Parcours en images de l'exposition

MODERNITÉS SUISSES
1890-1914

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°526 du 23 juin 2021



 

Introduction

Au tournant du XXe siècle, la scène artistique suisse est d’une grande vitalité. Créée en 1848, la jeune confédération cherche à définir une identité culturelle nationale dans un contexte caractérisé par le multilinguisme et un fort ancrage régional. Les artistes sont partie prenante de cette quête et des débats qu’elle suscite. Dans les années 1890, une génération de peintres émerge dans le sillage de deux prestigieux aînés, Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini. Ouvrant chacun des voies novatrices et singulières, ces deux figures majeures du symbolisme européen font entrer la peinture suisse de plainpied dans la modernité. Celle-ci passe, aux yeux de la nouvelle génération, par l’exploration de la puissance symbolique, décorative ou expressive de la ligne et de la couleur. Ces peintres participent activement aux grands courants artistiques internationaux et renouvellent des sujets perçus comme typiquement helvètes (paysages alpins, scènes rurales), à l’heure où la Suisse s’industrialise et s’affirme comme une destination touristique recherchée.
Réunissant une quinzaine d’artistes qui ont chacun poursuivi des voies singulières, cette exposition invite à un voyage inédit au fil de plus de 70 oeuvres, pour la plupart jamais montrées en France.

 
Texte du panneau didactique.
 
Giovanni Segantini  (1858-1899). Midi dans les Alpes [Mezzogiorno sulle Alpi], 1891. Huile sur toile, 78 × 71,5 cm. Saint-Moritz, Segantini Museum. Dépôt de la Fondation Otto Fischbacher Giovanni Segantini, 2001. Photo : © Stephan Schenk.


1 - Figures tutélaires : Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini

Scénographie
1 - Figures tutélaires : Ferdinand Hodler et Giovanni
Segantini


Les exemples de Ferdinand Hodler et de Giovanni Segantini, nés dans les années 1850, sont décisifs pour toute une génération de peintres de vingt ans leurs cadets. Hodler et Segantini font figure de pionniers. Leur carrière est internationale. Ils apparaissent comme des figures majeures de la peinture et du symbolisme européens à la fin des années 1890. Ils rompent en effet, chacun à leur manière, avec une tradition naturaliste, où la vérité en peinture se définit par l’imitation. Pour Hodler, au contraire, la mission de l’artiste consiste à révéler l’harmonie de la nature, au-delà des accidents et des particularités. Le peintre doit voir et dégager l’essentiel. Segantini déploie un sens de la synthèse et de la simplification : ses sujets paysans dans des paysages de montagne offrent une méditation sur la place de l’homme dans la nature et le cycle de la vie. Segantini meurt prématurément, en 1899, mais son art marque durablement Giovanni Giacometti, tandis que Hodler sera une source d’inspiration pour des peintres comme Amiet, Buri, Righini, Perrier ou Vallet.

 
Texte du panneau didactique.
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). Femme joyeuse [Fröhliches Weib], 1909. Huile sur toile, 126 x 70,5 cm. S. D. b. d.: Ferd Hodler. 1909. Zurich, Tasamfor AG. Bätschmann/Müller 2008-2018, n° 1439.

FERDINAND HODLER (Berne 1853 – Genève 1918)

Hodler se forme à Thoune (Berne) auprès de Ferdinand Sommer, spécialiste des vues alpestres, avant de suivre à Genève l’enseignement de Barthélemy Menn, ami de Delacroix, Corot et Courbet. Ses premières peintures sont empreintes de réalisme. Il se tourne vers le symbolisme autour de 1889-1890. Malgré un hommage rendu au Salon d’Automne de 1913, le rayonnement de son œuvre, important en Europe, particulièrement en Allemagne et en Autriche, reste limité en France.

 

GIOVANNI SEGANTINI (Arco 1858 – Pontresina 1899)

Segantini étudie à l’Accademia di Brera à Milan entre 1875 et 1879. Avec son épouse, il s’installe en 1881 dans la Brianza, une région de lacs entre Milan et Côme où il peint la vie des paysans et des bergers. En 1886, il s’établit à Savognin (Grisons), près de la frontière italienne. Au contact de la montagne, ses œuvres gagnent en luminosité et prennent une dimension symbolique reflétant une méditation sur le cycle de la vie.

Biographie de Ferdinand Hodler
 
Biographie de Giovanni Segantini
 
Hodler Ferdinand (1853-1918). Le bûcheron (der Holzfäller), 1910. Huile sur toile, 130,5 cm × 101,0 cm. Paris, musée d'Orsay. Photo ©RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Gérard Blot.
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). La Pointe d’Andey, vue depuis Bonneville [La Pointe d’Andey von Bonneville aus], 1909. Huile sur toile, 67.5 cm × 90,5 cm. Paris, musée d'Orsay. Photo © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). Autoportrait [Selbstbildniss], 3 février 1912. Huile sur toile, 35,5 × 27 cm. Winterthour, Kunst Museum Winterthur. Photo : Sik-isea, Zürich (Jean-Pierre Kuhn).
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). Portrait de Mathias Morhardt, 1913. Huile sur toile, 49.5 cm × 38,5 cm. Paris, musée d'Orsay. Photo ©Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt.


