LES NABIS ET LE DÉCOR
Bonnard, Vuillard, Maurice Denis ...

Article publié dans la Lettre n° 477
du 17 avril 2019


 
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LES NABIS ET LE DÉCOR. Bonnard, Vuillard, Maurice Denis ... Avec près de quatre-vingt-dix œuvres présentées, cette exposition originale, la première en France consacrée à ce sujet, nous montre l’intérêt que les Nabis portaient aux arts décoratifs. Ces « prophètes », nabis en hébreux, voulaient abattre la frontière entre beaux-arts et arts appliqués. Dès la formation du groupe, à la fin des années 1880, la question du décoratif s’impose comme principe fondamental de l’unité de la création. Cette conception s’inscrivait dans un courant plus général qui avait commencé en Angleterre avec le mouvement Arts & Crafts dans les années 1860. En France, c’est le galeriste Siegfried Bing qui donne l’impulsion à cet art en commandant des ensembles peints disposés dans sa galerie de l’Art nouveau, au-dessus de meubles dessinés par des artisans. Nous en voyons un exemple avec les sept panneaux, dont six sont conservés aujourd’hui au musée départemental Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye, qu’il avait commandé à Ranson pour l’aménagement d’une salle à manger. Comme ses confrères, Ranson a choisi de représenter des femmes dans ce décor. Il y a une dimension allégorique à cet ensemble qui associe, dans une gamme chromatique simplifiée, avec de simples silhouettes, la femme à la fertilité de la terre.
La scénographie d’Hubert Le Gall tente de reconstituer certains de ces décors qui, pour la plupart ont été dispersés au gré des ventes. On peut voir ainsi, outre le décor pour Bing, quelques-unes des neuf compositions en diptyque ou triptyque peintes par Vuillard pour son ami Alexandre Natanson sur le thème des Jardins publics. Tout à côté nous avons diverses compositions de Pierre Bonnard sur le thème du jardin ou de la cueillette des pommes. Maurice Denis se distingue avec son Arabesque poétique, dit aussi L’Échelle dans le feuillage représentant sur une échelle quatre figures féminines identiques, inspirées par sa fiancée Marthe Meurier.
Les Nabis intégrent aussi des intérieurs dans leurs décors. C’est ainsi que Vuillard, à la demande de ses amis ou d’amateurs de peinture, les représentent dans leurs intérieurs. Il met ainsi en avant un cadre clos, propice à l’épanouissement des arts, de la musique et de la littérature.
A la demande de Bing pour sa maison de l’Art nouveau, Maurice Denis réalise une frise décorative pour une chambre à coucher et s’inspire pour cela du lieder de Schumann, L’Amour et la vie d’une femme. Sur les sept panneaux, seuls deux, que l’on peut voir ici, sont actuellement connus. Denis en réalisera une nouvelle version pour la chambre de Marthe, son épouse, représentant le jardin clos de sa villa.
L’exposition présente aussi un ensemble d’estampes japonaises. En effet, les Nabis étaient intéressés par l’art japonais qu’ils avaient pu découvrir en visitant l’« Exposition de la gravure japonaise » à l’École des beaux-arts de Paris en 1890. Ils admirent dans cet art la simplification des formes, l’emploi de couleurs vives, la fantaisie décorative. Quelques numéros de la revue Le Japon artistique, publiée par Bing à partir de 1888, complètent cette section.
Certains Nabis, concevant l’art comme l’expression d’une pensée supérieure en lien avec la spiritualité, la philosophie, la poésie, l’ésotérisme, se sont intéressés à des sujets symbolistes qu’ils ont transposés dans leurs décors. C’est le cas de Sérusier (La Vision près du torrent ou Le Rendez-vous des Fées, vers 1897) et de Denis (L’Éternel été, 1905, dont il ne reste que les études préparatoires agencées par l’artiste en paravent). Dans la même thématique, l’exposition se termine avec un décor monumental de Maurice Denis, La Légende de saint Hubert. À la demande de Denys Cochin, grand amateur de chasse à courre, Denis peint sept tableaux décrivant d’une manière linéaire une journée de chasse depuis le départ jusqu’à l’arrivée dans un ermitage où l’on voit la famille Cochin réunie dans la paix et la prière. Entre les deux, Maurice Denis représente le miracle de saint Hubert.
Une exposition brillante et originale. R.P. Musée du Luxembourg 6e. Jusqu’au 30 juin 2019. Lien : www.museeduluxembourg.fr.


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