Parcours en images de l'exposition
EN SOLITAIRE AUTOUR DU MONDE
avec des visuels
mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue
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Entrée de l'exposition
« En 1968, nous ne savions pas si un bateau et un homme pouvaient supporter ensemble un si long voyage. Aujourd'hui, tout a changé, mais le Tour du Monde en solitaire sans escale reste le défi sportif ultime.»
Robin Knox-Johnston, 2012.
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Un marin, un bateau, quatre océans. Une formule simple pour une réalité extrême, parmi les exploits sportifs les plus absolus : le tour du monde en solitaire, à la voile, sans escale. Atteint pour la première fois à la fin des années soixante, ce Graal de la course au large a pris une nouvelle dimension à partir de 1989 avec la création du Vendée Globe. Depuis, tous les quatre ans, des femmes et des hommes s'affrontent pendant près de trois mois sur un parcours de plus de 24 000 miles nautiques (45 000 km) à bord de voiliers monocoques de 18 mètres.
Signe de la difficulté de l'entreprise : en plus de trente ans, ils ne sont que cent seize marins à s'être lancés dans l'aventure et seuls quatre-vingt-quatre d'entre eux ont réussi à terminer la course. Cent fois moins que le nombre d'humains à avoir gravi l'Everest ou à être allés dans l'espace!
À l'heure de la dixième édition de cette odyssée moderne, le parcours d'exposition propose au visiteur de vivre leur «longue route», des pièges du golfe de Gascogne aux tempêtes glaciales des quarantièmes rugissants en passant par les calmes étouffants de l'équateur. De passer en leur compagnie les mythiques trois caps: Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn. Et bien sûr de partager avec eux doutes, avaries et moments d'émerveillement dans cette course en solitaire, sans escale et sans assistance.
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Affiche de l'exposition.
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Texte du panneau didactique. |
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Bernard Mauviel (1954-). Modèle naviguant de Suhaili, voilier de Robin Knox-Johnston (1939-), vainqueur en 1969 du Golden Globe, 2000. Echelle 1/6e. Bois exotique, dacron. Collection Bernard Mauviel.
Suhaili, ketch de 9,72 mètres dessiné par l'architecte William Atkin, est le fruit d'un malentendu: travaillant alors en Inde, Robin Knox-Johnston avait commandé en 1963 les plans d'un voilier plus moderne et performant, mais ce n'est pas le bon dossier qui lui a été envoyé... Ayant déjà programmé de rentrer en Angleterre à bord de ce bateau l'année suivante, Robin n'avait plus le temps de changer d'option et s'est résolu à le mettre tout de même en chantier. |
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Modèle réduit de Joshua, voilier de Bernard Moitessier (1925-1994).
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De l'Américain Joshua Slocum, à la fin du XIXe siècle, au Français Philippe Jeantot, premier vainqueur du BOC Challenge en 1983, des dizaines de marins sont partis en solitaire autour du monde. La plupart l'ont fait pour le seul plaisir du voyage, sans idée de performance. D'autres ont introduit peu à peu une dimension de défi dans leurs périples en mer, à l'exemple de l'Argentin Vito Dumas en 1942, puis de l'Australien Bill Nance en 1963. Ils ont ainsi ouvert la route des trois caps - Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn - et montré que l'on peut naviguer vite dans ces mers dangereuses.
La notion de compétition au long cours émerge au milieu des années soixante, quand le navigateur britannique Francis Chichester fait le pari de battre le record des grands clippers du siècle précédent à bord de son ketch de 16 mètres Gipsy Moth IV. Même si le chronomètre lui donne finalement tort, son tour du monde en 226 jours, avec une escale à Sydney, connaît un retentissement énorme et va encourager d'autres marins à tenter le défi ultime: le même parcours d'ouest en est, mais sans escale.
Ce sera l'épopée du Golden Globe qui voit en 1968 neuf solitaires prendre le large et un seul terminer la course après d'incroyables rebondissements: Robin Knox-Johnston. Ce dernier va contribuer à la création du BOC Challenge au début des années 1980, course autour du monde en quatre étapes au départ de Newport (États-Unis) qui favorisera l'émergence de véritables voiliers de course adaptés aux quarantièmes rugissants et inspirera en 1989 l'organisation d'une nouvelle épreuve, en solitaire, autour du monde: le Vendée Globe.
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Texte du panneau didactique.
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Titouan Lamazou (1955-). Bernard Moitessier (1925-1994), 2019. Huile sur papier. Musée national de le Marine.
Bernard Moitessier.
Ce navigateur inclassable a fait la une de la presse en mars 1969 en refusant de revenir en Europe avec son bateau Joshua pour terminer le Golden Globe: «Parce que je suis heureux en mer et peut-être aussi pour sauver mon âme» selon les termes de son message. Né à Hanoï en 1925, il a passé toute sa jeunesse sur les bords de la mer de Chine, apprenant à naviguer sur les jonques locales. Ses livres Un vagabond des mers du sud et La longue route, sont devenus des modèles pour plusieurs générations de marins et témoignent de sa volonté de naviguer librement et du lien singulier qu'il entretenait avec la mer. |
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Scénographie avec le globe montrant le parcours d’Armel Le Cléac’h, détenteur du record de l’épreuve
en 74 jours, 3 heures, 35 minutes et 46 secondes lors de la 8e édition du Vendée Globe, 2016-2017.
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Joshua Slocum à bord du Spray, 1907, New Bedford Whaling Museum. © New Bedford Whaling Museum Photography Collection / Winfield Scott Clime.
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Philippe Jeantot lors de son arrivée du Vendée Globe le 20 mars 1990. © Coll. Archives municipales des Sables-d'Olonne, photo G. Beauvais, 1253 W 1.
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Scénographie.
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« Le jeune homme et la mer ». Titouan Lamazou, vainqueur du 1er Vendée Globe Challenge. Une de Libération, 16 mars 1990. © Libération.