2 - Lumière et couleur

Scénographie
2 - Lumière et couleur

Giovanni Giacometti partage avec Segantini, son mentor, une certaine obsession de la lumière. À la mort du maître en 1899, Giacometti achève l’une de ses toiles et saisit ainsi l’opportunité d’étudier sa touche divisionniste, qui consiste à « diviser » la couleur. La lumière est ainsi créée par l’enchevêtrement subtil de filaments et de petits traits épais, de mille couleurs, qui « vibrent » et qui « ne sont pas placés au hasard », selon les mots admiratifs de Giacometti. Ils expriment à ses yeux « la poésie et la vérité de la nature». Fioritura, commencé avant la mort de Segantini, est un exemple de la fascination précoce du jeune peintre pour la manière de son aîné. Au cours des années suivantes, Giacometti pousse ses expérimentations à leur paroxysme avec un paysage comme Vue sur Capolago et le lac de Sils peint vers 1907. Pour traduire les effets de la lumière, les couleurs sont appliquées en larges stries. Cuno Amiet, quant à lui, est fasciné par le pouvoir éblouissant de la lumière et ses effets colorés comme en témoignent des oeuvres aussi différentes que Taches de soleil (1904) ou encore Le Grand Hiver (1907). Après avoir travaillé en Allemagne et en France, Amiet et Giacometti sont revenus en Suisse. Leurs recherches picturales du tournant du siècle transfigurent des sujets et des motifs qui appartiennent à leur quotidien, la nature environnante et le cercle familial.

 
Texte du panneau didactique.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Taches de soleil [Sonnenflecken], 1904. Huile sur toile, 95 × 61 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn. Prêt d’une collection particulière, 2003. Photo : © Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz) © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.

CUNO AMIET (Soleure 1868 – Oschwand 1961)

Amiet se forme à l’Académie des beaux-arts de Munich dès 1886, puis à l’Académie Julian à Paris en 1888 en compagnie de Giovanni Giacometti. Un séjour à Pont-Aven entouré d’émules de Gauguin l’amène à privilégier l’expressivité des effets picturaux à la fidélité de la représentation. En 1906, il est invité à rejoindre le mouvement expressionniste allemand Die Brücke.


 

GIOVANNI GIACOMETTI (Stampa 1868 – Glion-sur-r-Montreux 1933)

Après un passage à Munich, Giovanni Giacometti poursuit sa formation à l’Académie Julian à Paris en 1888 en compagnie d’Amiet. En 1894, il découvre les oeuvres divisionnistes de Segantini. Il vit entre Stampa et Maloja (Grisons) avec son épouse Annetta et leurs enfants. Après 1900, il adopte des formes planes et ornementales qui évoluent en structures abstraites vers 1906-1907. Il participe à l’exposition itinérante en Allemagne Die Brücke en 1908-1909. Augusto et Giovanni Giacometti sont cousins.

Biographie de Cuno Amiet
 
Biographie de Giovani Giacometti
 
Cuno Amiet (1868-1961). Schneelandschaft (paysage de neige) dit aussi Grosser Winter (Grand hiver), 1904. Huile sur toile, 178,5 cm × 236,2 cm. Paris, musée d'Orsay. Photo © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski. © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Vue de Capolago, vers 1907. Huile sur toile, 51,5 x 60 cm. Paris, musée d'Orsay. © RMN-Grand Palais (Musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski.
Giovanni Giacometti (1868-1933). Autoportrait, 1899. Huile sur toile, 40 x 60 cm.
Suisse, Genève, Musée d’art et d’histoire. © Musées d'art et d'histoire, Ville de Genève / Bettina Jacot-Descombes.


