale, de la réinscrire à la croisée du transept, à l’instar de celle qui avait été élevée vers 1250 et démantelée à la fin du XVIIIe siècle car elle menaçait ruine. Dans son dessin de concours, Eugène Viollet-le-Duc dessine une flèche relativement simple, proche de celle du XIIIe siècle, connue à travers une rare iconographie. Au cours du chantier, en 1857, au lendemain de la mort de Jean-Baptiste Lassus, le jeune architecte la modifie fortement afin qu’elle réponde complétement à sa vision d’un monument idéal. Il redessine son projet en prenant certaines libertés avec la rigueur historique qui avait prévalu lors de la conception du projet de restauration. La flèche est plus élancée, plus richement ornée, et parée de sculptures des douze apôtres et des quatre évangélistes qui sont de pures inventions.
 
Texte du panneau didactique.
 
Saint Jean. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat du Comex du groupe Ardian.
Scénographie
 
Saint Pierre. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de MM. Henri de Castries et Christian Thimann.

Absentes du projet d'origine, les sculptures des apôtres et des évangélistes sont ajoutées par Viollet-le-Duc en 1857. Ces statues, qui n'existaient pas sur la flèche médiévale, sont une complète création. Viollet-le-Duc en confie la réalisation à Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume. Celui-ci réalise les modèles pour les seize sculptures ainsi que pour le coq qui était placé au sommet. Les sculptures sont en feuilles de cuivre martelées, rivetées à une armature en métal. L'épaisseur des feuilles de cuivre n'excède pas 2 mm. Pour assurer à la fois une homogénéité et une variété, Geoffroy-Dechaume a créé quatre modèles de corps pour les douze apôtres puis les a singularisés par les attributs et les visages.
 
Saint Barthélémy. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de M. Denis Duverne.
 
Saint Simon. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de M. et Mme Alain Rauscher.
 
Saint Philippe. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de M. et Mme Gérard Moufflet.
Scénographie
 
L'ange de saint Matthieu. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat des Fonds des Bois.

En 1857, peu après la mort de son acolyte, Viollet-le-Duc remanie fortement le dessin de la flèche. Si, dans le projet initial, l'architecte était resté proche des maigres connaissances que l'on avait de la flèche médiévale, il en va tout autrement dans la version qu'il propose ensuite. Plus élancée et décorée, la nouvelle flèche est enrichie d'une nouvelle iconographie. À chaque angle, un évangéliste, représenté sous sa forme symbolique et tenant un livre, est surmonté de trois apôtres. Ainsi, les sources écrites, les Évangiles, se trouvent à la base de la flèche et servent d'appui à la transmission orale du message chrétien. Les apôtres, chargés de répandre la parole du Christ lors de l'épisode de la Pentecôte, regardent dans toutes les directions, pour symboliser l'universalité de leur mission.
 
L'aigle de saint Jean. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat des Fonds des Bois.
 
Le bœuf de saint Luc. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat des Fonds des Bois.
 
Le lion de saint Marc. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat du groupe d’assurances Generali.
 
Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus. Projet pour la restauration de la façade méridionale de Notre-Dame de Paris, 1843. Dessin à l'aquarelle sur papier, fac-similé. © Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.

Ces dessins étaient joints au projet de restauration présenté par Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste Lassus pour le concours lancé en 1842. Ils témoignent de la vision très précise que pouvaient avoir les deux architectes des travaux à mener à Notre-Dame. Ils expriment aussi la conception de la restauration théorisée par Viollet-le-Duc, selon laquelle «restaurer un édifice, ce n'est pas l'entretenir, le réparer ou le refaire, c'est le rétablir dans un état complet qui peut n'avoir jamais existé à un moment donné». Ainsi toute adjonction ne relevant pas du style gothique est supprimée, et certains décors sont ajoutés pour renforcer une image idéale de la cathédrale médiévale.
 