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Plan n°49 Y. Maurice Garceau dit Georges Soé (1861-1917). © Musée national de la Marine.
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Plan n°49 Y. Maurice Garceau dit Georges Soé (1861-1917). © Musée national de la Marine.
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«Je n'ai jamais été aussi entouré que pendant ces cent neuf jours» disait Titouan Lamazou lors de son arrivée victorieuse aux Sables d'Olonne en mars 1990. «J'ai senti jour et nuit toute une équipe qui, à terre, calquait sa vie sur la mienne». C'est le paradoxe d'une telle course: le solitaire s'appuie sur le travail d'une équipe qui peut compter une quinzaine de personnes. C'est vrai avant le départ pour gérer la préparation du bateau, mais aussi en mer: le marin peut échanger avec la terre pour trouver la bonne façon de résoudre un problème technique. À charge ensuite pour lui de se débrouiller avec les moyens du bord. Il lui est interdit d'accoster dans un port, de se faire livrer du matériel ou de recevoir une aide directe d'un tiers. L'assistance météo personnalisée reste aussi interdite par le règlement.
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Texte du panneau didactique.
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Sextant
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Michel Desjoyeaux s’entraînant à bord de Foncia à Port-La Forêt pour le Vendée Globe 2008. © Vincent Curutchet / Alea.
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Statistiques du Vendée Globe.
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1 - LE DÉPART : UNE FRONTIÈRE ENTRE DEUX MONDES
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Scénographie |
Passer sans transition de l'effervescence d'un port bondé à la solitude du grand large, avec 24 000 milles d'eau libre devant l'étrave, c'est le choc qui attend les concurrents du Vendée Globe. Un million et demi de visiteurs arpentent les pontons des Sables d'Olonne avant le départ. Le jour J, plus de 300 000 personnes se pressent au bord du chenal et sur les vedettes à passagers. Dans cet échange émouvant et festif, les marins deviennent aussi spectateurs, étonnés par l'enthousiasme de cette foule qui rivalise d'imagination pour afficher des messages d'encouragement. Au contraire de leurs prédécesseurs, leurs bateaux sont fin prêts bien avant le départ grâce à l'efficacité des équipes techniques. Rien à voir avec Robin Knox-Johnston qui, quelques heures avant de quitter Falmouth, lors du Golden Globe en juin 1968, en était encore à modifier le gréement de Suhaili tout en remplissant des formulaires d'assurance-vie pour sa famille. Le moment n'en est pas moins fort pour les coureurs des années 2020: les adieux sont rarement faciles, la crainte d'une collision dans la fièvre du départ plane en permanence, tout comme le stress lié au maniement de ces voiliers plus rapides et exigeants que jamais.
Et il n’est plus question de compter sur des arrangements bienveillants avec l'horaire, comme lors du départ de la première édition, le 26 novembre 1989, où un concurrent avait obtenu un report du coup de canon pour avoir le temps de récupérer ses cartes, oubliées dans sa chambre d'hôtel...
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Texte du panneau didactique. |
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Carte du parcours du premier Vendée Globe Challenge, 1989. Archives départementales du Morbihan, N° 1481 W 447. © Archives départementales du Morbihan.
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Plan du port des Sables d’Olonne. Anonyme, 19e. © Musée national de la Marine / P. Dantec.
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BOC Challenge, Titouan Lamazou et Philippe Jeantot, Sydney, 15 décembre 1986. © Photo Brendan Read/Fairfax Media Archives/Getty images.
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Vue générale des pontons et du village depuis le haut du mât de TSE - 4myPlanet, de retour d’une navigation
lors de la semaine prestart du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, le 26 octobre 2020. © Vincent Curutchet / Alea. |
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Le public dans le chenal au départ du Vendée Globe aux Sables d'Olonne le 6 novembre 2016. © Mark Lloyd/Alea/Vendée Globe.
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Scénographie.
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2 - LE GOLFE DE GASCOGNE: L'HEURE DES PREMIERS CHOIX
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Scénographie |
Les choses sérieuses commencent bien avant d'atteindre les redoutables quarantièmes rugissants. La sortie du golfe de Gascogne opère souvent une première sélection pour des raisons aussi bien matérielles que stratégiques. Les dépressions s'y bousculent en automne, générant des vents violents de secteur ouest. Ces derniers s'opposent à la route des coureurs et lèvent une mer dangereuse quand la houle du large vient buter sur le plateau continental où les fonds passent brutalement de quatre mille mètres à une centaine de mètres.
En 1992, un concurrent du Vendée Globe, Nigel Burgess, a perdu la vie dans cette zone et six sont revenus aux Sables d'Olonne pour tenter de réparer leurs avaries. En 2008, ils sont quatre à devoir abandonner sans avoir pu dépasser le cap Finisterre et davantage encore à faire demi-tour pour panser leurs plaies.
Et si bateau et marin tiennent bon, encore faut-il faire les bons choix pour négocier au mieux le mauvais temps. Contourner sagement la dépression au prix d'un allongement de la route? Ou couper au plus court au risque de subir les pires conditions? Il y a cinquante ans, ne disposant que de bulletins peu précis et difficiles à capter, les coureurs se reposaient sur l'observation des nuages et du baromètre. Les progrès de la météorologie et l'efficacité des logiciels embarqués permettent aujourd'hui d'évaluer avec précision les gains pour chaque option de route, mais la compétition a atteint un tel niveau que l'intuition humaine reste la variable déterminante.
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Texte du panneau didactique. |
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Citation de Robin Knox-Johnston.