3 - Cuno Amiet : Ie chemin de Pont-Aven

Scénographie
3 - Cuno Amiet : Ie chemin de Pont-Aven

Le séjour de Cuno Amiet à Pont-Aven à partir de mai 1892 est déterminant. Ce village breton est depuis les années 1860 fréquenté par les artistes français et étrangers, attirés par une vie meilleur marché, les paysages, les habitants et leurs costumes traditionnels, ainsi que par le sentiment de fréquenter une région épargnée par l’industrialisation. Lors de la seconde moitié des années 1880, Gauguin et ses amis y créent des oeuvres caractérisées par le refus du réalisme, une forte stylisation et l’emploi de couleurs vives remplissant des formes simples cernées par un épais contour sombre (vous pouvez découvrir des œuvres de Pont-Aven galerie Françoise Cachin, 5e étage du musée d’Orsay). S’il ne rencontre pas Gauguin, Amiet est fasciné par ces « paysages, maisons aux contours bleus, arbres, rues, remplis de couleurs variées, personnages aux formes et aux mouvements inhabituels. Des noms tout à fait inconnus : Bernard, Laval, Schuffenecker, Moret ». C’est donc à Pont-Aven et non à Paris qu’Amiet découvre les recherches les plus avancées des cercles qui succèdent à l’impressionnisme. Il écrit à son ami Giacometti en novembre 1892 que ce séjour marque un « changement complet de [s]on opinion sur la peinture et sur l’art en général ». Les œuvres qu’il exécute alors en Bretagne puis de retour en Suisse attestent la puissance de ce choc visuel et culturel.

 
Texte du panneau didactique.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Paysage près de Pont-Aven, [Landschaft bei Pont-Aven], 1892. Huile sur toile, 59 x 72 cm. S. D. b. g.: Amiet / 92. Suisse, collection particulière, Urs von Stockar. Müller/Radlach 2014, n° 1892.20.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Bretonne couchée [Liegende Bretonin], 1893. Huile sur toile, 65 × 80 cm. Zurich, Kunsthaus Zürich, Association des amis de l’art de Zurich, 1975. Photo : © Kunsthaus Zürich © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Bretonne, [Bretonin], 1892. Huile sur toile marouflée sur bois, 38,5 x 46 cm. S. D. b. d.: CA / 92. Olten, Kunstmuseum Olten, acquis avec une contribution du canton de Soleure, 1979. N° inv. 1978.24. Müller/Radlach 2014, n° 1892.02.


4 - « Nos éducateurs à l’art de Van Gogh »

Scénographie
4 - « Nos éducateurs à l’art de Van Gogh »

En Suisse, les œuvres des deux amis Cuno Amiet et Giovanni Giacometti jouent un rôle majeur dans la réception de l’Impressionnisme, de Cézanne et de Van Gogh. En 1908 à Zurich, une importante exposition présente les oeuvres de ce dernier aux côtés de celles de peintres suisses. Un critique d’art, Hans Trog, souligne le rôle d’Amiet et de Giacometti : leur peinture aux « accords de couleurs pures et éclatantes » en fait des « éducateurs » à l’art de Van Gogh. Les deux artistes suisses sont en effet de fervents admirateurs du maître. Ils lisent avec enthousiasme sa correspondance et copient ses oeuvres. Une nouvelle génération de collectionneurs, à laquelle appartient Gertrud Müller, acquiert des tableaux de Van Gogh et contribue ainsi à leur diffusion et à leur rayonnement en Suisse.

 
Texte du panneau didactique.
 
Cuno Amiet (1868-1961). L’Arlésienne. Copie d’après Vincent Van Gogh, 1908. Huile sur toile, 73 × 59 cm. S. D. b. dr.: Nach Van Gogh – Erinnerung – CA 1908. Collection particulière. Müller / Radlach 2014, no 1908.15. Photo : © Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz) © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Autoportrait en rose [Selbstbildnis in Rosa], 1907. Huile sur toile, 61 x 55 cm. S. D. b. d.: CA / 1907. Collection particulière. Müller/Radlach 2014, n° 1907.03.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Le Chapeau violet [Der violette Hut], 1907. Huile sur toile, 60,5 x 54 cm. S. D. b. d.: 07 / CA. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Fondation Dübi-Müller, 1980. N° inv. C 80.89.
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Autoportrait [Autoritratto], 1909. Huile sur toile, 50 x 70 cm. S. D. b. d.: G. G. 1909. Berne, collection E. W. K. Müller/Radlach 1997, n° 1909.04.
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Le Pont de Langlois, copie d’après Van Gogh, vers 1906-1907. Huile sur fibrociment, 33 × 46 cm. Collection PCC · Müller/Radlach 1997.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Nature morte avec des asters [Stillleben mit Astern], 1908. Huile sur toile, 22 x 27 cm. S. b. d.: CA. Suisse, collection particulière. Müller/Radlach 2014, n° 1908.53.
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Le pain [Il pane], 1908. Huile sur toile, 110,5 x 103 cm. S. D. b. d.: Gi GTi 08. Bâle, Kunstmuseum Basel, achat avec l’aide du Fonds  Birmann, 1908. N° inv. 780. Müller/Radlach 1997, n° 1908.18.


