HYPERRÉALISME
Ceci n’est pas un corps

Article publié dans la Lettre n°562 du 25 janvier 2023



 
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HYPERRÉALISME. Ceci n’est pas un corps. Après Liège, Bruxelles et Lyon, l’exposition conçue par l’agence Tempora est présentée à Paris. Dès l’arrivée en début de parcours on est attiré par cette visiteuse appuyée sur le mur et nous tournant le dos. Que lui arrive-t-il ? Rien du tout, c’est une sculpture du français Daniel Firman, Caroline (2014). Le ton est donné. Ici il faut se méfier et ne pas confondre certaines sculptures avec la réalité, comme le rappelle le sous-titre de cette manifestation.
Peu de chance de se tromper dans la salle suivante avec ces corps nus sur le sol, œuvres de John Deandrea (né en 1941), d’autant plus que nous ne sommes pas dans une de ces soirées réservées aux naturistes ! En revanche les sculptures suivantes, œuvres du pionnier Duane Hanson (1925-1996) sont troublantes de réalisme.
Après cette première partie consacrée aux « Répliques humaines », le parcours se poursuit avec cinq autres sections. La première, « Monochromes » nous montre des sculptures humaines à taille réelle, non peintes comme celles de Brian Booth Craig ou de Fabien Mérelle dont on admire le Merle, Mérelle, Faucon et Tourterelle (2019) ou peintes d’une manière uniforme mais d’une seule couleur comme cette Blue Girl on Park Bench (1980) de George Segal (1924-2000). Ces artistes ne s’intéressent qu’aux formes et aux contours du corps, comme l’a fait également Robert Graham (1938-2008) avec Heather (1979).
Plus tard, dans les années 1980, certains artistes se concentrent sur une partie du corps, par exemple le buste d’une nageuse pour l’américaine Carole A. Feuerman, présente lors de l’inauguration, ou un bras (Maurizio Cattelan), voire une toute petite partie du corps mais démesurément agrandie (Valter Adam Casotto).
Cette dernière représentation se retrouve magnifiée dans la quatrième partie, « Jeux de taille » avec des artistes qui représentent des corps humains très réalistes, mais à des échelles plus petites comme les australiens Sam Jinks (Untitled (Kneeling Woman), 2015) ou Ron Mueck (Untitled (Man in a Sheet),1997) ou plus grande, tel le torse de l’Ordinary Man (2009-2010) du macédonien Zharko Basheski.
La section suivante, « Réalités difformes » est la plus dérangeante car elle expose des œuvres hybrides comme The Conformer (2010) de Patricia Piccinini (Sierra Leone) ou le corps sans tête du belge Berlinde de Bruyckere (Elie, 2009). En revanche, pourquoi pas une jolie femme qui jaillit d’une banane, comme Vénus de l’écume de mer, avec la Chiquita Banana (2007) de l’américain Mel Ramos (1935-2018) ?
La dernière partie « Frontières mouvantes » montre ce que l’on peut faire en donnant la parole à ces sculptures hyperréalistes. Ainsi, la sculpture cinématographique des suisses Glazer et Kunz (Jonathan, 2009), avec un visage qui semble vivre lorsqu’il parle, est absolument saisissante.
Les commissaires profitent de cette présentation au musée Maillol pour exposer certaines de leurs œuvres au milieu des collections permanentes. Un grand tableau synoptique, très intéressant, nous compte également une « brève histoire de la représentation du corps humain dans la sculpture occidentale ». Une exposition originale, à la fois vivante et troublante. R.P.  Musée Maillol 7e. Jusqu’au 5 mars 2023. Lien : www.museemaillol.com.


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