NÉO-ROMANTIQUES
Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972

Article publié dans la Lettre n°569 du 3 mai 2023



 
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NÉO-ROMANTIQUES. Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972. Cette exposition nous permet de (re)découvrir un mouvement post-moderne fondé sur la remise en cause de l’abstraction et sur le retour à la figure. Pour ce faire, Patrick Mauriès, le commissaire, a réuni une centaine d’œuvres de cette poignée d’artistes qui s’étaient rencontrés à l’académie Ranson où ils avaient suivi les cours des peintres Edouard Vuillard, Félix Vallotton et Maurice Denis. Comme les maniéristes du XVIe siècle qui eurent à s’affirmer devant les œuvres écrasantes de Léonard de Vinci, Raphaël ou Michel-Ange, ces jeunes artistes durent trouver, dans les années 1920, une façon de se démarquer de la création déjà immense et multiple de Picasso, alors engagé dans le cubisme et l’abstraction. C’est ce qu’avait compris le critique et collectionneur américain James Thrall Soby dans l’ouvrage After Picasso (1935) qu’il consacra à ses amis peintres. Ce livre, au demeurant fondamental, est le seul, jusqu’à présent, consacré à ce mouvement.
Le parcours commence avec la présentation d’un très grand tableau de Sir Francis Rose, L’Ensemble (1938), où il représente toutes sortes de personnalités, peintres, danseurs, écrivains, galeristes, musiciens, etc. dans ce que le commissaire qualifie d’une « sorte d’académie imaginaire du Néo-Romantisme ».
La salle suivante, « Picasso et après... », s’inspire directement du livre de James Thrall Soby que l’on peut traduire également par « d’après Picasso ». On y voit des œuvres de Picasso, de Picabia et Carrera, découverts par les jeunes artistes chez Paul Guillaume, et divers documents de James Thrall Soby. Le musée a également commandé à Denis Polge une série de portraits des protagonistes, peintres et amis, au centre desquels figure Gertrude Stein, leur principal soutien.
En 1926, Pierre Charbonnier, l’un de ces artistes, qui avait des liens avec la galerie Druet, rue Royale, improvisa une exposition des peintures de son groupe d’amis. Avec Pierre Charbonnier, il s’agissait des français Christian Bérard et Thérèse Debains, d’un jeune prodige hollandais, Kristians Tonny, et de trois jeunes Russes ayant fui la révolution de 1917 : Pavel Tchelitchew, Eugène Berman et son frère Léonide. L’exposition nous présente un florilège de ces peintres pour illustrer cette exposition fondatrice de ce mouvement que le critique Waldemar George baptisa « néo-romantique » ou « néo-humaniste ».
Le parcours continue avec une succession de monographies de ces artistes. Christian Bérard (1902-1949) tout d’abord, dont on remarque les portraits et autoportraits mais aussi, à travers d’autres œuvres, les talents de décorateur de ce touche-à-tout, qui réalisa les costumes et les décors de plusieurs films de Jean Cocteau.
Vient ensuite Pavel Tchelitchew (1898-1957), le plus original de tous avec, entre autres, des toiles à base d’huile, de sable et de café ou des visages formés exclusivement avec un enchevêtrement de cercles. Nous avons aussi de nombreuses toiles et même deux vases en verre de Murano, d’Eugène Berman (1899-1972) qui, après Paris et les États-Unis, s’établit définitivement à Rome. Plusieurs de ses toiles évoquent irrésistiblement Picabia.
Les salles suivantes ne rassemblent que peu d’œuvres des artistes qu’elles présentent. On commence avec Léonide Berman (1896-1976), frère d’Eugène, dont on apprécie les jolies scènes en bord de mer. Vient ensuite Thérèse Debains (1897-1975) avec un paysage et quelques gracieux portraits quasi monochromes dans des tons ocre. On termine avec quelques peintures de Kristians Tonny (1907-1977), Sir Francis Rose (1909-1979) et Christopher Wood (1901-1930).
En fin de parcours le commissaire évoque, avec des aquarelles et des dessins, l’attrait d’Eugène Berman pour l’Italie et l’opéra. Pavel Tchelitchew, installé lui aussi en Italie s’intéressait également au monde du spectacle, tout comme Bérard en France. Une exposition très intéressante sur un mouvement de l’art moderne effectivement oublié. R.P. Musée Marmottan Monet 16e. Jusqu’au 18 juin 2023. Lien : www.marmottan.com.


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