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 Parcours en images  de l'exposition
 MODIGLIANI / ZADKINEUne amitié interrompue
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
 
 
 
                 
                  
                    
                      
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                        | Titre de l'exposition  |  
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                             Le  musée Zadkine consacre pour la première fois une exposition à l'amitié qui a  réuni, au temps de leur jeunesse, le sculpteur Ossip Zadkine et le peintre  Amedeo Modigliani. Modigliani comme Zadkine appartiennent à la génération  d'artistes qui prirent «Paris pour école» au début du XXe siècle. Les deux  artistes se rencontrent à Montparnasse en 1913, aux portes du jardin du  Luxembourg. Modigliani, formé à la peinture, rêve alors de devenir sculpteur. Il  réalise d'étonnantes têtes en pierre, précédées de dizaines de dessins  préparatoires, et invite Zadkine dans son atelier pour lui montrer son travail.  Naît ainsi une amitié artistique aussi intense que brève, car bientôt  interrompue par la Première Guerre mondiale puis la mort prématurée de Modigliani  en janvier 1920.  
Grâce à des prêts exceptionnels, provenant de musées  prestigieux et de collectionneurs privés, l'exposition du musée Zadkine fait se  confronter les œuvres de «Modi» et de Zadkine, mettant en évidence leur parenté  d'inspiration. Le parcours retrace les étapes d'une amitié d'exception, depuis  les débuts parisiens des deux artistes jusqu'à la mort de Modigliani. Il met en  avant les cercles de sociabilité communs des deux artistes à Montparnasse, ainsi  que le rôle pris par Zadkine dans l'édification posthume du mythe Modigliani.  La dernière section interroge le rapport des deux artistes à l'architecture et  offre une évocation spectaculaire du projet de temple à l'Humanité, rêvé par  Modigliani.
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                        | Marc Vaux. Portrait photographique de Modigliani. Contretype avec  retouches de Zadkine. Paris, archives du musée Zadkine.
 
 |  | Texte du panneau didactique. |  
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 1 - Les débuts à Paris
 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
                        |    Pratiquement contemporains, Modigliani, né en 1884 à Livourne, et  Zadkine, né en 1888 à Vitebsk, sont arrivés à Paris l’un après l’autre,  Modigliani début 1906 et Zadkine fin 1910. Avant 1910, le Livournais peignait à  la manière d’Henri de Toulouse-Lautrec. En 1909-1910, il se mit à sculpter en  taille directe des têtes archaïsantes qu’il exposa au Salon d’automne de 1912.  Ce sont des têtes très stylisées, allongées ou ovoïdes dans l’esprit de  Brancusi qu’il avait rencontré en 1909. Il emprunte à l’art africain, à  l’Égypte et à la sculpture khmère. Zadkine se fait connaître par des sculptures  qu’il qualifie lui-même de «primitives» lors de ses premières participations  aux salons. Dans l’esprit de Zadkine, «archaïsme» veut dire un retour aux  formes et à l’esprit des arts égyptien ou grec qu’il a découverts au cours de  sa période anglaise au British Museum, mais aussi de l’art asiatique, de la  sculpture romane et des sculpteurs africains et océaniens. Il est marqué par le  style de Modigliani dont il fait la connaissance en 1913 et réalise des têtes  et des figures humaines caractérisées par l’idéalisation et la frontalité des formes.  Une expressivité singulière et son sens des matériaux distinguent cependant le  sculpteur d’origine russe. Peu avant la Première Guerre mondiale, les deux  artistes évoluent vers le cubisme sous l’influence de rencontres, notamment  celle avec Picasso qui habitait alors rue Schoelcher à Montparnasse. Mais leur  personnalité artistique déjà bien affirmée reste irréductible à ce que Zadkine  appelle le «monachisme cubiste».  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Hermaphrodite, 1914. Bronze, Susse  Fondeur, tirage 1/5. Paris, musée Zadkine.
 
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                        | Amedeo Modigliani. Femme  au ruban de velours, vers 1915. Huile sur papier collé sur carton, 54 x  45,5 cm. Achat à Mme Jean Walter avec le concours de la Société des Amis du  Louvre, 1959. Paris, musée de l’Orangerie. Photo © GrandPalaisRmn (musée de  l'Orangerie) / Hervé Lewandowski. 
 
