LA FORCE DU DESSIN
Chefs-d'œuvre de la Collection Prat

Article publié dans la Lettre n°507 du 16 septembre 2020



 
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LA FORCE DU DESSIN. Chefs-d’œuvre de la Collection Prat. Il y a plus de quarante-cinq ans que Véronique et Louis-Antoine Prat ont commencé à collectionner les dessins. Achetant des œuvres de toutes les époques et de toutes les écoles, ils se sont peu à peu spécialisés dans les dessins français du XVIIe au XIXe siècle. Comme ils l’expliquent, les dessins italiens sont un vrai casse-tête et les bons dessins français des artistes du XXe siècle tels que Picasso, Matisse, voire Vuillard ou Bonnard, sont très chers et dépassent leur budget. S’ils ont possédé jusqu’à mille dessins, ils en ont revendu un grand nombre pour se spécialiser dans l’école française et acquérir les plus beaux dessins qui se présentaient sur le marché. C’est ainsi qu’en 1995, pour acheter Pluton enlevant Proserpine, un dessin très important de Poussin, ils ont revendu tous leurs dessins du XXe siècle et décidé d’arrêter leur collection avec Cezanne et Seurat. Pour un seul Watteau, Femme avec un enfant dans un berceau, ils ont vendu plus d’une centaine de dessins !
Cette exigence de qualité et de rareté fait de leur collection l’une des plus remarquables de maîtres anciens en mains privées de toute l’Europe. Ce fut la première, en 1995, à être exposée au Louvre où Louis-Antoine Prat poursuit une carrière de chercheur tout en enseignant et en publiant des catalogues raisonnés d’artistes, parallèlement à son œuvre de romancier. Depuis cette exposition exceptionnelle, leurs dessins ont voyagé à travers le monde entier. Aujourd’hui sur les 220 feuilles que les Prat possèdent, plus de 180 sont présentées au Petit Palais sous le commissariat de Pierre Rosenberg, l’ancien président-directeur du Louvre.
Le parcours de l’exposition, en neuf sections, est chronologique. Il commence avec ces dessinateurs français du XVIIe siècle qui travaillaient entre Paris, Rome et la province. Nicolas Poussin, Claude Gellée dit Le Lorrain, Simon Vouet, Eustache Le Sueur, Laurent de La Hyre en sont les principaux exemples. Mais les Prat s’intéressent aussi à des artistes moins connus comme Nicolas Mignard, frère de Pierre Mignard, qui travaille en Avignon, Thomas Blanchet, un peintre lyonnais, Pierre Brebiette dont on voit l’étonnant Sacrifice du pucelage, ou encore Noël Coypel, père d’Antoine Coypel, le successeur de Le Brun à Versailles. On y voit aussi, avec Le Colisée de François Stellaert, dit Stella (1563-1605), le plus ancien dessin de leur collection. Le parcours se poursuit avec la période classique, fortement marquée par Nicolas Poussin et surtout Charles Le Brun et Pierre Mignard, puis Antoine Coypel, Charles de La Fosse, Michel II Corneille et son frère Jean-Baptiste Corneille. Tous ces artistes, et d’autres encore, sont présents ici.
Le XVIIIe siècle commence avec « Watteau et la rocaille » où l’on voit, à côté d’Antoine Watteau, François Boucher et Charles Natoire, incontournables, des artistes moins connus comme Jean Restout et Pierre Charles Trémolières, deux peintres d’église, et le languedocien Michel-François Dandré-Bardon. La seconde moitié du XVIIIe siècle est représentée par une douzaine d’artistes d’où se détachent Jean-Baptiste Greuze, Louis Jean Desprez, Hubert Robert mais aussi Claude Houin, redécouvert par les Prat. Nous avons aussi, dans cette section, quelques magnifiques paysages, sujet peu représenté dans la Collection Prat. « Le néoclassicisme ou le triomphe de la vertu » nous offre de magnifiques dessins de Pierre-Paul Prud’hon, Jaques Louis David, Jean-Baptiste Regnault, Camille Corot, Alexandre-Évariste Fragonard, à côté d’œuvres non moins remarquables de François-André Vincent, Auguste-Félix Fortin ou encore Guillon-Lethière et Louis-Léopold Boilly.
Les quatre dernières sections sont consacrées au XIXe siècle. La première, intitulée « Multiplicité du premier XIXe siècle », présente un florilège de trois dessins de Gros, deux de Girodet, cinq d’Ingres, trois de Chasseriau et huit de Delacroix dont un magnifique Cheval ruant, à côté de feuilles d’artistes moins connus mais tout aussi talentueux. La section suivante « Académismes et réalismes après 1850 » remet à l’honneur les artistes qualifiés de « pompiers », comme les décorateurs de l’Opéra Garnier, que l’on a longtemps opposés à des Carpeaux, Millet ou Théodore Rousseau. Avant de conclure avec les grands artistes de la fin du XIXe siècle tels Manet, Degas, Rodin, Cezanne, Gauguin et d’autres, le parcours fait une halte avec des « dessinateurs littéraires » tels Baudelaire et Hugo, des illustrateurs tels Daumier ou Bresdin et des dessinateurs à tendances symbolistes comme Gustave Moreau et Odilon Redon.
Une exposition magnifique tant par la variété et la qualité des dessins présentés que par sa scénographie. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 4 octobre 2020. Lien: www.petitpalais.paris.fr.


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