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La capacité à franchir les pièges des côtes européennes ne dépend pas seulement de la vitesse des bateaux. La disparité des temps de parcours en début de course rappelle qu'à la voile, ce sont les éléments naturels qui commandent. Sur les neuf éditions passées du Vendée Globe, quatre seulement ont bénéficié au départ de vents favorables - nord-ouest à est - permettant de faire route directe vers la pointe de l'Espagne et de filer ensuite rapidement vers le sud. En 2016, année record, la flotte, menée par Le Cléac'h et Thomson, a ainsi atteint la latitude de Gibraltar en trois jours alors qu'il en faudra quatre aux leaders de l'édition suivante avec des bateaux pourtant plus rapides. Pour mémoire, Robin Knox-Johnston avait mis deux semaines en 1968 pour atteindre ce niveau en partant de Falmouth (Grande-Bretagne).
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Yannick Bestaven s’entraînant à bord de Maître Coq pour le Vendée Globe 2020. La Rochelle, 24 juin 2020. © Jean-Marie Liot / Maître Coq.
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Texte du panneau didactique.
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Au fil des éditions du Vendée Globe, le départ groupé depuis les Sables d'Olonne avec un parcours laissant les trois caps - Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn - à bâbord a fini par tenir de l'évidence. Cela n'a pas toujours été le cas: en 1968, les appareillages des concurrents du Golden Globe se sont échelonnés tout au long de l'été depuis différents ports, pour la plupart anglais. L'un d'eux, John Ridgway, a même tenu à partir des îles d'Aran, à l'ouest de l'Irlande, choix parfaitement irrationnel rallongeant sa route de 400 milles par rapport à ses rivaux... Avant les années soixante, la route dangereuse des quarantièmes rugissants n'intéressait personne. Les circumnavigateurs lui préféraient la route des alizés, tournant dans l'autre sens en passant par le canal de Panama puis celui de Suez, avec l'avantage d'offrir des conditions plus clémentes et de belles escales.
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Texte du panneau didactique.
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Le directeur de course Jacques Caraes au PC course lors de la semaine prestart du Vendée Globe aux Sables d’Olonne, le 28 octobre 2020. © Jean-Louis Carli / Alea.
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Scénographie |
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Sextant de Catherine Chabaud, 19 avril 1988. Freiberger, fabricant. Matériaux composites. Collection Catherine Chabaud.
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Sextant de secours, avant 1990. Davis Instruments Corporation, fabricant. Matière plastique, verre, métal. Musée national de la Marine.
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Loch, vers 1900. Walker, fabricant. Laiton, fibre végétale, coffret en bois, cuir, métal. Collection Jean-Luc Van den Heede.
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Nagrafax, 1981. Nagra Kudelski, fabricant. Musée national de la Marine.
La capacité à recevoir des informations météo détaillées va également faire évoluer la stratégie des coureurs. Au début des années 1980, le Nagrafax fut un pionnier dans ce domaine, rapidement imité et perfectionné. En 1989, lors du premier Vendée Globe, Jean Luc Van den Heede imprimait tous les jours des cartes de prévision sur son JRC JAX9, version évoluée et plus légère de fax météo. |
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Titouan Lamazou (1955-), navigateur. Pierre Lasnier (1949-), routeur. Feuillets de situation météo établis entre
Titouan Lamazou et Pierre Lasnier, 1989. Rhodoïd plastique imperméable à l'eau. Collection Titouan Lamazou.
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3 - L'ANTICYCLONE DES AÇORES : PREMIER PIÈGE MÉTÉO
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Scénographie |
Situé au milieu de l'océan Atlantique par environ 30 degrés de latitude nord, le centre de l'anticyclone des Açores se situe le plus souvent à proximité de l'archipel portugais du même nom, régulièrement cité lors des bulletins météos à la radio et la télévision. Cette vaste zone de hautes pressions atmosphériques est un véritable bouclier au mauvais temps sur une bonne partie de l'Europe. Quand le baromètre indique 1020 hPa et plus, c’est le signe que le temps est beau sur les côtes, les dépressions atlantiques avec pluie et vents puissants étant repoussées vers le nord des îles Britanniques. Les vents soufflent alors en tournant autour du centre de l'anticyclone dans le sens des aiguilles d'une montre. En novembre, si l’anticyclone glisse légèrement vers le sud, les tempêtes naissant au large de Terre-Neuve peuvent malmener les skippers moins d'une semaine après le départ du Vendée Globe. Soit les marins évitent le mauvais temps en s'écartant du centre dépressionnaire, soit ils doivent contourner l'anticyclone afin de tenter d’accrocher les alizés, ces vents tièdes et portants qui soufflent vers les Antilles. Les marins peuvent alors quitter leurs lourds cirés et polaires, profiter de conditions météorologiques bienveillantes, et enfin récupérer tout en filant plein sud vers l'équateur.
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Texte du panneau didactique. |
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Scénographie
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Scénographie
«J'aime le Grand Sud et ses conditions de navigation difficiles. Que d'émotions intenses! Que de satisfactions engrangées! La vie de marin est vraiment magnifique. Au-dessus, il n'y a rien.»
Jean-Luc Van den Heede, Vendée Globe 1989-1990. |
Les journées à bord sont ponctuées de tâches immuables et répétitives. Dès le lever du jour, le marin charge les fichiers de prévision météorologique, appelés GRIB, sur son ordinateur puis lance un premier «routage», lui permettant de définir la route optimale. Il va consacrer une partie de la matinée à l'étude de la météo. Après un petit-déjeuner copieux, il réalise un tour complet de son bateau, afin de vérifier qu'aucun dommage n'est intervenu pendant la nuit, effectue l'entretien courant, le ménage... Puis, il s'octroie un peu de repos avant d'envoyer un message à son équipe technique et à son service de presse. Les journées ne se ressemblent jamais vraiment, et varient selon la météo, les manœuvres et les séances de «matossage» consistant à transvaser d’un bord sur l’autre des dizaines de kilos de matériel afin d'augmenter la vitesse du bateau. Une activité harassante!
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Texte du panneau didactique.
