EDVARD MUNCH
Un poème de vie, d'amour et de mort

Article publié dans la Lettre n°557 du 16 novembre 2022



 
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EDVARD MUNCH. Un poème de vie, d’amour et de mort. Après Akseli Gallen-Kallela en 2012 (Lettre n°337) et Âmes sauvages en 2018 (Lettre n°457), le musée d’Orsay présente une nouvelle exposition consacrée à un peintre nordique, et pas le moindre, Edvard Munch (1863-1944), connu du grand public grâce à une œuvre devenue iconique, Le Cri (1893). Déjà, en 2010, la Pinacothèque de Paris avait intitulé une de ses expositions Edvard Munch ou « L’Anti-Cri » (Lettre n°314) pour montrer que l’œuvre de cet artiste ne se réduit pas à ce seul tableau. Avec une cinquantaine de peintures majeures et autant de dessins et de gravure, nous avons une véritable rétrospective de la carrière de Munch, qui se déroule sur une soixantaine d’années.  
Le parcours ne suit pas exactement un ordre chronologique mais se construit sur le principe du cycle, qui a joué un rôle clé dans la pensée et l’art de Munch. La première section évoque les débuts de la carrière de cet artiste qui a appris le dessin et la peinture avec sa tante, Karen Bjølstad, qui l’élève depuis le décès prématuré de sa mère. En 1885 il séjourne à Paris grâce à une bourse d’études. Cela lui permet de se confronter aux œuvres des naturalistes, appréciés par les peintres norvégiens, et d’emprunter aux impressionnistes leur facture rapide et leur traitement libre des couleurs. Finalement, c’est le portrait qui a sa préférence comme le montre ceux exposés dans cette salle. C’est à cette époque que Munch écrit qu’il veut « un art qui nous prend et nous émeut, un art qui naîtrait du cœur ». C’est ce qu’expriment les trois tableaux de la section suivante, Désespoir. Humeur malade au coucher du soleil (1892) ; Puberté (1894-1895) et L’Enfant malade (1896), réminiscence de la mort précoce de sa sœur aînée.
La troisième section évoque ce que Munch appellera La Frise de la vie, à savoir la présentation de ses toiles en les regroupant par principaux motifs. On y voit des tableaux sur les thèmes de la plage (Danse sur la plage, 1899-1900), du baiser (Le Baiser, 1897), du vampire (Vampire dans la forêt, 1924-1925), de la mort (La lutte contre la mort, 1915) et, bien sûr, Le Cri dont on voit la version lithographique de 1895. On retrouve ces thèmes dans la section suivante, « Les vagues de l’amour », où viennent en contrepoint les sentiments de jalousie ou d’angoisse, et la séparation.
Comme beaucoup d’artistes de son temps, Munch pratique l’art de la reprise. La cinquième section en donne des exemples comme celui du Baiser, dont on voit huit versions, et celui des Jeunes filles sur le pont (cinq versions). On note que Munch, outre la peinture sur toile, utilise diverses techniques comme le dessin, la gravure et la lithographie qu’il pratique dès le milieu des années 1890.
En 1894, Munch rencontre en France le directeur du nouveau Théâtre de l’Œuvre, Lugné-Poe. C’est pour lui l’occasion de découvrir le monde du théâtre et du huis-clos. Il réalise les programmes de diverses pièces telles Peer Gynt, Les Revenants ou encore Edda Gabler. Ces drames lui inspirent des sujets comme La Mort de Marat (1907), une référence historique qui fait exception dans sa carrière, ou encore La Meurtrière (1907). Le théâtre l’inspire aussi dans ses autoportraits. On voit ainsi dans la septième section cinq de ses autoportraits où Munch se représente comme le feraient certains personnages de théâtre. Citons : Autoportrait à la lyre (1897) ; Autoportrait après la grippe espagnole (1919) ; Nuit blanche. Autoportrait au tourment intérieur (1920) ou encore Le Promeneur nocturne (1923-1924).
Dans la dernière section, « Le grand décor », les commissaires évoquent les commandes de grands projets décoratifs. Le premier, la Frise Linde (1904), nous montre les toiles que Munch réalise pour décorer la chambre des enfants de Max Linde, son mécène. L’artiste reprend certains sujets de La Frise de la Vie auxquels il ajoute des évocations de la nature. Malheureusement, son commanditaire lui retourne, à regret, ces œuvres qu’il trouve inappropriées. Mais son grand œuvre en matière de décor architectural est celui qu’il réalise pour la salle d’honneur de l’université de Kristiania (aujourd’hui Oslo), toujours en place de nos jours.
En guise d’épilogue, nous avons deux autoportraits, des tableaux évoquant la mort et une Nuit étoilée (1922-1924) qui fait référence au tableau de Van Gogh. Une exposition qui permet de mieux connaître l’auteur du Cri, dans une scénographie tout à fait remarquable. R.P. Musée d’Orsay 7e (01.40.49.48.14). Jusqu’au 22 janvier 2023. Lien : www.musee-orsay.fr.


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