NORMAN FOSTER. Après l’architecte Charlotte Perriand mise à l’honneur en 2019-2020 par la Fondation Louis Vuitton (Lettre 493), c’est au tour de l’architecte britannique Norman Foster d’être exposé à Paris. Né en 1938, Foster suit des cours d’urbanisme et d’architecture à l’université de Manchester tout en travaillant pour financer ses études jusqu’à l’obtention de son diplôme en 1961. En 1963, il fonde avec Rogers le cabinet Team 4, en compagnie de leurs épouses respectives, Wendy Cheesman Foster et Su Rogers. En 1967 Rogers quitte Team 4 pour rejoindre Renzo Piano, avec lequel il réalisera le Centre Pompidou (1971-1977), tandis que Foster fonde avec son épouse l’agence Foster Associates qui deviendra Foster + Partners en 1992. Plus qu’une rétrospective présentant quelque 130 projets, la présente exposition est qualifiée de «Futurspective» par Foster. Celui-ci, avec son agence, en a assuré la scénographie et a écrit les textes des panneaux, souhaitant ainsi s’adresser directement aux visiteurs.
L’exposition débute avec un immense cabinet de dessins où Foster montre l’importance de ce medium dans sa vie. Quelqu’un aurait dit que si on lui posait une question, il répondrait par un croquis. Dans un premier panneau didactique, Foster explique son engagement pour la préservation des ressources du vaisseau spatial Terre, selon le titre du Manuel d’instruction de ce vaisseau parRichard Buckminster Fuller, avec lequel il collaborera sur divers projets, non réalisés, comme le Climatroffice (1971). Il y a donc plus d’un demi-siècle que Foster se préoccupe de la terre et de l'énergie par le recyclage de l'eau et des déchets et en récupérant de l'énergie électrique par le solaire et le vent. Comme on le verra tout au long de notre visite, Foster met en avant les qualités écologiques de ses réalisations.
Le parcours se déploie ensuite en sept sections abordant chacune un thème particulier. Le premier, « Nature et urbanité », nous montre qu’il est préférable, pour la nature, de construire des agglomérations urbaines denses que de s’étaler avec une multitude de maisons individuelles. Il montre aussi que l’arbre, en tant qu’écosystème autonome, est une métaphore du bâtiment idéal. Il nous semble que la Cité radieuse de Marseille, bâtie de 1947 à 1952 par Le Corbusier, répondait déjà, vingt ans avant, à cette préoccupation… De nombreuses maquettes de projets, pas tous réalisés, répondant à ces principes, sont exposées.
Vient ensuite une section assez originale, «Enveloppes et structures», dans laquelle Foster fait le lien entre la «peau» de ses projets - ce que l’on voit - et les formes des automobiles ou des planeurs dont quelques exemples réels sont exposés. De même, il fait le parallèle entre les structures de ses ouvrages et les châssis de véhicules, également montrés.
La section suivante, «La ville verticale», met en avant ces gratte-ciel qui fleurissent dans bon nombre de villes, sur tous les continents. Architecte réputé du courant architectural « High Tech » et maintes fois récompensé, Foster est l’auteur d’édifices remarquables comme le 30 St Mary Axe (le fameux cornichon de Londres) ou la Tour Hearst à New York. D’autres gratte-ciel à New York, Tokyo, Shenzhen, Francfort, Koweït sont à son actif. Parce qu’elles sont des sources d’inspiration pour Foster, plusieurs œuvres d’art sont présentées dans cette section comme L’Homme en mouvement de Boccioni ou La Colonne sans fin III de Brancusi.
Avec «Histoire et tradition», Foster montre comment il faut s’y prendre avec un bâtiment existant. Pour lui, il est préférable de recycler un édifice existant que de construire à neuf. Parmi les exemples montrés, les plus significatifs sont la Grande Cour du British Museum à Londres et le Reichstag à Berlin.
Le travail de Foster ne se réduit pas à l’architecture de bâtiments. Il intervient également dans des projets d’aménagement du territoire comme à Nîmes avec Le Carré d'Art, en face du temple romain LaMaison carrée, ou à San Francisco dans le quartier où se situe le Centre Transamerica Pyramid. D’autres exemples, parfois restés à l’état de projets, illustrent la section «Sites et planifications».
La section suivante, «Réseaux et mobilités», présentent les réalisations les plus spectaculaires mais aussi les plus inattendues. Parmi les premières des aéroports, comme ceux d’Amman (Jordanie) ou de Pékin, des ponts comme le Pont Millenium àLondres et surtout le Viaduc de Millau, des gares (Arabie saoudite) et des stations de métro (Londres). Parmi les secondes, des autobus et des bateaux.
L’exposition se termine par une section d’anticipation, «Perspectives futures» où l’on voit des projets d’habitations lunaires et martiennes en forme de dômes qui seraient construites avec la terre comme matériau local de construction.
Une exposition intéressante et variée dans laquelle Foster montre toute l’originalité et la variété de son travail et de celui de ses 500 collaborateurs de par le monde. R.P. Centre Pompidou 4e. Jusqu’au 7 août 2023.
Lien : www.centrepompidou.fr.