 En 1914, sous l'influence  de son marchand, Paul Guillaume, Modigliani renonce à la sculpture et redevient  peintre avec passion. Il n'oublie cependant pas ce que la pratique de la  sculpture lui a appris. La Femme au ruban  de velours possède ainsi un visage-masque qui évoque les sculptures  africaines que Modigliani admirait tant, tout comme Zadkine. Avec ses yeux en amande,  aux orbites pleines, incrustées de marbre gris, la Tête de femme réalisée par  Zadkine presque dix ans plus tard présente une physionomie très proche. |  | Cartel à destination du jeune public. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). La Sainte Famille, 1912-1913. Mortier de  plâtre et pigments. Paris, musée Zadkine. 
 
 |  | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Rosa Mistica, vers 1916.  Crayon graphite gras sur papier vélin. Paris, musée Bourdelle. 
 
 Le grand dessin Rosa mistica, exécuté vers 1916 par  Modigliani, était peut-être destiné à illustrer un ouvrage de Max Jacob, poète  d'origine juive et converti au catholicisme en 1915 que connaissait également  Zadkine. Dans La Sainte Famille,  taillée vers 1912-1913, Zadkine donne aux figures de Jésus, Marie et Joseph un  aspect simple et stylisé très proche dans l'esprit de la maternité dessinée par  Modigliani. |  
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Beatrice Hastings, 1915.  Huile sur carton marouflé sur bois. Milan, Museo del Novecento. 
 
 Beatrice Hastings a été  présentée à Modigliani par le poète Max Jacob en 1914. Entre 1914 et 1916, sa  passion tumultueuse pour la «belle Anglaise» lui inspire des portraits peints  et nombre de dessins. La peinture de 1915 montre plusieurs traits hérités de la  période sculpturale: style sévère, visage ovale sur un long cou, larges orbites  en amande des yeux sans pupille, nez droit, bouche pincée. Au contraire, le  dessin, tout en courbes et arabesques, montre Beatrice au naturel, accoudée  dans un fauteuil. |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Beatrice  Hastings dans un fauteuil, vers 1916. Graphite sur papier. Milan, Galleria  d'Arte Moderna. 
 
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                        | Scénographie 
 
 |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête  de femme, 1911-1913. Calcaire. Paris, Centre Pompidou. Musée national d’art  moderne / Centre de création industrielle. 
 
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Tête  héroïque, 1909-1910. Granit. Paris, musée Zadkine. 
 
 Tête héroïque a été  taillée par Zadkine dans un bloc de granit sur lequel il se souvient avoir  cassé «tous [ses] ciseaux». La forme du bloc inspire le sculpteur qui utilise  les irrégularités de la pierre pour suggérer les yeux et la bouche: faire avec  la nature est la marque de Zadkine. Modigliani taille Tête de femme dans un calcaire plus tendre, mais il veut obtenir le  dessin parfait qu’il a dans l’esprit et l'imposer à la matière. Les traits stylisés  comme les yeux en amande et le nez en trapèze donnent un effet de haut-relief. |  | Cartel à destination du jeune public.  |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Tête de face avec un collier (recto), vers 1911-1914. Crayon noir gras sur papier. Collection privée,  ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
 |  | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Tête de face avec un collier (verso), vers 1911-1914. Crayon noir gras sur papier. Collection privée,  ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête  de face, vers 1911-1913. Crayons noir, bleu, vert sur papier. Londres,  Victoria & Albert Museum. 
 
 Entre 1912 et 1914,  Modigliani réalise près d'une centaine de dessins préparatoires à ses têtes sculptées.  Perfectionniste acharné, il reprend inlassablement le même motif de tête, dont  les traits symétriques et stylisés évoquent les masques africains. Pour cette  remarquable étude, l'artiste a recours au crayon de couleur, beaucoup plus rare  que le crayon noir dans sa production à cette période. |  | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Tête de face sur un socle,  vers 1911-1914. Crayon noir gras sur papier. Collection privée, ancienne  Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Tête et épaules de face avec  boucles d’oreilles, vers 1911-1914. Crayon noir gras sur papier. Collection  privée, ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Nu  assis, 1914. Plume, encre brune sur papier. Collection particulière. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Éphèbe, 1918. Bois d’orme partiellement  peint. Collection particulière. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Femme à la mandoline, 1914. Bois laqué  noir. Paris, musée d'Art moderne. 
 