5 - La recherche de l’innocence

Scénographie
5 - La recherche de l’innocence

À l’instar d’autres pays européens dans la seconde moitié du XIXe siècle, l’industrialisation croissante provoque en Suisse des bouleversements sociaux qui poussent beaucoup d’artistes à fuir la vie trépidante des villes pour créer leur propre paradis à la campagne, à l’exemple d’Amiet dans sa ferme d’Oschwand, dont le jardin devient une source d’inspiration. Les peintres réinterprètent de façon neuve et variée des sujets atemporels, tels la moisson, allégorie de l’harmonie entre l’homme et la nature chère au XIXe siècle. Amiet y voit une célébration du bonheur terrestre dans des oeuvres évoquant à la fois l’Art nouveau (Le Pommier), mais aussi Cézanne ou encore le mouvement expressionniste allemand Der Blaue Reiter [Le Cavalier Bleu] (La Cueillette I). Chez Bailly, la nature vierge de toute présence humaine apparaît comme un harmonieux et éclatant refuge, tandis que Giovanni Giacometti s’inspire des modèles traditionnels de la peinture classique italienne, comme son maître Segantini, pour célébrer le bonheur familial dans Maternité. L’enfance, évocation traditionnelle de l’innocence, inspire Giovanni Giacometti (Lumière et ombre II) mais aussi Martha Stettler, qui préfère l’environnement des parcs parisiens à celui de la campagne (La Toupie) ou encore Amiet, où le symbolisme est à la limite de l’abstraction dans Étude pour les Filles jaunes.

 
Texte du panneau didactique.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Le Pommier [Apfelbaum], 1907. Huile sur toile, 100 × 100,5 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Donation de Monique Barbier-Müller en souvenir de son père Josef Müller, 1977. Photo : © Sik-isea, Zürich (Martin Stollenwerk). © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.

ALICE BAILLY (Genève 1872 – Lausanne 1938)

Formée à l’École de dessin des demoiselles à Genève, Bailly s’établit de 1904 à 1914 à Paris, dans le quartier de Montparnasse, parmi une petite société artistique suisse.
Elle s’intéresse au fauvisme, expérimentant en 1909 un chromatisme audacieux lors d’un séjour chez Amiet, puis au cubisme et aux œuvres de Robert et Sonia Delaunay. Elle est une des représentantes du futurisme au Salon d’Automne de 1913.

 

MARTHA STETTLER (Berne 1870 – Châtillon 1945)

Stettler fréquente l’école des Beaux-Arts de Berne de 1886 à 1891 puis celle de Genève en 1892. Elle poursuit sa formation à Paris à l’Académie Julian, et enfin dans l’atelier de Luc-Olivier Merson. En 1898, elle s’initie à l’impressionnisme et fonde, en 1904, l’Académie de la Grande-Chaumière. Elle est la première femme à représenter la Suisse à la Biennale de Venise en 1920.

Biographie d'Alice Bailly
 
Biographie de Martha Stettler
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Maternité [Maternità], 1908. Huile sur toile, 103,5 x 91 cm. S. D. b. d.: G. G. 1908. Suisse, collection Dr. Christoph Blocher. Müller/Radlach 1997, n° 1908.02.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Le Jardin de la ferme [Bauerngarten], vers 1907. Huile sur toile, 99 x 91 cm. S. b. d.: CA. Collection particulière. Müller/Radlach, n° 1907.44.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Étude pour Les Filles jaunes [Studiezu Die gelben Mädchen], 1905. Huile sur plaque en fibrociment (Eternit), 49 × 63,5 cm. Collection particulière. Photo : © Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz) © Artists rights D. Thalmann, Aarau, Switzerland.
 
Martha Stettler (1870-1945). La Toupie [Der Kreisel], entre 1907 et 1916. Huile sur toile, 64,5 × 80,5 cm. Collection particulière. Photo ©: Markus Mühlheim, Bildkultur, Bern.
 
Alice Bailly (1872-1938). Printemps à Orsay II (L’Arbre blanc), 1912. Huile sur toile, 60 × 81 cm. Suisse. Collection particulière. Photo ©: Image Courtesy Sotheby's Zürich.
 
Alice Bailly (1872-1938). Verger (Ursenbach), 1909. Huile sur toile, 65 x 91,5 cm. Collection particulière.


6 - L’inquiétant théâtre de l’intime

Scénographie
6 - L’inquiétant théâtre de l’intime

Si certains artistes ont réagi à la révolution industrielle et aux mutations sociales qu’elle a engendrées par un retour à une nature idéale comme Amiet et Giacometti, d’autres, comme Félix Vallotton et Sigismund Righini, ont attiré l’attention sur une angoisse moderne générée par ces évolutions. Cette étrangeté au cœur de la sphère intime semble se lire à travers les interprétations très personnelles que les deux artistes livrent d’un genre, le portrait familial, inscrit dans la tradition de la peinture européenne depuis le XVIIe siècle. Ils en bouleversent les codes par leur usage de la couleur en particulier. Vallotton anéantit l’image idéalisée de la famille à travers l’atmosphère trouble et sinistre du Dîner, effet de lampe et jette un regard implacable sur les tensions et les conflits de la vie amoureuse dans La Chambre rouge. Figure respectée de la vie culturelle à Zurich, Righini, quant à lui, pose un regard ambivalent, voire ironique, dans les portraits monumentaux et vivement colorés de sa propre famille. Isolés les uns des autres, femme, enfants, père et mère apparaissent comme sur une scène de théâtre.