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Évocation d'une cabine de voilier et salle vidéo.
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Imoca en navigation lors des Runs Azimut 2023, photographié par Jean-Louis Carli pour la classe IMOCA. © Jean Louis Carli / Alea.
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Isabelle Joschke s’entraînant sur MACSF pour le Vendée Globe 2020, le 10 septembre 2020. © Ronan Gladu.
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4 - LE POT AU NOIR / UN OBSTACLE REDOUTÉ
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Scénographie |
Son nom scientifique est la ZCIT (Zone de convergence intertropicale), mais il est communément appelé «Pot au Noir» et se déplace de façon aléatoire. La chaleur y est suffocante, les orages, les calmes plats et les grains, violents. Nuit en plein jour, trombes d’eau et puissantes rafales sont la conséquence d'une guerre sans merci au niveau de l'équateur, entre les alizés de l'hémisphère Nord et ceux de l'hémisphère Sud. Il faut imaginer une gigantesque casserole d’eau bouillante où il est impossible de voir où vont se créer les bulles, et donc le passage le plus aisé.
Les skippers redoutent cet endroit où la température de la mer avoisine les 30 degrés et celle de l'air les 40 degrés. Cette forte humidité entraîne la formation d'énormes nuages - les cumulonimbus -, qui se déversent ensuite à travers les orages souvent violents. Les marins, alors aux aguets, dorment par tranches de vingt minutes, le plus souvent dans leur siège de veille, afin de pouvoir intervenir au plus vite en cas de coup de vent soudain. Ils terminent les derniers légumes et fruits frais, et puisent dans des sacs numérotés leurs trois repas quotidiens lyophilisés, réhydratés avec l'eau produite par le dessalinisateur.
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Chacun a choisi son avitaillement avec des spécialistes de la diététique en fonction de ses goûts, mais aussi de ses besoins en calories variant selon si l'on est sous les tropiques ou dans les mers du Sud. Sous forme lyophilisée, la nourriture est stockée dans des sacs numérotés avec les trois repas du jour, auxquels s'ajoutent des encas et sucreries. Certains embarquent aussi de vrais plats cuisinés sous forme de conserves. Le dessalinisateur produisant de l'eau douce potable est aussi indispensable que le GPS indiquant la position. La cuisine se limite à un mini réchaud à gaz, un évier «de poupée», quelques rares condiments et systématiquement de l'huile d'olive qui facilite le transit intestinal. Le sommeil fractionné est réparti sur 24 heures par tranches de 20 à 60 minutes, dans le siège de veille, sur un matelas à même le sol ou bien encore sur la bannette, selon la météo.
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Texte du panneau didactique. |
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Texte du panneau didactique.
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Rations « chaudes » et « froides » lyophilisées, 2024. Lyophilise & Co, fabricant. Aliments lyophilisés. Collection Lyophilise & Co.
Rations lyophilisées de Ellen MacArhur (1976-), 4e édition du Vendée Globe, 2000-2001. Aliments lyophilisés. National Maritime Museum Cornwall, Falmouth .
Bien que les rations lyophilisées soient de plus en plus variées et savoureuses, les marins n'hésitent pas à embarquer également des conserves cuisinées «maison», parfois même élaborées par des chefs étoilés et des spécialistes de la diététique, afin de casser la monotonie de leurs repas. À l'occasion des fêtes (Noël et Saint-Sylvestre), le solitaire améliore son quotidien avec des mets dignes d’un excellent traiteur. Les plats lyophilisés sont stockés sous vide dans des sacs numérotés portant le numéro du jour de course.
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Yves Parlier (1960-). Queue de dorade emballée dans du polyester, poisson volant et algues récoltées par Yves Parlier, 4e édition du Vendée Globe, 2000-2001. Matière organique et polyester. Collection Yves Parlier.
Ayant brisé le mât de son bateau, Yves Parlier décide de relâcher à Stewart Island, une petite île au sud de la Nouvelle Zélande. Parvenant à remâter avant de repartir mais ayant interdiction de toucher terre, il se retrouve rapidement à court de nourriture, se contentant pour tout repas d'algues et parfois de poissons volants ayant atterri sur le pont. Lors de l’arrivée d’Yves Parlier aux Sables-d'Olonne – après 126 jours de mer, contre 93 pour le vainqueur Michel Desjoyeaux, le médecin effectuant une prise de sang de contrôle, est ahuri par le taux d'iode constaté dans des proportions inimaginables. |
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Avitaillement embarqué par Robin Knox-Johnston à bord de Suhaili en 1968.
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Avitaillement embarqué par Samantha Davies pour le Vendée Globe 2020-2021.
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Avitaillement embarqué par Robin Knox-Johnston à bord de Suhaili en 1968 (détail).
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Avitaillement embarqué par Samantha Davies pour le Vendée Globe 2020-2021 (détail)
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Avitaillement embarqué par Robin Knox-Johnston à bord de Suhaili en 1968 (détail).
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Avitaillement embarqué par Samantha Davies pour le Vendée Globe 2020-2021 (détail)
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Scénographie et citation d'Ellen Macarthur |
5 - L'ANTICYCLONE DE SAINTE-HÉLÈNE : LE GRAND DÉTOUR
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Scénographie |
Il est le cousin de l'anticyclone des Açores, mais dans l'hémisphère Sud, au large de l'Afrique de l'Ouest. Les vents y soufflent en tournant autour de l'anticyclone dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Cette zone de hautes pressions tient son nom de la petite île volcanique de Sainte-Hélène (122 km‘), lieu de l'exil forcé de Napoléon Ier entre 1815 et 1821, date de sa mort. L'anticyclone de Sainte-Hélène est si étendu qu'il occupe quasiment tout l'Atlantique Sud.