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Tête  de femme, 1924. Pierre calcaire, incrustation de marbre gris. Paris, musée  Zadkine. © Adagp, Paris 2024. Photo Eric Emo / musée Zadkine / Paris Musées. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Couple, 1913. Graphite, plume et lavis  d'encre brune sur papier. Paris, musée Zadkine. 
 
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 2 - L'amitié interrompue
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    En 1914, la Première Guerre mondiale met fin à la période de  fraternité artistique et d’insouciance que Zadkine et Modigliani ont partagée.  Quoique étrangers tous les deux, ils tentent de s’engager dans l’armée française,  mais seul Zadkine y parvient, son ami étant réformé à cause de sa santé fragile.  Envoyé en Champagne, Zadkine est victime d’une attaque au gaz et réformé en  1917. De retour à Paris, il retrouve Modigliani, mais ce dernier a renoncé à la  sculpture. Rattrapé par la «dame spéculation», selon les mots de Zadkine, il  est en passe de devenir un peintre célèbre, soutenu par les marchands Paul  Guillaume puis Léopold Zborowski qui l’encouragent à peindre des portraits et  des nus. En 1918, les deux artistes quittent Paris: Modigliani part dans le sud  de la France avec sa compagne Jeanne Hébuterne; Zadkine se réfugie dans le  Quercy. Ce n’est qu’au printemps 1919 qu’ils se recroisent à Paris, mais leur  complicité d’autrefois n’est plus. Lorsque Modigliani meurt, le 24 janvier  1920, Zadkine ne participe pas aux funérailles, organisées par une poignée  d’amis. Il vient alors de rencontrer Valentine Prax, sa future femme, et sa  carrière prend enfin son envol: il suit sa voie sans renoncer à l’idéal d’une  sculpture nouvelle que Modigliani a fini par abandonner. Si certaines de ses  sculptures portent encore la marque du cubisme, il s’en éloigne bientôt,  empruntant la voie ouverte par Modigliani, dont l’influence se lit en  particulier dans ses dessins.  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Nu  debout de profil. Crayon noir gras sur papier. Collection particulière.
 
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Musicienne,  1919. Pierre d’Euville. Paris, musée Zadkine. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Maternité, 1919. Marbre partiellement  teinté. Paris, musée Zadkine. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). La Bourguignonne, 1918. Huile sur toile. Collection  particulière. 
 
 Modigliani peint sans  distinction des modèles professionnelles, nombreuses à Montparnasse, des  bourgeois fortunés ou des personnages plus populaires. Artisans, commerçants,  servantes et apprentis peuplent ainsi son œuvre, dans une France où les  caractères régionaux sont encore marqués. Le peintre donne à certains de ses portraits  des titres comme La Marseillaise (1915), pour le portrait de la femme du peintre Othon Friesz, ou La Bourguignonne pour ce modèle aux  pommettes rouges dans un visage laiteux. |  | Cartel destiné au jeune public.
                          
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête  de femme, vers 1920. Huile sur bois. Paris, musée d’Art moderne. 
 
 La maîtrise du dessin, qui  permit à Modigliani sculpteur de créer les visages épurés devenus emblématiques,  se retrouve dans cette peinture. Le tracé sûr du pinceau noir se distingue  ainsi nettement sur les larges arcades sourcilières et au niveau du renflement  de la lèvre inférieure. À l'ovale sans surprise du visage, la frange et les  mèches de cheveux ajoutent une certaine individualisation et une touche  d'époque. |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Deux Nus, 1920. Aquarelle sur papier.  Paris, musée d'Art moderne. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Nu  allongé, 1924. Graphite, plume et lavis d’encre, Gouache sur papier. Paris,  musée Zadkine. 
 
 À l'instar de Modigliani,  Zadkine reprend ici le thème traditionnel du nu féminin couché dans un  intérieur qui évoque l'atelier. Le drapé à l'arrière-plan, le lit garni d’un  coussin, la tête reposant sur un bras replié répondent aux conventions du  genre. L'influence du cubisme se fait toutefois discrètement sentir: le corps  massif paraît contraint dans cet intérieur tout en obliques. Comme taillé par  les aplats de gouache blanche, le modelé puissant évoque la dureté de la pierre,  loin de la sensualité des nus de Modigliani. |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Trois Figures féminines, 1920. Gouache  sur papier. Paris, musée Zadkine. 
 