Paris. Cathédrale Notre-Dame. Bas-relief du portail du bras sud du transept.
L'original de ce moulage appartient à un ensemble de huit bas-reliefs qui ornent les socles des deux contreforts de la façade du portail sud consacré à la vie de saint Étienne. Sans avoir de rapport direct avec le saint martyr, les scènes figurées dans les quadrilobes illustrent le pouvoir judiciaire épiscopal. Les figures souples, aux membres fins et aux mouvements anguleux, se glissent entre les arcs et les angles des quadrilobes.
Édifice classé Monument historique par liste de 1862. Moulages réalisés par Jean Pouzadoux. Entrés dans Les collections du musée vers 1881.
 
Maurice Ouradou, Relevé de détails de peintures murales de la chapelle Saint-Pierre, vers 1870. © Musée d'Orsay / Dist. RMN - Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Relevé de détails des peintures murales de la chapelle Sainte-Anne. Maurice Ouradou, vers 1870. Encre, crayon et aquarelle sur calque contrecollé sur papier cartonné, fac-similé. © Musée d'Orsay, Dist. RMN - Grand Palais / Patrice Schmidt.

L'un des gestes forts d'Eugène Viollet-le-Duc est d'avoir repensé le décor peint des chapelles de la cathédrale, en théorisant une harmonie générale des couleurs. Dans ses réflexions, l'architecte tient compte de l'emplacement et de l'orientation des chapelles au sein de l'édifice. Cette prise en considération des variations lumineuses in situ lui permet d'adapter son décor en déterminant s'il doit appliquer des tonalités froides ou chaudes, et d'anticiper leur interaction avec les jeux de lumière créés par les verrières colorées.
 
Maurice Ouradou, Relevé de détails de peintures murales de la chapelle Saint-Vincent-de-Paul, vers 1870. © Musée d'Orsay / Dist. RMN - Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Journal des travaux de Notre-Dame de Paris, registre tenu par l'inspecteur en chef des travaux de restauration de 1844 à 1865. Maurice Ouradou, avril 1860. Encre sur papier, fac-similé. © Médiathèque du patrimoine et de la photographie / Dist. RMN - Grand Palais.
Scénographie
 
Saint André. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat des Friends of Notre-Dame de Paris en l'honneur du cardinal André Vingt-Trois et en mémoire du professeur Andrew Tallon.
 
Saint Jude. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de la Fondation Frédéric de Sainte Opportune.


3 - LA RESTAURATION D'AUJOURD'HUI ET SES MÉTIERS

Scénographie. © David Bordes.


Pour restaurer Notre-Dame de Paris, de nombreux métiers d’art et du patrimoine et des savoir-faire très pointus de toutes spécialités sont nécessaires.
Ce chantier d’exception doit faire appel aux meilleurs compagnons et aux meilleurs artisans d’art. Plus d’une centaine d’appels d’offres ont été passés par l’établissement public, en lien avec les architectes, afin de recruter les talents et compétences nécessaires.
Dès le début de l’année 2021, la récolte des chênes nécessaires à la restitution des charpentes est engagée. Quelques mois plus tard, en septembre, le grand orgue entre en restauration dans trois ateliers de facteurs d’orgues du Sud de la France, tout comme les tableaux – dont les célèbres Mays – dans un site dédié en Île-de-France.
Au printemps 2022, ce sont les nettoyages et restaurations intérieures qui débutent, mobilisant de nombreux artisans d’art : restaurateurs de décors peints, de sculptures, ferronniers, doreurs, ébénistes, travaillant sur place ou dans leurs ateliers dans toute la France.
À l’été 2022, les travaux de restauration de la flèche et du transept sont lancés. Ils mobilisent des compagnons maçons, charpentiers, couvreurs et ornemanistes, et sont suivis à l’automne 2022 par les travaux de la nef et du chœur.
Au plus fort du chantier de restauration, près d’un millier de personnes sont mobilisées sur l’Île de la Cité et partout en France afin de restaurer Notre-Dame pour 2024.

 
Texte du panneau didactique.
 
Vidéo. Métiers d’art du chantier de restauration de Notre-Dame de Paris.
 
Saint Paul. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de Mme Dominique Sénéquier.
 