À l'aller, les marins doivent le contourner par l'Ouest en rasant le Brésil, rallongeant de fait leur route vers le cap de Bonne-Espérance. Vouloir le traverser comporte un risque, celui de rester encalminé, sans vent. Dans ces mers peu formées, les évolutions des bateaux (larges carènes, quilles basculant à près de 40 degrés, ballasts et foils) permettent tout de même d'atteindre des vitesses moyennes de 20 nœuds (37 km/h), inimaginables il y a encore quelques années. Au retour, après le passage du cap Horn, les marins longent à nouveau l'Amérique du Sud, sur des bateaux éprouvés lors d’interminables journées à naviguer penchés, face au vent dans l’alizé de Sud-Est et sur une mer hachée.
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Texte du panneau didactique. |
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Citation de Yves Parlier
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Panneau didactique.
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Échantillons de matériaux pour coque, mât et voiles.
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Scénographie |
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Modèle réduit du Pen Duick V, 2000. Fabricant inconnu. Echelle 1/15e. Aluminium et plastique.
Pen Duick V n'a jamais fait le tour du monde, mais est le précurseur des 60 pieds (18,28 mètres) du Vendée Globe. Dessiné par Michel Bigoin et Daniel Duvergie en 1968 avec son skippeur Éric Tabarly, Pen Duick V mesure 10,67 mètres de long. Ce bateau très novateur est équipé de ballasts (cuves dans les flancs) contenant 500 litres d'eau de mer que l'on remplit à la main, et que l’on trouve aujourd'hui sur les bateaux du Vendée Globe. En 1969, mené par Éric Tabarly, il remporte la Transpacifique en solitaire entre San Francisco et Tokyo en 39 jours. Pen Duick V, acquis par le musée national de la Marine en 1992, est basé à Lorient et navigue toujours aujourd'hui. Groupement Les Mousquetaires. |
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Maquette d’Écureuil Poitou-Charentes 2 d'Isabelle Autissier (1956-), BOC Challenge, 1994-1995, 1994. Fabricant anonyme. Échelle 1/15e. Métal, matière plastique, textile. Musée national de la Marine, dépôt de la Caisse d'Épargne Poitou-Charentes.
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Cap de Bonne-Espérance
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Scénographie |
Le premier des caps à laisser à bâbord est situé à la pointe méridionale de l'Afrique, au sud de Cape Town. Pour les skippers, c'est la porte d'entrée dans le long tunnel des mers du Sud: de l'océan Indien au Pacifique, qui représente les 3/5e du parcours. Réputé pour ses vents et courants violents, ce promontoire rocheux est franchi très au large. Il n'est ainsi jamais vu sauf en cas d'avarie et donc d'abandon.
Atteint en 1488 par le navigateur portugais Bartolomeu Dias (vers 1450-1500) qui le nomme «cap des Tempêtes», il est rebaptisé cap de «Bonne-Espérance» par le roi Jean II (1455-1495) dans la quête d’une route vers les Indes.
Lors du premier Vendée Globe, le 11 février 1990, Jean-Yves Terlain est contraint d'y faire escale. Il y débarque dans une liesse extraordinaire: Nelson Mandela (1918-2013) vient d'être libéré après vingt-sept ans d'emprisonnement.
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Texte du panneau didactique. |
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Radeau de survie et sac (grab bag) contenant des équipements de survie: engins pyrotechniques (factices), aliments de survie et instruments électroniques (dont balises de détresse factices), 2024. Plastimo, fabricant. PVC, polyuréthane, ABS, sangle textile, toile réfléchissante, bouteille CO2 en métal. Collection Plastimo, Partenaire Sécurité de la Classe IMOCA.
Deux radeaux de survie, placés à l'intérieur et à l'extérieur de la coque, équipent les navires. C'est le dernier recours en cas de chavirage, le marin étant plus facilement repérable s'il reste dans son bateau. À l'intérieur, une balise AIS et une radio VHF complètent les rations de survie: eau potable, combinaisons SOLAS (Safety Of Life At Sea) et signaux pyrotechniques. À l'extérieur, deux panneaux de bandes radarisables améliorent la localisation du bateau. |
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Combinaison TPS, 2024. Guy Cotten, concepteur et fabricant. Néoprène.
Protection Suit (TPS) est obligatoire à bord. De nombreux marins lui doivent la vie sauve. Leurs expériences ont permis d'y apporter des améliorations. En 1996, Raphaël Dinelli se réfugie à cheval sur la coque de son bateau chaviré durant douze heures puis dans un canot de survie avant d'être récupéré trente-six heures plus tard. Contraint d'uriner dans sa combinaison aux chaussons intégrés et étanches, son urine gèle et lui provoque de graves engelures. Le modèle suivant est équipé d'une braguette et de chaussons amovibles. |
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Gilets de sauvetage SLR196 prêt à porter et gonflé, flashlight (lampe flash) et longes (ou sauvegardes) et équipements de survie, 2024. Plastimo, fabricant. Fibres textile, polyuréthane, néoprène, matériaux composites, bouteilles CO2, boucles en métal, flashlight en matière plastique avec pile alcaline, sangles en fibre textile élastique et mousquetons en aluminium.
Les gilets dont disposent les skippers sont spécifiquement conçus pour la course au large. Le déclenchement se fait automatiquement en tombant dans l’eau mais peut aussi être actionné par le marin directement. Les skippers collaborent régulièrement avec le fabricant afin d'en améliorer l'ergonomie et les caractéristiques. Ainsi, le dernier modèle prend en compte de meilleures capacités de mouvement mais aussi une purge qui permet de dégonfler le gilet plus rapidement en cas de besoin. |
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Balises Argos. Éditions 1989-1990 et 1996-1997 du Vendée Globe. CLS Argos, fabricant. Matériaux composites. Collection CLS - Pour la Terre, depuis l'Espace.
Balise AIS, 2024. Plastimo, fabricant. Matériaux composites. Collection Plastimo, Partenaire Sécurité de la Classe IMOCA.