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Personnages, 1920. Aquarelle sur papier. Paris, musée d'Art moderne. 
 
 Ce dessin, réalisé l’année  de la mort de Modigliani, témoigne de l'influence exercée par le cubisme sur  Zadkine au début des années 1920. Les figures stylisées sont traitées en  volumes géométriques simples, tout comme l'intérieur aux lignes obliques. Mais  les attitudes et les tons ocre rappellent les œuvres peintes par Modigliani en  1918 dans le sud de la France, notamment la Fillette en bleu [fig. ci-dessous], très  proche de la petite fille représentée ici. |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Le  Joueur de violoncelle, vers 1909-1910. Lavis d’encre noire sur papier. Rouen,  musée des Beaux-Arts.
 
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                        |  |  | Amedeo  Modigliani. Fillette en bleu, 1918.  Huile sur toile. Collection particulière. Collection Photo @ Photo Josse / Bridgeman  Images. |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Deux Buveurs attablés, 1922. Fusain,  aquarelle, gouache sur papier. Musée d'Art moderne et contemporain de la Ville  de Strasbourg. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Le Musicien, 1923. Graphite, gouache,  plume et encre de Chine sur papier. Paris, musée Zadkine. 
 
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 3 - À Montparnasse, les affinités électives
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    Zadkine comme Modigliani appartiennent au monde des «Montparnos», ces  artistes et intellectuels qui firent de Montparnasse leur terre d’élection. Dès  les années 1910, Montparnasse est en effet près de détrôner Montmartre comme  centre artistique de la capitale. Modigliani, qui s’installe d’abord à  Montmartre, découvre Montparnasse en 1909 lorsqu’il travaille à la Cité  Falguière, près de Brancusi. De son côté, Zadkine s’installe à Montparnasse dès  son arrivée à Paris et reste sa vie durant fidèle au quartier. À l’époque de  son amitié avec Modigliani, le sculpteur vit rue Rousselet dans le VIe  arrondissement, mais il fréquente assidûment le carrefour Vavin et ses célèbres  cafés, le Dôme et la Rotonde, où il retrouve Modigliani. Les personnalités que fréquentèrent en commun Modigliani et  Zadkine, tels les poètes et écrivains Max Jacob et André Salmon, mais aussi le peintre  Chaïm Soutine et la sculptrice Chana Orloff, sont évoqués grâce à des  photographies et des portraits. Tous exécutés par Modigliani – qui avait pour  habitude de dessiner ses amis à la terrasse des cafés - ils illustrent magnifiquement  l’effervescence artistique qui régnait alors.  |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Chana Orloff (1888-1968). Vierge ou Jeanne Hébuterne, vers 1914-1915. Bronze. Paris, Ateliers-musée  Chana Orloff.
 
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait de Chana Orloff, vers 1916.  Plume et encre noire sur papier. Paris, Ateliers-musée Chana Orloff. 
 
 |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Portrait  de Chaïm Soutine, 1915. Huile sur bois. Stuttgart, Staatsgalerie. 
 
 Fuyant les ghettos de  l'Empire russe, Chaïm Soutine (1893-1943) arrive à Paris en 1912. Modigliani le  considère comme son protégé et le recommande à Léopold Zborowski, son marchand.  Ce premier portrait de son ami datant de 1915 est étonnant de vérité. La  pupille des yeux reflète la lumière, la bouche laisse entrevoir les dents et le  nez est large et épaté. D'autres portraits suivront, qui témoignent tous d’une  chaleur amicale passionnée. |  
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                        | Jean Cocteau (1889-1963).  Modigliani, Picasso et Salmon à Montparnasse le 12 août 1916. Tirage au  gélatino-bromure d'argent. Paris, musée Carnavalet - Histoire de Paris. 
 
 |  | Anonyme. Ossip Zadkine dans  son atelier à la Ruche en compagnie de deux visiteurs, dont le peintre Foujita,  1912. Photographie. Paris, musée Zadkine. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Portrait d’Ossip Zadkine, vers 1913. Mine graphite sur  papier vélin. Musée Zadkine, Paris.
 
