EN SOLITAIRE AUTOUR DU MONDE

Article publié dans la Lettre n°605 du 27 novembre 2024



 
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EN SOLITAIRE AUTOUR DU MONDE. À l’occasion de la dixième épreuve du Vendée Globe, le musée de la Marine consacre une grande exposition à cette course devenue mythique. Le parcours est conçu en neuf sections décrivant tour à tour les principales difficultés rencontrées par les concurrents, depuis le départ devant des centaines de milliers de personnes jusqu’à l’arrivée triomphale, même pour le dernier, même pour ceux qui ont abandonné. Chaque étape est décrite en détail sur des panneaux mettant en exergue leurs caractéristiques.
Cela commence avec les vents contraires du Golfe de Gascogne qui ont coûté la vie à Nigel Burgess en 1992. Certains préfèrent contourner l’obstacle en allongeant leur trajet qui fait déjà 45 000 km. Viennent ensuite l’Anticyclone des Açores et ses risques de mauvais temps, et le fameux Pot au Noir, où la chaleur et l’humidité forment d’énormes nuages et créent de violents orages où les bateaux subissent de violents coups de vent. Ensuite ils doivent de toute façon affronter l’Anticyclone de Sainte-Hélène où ils risquent de rester encalminer, sans vent. Les navigateurs évitent le plus souvent cette zone et, au lieu de longer l’Afrique, choisissent les côtes du Brésil pour rejoindre non pas le cap Horn mais le Cap de Bonne Espérance. En effet, au fil des ans, depuis les pionniers qui passaient par le canal de Panama puis le canal de Suez en suivant la route des alizés jusqu’à l’instauration du Golden Globe en 1968, le parcours laissant les trois caps – Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn – à bâbord a fini par tenir de l’évidence.
Une fois franchi le cap de Bonne-Espérance, que les concurrents ne voient pas car ils passent très au large de celui-ci, c’est la traversée de l’océan Indien dans les Quarantièmes rugissants. Leur nom leur a été donné ainsi à cause des vents violents et des vagues déferlantes que peu d’obstacles terrestres peuvent ralentir. C’est pour les commissaires l’occasion de rappeler le sauvetage de Philippe Poupon par Loïck Peyron en 1989, puis celui de Raphaël Dinelli par Pete Goss en 1996 et la disparition tragique de Gerry Roufs la même année après un dernier message où il disait «Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes». À la suite de ce naufrage, les organisateurs du Vendée Globe ont renforcé les règles de sécurité, créant une « zone d’exclusion de l’Antarctique » (ZEA) dans laquelle il est interdit de naviguer pour éviter les icebergs et rester à la portée des secours australiens. Néanmoins les concurrents pénètrent dans les Cinquantièmes hurlants, en plein océan Austral, avec des températures polaires, un bruit infernal et incessant, des vents violents et un bateau où il est difficile de se tenir debout, tant il est secoué.
Après être passés très au large du cap Leeuwin, à la pointe sud-ouest de l’Australie et avoir contourné l’Antarctique, les skippers passent tout à côté du Cap Horn, sans doute la première terre qu’ils voient depuis leur départ, et commencent à remonter l’océan Atlantique. C’est «la longue route», encore un quart du parcours de leur tour du monde où le classement peut encore basculer, avec de nouveau l’anticyclone de Sainte-Hélène, le Pot au Noir et l’anticyclone des Açores.
Enfin c’est l’arrivée aux Sables-d’Olonne, l’accueil par une foule enthousiaste, quels que soient l’heure et le temps, les retrouvailles avec leur famille, un bon repas et une conférence de presse.
Pour illustrer cette course, au fil des différentes sections, nous avons des tableaux, des cartes, des photographies, des vêtements, des plans de voiliers, du matériel de navigation (sextants, loch, nagrafax), du matériel de secours (canot de survie, balise de détresse, etc.), des maquettes de voiliers, des trophées et des tableaux synoptiques. Parmi ceux-ci, citons celui qui indique qu’il n’y a que 84 marins qui ont bouclé le Vendée Globe (le plus rapide, Armel Le Cléac’h, en 74 jours), soit cent fois moins que d’humains à avoir gravi l’Everest ou à être allé dans l’espace! Une vitrine est consacrée à l’alimentation. On y voit quelques sachets de produits lyophilisés ainsi que des poissons volants et des algues récoltés par Yves Parlier. C’est lui qui répara seul son mât dans une île perdue vers la Nouvelle-Zélande et termina sa course en 126 jours, très amaigri car il avait épuisé tout son stock de nourriture. On y trouve aussi l’inventaire des aliments emportés par Robin Knox-Johnston en 1968 et Samantha Davies en 2020. Une exposition fort bien conçue et tout à fait passionnante. R.P. Musée national de la Marine 16e. Jusqu’au 26 janvier 2025. Lien : www.musee-marine.fr.


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