FACE AU SOLEIL
Un astre dans les arts

Article publié dans la Lettre n°558 du 23 novembre 2022



 
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FACE AU SOLEIL. Un astre dans les arts. En introduction à cette manifestation peu ordinaire, les commissaires rappellent le travail étonnant qui avait été fait dans ce musée, en 2014, pour dater, avec une précision inattendue, la création d’Impression, soleil levant de Claude Monet (Lettre n°372). C’était il y a 150 ans, le 13 novembre 1872 à 7h35. Pour aller plus loin, l’exposition étudie aujourd’hui la manière dont les artistes se sont appropriés cet astre, de l’antiquité jusqu’à nos jours.
En Égypte le soleil était un dieu créateur et, plus tard, chez les Grecs et les Romains, il se fait homme. C’est Hélios ou Apollon. Dans l’Occident chrétien, le soleil n’est plus qu’une création de Dieu, celle du quatrième jour. Il est représenté en petite taille, à l’image de son importance par rapport à Dieu ou au Christ.
Puis, avec Copernic et Galilée, on découvre que la terre n’est pas le centre de l’univers. Les artistes veulent alors décrire le monde tel qu’il est, comme le font les scientifiques. Le paysage a alors leur faveur et dans celui-ci, le soleil est en bonne place, celle de l’astre qui illumine notre terre. Cela n’empêche pas les artistes de continuer à représenter les mythes anciens, comme celui d’Icare, mettant en scène le soleil, ni Louis XIV de se comparer à cet astre.
Les connaissances scientifiques devenant de plus en plus pointues, les artistes utilisent alors le soleil dans le but de traduire des émotions particulières. C’est particulièrement vrai avec les romantiques comme le montrent les tableaux de Caspar David Friedrich ou de William Turner. Avec les impressionnistes et plus encore les néo-impressionnistes, c’est avec des méthodes nouvelles que l’on peint les paysages et bien sûr le soleil. Ainsi, Impression, soleil levant traduit bien l’allure fantomatique du port du Havre au petit matin.
Au début du XXe siècle, l’astronomie se vulgarise. Avec les découvertes de Chevreul sur la lumière, les artistes s’inspirent du soleil et de sa lumière pour créer des tableaux qui n’ont plus rien à voir, dans certains cas (Sonia Delaunay, Otto Freundlich, Wilhelm Morgner) avec ceux du siècle précédent. Néanmoins, des peintres comme Maurice Denis ou Albert Trachsel lui donnent la prééminence dans leurs compositions qu’il éclaire de tous ses rayons.
Avec les progrès de l’astrophysique, le soleil est reconnu comme une boule de gaz d’où s’échappent de gigantesques protubérances. Otto Dix, Trouvelot et même Gustave Courbet représentent à leur manière ce phénomène. Finalement en ce début du XXe siècle l’astre solaire n’est plus seulement la composante d’un paysage, le détail - fût-il central - d’une vision panoramique. Il devient, selon Maurice Denis, le « dieu de la peinture moderne », que l’on retrouve sous toutes sortes de forme dans les toiles d’Edward Munch, de Charles Marie Dulac, de Franz von Stuck ou encore de Félix Vallotton.
Et puis, avec Einstein et la théorie de la relativité, on comprend que le soleil n’est qu’une modeste étoile parmi une multitude d’autres. Les artistes le photographient durant une éclipse tandis que d’autres représentent en peinture certaines constellations (Hippolyte Guénaire, Joan Miró) ou ne reprennent du soleil que sa forme, son apparence rougeâtre ou son rayonnement, dans des compositions plus ou moins abstraites (Vladimir Baranov-Rossiné, Richard Poussette-Dart, Otto Piene, Arthur G. Dove, etc.). Une exposition intéressante et originale, avec une centaine d’œuvres de toutes les époques. R.P. Musée Marmottan Monet 16e. Jusqu’au 29 janvier 2023. Lien : www.marmottan.com.


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