Saint Jacques le Majeur. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat du groupe Ardian.
 
Saint Jacques le Mineur. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat de la Fondation Jones Day.
 
Saint Matthieu. Entreprise Monduit, d'après un modèle d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, 1858-1861. Cuivre. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. Statue restaurée grâce au mécénat du groupe Ardian.
3.1

LES SCULPTURES DE LA FLÈCHE



Les sculptures des apôtres et des évangélistes sont les derniers vestiges de la flèche de Viollet-le-Duc. Lors de l’incendie, elles étaient déposées pour être restaurées, ce qui les a sauvées. Leur restauration, conduite sous la maîtrise d’ouvrage de la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France, s’est achevée à l’été 2021. Elles sont depuis exposées à la Cité et intègre cette nouvelle exposition.
La première étape a consisté à déterminer la composition précise des sculptures par analyse de prélèvements. Malgré leur exposition aux intempéries depuis plus de 150 ans, elles étaient dans un état de conservation correct. Les armatures internes en fer étaient en revanche corrodées, nécessitant leur remplacement partiel.
Les feuilles de cuivre ont été nettoyées par microgommage. Cette technique consiste à projeter à haute vitesse des grains très fins sur la surface de l’œuvre afin d’enlever la couche supérieure corrodée de l’épiderme et de retrouver le métal d’origine. Une nouvelle patine a ensuite été appliquée pour redonner à l’œuvre la teinte du bronze, son aspect d’origine. Une cire permet enfin de protéger et d’imperméabiliser la surface.
 



La flèche de Viollet-le-Duc et la charpente médiévale de la nef et du chœur, surnommée « la forêt », ont totalement disparu lors de l’incendie. Elles seront entièrement restituées dans leur matériau d’origine, le bois de chêne massif.
À cet effet, la récolte de mille chênes, dont une dizaine de dimensions exceptionnelles, a débuté en tout début d’année 2021 afin de restituer la charpente de la flèche et des bras du transept, reconstruite à partir du début de l’année 2023 selon le dessin de Viollet-le-Duc. Mille chênes supplémentaires sont nécessaires à la restitution de la charpente du grand comble de la nef et du chœur, reconstruite selon le dessin médiéval. L’ensemble de ces chênes est issu de forêts publiques et privées réparties sur tout le territoire, et bénéficie d’un large mécénat des acteurs de la filière bois française.
Les couvreurs installent la couverture en plomb et les nombreux ornements de la flèche au fur et à mesure de la construction de la charpente. De nouveaux dispositifs de protection anti-incendie sont installés dans les combles reconstruits pour prévenir tout nouveau départ de feu.

Texte du panneau didactique.
 
Texte du panneau didactique.
Scénographie
Scénographie. © David Bordes.


Composé de 115 jeux et de 8 000 tuyaux, le grand orgue de la cathédrale Notre-Dame de Paris compte parmi les plus grands d’Europe. Épargné par le feu et l’eau, il a été fortement empoussiéré lors de l’incendie.
En vue de son nettoyage, il est déposé pièce par pièce dès 2020, à l’exception de certaines parties trop imposantes ou fragiles pour être transportées. Cette opération a nécessité l’intervention d’une équipe de onze facteurs d’orgues.
Le nettoyage et la restauration de l’orgue commencent à l’automne 2021, dans trois ateliers de facteurs d’orgue situés en Corrèze, dans l’Hérault et dans le Vaucluse. Les plus grands tuyaux de façade et soufflets, ainsi que le buffet, sont restaurés sur place.
Le grand orgue sera remonté en début d’année 2024 pour être harmonisé. Cette opération durera six mois et se déroulera de nuit, car l’harmonisation requiert un silence total.
 
Texte du panneau didactique.
 
Tuyaux provenant du grand orgue de Notre-Dame de Paris, XVIIe-XIXe siècle. Divers matériaux. Installation: Olivier Chevron, facteur d'orgues, gérant de l'Atelier Catthiaux-Chevron successeur. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France.