 
Texte du panneau didactique.
 
Sigismund Righini (1870-1937). La Famille I [Die Familie I], 1904. Huile sur toile, 115,2 × 145 cm.  S. D. m. g.: SR / 1904. Winterthour, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte. Achat, 1989. Photo : © Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz).

SIGISMUND RIGHINI (Stuttgart 1870 – Zurich 1937)

Righini se forme à Zurich puis entre à l’Académie Colarossi à Paris en 1888. Il voyage en Italie, aux Pays-Bas, en Belgique et en Angleterre. Au contact de l’art de Hodler, il abandonne sa première manière, en clair-obscur, pour des formes claires et simples. Ardent défenseur de l’art suisse dès le milieu des années 1890, il contribue à la diffusion du modernisme en Suisse en organisant des expositions dédiées à Munch, Van Gogh et Picasso.

 

 

FÉLIX VALLOTTON (Lausanne 1865 – Neuilly-sur-Seine 1925)

Formé à l’Académie Julian à Paris en 1881, Vallotton est peintre, graveur, illustrateur et écrivain.
Il publie des critiques d’art dans la Gazette de Lausanne de 1889 à 1897. Par son activité de graveur sur bois, il entre dans le cercle artistique des Nabis en 1893. Naturalisé français en 1900, il conserve toutefois la nationalité suisse. Après sa première exposition personnelle à Zurich en 1909, il expose régulièrement à Paris, la galerie de son frère Paul se chargeant de diffuser ses œuvres en Suisse.

Biographie de Sigismund Righini
 
Biographie de Félix Vallotton
 
Sigismund Righini (1870-1937). Autoportrait sur fond de fleurs [Selbstbildnis vor Blumenhintergrund], vers 1908. Huile sur carton, 50 x 36 cm. Zurich, Stiftung Righini-Fries, legs Hanny Fries, 2009. N° inv. SR 313.
 
Félix Vallotton (1865-1925). Autoportrait, 1897. Huile sur carton, 58,9 x 47, 9 cm. S. D. b. d.: f. Vallotton 97. Paris, musée d’Orsay, acquis en 2007 sur les fonds d'une donation anonyme canadienne. N° inv. RF 2007-6. Ducrey 2005, n° 218.
 
Félix Vallotton (1865-1925). Le Dîner, effet de lampe, 1899. Huile sur carton marouflé sur bois, 58 x 90 cm. S. D. b. d.: F. Vallotton 99. Paris, musée d’Orsay, achat, 1947. N° inv. RF 1977-349. Ducrey 2005, n° 288.
 
Félix Vallotton (1865-1925). La Chambre rouge, 1898. Tempera sur carton, 50 x 68,5 cm. S. D. b. d.: F. Vallotton 98. Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts, achat, 1983. N° inv. 1983-067. Ducrey 2005, n° 251.


7 - Renouveau des scènes de genre paysannes

Scénographie
7 - Renouveau des scènes de genre paysannes

Les expositions nationales suisses de 1883 à Zurich, de 1896 à Genève et de 1914 à Berne constituent de véritables vitrines du patriotisme helvète. S’y forge une véritable iconographie nationale, notamment à travers la peinture alpine, tandis que l’accent est mis sur les identités régionales à travers des sujets populaires exaltant les coutumes et traditions d’une population rurale représentée en costume. Des peintres sont attirés par le mode de vie des paysans et quittent la ville pour la campagne : Ernest Biéler et Édouard Vallet s’installent à Savièse en Valais, Max Buri à Brienz dans l’Oberland bernois. Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la peinture de genre en Suisse se caractérise par un goût du détail dans une veine naturaliste. Mais au tournant du siècle, Biéler, Buri et Vallet s’emparent de ces sujets traditionnels en abandonnant toute approche anecdotique et en développant un langage plastique novateur, qui passe par le déploiement d’une ligne souple évoquant l’Art nouveau chez Biéler, le jeu des couleurs franches et vives chez Buri ou le goût pour des compositions structurées chez Vallet.

 
Texte du panneau didactique.
 
Max Buri (1868-1915). La Sieste [Siesta], 1907-1910. Huile sur toile, 92 × 134 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Dépôt de la Fondation Gottfried Keller, 2001 · Inv. C 2001.1. Photo : © : Sik-isea, Zürich (Martin Stollenwerk).
 
Max Buri (1868-1915). Jeune fille de la vallée du Hasli [Mädchen aus dem Haslital], vers 1906. Huile sur toile, 61 × 49 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn. Fondation Dübi-Müller, 1980 · Inv. C 80.188. Photo : © Sik-isea, Zürich (Martin Stollenwerk).
 