Balise de détresse EPIRB (Emergency Position Indicating Radio Beacon soit balise de détresse GPS), 2024. Plastimo, fabricant. Matériaux composite. Collection Plastimo, Partenaire Sécurité de la Classe IMOCA.
La sécurité des skippers est la première préoccupation de l’organisation de la course. L'avis de course oblige chaque concurrent à être équipé de trois types de balises permettant de les localiser. La balise AIS signale leur position géographique toutes les six minutes pendant les phases de départ et d'arrivée, puis toutes les trente minutes durant la course. La balise Argos, à retournement, se déclenche en cas de chavirage. La balise de détresse EPIRB s'active en cas de grave problème pour alerter les secours, automatiquement ou sur action du marin. |
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Scénographie
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6 - LES QUARANTIÈMES RUGISSANTS : LES FORTUNES DE MER
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Située entre les 40e et 50e parallèles dans l’hémisphère Sud, cette zone est baptisée ainsi en raison de ses vagues déferlantes et vents violents dans des latitudes où peu de masses terrestres peuvent les ralentir. Longtemps redoutés en raison de leur puissance, les quarantièmes rugissants ont façonné les routes maritimes. En 1610, le néerlandais Hendrik Brouwer prend cet itinéraire novateur qui lui permet de rejoindre plus rapidement la Compagnie des Indes en Indonésie. En course, c'est l'un des temps forts de l'aventure, une zone de tous les dangers. Les skippers sont en alerte constante, prêts à adapter voilure, gîte (inclinaison) et à gérer le risque de collision avec les growlers, ces morceaux d'iceberg qui se détachent à l'été austral, se multiplient du fait du réchauffement climatique et dont les marins sont parmi les premiers témoins.
Endroit mythique et fascinant, c'est aussi le théâtre de naufrages et sauvetages qui relèvent bien souvent du miracle. En 1989, Philippe Poupon y est secouru par Loïck Peyron qui redresse son bateau et filme la scène. Le 27 décembre 1996, Raphaël Dinelli est sauvé par Pete Goss au large des Kerguelen après trente-six heures dans une eau glacée et une mer démontée. Quelques jours plus tard, par 55° de latitude Sud, Gerry Roufs envoie un dernier message: «Les vagues ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes». Sa disparition marquera terriblement la course. À la suite de ces événements, les organisateurs du Vendée Globe renforcent les règles de sécurité.
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Texte du panneau didactique. |
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Titouan Lamazou (1955-). Portraits de Thierry Dubois (1967-), Gerry Roufs (1953-1997), Raphaël Dinelli (1968-) et Tony Bullimore (1939-2018). Gouache et collages sur papier. Collection Titouan Lamazou.
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LE CAP LEEUWIN
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Situé à la pointe Sud-Ouest de l'Australie, le cap Leeuwin est très au nord de la route empruntée par les marins, qui ne le voient donc jamais. Ce second cap à franchir constitue symboliquement l'entrée dans le Pacifique même si celui-ci commence véritablement au sud de la Tasmanie.
Il est baptisé ainsi en 1801 par Matthew Flinders, explorateur et cartographe anglais, d'après la Leeuwin (la lionne), navire néerlandais ayant découvert et cartographié une partie de la côte Sud-Ouest de l'Australie en 1622.
Ce sont les premières courses autour du monde qui lui confèrent ce statut de grand cap bien qu'il reste le moins connu des trois. Le franchir marque le départ définitif pour les mers du Sud et leurs conditions extrêmes.
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Texte du panneau didactique. |
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Photo de Pip Hare envoyée depuis le bateau Medallia pendant le Vendée Globe le 22 décembre 2020. © Pip Hare / Medallia.
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7 - LES CINQUANTIÈMES HURLANTS : LES MARINS À RUDE ÉPREUVE
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Les cinquantièmes hurlants correspondent aux latitudes situées entre le 50e et 60e parallèle Sud, en plein océan Austral. Selon un dicton marin, «Sous 40 degrés, il n'y a plus de loi, mais sous 50 degrés, il n'y a plus de Dieu». À bord, la vie devient de plus en plus extrême. Les températures sont polaires, le bruit infernal et incessant. Avec la violence des vagues et des mouvements du bateau, se tenir debout est un combat permanent pour le marin. Dans ces conditions, les risques de chocs, de blessures et d'avaries sont élevés et peuvent signer la fin de la course. Facteur aggravant, la zone traversée est très éloignée des terres habitées et il n'existe pratiquement aucun trafic maritime.
Pour les réparations ou premiers soins, les skippers ne peuvent compter que sur eux-mêmes et sur les conseils de l’équipe à terre, architecte ou médecin.
Lors de l'édition 2000-2001, Yves Parlier répare ainsi seul son mât et parvient à terminer la course. La même année, Michel Desjoyeaux réussit l'exploit de redémarrer le moteur qui alimente les batteries du bord grâce à la force vélique de sa grand-voile et remporte l'édition. En 1996, Bertrand de Broc se recoud la langue à vif, face à un miroir, avec l'assistance à distance du Docteur Jean-Yves Chauve, médecin de la course. Aujourd’hui, tous les marins réalisent un stage de secourisme avant leur départ.
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Texte du panneau didactique. |
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Citation de Jean Le Cam.
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LE CAP HORN
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Légendaire et redouté, ce célèbre cap est le dernier à laisser à bâbord. Situé entre l'Amérique du Sud et l'Antarctique dans le détroit de Drake, à l'extrémité de la Terre de Feu, c'est souvent la première terre que les skippers aperçoivent depuis le départ.
Son nom vient de la ville de Hoorn aux Pays-Bas, soutien de l'expédition du marchand néerlandais Jacob Le Maire, premier à le franchir le 31 janvier 1616 avec le navigateur Willem Schouten.
