MODIGLIANI / ZADKINE.  Une amitié interrompue. Amedeo Modigliani (Livourne, 1884 -Paris, 1920) et Ossip  Zadkine (Vitebsk, 1888 – Neuilly-sur-Seine, 1967) arrivent à Paris, l’un après  l’autre, en 1906 et 1910. Le sculpteur et le peintre qui voulait devenir  sculpteur se rencontrent en 1913. Une amitié sincère naît entre les deux  artistes qui partagent alors le «temps des vaches maigres» comme l’écrira  Zadkine dans ses souvenirs. Cette amitié est féconde sur le plan artistique,  comme on le constate dans le parcours de cette exposition, mais brève car  interrompue par la Première Guerre mondiale. Tandis que Zadkine s’engage comme  brancardier en 1915, avant d’être gazé et d’entamer une longue convalescence,  Modigliani abandonne la sculpture pour la peinture sur les conseils de  marchands. Après de brèves retrouvailles au sortir de la guerre, leurs voies  divergent de nouveau jusqu’à la mort prématurée de Modigliani à l’âge de 35  ans. Néanmoins Zadkine n’oubliera jamais son ami, gardant précieusement le portrait  qu’il fit de lui en 1913 et contribuant à sa gloire posthume.
                Le parcours en cinq sections retrace les étapes de cette  amitié. Il commence par la confrontation d’œuvres des deux artistes, tant en peinture  qu’en sculpture. Le rapprochement de la Tête  de femme (1911-1913), en calcaire, de Modigliani avec la Tête héroïque (1909-1910), taillée dans  le granit, de Zadkine, est tout à fait pertinent. De même les sculptures étirées  de Zadkine, telles Hermaphrodite (1914) ou Éphèbe (1918) s’accordent  bien avec les têtes allongées avec de longs cous de Modigliani (Femme au ruban de velours, vers  1915).
                Tout autour de deux sculptures de Zadkine, la section  suivante compare des peintures et dessins des deux amis. La ressemblance dans  la représentation de nus et autres personnages par les deux artistes est absolument  frappante.
                Bien entendu il n’y a pas que Modigliani et Zadkine à  Montparnasse. Les troisième et quatrième parties du parcours évoquent les  rencontres avec d’autres artistes tels Chana Orloff (Buste de Modigliani, 1949), Chaïm Soutine,  Pablo Picasso, Constantin Brancusi ou encore Marie Vorobieff, dite Marevna, dont  on voit son Portrait de Zadkine (1955). Des peintures, sculptures et photographies illustrent ces sections. On  y voit aussi une toile, Femme  brune (1919-1920), jadis attribuée à Modigliani, comme bien d’autres,  tant le mythe de celui-ci était devenue rentable pour des marchands sans  scrupules.
                La dernière section, «Un temple pour l’humanité», explore  les recherches que les deux compères firent pour associer la sculpture et l’architecture.  Modigliani voulait réaliser un «temple en l’honneur de l’Humanité». De ce  projet nous avons ici plusieurs dessins et peintures de cariatides ou de femmes  ornées d’éléments d’architecture. Quant à Zadkine, il taille de nombreuses  cariatides qu’il met en scène comme un décor d’architecture. 
                Une   exposition qui nous permet de voir ou de revoir quelques-unes des plus belles œuvres  de ces deux artistes. R.P. Musée Zadkine  6e. Jusqu’au 30 mars.   Lien : www.zadkine.paris.fr.