Édouard Vallet (1876-1929). Autoportrait, 1912. Huile sur toile, 44 x 37 cm. S. D. b. d.: Ed. Vallet / 1912. Bâle, Kunstmuseum Basel, collection Max Geldner, 1958. N° inv. G 1958-61. Wyder 2006, n° 317.
 
Ernest Biéler (1863-1948). Portrait de l'artiste par lui-même, 1911. Tempera sur papier, 30.3 x 27.1 cm. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Don de l'artiste, 1912. Inv. 604. Photo : Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne / Nora Rupp.
 
Max Buri (1868-1915). Autoportrait [Selbstbildnis], 1913. Huile sur toile, 48 x 48 cm. S. D. m. d.: Max Buri / 1913. Winterthour, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte, Winterthur, achat, 1994. N° inv. 5765.
 
Ernest Biéler (1863-1948). Ramasseuse de feuilles mortes, s.d., vers 1909 Gouache, aquarelle et crayon sur papier, 47 x 57.9 cm. Musée d'art du Valais, Sion, don de la Fondation de famille Jean-Jacques et Marie Mercier-de Molin en 1991. Photo © Musées cantonaux du Valais, Sion. Michel Martinez.
 
Edouard Vallet (1876-1929). Dimanche matin, 1908-1909. Tempera et huile sur toile, 105 × 105 cm. S. D. b. dr.: Edouard Vallet 1908-1909. Zurich, Kunsthaus Zürich. Dépôt de la Confédération suisse, Office fédéral de la culture, Berne, 1910 · Inv. 900.  Wyder/Rouiller 2006, no 274. Photo : © Kunsthaus Zürich.


8 - Le paysage symboliste

Scénographie
8 - Le paysage symboliste

En Suisse, l’émergence d’une iconographie nationale, notamment à travers la peinture d’histoire, a été limitée par le multilinguisme et un régionalisme prononcé. Depuis la fin du XVIIIe siècle, c’est le paysage qui cristallise cette recherche d’une identité nationale. Or, la fonction patriotique de ce genre s’étiole vers 1900 dans un contexte où s’affirme une approche subjective et onirique de la nature. Au tournant du XXe siècle, ce débat sur le rôle du paysage et de l’artiste marque profondément la production des peintres. Chez des artistes aussi différents que Félix Vallotton, Hans Emmenegger, Alexandre Perrier et Albert Trachsel, le paysage devient rêve, vision fantastique ou symbole d’harmonie. Leurs tableaux reposent sur une connaissance aigüe et précise de la nature, mais cette dernière est transfigurée par le jeu de couleurs irréelles, la stylisation des motifs et l’importance donnée aux effets de lumière. En plus de magnifier et d’exalter la nature, cette approche symboliste contribue à renouveler la tradition du paysage helvète et plus particulièrement celle de la peinture de montagne en Suisse comme en Europe.

 
Texte du panneau didactique.
 
Félix Vallotton (1865-1925). Derniers rayons dit aussi Paysage avec arbres, 1911. Huile sur toile, 100 x 73 cm. S. D. b. g.: F. Vallotton. 11. Quimper, musée des Beaux-Arts, achat, 1980. N° inv. 80-3-1. Ducrey 2005, n° 853.

ALEXANDRE PERRIER (Genève 1862 – Genève 1936)

Perrier se forme au dessin sur étoffes imprimées à Mulhouse en 1891, puis s’installe à Paris où il devient dessinateur de mode et fréquente la communauté des artistes et écrivains suisses. Il s’inscrit à la croisée de l’Art Nouveau, du symbolisme, mais aussi du néo-impressionnisme et des Nabis. De retour en Suisse, il peint les lacs et montagnes admirés en Haute-Savoie et au bord du Léman.

 

ALBERT TRACHSEL (Nidau 1863 – Genève 1929)

Trachsel étudie l’architecture à l’école des Beaux-Arts de Genève, entre à l’École polytechnique de Zurich, puis intègre les Beaux-Arts à Paris. À partir de 1882, il fréquente les cercles symbolistes parisiens dont Mallarmé et Verlaine. Auteur d’essais critiques sur l’art suisse, il publie ses dessins d’architecture fantastique en 1897 dans Les Fêtes réelles. Il rédige aussi des poèmes, parallèlement au cycle des paysages de rêve peints à partir de 1905.

Biographie d'Alexandre Perrier
 
Biographie d'Albert Trachsel

HANS EMMENEGGER (Küssnacht-am-Righi 1866 – Lucerne 1940)

Formé à l’École des arts appliqués de Lucerne dès 1883, puis à l’Académie Julian à Paris en 1885, Emmenegger se lie d’amitié avec Amiet et Giovanni Giacometti. À Munich en 1885, il rencontre Buri avec qui il voyage en Algérie en 1891. Il pratique la gravure et la peinture de plein air. Entre 1897 et 1903, il arpente le Tessin et l’Italie sur les traces du peintre Arnold Böcklin. Ses motifs de prédilection sont la fonte des neiges, les ombres portées et les intérieurs de forêt.

