FÊTES ET KERMESSES AU TEMPS DES BRUEGHEL

Article publié dans la Lettre n°482 du 26 juin 2019



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

FÊTES ET KERMESSES AU TEMPS DES BRUEGHEL. Pour cette exposition commémorant le 450e anniversaire de la mort de Pieter Bruegel l’Ancien (1510/1520-1569), le Musée de Flandre mobilise la totalité de ses salles pour présenter plus de 90 œuvres provenant de grandes institutions internationales (Louvre, BnF, Albertina, Rijksmuseum, Mauritshuis, Royal Collection de Londres, etc.), de nombreux autres musées de France et d’Europe, et de collections privées. C’est donc bien une exposition-événement comme l’annonce le musée de Cassel.
Le parcours, très bien fléché compte tenu du dédale de salles sur deux niveaux, comprend onze sections. Il commence par « La fête avant Bruegel … » pour montrer que Pieter l’Ancien n’est pas l’inventeur de ces images de kermesses endiablées auquel on l’associe, bien à tort, le plus souvent. Du reste, on ne dénombrerait que trois kermesses et noces villageoises peintes de sa main. Aucune n’est présente ici. Parmi ces œuvres d’avant Pieter Bruegel, on remarque le Jardin d’Amour à la cour de Philippe le Bon (vers 1560) par un anonyme flamand, des gravures d’Albrecht Dürer comme Le Joueur de Cornemuse (1514) ou de Cornelis Massys comme Les Estropiés dansant (1538) ainsi que des toiles de Pieter Aertsen telles cette Fête villageoise avec danse paysanne ou cette curieuse Danse des œufs.
Et puis Bruegel l’Ancien est arrivé et a révolutionné le genre. On le connaît surtout grâce aux copies et reprises réalisées par ses successeurs et en particulier par ses deux fils, Pieter II Brueghel, dit Le Jeune (1564-1637/1638) et Jan I Brueghel, dit de Velours (1568-1625) à qui les collectionneurs demandaient des copies des tableaux de leur père. On voit ici, entre autres, une Danse de noce (av. 1600) peinte sur cuivre par Jan I Brueghel d’après une estampe de 1570 faite d’après une toile de son père.
On ne dénombre que 47 tableaux peints par Pieter Bruegel l’Ancien. Compte tenu des œuvres connues peintes par ses suiveurs, on peut supposer que certaines ont disparu. Ce serait le cas du Cortège de noces dont on voit deux peintures très voisines sur ce thème, l’une de Pieter II Brueghel, l’autre de Martin I van Cleve. Celui-ci, tout comme Pieter Balten, est un contemporain de Pieter Bruegel l’Ancien et on pense que Balten, quoique moins talentueux, a pu inspirer ce dernier. Le nombre de toiles sur le sujet des fêtes et kermesses villageoises est innombrable, ce qui montre l’engouement des amateurs à cette époque.
Après des salles où sont mis en avant les peintres déjà cités, nous arrivons dans trois sections consacrées à des artistes qui s’intéressent toujours au thème des fêtes mais en donnant une plus grande importance aux paysages et en multipliant les petits personnages, comme on le voyait à l’époque médiévale. Les principaux sont Hans Bol, Jacob I Savery et surtout David I Vinckboons (1576-1629/1632). Dans la salle qui lui est consacrée, on peut voir un magnifique dessin à la plume représentant La Kermesse de la Saint-Georges avec l’hôtel de ville d’Audenarde (vers 1602). Le paysage est totalement imaginaire puisqu’il montre aussi la ville d’Anvers située à 80 km de ce fleuron de l’architecture gothique ! Le plus intéressant c’est que ce dessin n’a été conçu que pour une gravure et pas pour une peinture. Mais cette gravure a inspiré de nombreux artistes. On voit ainsi, outre la gravure, trois peintures à l’huile de Nicolas de Bruyn, Louis de Caulery et Barthomeus Grondonck, reprenant ce sujet. Presque un siècle après Bruegel l’Ancien, le thème de la fête villageoise a encore la faveur du public comme le montrent des toiles de Adriaen Brouwer et de David II Teniers. Celui-ci reprend le sujet de La Kermesse de la Saint-Georges.
Néanmoins, depuis David I Vinckboons, les peintres ne s’intéressent pas qu’aux paysans. La fête se veut galante aussi, comme le proclame le titre de la dixième section. Vinckboons représente des scènes galantes en plein air, où les allusions et symboles amoureux abondent, avec des personnages richement habillés mais dont les occupations ne sont pas sans rappeler celles des villageois (Scène galante dans un jardin) !
L’exposition se termine avec des peintures sur le thème de la parabole du Fils prodigue, prétexte à des scènes sur les plaisirs de la musique et de la chair, exacerbés par quelques gourgandines, mettant ainsi l’accent sur les comportements licencieux et amoraux. Une très belle exposition, qui vaut le voyage, d’autant qu’il y a beaucoup d’autres  choses à voir dans cette région. R.P. Musée de Flandre - Cassel (59). Jusqu'au 14 juillet 2019. Lien : museedeflandre.fr


Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici

Index des expositions

Accès à la page d'accueil de Spectacles Sélection