Jusqu'à l'ouverture du canal de Suez et du canal de Panama, il est un point crucial des routes commerciales mais aussi l’un des plus dangereux. Depuis le XVIIe siècle, les registres maritimes y recensent plus de 800 naufrages et près de 10 000 morts.
Pour les marins, c'est un endroit mythique et une délivrance après les mers du Sud: la porte d'entrée de l'Atlantique et ainsi celle du retour vers la terre ferme...
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Texte du panneau didactique. |
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Pip Hare au Cap Horn.
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Portrait de Gonzalo Sepulveda, 25 ans, radariste, gardien du Cap Horn.
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Navigateur au Cap Horn.
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Titouan Lamazou (1955-). Triptyque cap Horn, 2000. Photographies et techniques mixtes sur papier. Collection Jean de Loisy. |
8 - LA REMONTÉE DE L'ATLANTIQUE : LA LONGUE ROUTE
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Si l'entrée dans l'océan Atlantique annonce la dernière ligne droite, il reste encore 7 000 milles à parcourir, soit un quart du parcours. Les skippers doivent de nouveau affronter les obstacles météorologiques rencontrés lors de la descente mais les marins, comme les bateaux, sont désormais éprouvés. Solitude, épuisement physique et moral: un dépassement de soi absolu est nécessaire après plus de deux mois de course.
Dans l'Atlantique Sud, il est ainsi à nouveau nécessaire de contourner l'anticyclone de Sainte-Hélène tout en évitant les fortes dépressions venant du Brésil. Après le délicat passage du Pot au Noir, il faut refaire face à l'anticyclone des Açores. En 1969, Nigel Tetley y fait naufrage alors qu'il est sur le point de réaliser le meilleur temps du Golden Globe et Donald Crowhurst s'y suicide. Dans l'Atlantique Nord, les dépressions peuvent être plus dévastatrices que leurs homologues australes en cette période hivernale. Parfois, les skippers doivent remonter jusqu'aux latitudes britanniques afin d'attraper un vent favorable pour descendre vers les Sables d'Olonne.
Dans ces derniers milles à parcourir, tout peut encore se jouer. La compétition fait rage et engendre des duels mythiques, ceux entre Titouan Lamazou et Loïck Peyron en 1990, Michel Desjoyeaux et Ellen Mac Arthur en 2001, François Gabart et Armel Le Cléac'h en 2013, ou encore entre ce dernier et Alex Thomson en 2017. En 2021, fait exceptionnel, les six premiers concurrents arrivent avec moins de douze heures d'écart.
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Texte du panneau didactique. |
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Citation de Samantha Davies.
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Même si certains skippers s'en défendent et malgré la haute technologie qui les entoure, les superstitions maritimes ont la vie dure à bord. Prononcer le nom de «l’animal à grandes oreilles» reste tout à fait interdit, tout comme disposer de son image sur une boîte de chocolat en poudre ou de petits pois. Certains évitent le chiffre entre 12 et 14 dans la numérotation du bord, comme celle des sacs de vivre ou de matériel. Il est également d'usage de glisser une pièce d'or sous le mât lors de la pose ou d'offrir à Neptune quelques gouttes de vin au passage de l'équateur sous peine de provoquer sa colère! Certains embarquent un objet fétiche, religieux, grigri ou porte-bonheur. D'autres une peluche, une mascotte offerte par ses enfants ou par les écoles et associations qui les suivent.
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Texte du panneau didactique.
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Suzanne Chabaud (1929-2021), créatrice. Pingouin et écharpes de Catherine Chabaud (1962-).
- Écharpe jaune avec un albatros bleu - Tour du monde de Catherine Chabaud (4e édition du Vendée Globe, 2000-2001).
- Écharpe rouge avec un cœur - Tour du monde de Tanguy de Lamotte (7e édition du Vendée Globe, 2012-2013).
- Écharpe jaune avec une abeille - Tour du monde de Romain Attanasio (8e édition du Vendée Globe, 2016-2017).
Coton, fibre de polyester.
Le Pingouin est le surnom du bateau dessiné par Marc Lombard pour Catherine Chabaud et mis à l'eau en 1998. Sous le sponsor Whirlpool - Europe 2, la navigatrice y tente son deuxième Vendée Globe en 2000-2001 mais démâte à deux jours de l’arrivée, qu'elle atteindra hors course. L'IMOCA boucle à trois autres reprises la course sous les couleurs d’Initiatives-Cœur (2012-2013), Famille Mary - Etamine du Lys (2016-2017) et TSE - 4MyPlanet (2020-2021). À chaque départ, Catherine Chabaud confie la mascotte du Pingouin au marin. Collection Catherine Chabaud. |
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Photo de Clarisse Cremer envoyée depuis le bateau Banque Populaire X pendant le Vendée Globe, le 12 décembre 2020. © Clarisse Cremer / Banque Populaire X.
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Peluches et figurines d’Anne Liardet (1961-), 5e édition du Vendée Globe, 2004-2005. Coton, fibre de polyester. Collection Anne Liardet.
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Marsupilami de Jean Le Cam (1959-), 5e édition du Vendée Globe, 2004-2005. Coton, fibre de polyester.
En 2004, lors de son premier Vendée Globe, Jean Le Cam bricole un système de chauffage avec un tuyau jaune qui lui fait penser à la queue d'un marsupilami. Il le surnomme la marsupi-thérapie. À son arrivée, son sponsor lui offre un marsupilami géant, devenu depuis sa mascotte. |
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Peluche de Jean-Luc Van den Heede (1945-), embarquée à bord de ses tours du monde, 1re édition du Vendée Globe, 1989-1990. Coton, fibre de polyester. Collection Jean-Luc Van den Heede.