 
Biographie de Hans Emmenegger
 
Hans Emmenegger (1866-1940). Château-rocher III [Felsenburg III], 1901. Huile sur toile sur un apprêt à la détrempe, 48,5 × 69,5 cm. S. D. b. dr.: H. Emmenegger 1901. Collection particulière. Photo : © Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz).
 
Hans Emmenegger (1866-1940). En février (étude) [Im Februar (Studie)], 1907. Huile sur toile, 53 × 80 cm. Emmenbrücke, Sammlung Gemeinde Emmen, Achat, 1990. Photo : © Sik-isea, Zürich.
 
Albert Trachsel (1863-1929). L’Ile des arbres en fleur (Paysage de rêve) [Die Blüteninsel (Traumlandschaft)], vers 1912-1913. Huile sur toile, 105 × 130 cm. Soleure, Kunstmuseum Solothurn · Fondation Dübi-Müller, 1980. Photo : © Sik-isea, Zurich.
 
Albert Trachsel (1863-1929). Paysage de rêve [Traumlandschaft], entre 1904 et 1915. Huile sur toile, 69 × 92 cm. Berne, Kunstmuseum Bern. Don d’un amateur d’art, 1929. Inv.G1116.
 
Félix Vallotton (1865-1925).  La Mare (Honfleur), 1909. Huile sur toile, 73,2 x 100,2 cm. S. D. b. g. F. Vallotton 09. Bâle, Kunstmuseum Basel, dépôt des Amis du Kunstmuseum de Bâle, 1995. N° inv. G 1995-33. Ducrey 2005, n° 705.


9 - Augusto Giacometti : de l‘Art nouveau à l’abstraction

Scénographie
9 - Augusto Giacometti : de l‘Art nouveau à l’abstraction

L’art d’Augusto Giacometti se caractérise par une vision diamétralement opposée à celle de son cousin Giovanni Giacometti, de neuf ans son aîné. Alors que ce dernier installe son chevalet en plein air comme les impressionnistes et prône une observation directe du modèle dans la nature, Augusto considère l’étude de la nature comme le point de départ d’un travail fondé sur l’imagination. La formation dont il a bénéficié auprès d’Eugène Grasset, artiste suisse installé à Paris, joue un rôle prépondérant dans cette approche. S’appuyant sur le langage formel de l’Art nouveau, dont Grasset est un protagoniste, Augusto Giacometti s’est de plus en plus attaché à la valeur propre des couleurs et des formes, allant jusqu’à une certaine forme d’abstraction.
 
AUGUSTO GIACOMETTI (Stampa 1877 – Zurich 1947)

Étudiant, Augusto Giacometti découvre l’ouvrage d’Eugène Grasset La Plante et ses applications ornementales (1896) et décide en 1897 de le rejoindre à Paris pour s’initier à l’Art Nouveau. Il produit des cartons de vitraux, des peintures symbolistes et des compositions abstraites. En 1915, il se lie avec les membres du mouvement Dada à Zurich et rejoint le groupe Das Neue Leben qui prône l’intégration de l’art abstrait dans le quotidien.

Texte du panneau didactique.
 
Légende.
Augusto Giacometti (1877-1947). Plein été [Hochsommer], 1912. Huile sur toile, 68 × 68 cm.
Coire, Bündner Kunstmuseum Chur. Photo : © Bündner Kunstmuseum Chur.


10 - Natures mortes : jeux de couleurs et de formes

Scénographie
10 - Natures mortes : jeux de couleurs et de formes

Fleurs, fruits, objets du quotidien : la richesse des motifs représentés dans les natures mortes réunies dans cette salle montre combien ce genre traditionnel reste attrayant aux yeux des artistes comme des collectionneurs. A l’exemple de Cézanne, Gauguin ou Van Gogh avant eux, les peintres, soucieux d’explorer un nouveau vocabulaire artistique, y voient également un terrain propice à des expérimentations de forme, de couleur et de composition. Jouets, livres, céramiques traditionnelles suisses, bouquets, fruits leur inspirent des combinaisons inédites, souvent intensément colorées. Parmi ces interprétations et réinventions variées d’un univers quotidien, celle d’Alice Bailly est la plus radicale (Nature morte au réveille-matin). Elle est la seule, parmi les artistes de l’exposition, à s’inscrire, au début des années 1910, directement au coeur d’une nouvelle avant-garde française, celle des cubistes avec lesquels elle expose à Paris en 1912.

 
Texte du panneau didactique.
 
