GOLD. Les ors d’Yves Saint Laurent. Cette exposition, imaginée par Elsa Janssen, nouvelle directrice du musée, marque la célébration des 60 ans de la première collection d’Yves Saint Laurent sous son propre nom, en 1962, ainsi que les cinq ans d’existence du musée Yves Saint Laurent Paris. Avec la complicité d’Anna Klossowski, commissaire d’exposition et fille de Loulou de la Falaise, qui travailla aux côtés du couturier de 1972 jusqu’à la fermeture de la maison de couture en 2002, et de Valérie Weill, set designer, Elsa Janssen nous présente une quarantaine de robes haute couture et prêt-à-porter accompagnées de plusieurs centaines d’accessoires et de bijoux de fantaisie.
Un examen des collections du musée, riche de 20 000 pièces textiles et accessoires, montre la prédominance de l’or ou plus exactement du doré. Yves Mathieu-Saint-Laurent n’a pas quinze ans quand il déclare à ses proches : « Un jour, j’aurai mon nom inscrit en lettres d’or aux Champs-Élysées ». Il se rêve déjà grand couturier. Cette touche « or » marquera toutes ses collections, à commencer par des boutons dorés sur un caban de lainage bleu présenté en 1962 jusqu’à cette robe-bijou époustouflante de 1966 où ceinture, collier et bijoux sont incrustés en trompe l’œil. Cette robe-sarcophage n’a donc besoin de nul autre accessoire.
Plus qu’un signe de richesse, de pouvoir et de prestige, l’or évoque pour Yves Saint Laurent le soleil, la lumière, la chaleur et, par extension, la joie, l’énergie et la vie. En parant les femmes de tenues dorées, il entérine leur pouvoir tout en renforçant leur confiance.
Après un salon où des photographies et des dessins évoquent la carrière du couturier, le parcours de l’exposition, en sept étapes dans les anciens locaux de la maison de couture, commence par ses toutes premières créations, vestes de tailleurs avec des boutons dorés, robes en brocart de soie lamé, etc.
Des vitrines de curiosités nous montrent d’étranges accessoires comme ce bijou corps, ces gants et chaussures dorés, ces ceintures, véritables bijoux, ou encore ces colliers formant en lettres d’or les mots « soleil », « parfum » ou « aurore ». Yves Saint Laurent dessine très peu d’accessoires ou de bijoux. Il fait appel pour cela à de nombreux créateurs tels l’orfèvre Robert Goossens, le parurier Roger Scemama, la sculptrice Claude Lalanne, etc.
Avant un podium désigné sous le nom de « coup d’éclat », où trônent de somptueux ensembles de soir, on peut voir, accrochées au mur, des sculptures de l’artiste belge Johan Creten (né en 1963), lui aussi grand amateur de la couleur « or » mais sans rapport visible avec Yves Saint Laurent.
À l’étage, comme d’habitude, on va jeter un coup d’œil au studio dans lequel travaillaient le couturier et ses principaux collaborateurs. Pour la circonstance, la commissaire y a placé une magnifique veste brodée or, portée par des personnalités telles Zizi Jeanmaire, Loulou de La Falaise ou encore Paloma Picasso. Mais c’est la grande salle avec ses dix-huit costumes chatoyants qui retient notre attention aujourd’hui. On y voit pêle-mêle des ensembles, des robes de soir, un smoking, une robe-gitane, une cape, une veste matelassée, etc. qui, outre de faire la place belle à tout ce qui brille, « Time to shine », comme l’indique le panneau, montrent la virtuosité et l’inventivité de leur créateur.
Après des vitrines où s’accumulent dans un savant désordre des accessoires et des centaines de bijoux de fantaisie, le parcours se termine par l’extraordinaire robe de soir long en paillettes or incrustée de pierreries multicolores dont nous avons déjà parlé, entourée de jumpsuits destinés à la scène et de paletots rendant hommage à Jean Cocteau, en reproduisant, par exemple, le titre de son recueil Les yeux d’Elsa. Une exposition aussi brillante que chatoyante. R.P. Musée Yves Saint Laurent Paris 16e. Jusqu’au 14 mai 2023. Lien : www.fondation-pb-ysl.net.