 Ce portrait a sans doute  été dessiné peu de temps après la rencontre de Zadkine et Modigliani au printemps  1913. Il fait partie des portraits d'amitié réalisés par Modigliani qui,  toujours à court d'argent, avait coutume d'échanger ses dessins contre un verre  où un repas, Modigliani parvient à saisir les traits du jeune sculpteur, coiffé  d'une épaisse frange lui donnant une allure bohème. Ce dessin, précieusement  conservé par Zadkine jusqu'à la fin de sa vie, fait partie aujourd'hui des  chefs-d'œuvre du musée. |  | Cartel à destination du jeune public.  |  
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Max  Jacob, 1915. Graphite sur papier. Quimper, musée des Beaux-Arts. 
 
 Dans ce dessin sans doute  préparatoire à son portrait peint, on reconnaît le peintre et poète Max Jacob à son visage  ovale au nez busqué, et à son allure de dandy portant cravate et chapeau  haut-de-forme. Son œil gauche n'est pas représenté, comme pour signifier sa  capacité à voir au-delà du visible. Le croissant de lune tracé à droite évoque  peut-être l'œil spirituel guidant le poète, mais aussi le monocle qu’il avait  coutume de porter. |  | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Portrait d'André Salmon,  vers 1914. Graphite sur papier. Milan, Castello Sforzesco, Gabinetto dei  disegni. 
 
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 4 - Le mythe Modigliani
 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
                        |    Après la mort prématurée de Modigliani en 1920, se constitue  rapidement une légende autour du peintre, alimentée par sa réputation  sulfureuse. Le succès posthume du «prince de Montparnasse» ne fait que croître,  soutenu par l’engouement du marché de l’art pour ses peintures. Revers de la  célébrité, les œuvres de Modigliani, extrêmement recherchées, suscitent  également une production de faux dont certains sont difficiles à démasquer. Les  anciens compagnons de bohème du peintre, dont fait partie Zadkine, assistent à  la «revanche du mort» pour reprendre les mots du journaliste Francis Carco en  1920. Le peintre qu’ils ont connu pauvre et méconnu devient après son décès  l’un des artistes mythiques de l’art moderne. Dans ce contexte, Zadkine est amené à plusieurs reprises à évoquer  Modigliani et ce dès les années 1930. Le sculpteur a manifestement gardé toute  sa vie un intérêt particulier pour son ancien camarade qu’il décrit dans ses  Mémoires comme un «authentique bourgeon montparnassien qui n’a pas duré  longtemps». Au côté de photographies et d’archives, pour certaines inédites,  sont rassemblés ici des œuvres évoquant le mythe Modigliani. Des extraits  d’archives filmées permettent d’entendre les voix de Zadkine et Cendrars  évoquant le Modigliani qu’ils ont connu dans leur jeunesse. 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Anonyme. Paul Guillaume et  Modigliani à Nice, vers 1917. Photographie. Paris, musée de l’Orangerie.
 
 Les marchands jouent dans  la carrière de Modigliani un rôle déterminant, comme l’a montré la récente exposition  du musée de l’Orangerie (Lettre n°579 ) dédiée à Modigliani et Paul Guillaume. Le célèbre marchand d'art  rencontre Modigliani en 1914 et l'encourage à se consacrer principalement à la  peinture. Avant 1914, Modigliani bénéficie principalement du soutien de Paul  Alexandre, jeune médecin passionné d’art, qui réunit une exceptionnelle  collection de dessins de l'artiste. D’autres marchands s'intéressent au peintre  à partir de 1916, notamment Léopold Zborowski, que connaissait également  Zadkine. |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). L’Oiseau  d’or, 1924. Plâtre peint, doré à la feuille. Paris, musée Zadkine. 
 
 Comme les Maïastras que le sculpteur roumain Brancusi  réalise à partir de 1910, l'Oiseau  d'or possède un corps bombé et un cou allongé, et fait référence aux  oiseaux fabuleux des contes slaves, tel l'oiseau de feu, popularisé par le  ballet de Diaghilev en 1909-1910. Dans ses Mémoires Zadkine cite à plusieurs  reprises Brancusi, dont le goût pour la taille directe et les «sculptures primitives»  fait écho à ses propres recherches. |  | Cartel à destination du jeune public.  |  
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                        | Anciennement attribué à  Amedeo Modigliani (1884-1920). Femme  brune, 1919-1920. Huile sur toile. Nancy, musée des Beaux-Arts. 
 