Cuno Amiet (1868-1961). Nature morte [Stillleben], 1907. Huile sur toile, 40 x 40 cm. S. D. b. g.: CA / 07. Collection particulière. Müller/Radlach 2014, n° 1907.57.
RENÉ AUBERJONOIS (Lausanne 1872 – Lausanne 1957)

Auberjonois suit une formation artistique à Londres, Paris et Florence et séjourne régulièrement à Paris où il possède un atelier. Il approfondit son expérience de la couleur pure après sa rencontre avec Amiet et Giovanni Giacometti en 1906 et s’intéresse à Cézanne, à l’art naïf et à l’art populaire. Il produit aussi des décors et des costumes pour le théâtre.

 
Biographie de René Auberjonois
 
René Auberjonois (1872-1957). Nature morte au pot jaune, 1910. Huile sur carton, 24,3 × 30,8 cm. Collection particulière. Photo : Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz. © Adagp, Paris, 2021.
 
Alice Bailly (1872-1938). Nature morte au réveille-matin, 1913. Huile sur toile, 50 x 60,5 cm. Genève, MAH musées d’Art et d’Histoire, Ville de Genève. Photo : © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Photographe : Bettina Jacot-Descombes.
 
Giovanni Giacometti (1868-1933). Nature morte avec livres, [Stilleben mit Büchern], vers 1907-1908. Huile sur toile, 38,3 x 46,3 cm. S. b. d.: G. G. Lausanne, musée cantonal des Beaux-Arts, dation succession Jean-Claude Givel, 2018. N° inv. 2018-004. Müller/Radlach 1997, n° 1907.56.
 
Max Buri (1868-1915). Grande nature morte aux fleurs avec pommes [Grosses Blumenstück mit Äpfeln], vers 1911. Huile sur toile, 35,5 x 48,5 cm. S. b. d.: Max Buri. Winterthour, Stiftung für Kunst, Kultur und Geschichte, achat, 1985. N° inv. 1507.
 
Hans Emmenegger (1866-1940). Fruits [Früchte], 1909. Huile sur toile, 41×43cm. S. D. b. dr.: Hans Emmenegger 1909. Emmenbrücke, Sammlung Gemeinde Emmen. Achat auprès de l’artiste. Inv.SGE 005.


11 - Dimensions cosmiques

Scénographie
11 - Dimensions cosmiques

Lacs, montagnes et autres éléments de la nature sont ici simplifiés et réduits à l’essentiel, confinant à l‘abstraction. Les horizontales du lac Léman chez Hodler, la fragmentation du motif chez Emmenegger, ou les ciels étoilés de Giacometti et les éclatants couchers de soleil de Vallotton brouillent nos repères spaciaux traditionnels. Ces paysages, peints dans les années 1910, se vident de toute présence humaine, même quand ils représentent les reflets d’un bateau sur le lac très fréquenté de Lucerne (Emmenegger) ou les rives du Léman vues d’un appartement en plein Genève (Hodler). Lignes, couleurs, formes, ne représentent plus un motif et un moment précis, mais elles suggèrent un univers, comme un au-delà insondable de la nature. Intenses et magnétiques, ces paysages revêtent une dimension cosmique. Ils invitent à la méditation, à la rêverie et à l’émerveillement face à l’infini et à la beauté.

 
Texte du panneau didactique.
 
Augusto Giacometti (1877-1947). Nuit étoilée (Voie lactée) [Sternenhimmel Milchstrasse)], 1917. Huile sur toile. Coire, Bündner Kunstmuseum Chur. Photo : © Bündner Kunstmuseum Chur.
Ferdinand Hodler (1853-1918). Le Lac Léman et le Mont-Blanc à l’aube (octobre), 1917. 61 x 128 cm.
Genève, musée d’art et d’Histoire. Photo : © Musée d'art et d'histoire, Ville de Genève. Photographe : Flora Bevilacqua.
 
Hans Emmenegger (1866-1940). Reflet sur l’eau (Petit bateau à vapeur se reflétant dans l’eau) [Reflektion im Wasser (Kleiner Dampfer, sich im Wasser spiegelnd)], 1908-1909. Huile sur toile, 85,5 × 150,5 cm. Collection Peter Suter, courtesy of galerie Mueller. Photo : Sik-isea, Zürich (Philipp Hitz).
 
Ferdinand Hodler (1853-1918). Brouillard du soir sur le lac de Thoune [Abendnebel am Thunersee], 1908. Huile sur toile, 68 x 93 cm. S. D. b. d.: 1908 Schynige Platte. F. Hodler. Collection particulière. Bätschmann/Müller 2008-2018, n° 357.
Félix Vallotton (1865-1925). Coucher du soleil, ciel orange, 1910. Huile sur toile, 54 x 73 cm.
Suisse, Winterthur, Kunst Museum Winterthur. Photo : © Sik-isea, Zurich.