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9 - L'ARRIVÉE : LE RETOUR DES HÉROS
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Du premier au dernier, tout comme les non classés ayant dû abandonner après avoir fait escale mais bouclant malgré tout leur circumnavigation, les marins sont fêtés comme des héros. De nuit comme de jour, souvent par un froid polaire ou sous une pluie battante, plusieurs milliers de spectateurs massés sur les enrochements patientent des heures au bord du chenal des Sables d'Olonne, long de plus d’un kilomètre. Quand ils dépassent le phare Saint-Nicolas, les navigatrices et navigateurs reçoivent une véritable ovation comme s'ils pénétraient dans un stade olympique après un marathon. La tradition veut que, quel que soit don résultat, le marin allume à son arrivée des feux de détresse à main de couleur rouge. Une nuée de bateaux accompagnateurs suit le marin, alors entouré de ses proches et de ses préparateurs. Une fois arrivé au ponton bondé qui menace souvent de couler, il y a la traditionnelle bouteille de champagne et les questions de la presse. Tout s'enchaîne très vite selon un protocole millimétré. Escorté par le service d'ordre et devant une foule en délire, le marin retrouve le «plancher des vaches», rejoint le podium d'un pas hésitant après quelques trois mois de mer, puis sa famille dans un petit salon. En moins d’une heure, il a quitté le mode «solitaire». Avant d'attaquer la conférence de presse, il a droit à un repas commandé en amont. Salade, viande rouge, pizza et fruits frais sont les plus prisés.
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Texte du panneau didactique. |
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Carte du parcours de Catherine Chabaud sur Whirpool - Europe 2, 3e édition du Vendée Globe, 1996-1997. Papier imprimé. Collection Catherine Chabaud.
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Ouest France. Le sacre d'Alain Gautier, 12 mars 1993.
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Maquette de Bagages Superior, bateau de Alain Gautier, 1994. Fabricant inconnu. Échelle 1/40e. Matériaux composites. Collection Alain Gautier.
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Maquette d’Écureuil d’Aquitaine II, bateau de Titouan Lamazou, années 90. Hutten, fabricant. Echelle 1/10e. Matériaux composites. Collection François Audibert.
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Citations |
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Boris Hermann à bord du Seaexplorer - YC de Monaco dans le chenal avant le départ du Vendée Globe, le 8 novembre 2020. © Olivier Blanchet / Alea.
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Maxime Sorel à bord de V and B lors de son arrivée du Vendée Globe le 30 janvier 2021. © Vincent Curutchet / Alea.
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L'arrivée et la délivrance aux Sables-d'Olonne se profilent.
Les plus de 7 000 milles (11 200 kms) depuis le passage du cap Horn sont interminables. Marins et bateaux sont éprouvés, la crainte de casser est omniprésente, la caisse à outils, à portée de mains. Le mât et le gréement font l'objet d'une surveillance accrue et la navigation dans l’alizé de Nord-Est est tout sauf une sinécure. Il faut à nouveau négocier l’anticyclone des Açores, parfois commencer à se rationner si l'on a été un peu juste sur l'avitaillement et que le voyage a pris plus de temps que prévu. La météo est l'ultime juge de paix. En cette fin d'hiver, les tempêtes sont légion et parfois redoutables.
Les marins reconnaissent que ce dernier tronçon est plus épuisant que la navigation dans les mers australes.
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Texte du panneau didactique.
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Trophée remis à Alain Gautier (1962-), vainqueur de la 2e édition du Vendée Globe, 1992-1993. Fonderie d'art Macheret, fabricant. Bronze argenté. Collection Alain Gautier.
Alain Gautier
Né en 1962 à Lorient, issu d’une famille de pêcheurs et de marins au long cours, Alain Gautier navigue à la voile avant de savoir marcher ! À peine âgé de 18 ans, il dispute sa première Solitaire du Figaro, l'emportant quelques années plus tard, avant de prendre la sixième place du premier Vendée Globe Challenge à seulement 28 ans. Il remporte la seconde édition de l'épreuve 1992-1993 en 110 jours sur Bagages Superior devant Jean-Luc Van den Heede et Philippe Poupon. Après avoir également brillé en solitaire sur multicoque, il accompagne Ellen MacArthur, et est aujourd’hui le team manager d'Isabelle Joschke. |
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Trophée remis à Titouan Lamazou (1955-), vainqueur de la 1re édition du Vendée Globe, 1989-1990. Fonderie d’art Macheret, fabricant. Bronze argenté. Collection Titouan Lamazou.
Antoine Lamazou
Né en 1955 à Casablanca, Antoine Lamazou très vite prénommé Titouan, se passionne pour le dessin. Lors de son passage aux Beaux-Arts à Marseille, les carnets de voyage de son professeur Yvon Le Corre séduisent le jeune étudiant qui décide à 18 ans de prendre le large. Équipier d'Éric Tabarly, le talentueux peintre navigateur se tourne vers la navigation en solitaire, terminant second du BOC Challenge derrière Philippe Jeantot. Puis à la barre d’Écureuil d'Aquitaine, il remporte la première édition du Vendée Globe 1989-1990 en 109 jours devant Loïck Peyron et Jean-Luc Van den Heede. |
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Trophée remis à François Gabart (1983-), vainqueur de la 7e édition du Vendée Globe, 2012-2013. Fonderie d'art Macheret, fabricant. Bronze argenté. Collection François Gabart.
François Gabart.
Né à Saint-Michel en 1983, il embarque avec ses parents et sa sœur à l'âge de 6 ans pour une année sabbatique en famille et découvre le grand large. Champion de France d’Optimist, le futur ingénieur effectue une préparation olympique sur le catamaran Tornado, avant de rencontrer quelques années plus tard celui qui va être son «mentor»: Michel Desjoyeaux. À 30 ans seulement, il remporte la huitième édition du Vendée Globe en 78 jours sur Macif, avant de lancer sa propre écurie de course au large, puis battre le record du tour du monde en solitaire de Brest à Brest sur un trimaran géant en 42 jours. |
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