Ces tuyaux ont été choisis pour leur grande diversité, afin de représenter les différentes phases de construction et de restauration du grand orgue de Notre-Dame de Paris par les facteurs d'orgues les plus renommés de leur époque, comme François Thierry (1677-1749) ou Aristide Cavallé-Coll (1811-1899). Certains des tuyaux présentés offrent à l'orgue sa résonance emblématique: c'est le cas de l'ensemble des chamades, tuyaux posés à l'horizontale à l'avant du buffet, ou de la Bombarde 32, qui émet un son particulièrement puissant. Ils permettent d'avoir une vision d'ensemble des divers tuyaux qui composent l'orgue de Notre-Dame de Paris, différant soit par la forme soit par le matériau.
 
Tuyaux provenant du grand orgue de Notre-Dame de Paris, XVIIe-XIXe siècle. Divers matériaux. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. © David Bordes.
 
Tuyaux provenant du grand orgue de Notre-Dame de Paris, XVIIe-XIXe siècle. Divers matériaux. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France.


Notre-Dame possède près de 3 000 m² de vitraux, d’époques et de styles différents. Peu touchés par l’incendie, ils en ont tout de même subi les conséquences, ainsi que celles inévitables du temps, en raison notamment d’un fort empoussièrement et encrassement.
Pendant la phase de sécurisation, les maîtres verriers déposent à titre préventif les baies hautes de la cathédrale, situées dans la nef et le chœur. Elles sont restaurées dans neuf ateliers de maîtres verriers, dont huit répartis sur l’ensemble du territoire français et un en Allemagne à Cologne. Chaque atelier assure le nettoyage, la restauration et la repose des vitraux qui lui ont été confiés. Les vitraux de la sacristie qui abritait le trésor avant l’incendie sont, eux aussi, déposés pour être nettoyés et restaurés avant le retour du trésor en 2024.
La restauration des baies hautes et le nettoyage des vitraux restés en place redonneront à la cathédrale Notre-Dame de Paris une luminosité disparue depuis des décennies.
 
Texte du panneau didactique.
 
La Légende de sainte Geneviève. Panneau de vitrail du cloître de la sacristie. Alfred Gérente, 1851. Verre. Installation: Flavie Serrière Vincent-Petit, restauratrice de vitraux, maître verrier, présidente de la Manufacture Vincent-Petit. Direction régionale des Affaires culturelles d'Île-de-France. © David Bordes.

Issus du cloître de la sacristie érigée par Viollet-le-Duc, ces vitraux représentent la vie de sainte Geneviève, patronne de la ville de Paris. Cette scène en particulier montre sainte Geneviève sauvant les récoltes en faisant cesser la pluie. Ils ont été réalisés par Alfred Gérente, sculpteur et maître verrier travaillant au côté d'Adolphe Victor Geoffroy-Dechaume, à partir de dessins réalisés par Louis Steinheil. Restaurés par les maîtres verriers de la Manufacture Vincent-Petit, située dans l'Aube, ils retrouveront leur place dans la sacristie en 2024.
Scénographie © David Bordes.
3.5

LES TABLEAUX


Notre-Dame de Paris abritait dans ses murs 22 tableaux, dont 13 Mays. Les Mays de Notre-Dame sont des tableaux de grand format commandés par la corporation des orfèvres parisiens, qui offrait chaque 1er mai un tableau à Notre-Dame. Soixante-treize Mays ont ainsi été réalisés entre 1630 et 1707 par les grands peintres français de l’époque.
Dans les heures qui ont suivi l’incendie, ces œuvres ont été mises à l’abri et stockées hors de la cathédrale en attendant leur restauration en atelier. Les restaurateurs commencent par établir un diagnostic de l’état des tableaux avant de les restaurer. Ces œuvres reprendront ensuite leur place dans la cathédrale.
Cette opération est menée sous la maîtrise d’ouvrage de la direction régionale des Affaires culturelles d’Île-de-France.

 
Texte du panneau didactique.
 
Un protocole de restauration spécifique est établi pour chaque tableau. © Patrick Zachmann / Magnum Photos.