JEAN-MICHEL BASQUIAT

Article publié dans la Lettre n° 465
du 31 octobre 2018


 
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JEAN-MICHEL BASQUIAT. La Fondation Louis Vuitton, qui possède de nombreuses œuvres de Jean-Michel Basquiat (1960-1988), rend hommage à cet artiste pétri d’influences diverses par ses origines (Haïti et Porto Rico) et par son appétence pour les cultures les plus diverses. Loin d’être un « autodidacte sauvage », c’est un artiste qui fait son apprentissage par la fréquentation avec sa mère des grands musées new yorkais, regrettant que ses œuvres n’y soient pas accrochées !
Après celle du Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2010 (Lettre n°320), la présente rétrospective, avec près de 120 œuvres prêtées par des Institutions et des collectionneurs du monde entier, nous donne un panorama très détaillé de l’œuvre de Jean-Michel Basquiat. Pour cela la quasi-totalité des salles du bâtiment conçu par Franck Gehry sont utilisées.
L’exposition commence par la réunion, pour la première fois, de trois têtes monumentales (Heads, 1981, 1982, 1983), comme autant de Vanités. Viennent ensuite des œuvres des années 1980-1982, réunies sous le titre « L’Atelier de la rue », pour rappeler que les rues de New York, que Basquiat avait choisies pour en faire son atelier, étaient aussi pour lui source d’inspiration, comme ce Sans titre (Car Crash) de 1980. De nombreux tableaux évoquent un thème cher à Basquiat, celui de la dualité, par exemple ce policier noir de Irony of a Negro Policeman (1981).
Dans la galerie suivante, à côté de papiers collés, nous voyons un « Mur de têtes » inspiré de celui de la Robert Miller Gallery présentant, en 1990, la totalité des dessins de Basquiat. Dans la salle suivante sont accrochées de grandes toiles travaillées à la manière des peintures murales de l’artiste.
Vient ensuite, dans la galerie 5, une série de personnages héroïsés, parés d’auréoles, de couronnes et de couronnes d’épines. On remarque parmi ceux-ci Slave Auction (1982), sur la traite des esclaves, Obnoxious Liberals (1982) sur l’émancipation, et des musiciens comme Charlie Parker, représenté à maintes reprises et que Basquiat considère comme un alter ego.
Comme d’autres artistes, Basquiat est fasciné par les listes de mots, de noms, de faits, de schémas, qu’il recopie et intègre à ses toiles. Nous en avons une dizaine d’exemples dans la galerie 6, mais nous en verrons bien d’autres plus loin.
Après une salle consacrée à ses dessins sur toile, nous arrivons, au dernier étage, aux trois dernières galeries. La première est consacrée tout d’abord au griot, ce conteur et musicien africain, évoqué dans plusieurs œuvres dont l’immense polyptique Grillo (1984), d’une composition très complexe, remplie d’emprunts de toutes sortes. Vient ensuite une dizaine de tableaux peints à quatre mains par Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, parmi les cent-cinquante qu’ils firent ensemble dans les années 1983-1985. En regard de ceux-ci nous pouvons voir Dos Cabezas (1982), portrait double des deux artistes réalisé en moins de deux heures par Basquiat !
Avec « Arborescences », allusion  aux ramifications sans fin du web d’aujourd’hui, nous avons des tableaux saturés d’une profusion de détails, de signes, de pictogrammes. On pourrait passer des heures à les détailler. En  revanche, Riding with Death (1988), qui ferme cette galerie, est parfaitement explicite et fait écho aux ravages du sida et de la drogue dans les années 1980 et à la mort inattendue d’Andy Warhol en 1987.
Enfin, la dernière galerie, « Exu », du nom d’une divinité africaine liée au voyage, évoque, entre autres, la traite des noirs. Une exposition magistrale, didactique et très complète. R.P. Fondation Louis Vuitton 16e. Jusqu’au 14 janvier 2019. Lien : www.fondationlouisvuitton.fr.


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