FÜSSLI
Entre rêve et fantastique

Article publié dans la Lettre n°555 du 12 octobre 2022



 
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FÜSSLI, entre rêve et fantastique. D’origine suisse, Johann Heinrich Füssli (1741-1825) est un temps pasteur et commence une carrière artistique assez tardivement, lors d’un premier voyage à Londres, sous l’influence de Sir Joshua Reynolds, président de la Royal Academy, à qui il montre des dessins. Après avoir parcouru divers pays d’Europe et en particulier l’Italie où il séjourne de 1770 à 1778, il revient à Londres en 1780. En 1782, il expose à la Royal Academy sa toile la plus célèbre, Le Cauchemar (1781), qui assoira sa renommée. Plus tard, en 1790, il entrera dans cette célèbre institution.
La présente exposition, la première qui lui est consacrée à Paris depuis 1975, adopte un parcours thématique dans une belle scénographie d’Hubert le Gall. En introduction, nous voyons plusieurs portraits de Füssli, dont un autoportrait dans lequel il met en avant les traits caractéristiques du génie selon la pseudoscience de son ami Lavater, la physiognomonie, et des tableaux caractéristiques de son œuvre.
À Londres, Füssli est passionné par le théâtre et en particulier par les pièces de Shakespeare. Il est surtout fasciné par le jeu des plus grands acteurs de l’époque et s’en inspire pour la représentation de certaines scènes des pièces de celui-ci. Avec une commande de neuf tableaux pour la Shakespeare Gallery, Füssli est alors considéré comme le meilleur interprète de Shakespeare en peinture.
La troisième section est entièrement consacrée à Macbeth avec, en particulier, le célèbre tableau Les Trois sorcières (après 1783). Vient ensuite une section qui montre l’intérêt de Füssli pour les mythes antiques. On y voit par exemple deux versions de Achille saisit l’ombre de Patrocle où l’on note l’influence de Michel-Ange dans le traitement expressif des corps.
Füssli veut se démarquer des autres artistes de son époque. Pour cela il cherche des sujets moins connus comme les légendes nordiques. On peut voir dans la cinquième section Thor luttant contre le serpent Midgard (1790), son tableau de réception à la Royal Academy, et trois toiles illustrant Oberon de Christoph Martin Wieland, un poète allemand contemporain et ami de son père. Plus étonnant, ses peintures sur des thèmes bibliques sont inspirées non de la Bible, qu’il connaît pourtant bien, mais du Paradis perdu de John Milton. Il projette même de réaliser une Milton Gallery, sur le modèle de la Shakespeare Gallery. Celle-ci regroupera 47 peintures dont la plupart illustre Le Paradis perdu.
Une petite section regroupe quelques dessins parmi les plus de huit cents qu’il a produits. Ici leurs sujets sont les femmes dans toutes sortes de rôles.
Avec « Cauchemar et sorcelleries » on découvre, non pas le tableau original du Cauchemar, jalousement gardée au Detroit Institute of Arts, mais d’autres versions, y compris celle de son contemporain Nicolai Abraham Abildgaard, qui en peint sa propre version. Toujours pour se démarquer, Füssli crée des personnages hybrides et monstrueux et des scènes de sorcellerie comme La sorcière de la nuit rendant visite aux sorcières de Laponie (1796).
Le parcours se termine en beauté avec « Rêves, visions et apparitions » où l’horreur du cauchemar fait place à des rêves peuplés de fées, comme dans Le songe du berger (1793), ou de jeunes filles comme dans Le rêve de la reine Catherine (1781). Une exposition qui montre bien, avec une soixantaine de tableaux, qui était cet artiste peu présent dans les collections françaises. R.P. Musée Jacquemart-André 8e. Jusqu’au 23 janvier 2023. Lien : www.musee-jacquemart-andre.com.


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