 Les œuvres de Modigliani  attirent l'attention des marchands dès les années 1916-1917, mais leur valeur  sur le marché de l’art augmente considérablement après sa mort, encouragée par  le mythe du peintre «maudit». Très vite, cette gloire posthume suscite la  création de nombreux faux. Depuis quelques années, des analyses poussées sont  menées pour identifier les matériaux (pigments, toiles) et les méthodes de  travail propres à Modigliani afin de mieux repérer les faux, parfois très  habiles, comme ce portrait de femme. |  | Cartel à destination du jeune public.  |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Chana  Orloff (1888-1968). Buste de Modigliani, 1949. Plâtre. Paris, Ateliers-musée Chana Orloff. 
 
 |  | Marie Vorobieff, dite  Marevna (1892-1984). Portrait de Zadkine,  1955. Huile sur toile. Genève, Petit Palais. 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        | Amedeo Modigliani (1884-1920). Paul Alexandre de profil au café, une  pipe à la main, 1909. Crayon noir gras sur papier. Rouen, musée des  Beaux-Arts. 
 
 |  | Constantin Brancusi  (1876-1957). Buste de femme, vers  1918. Crayons de couleur sur papier. Paris, musée d'Art moderne. 
 
 Modigliani rencontre  Constantin Brancusi vers 1908 et noue une vraie amitié avec le sculpteur, qui  lui trouve un atelier et l’aide à organiser une exposition de sculptures en  1911. Privilégiant la taille directe et les formes simples, la sculpture de  Brancusi fait une forte impression sur Modigliani. Ce dessin épuré d’une femme  à la tête penchée, au large œil en amande, souligne la parenté de leur langage  formel. |  
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                        | Constantin Brancusi  (1876-1957). Autoportrait dans son atelier avec sa chienne, 1923. Tirage au gélatino-bromure  mat. Paris, musée d'Art moderne. 
 
 |  | Anonyme. Modigliani dans  son atelier rue Ravignan. Fonds d'archives Alain Bourret. © Musée d'Orsay,  Dist. GrandPalaisRmn / Allison Bellido. 
 
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                          Musée Zadkine. Une vue du jardin. 
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 5 - Un temple pour l'humanité
 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
                        |    La relation de la sculpture à l’architecture passionne Modigliani  et Zadkine. Au Salon d’automne de 1912, Amedeo Modigliani présente un «ensemble  décoratif» de sept têtes sculptées qu’il dispose lui-même dans l’espace. Dans  son esprit, il s’agit des prémisses du projet de «temple en l’honneur de  l’Humanité» dont il a parlé à son marchand Paul Guillaume. En 1912, le  sculpteur britannique Jacob Epstein, qui travaille au monument d’Oscar Wilde au  cimetière du Père-Lachaise, rapporte avoir vu son ami placer des bougies la  nuit sur les têtes sculptées de son atelier de la cité Falguière, rituel qui  transformait le tout en une sorte de « temple primitif ». Modigliani rejoint  les rêves de sculpteurs-architectes comme Henri Gaudier-Brzeska, Jacob Epstein,  Eric Gill, Paul Landowski ou Constantin Brancusi. Il imagine des centaines de  cariatides sculptées formant autant de «colonnes de tendresse*» ! Il n’en  réalisa que deux. En revanche, il en dessine et en peint d’admirables qui  évoquent le Cambodge ou l’Inde des danses rituelles. Quant à Zadkine, s’il  taille volontiers des cariatides en bois, voyant plutôt leur groupement comme  une forêt, cela ne l’empêche pas, dès avant son voyage en Grèce en 1931, de  penser, comme son ami Modi, au rythme et au décor de l’architecture pour mettre  en scène ses sculptures. Splendeur classique pour l’un, sens dramatique pour  l’autre si l’on considère par exemple sa sculpture L’Esprit de l’Antiquité (1927) qui a servi d’inspiration pour la  scénographie de cette salle.* Comme l’écrivait le marchand Paul Guillaume
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Femme à la cruche ou Porteuse d’eau, 1923. Bois de noyer. Paris,  musée Zadkine.
 
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                        | Scénographie 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Rébecca ou La Grande porteuse d’eau, 1927. Plâtre peint. Paris, musée Zadkine. 
 
