HIROSHIGE et l’éventail
Voyage dans le Japon du 19e siècle

Article publié dans la Lettre n°569 du 3 mai 2023



 
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HIROSHIGE et l’éventail. Voyage dans le Japon du 19e siècle. Le musée Guimet nous présente un important ensemble d’estampes d’Hiroshige appartenant à la collection de Georges Leskowicz. Celles-ci furent réalisées entre 1830 et 1850 et comptent parmi les plus rares et les plus élaborées de l’œuvre de l’artiste.
L’éventail plat en bambou (uchiwa) se popularisa au Japon à l’époque d’Edo (1603-1868). Cet accessoire saisonnier et éphémère était fabriqué avec une seule canne de bambou de 35 cm de long, dont l’extrémité était fendue pour former entre soixante et quatre-vingts brins. On collait ensuite sur les deux faces une estampe. Au début les éventails étaient vendus par des colporteurs, puis par des marchands d’images lorsqu’ils furent signés par des artistes célèbres. On ne connaît qu’un très petit nombre de ces éventails complets. En revanche des éditeurs et des collectionneurs ont conservé des estampes jamais montées sur leurs armatures. Ce sont celles-ci qui sont exposées aujourd’hui.
Utagawa Hiroshige (1797-1858), dont nous avons vu dans d’autres expositions (Lettres 350 et 515) ses séries sur les routes du Tôkaidô et du Kisokaidô, était un spécialiste du paysage, de pair avec Hokusai. C’est tout naturellement qu’il introduisit ce sujet, parmi d’autres, dans ses quelque six cent cinquante estampes pour éventails.
Le parcours commence par des explications sur la fabrication, la vente et l’usage de l’éventail plat. Parmi les usages, celui de la chasse aux lucioles est le plus inattendu. On note aussi la présence de cet accessoire dans certains portraits, comme un signe d’élégance.
Hiroshige habitait Edo (aujourd’hui Tokyo) et a représenté les « Sites célèbres » (meisho) de cette ville qui comptait à son époque un million d’habitants. On découvre donc dans ses feuilles pour éventails, des vues urbaines, des jardins d’agrément, des temples, des restaurants ainsi que le quartier des plaisirs de Yoshiwara. La plupart de ces estampes sont agrémentées de personnages féminins.
On pénètre ensuite dans la vaste rotonde du 2e étage où sont présentés, tout d’abord, des « Paysages des provinces ». Il s’agit du pendant des séries que l’artiste consacra, à partir des années 1830, aux grandes routes de communication entre Edo et Kyoto, la capitale impériale. Ces estampes sont donc d’une grande fidélité documentaire.
Viennent ensuite des estampes ayant pour thème « Du monde des plaisirs à la fiction ». On commence par des « Portraits de femmes » dont certaines jouent au Jeu de mains totetsuruken, une sorte de « pierre, feuille, ciseau » japonaise ! Puis ce sont des thèmes inspirés par « L’histoire et la littérature » et enfin des « Images parodiques ». Si ces dernières sont relativement compréhensibles, en revanche la lecture des cartels détaillés, y compris ceux destinés au jeune public, est indispensable pour la plupart des autres. Dans tous les cas, il reste la beauté de ces images, et celle-ci se passe de commentaires.
C’est en particulier le cas dans la dernière section, « Fleurs, oiseaux et animaux », qui rassemble une douzaine de sujets. Une exposition originale et bien documentée. R.P. Musée national des Arts asiatiques - Guimet 16e. Jusqu’au 29 mai 2023. Lien : www.guimet.fr.


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