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Les Vendanges, 1918. Bois d’orme. Paris,  musée Zadkine. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Torse  agenouillé, 1927. Calcaire. Nancy, musée des Beaux-Arts. 
 
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                       | - Ossip Zadkine  (1888-1967). Masques, 1924. Bois de  buis. Paris, musée Zadkine. - Anonyme. Masque.  Bois peint, métal, fibre végétale tressée. Paris, musée Zadkine.
 
 
 Ces deux masques aux yeux  évidés évoquent les arts extra-occidentaux, qui sont pour Zadkine une source  d'inspiration importante. Il les découvre au British Museum à Londres, puis,  comme Modigliani, au musée d'Ethnographie du Trocadéro à Paris. Il possède  également des objets africains, tel ce masque. Comme Modigliani et d'autres  artistes d'avant-garde, il est fasciné par les solutions plastiques nouvelles qu'offrent  ces œuvres, dont il ignore toutefois probablement les fonctions et le contexte  d'origine. |  
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Tête  aux yeux de plomb, 1919. Pierre. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine  Prax, 1981. 
 
 |  | Ossip Zadkine (1888-1967). Tête  d’homme, 1918. Pierre. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981. 
 
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                        |  |  | Au centre de l’atelier sont  présentées trois têtes taillées par Zadkine en 1918 et 1919. Leurs visages allongés,  leurs traits stylisés et leurs orbites pleines évoquent fortement les têtes  sculptées par Modigliani avant 1914. Leur disposition dans l'espace rappelle volontairement  la présentation des sept têtes exposées en 1912 par Modigliani au Salon  d'automne, «échelonnées comme des tuyaux d'orgue pour réaliser la musique qui chantait  dans son esprit», selon le sculpteur Jacques Lipchitz. |  
                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Tête  d’homme, 1918. Pierre. Paris, musée Zadkine, legs de Valentine Prax, 1981. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Ossip Zadkine (1888-1967). Vénus cariatide, 1919. Bols de poirier. Paris, musée Zadkine. 
 
 |  | Cartel à destination du jeune public. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Femme nue de profil, les  bras croisés, vers 1912-1913. Fusain sur papier. Collection privée,  ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
 |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Tête  de femme aux boucles d’oreilles, vers 1913-1914. Plume, encre de Chine sur  papier. Dijon, musée des Beaux-Arts. 
 
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                        | Amedeo  Modigliani (1884-1920). Tête de profil surmontée d’un élément d'architecture, entre 1911 et 1913. Plume et lavis d'encre noire sur  papier. Rouen, musée des Beaux-Arts. 
 
 |  | Amedeo  Modigliani (1884-1920). Tête de profil avec chignon et boucle d’oreille, entre 1911 et 1913. Crayon noir gras sur papier. Collection privée, ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
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                        | Scénographie. Photo Nicolas Borel. |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Cariatide, vers 1913-1914. Dessin (graphite, lavis d’encre,  pastel). Paris, musée d’Art Moderne de Paris. 
 
 Si la tête de cette  cariatide est bien celle d'une sculpture, la finesse du torse et l’arabesque qui  anime bras et jambes montrent que l'artiste donne très vite une entière  autonomie à ses dessins, d’abord pensés comme des études pour des sculptures.  Agenouillées comme des anges de l'Annonciation ou dansantes comme les  sculptures khmères, ses cariatides s'élèvent jusqu'à une abstraction qui fait  penser aux œuvres de Frantisek Kupka sans pourtant perdre la sensualité qu'on  retrouve plus tard dans les nus de l'artiste. |  | Amedeo Modigliani (1884-1920). Cariatide  agenouillée, les bras levés. Crayon noir gras. Collection privée, ancienne  collection du Docteur Paul Alexandre. 
 
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                        | Cartel à destination du jeune public (peinture ci-dessus à gauche).  |  | Cartel à destination du jeune public.  |  
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                        | Amedeo Modigliani  (1884-1920). Cariatide de trois quarts  vers la droite, entre 1911 et 1913. Crayon noir gras sur papier. Rouen,  musée des Beaux-Arts. 
 
 |  | Amedeo Modigiilani  (1884-1920). Femme nue, de face, les  mains en avant, entre 1911 et 1913. Crayon noir gras sur papier. Collection  privée, ancienne Collection Docteur Paul Alexandre. 
 
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