DESSINS DE BIJOUX. Les secrets de la création. Avant 1998, le Petit Palais possédait déjà quelques dessins de bijoux reçus, la plupart du temps, par donation. Mais, en 1998, la famille Jacqueau lui fit don de la totalité des archives de son aïeul, Charles Jacqueau (1985-1968). Avec quelques achats sur les arrérages du legs Dutuit, et d’autres donations, comme celle de la petite-fille de Pierre-Georges Deraisme (1859-1932) en 2001-2002, le Petit Palais se trouve aujourd’hui en possession de plus de 5500 dessins et maquettes de bijoux. Une sélection de ces dessins, conservés en réserve pour leur éviter la lumière, nous est présentée pour la toute première fois. Les commissaires ont conçu un parcours en quatre sections, qui nous initie au processus de la création d’un bijou, comme si nous visitions un atelier.
Nous commençons par «Inspirations, aux sources du dessin». Les dessinateurs de bijoux, en particulier Jacqueau (4400 œuvres reçues) et Deraisme (plus de 700 dessins et 100 maquettes) ont des centres d’intérêt qui dépassent largement le domaine de la bijouterie et de la joaillerie. Ils s’intéressent en premier lieu à la nature, tels leurs prédécesseurs de la fin du XVIIIe siècle. Ils visitent aussi les musées, s’appropriant les formes et motifs issus de toute période et région du monde. Ils se créent des répertoires foisonnants, souvent avec des notes personnelles, comme cela se pratiquait au XIXe siècle. Nous avons ainsi des recueils d’ornements avec des modèles de bijoux ou des formes prêtent à l’emploi. Dans ces recueils, on trouve des projets qui s’inspirent aussi bien de l’Égypte antique que de la Chine et du Japon, sans oublier des influences classiques – Renaissance, néo-XVIIIe et néo-classique – en particulier pour les Maisons, telle Cartier, qui restent à l’écart de l’Art nouveau, alors à son apogée au début du XXe siècle. Un diaporama nous permet de voir l’intégralité d’un Cahier d'idées - Années 1910-1940, de Charles Jacqueau. Dans la deuxième section «Dessiner les bijoux, un art et un métier spécifique», nous voyons comment les dessinateurs de bijoux, une profession spécialisée dans cet art, procèdent pour permettre d’avoir une idée du bijou et, si le projet voit le jour, de le réaliser. Tous les dessins sont à l’échelle 1. La couleur du papier ou sa transparence permettent de différencier les matériaux et pierres utilisés. Pour les diamants, les feuilles transparentes sont très utiles, d’autant qu’il est possible de les peindre sur les deux faces, donnant un certain relief au dessin. La gouache est privilégiée grâce à ses qualités de dissolution et d’adhérence sur tout support. Aujourd’hui encore, cette technique est enseignée à la Haute École de joaillerie où un petit film documentaire a été tourné. La plupart du temps, seuls les dessins aboutis étaient gardés. Néanmoins nous avons quelques exemples des différentes étapes ayant précédé un tel dessin comme pour ce peigne «Naïade» (vers 1900) dans la section suivante, «Bijou dessiné, bijou réalisé». C’est à partir du dessin fini, avec tous les codes de couleurs et annotations qu’il contient, que la dizaine de corps de métiers nécessaires à sa réalisation peut réaliser le bijou en question. Dans un atelier, on a ainsi des modeleurs, graveurs, ciseleurs, reperceurs, émailleurs, joailliers, sertisseurs, enfileurs et polisseurs. Dans cette section, on peut voir des dessins et les bijoux réalisés à partir de ceux-ci, avec parfois quelques petites variantes. La quatrième partie montre qu’il y a une « seconde vie » pour les dessins de bijoux. En effet, ceux-ci peuvent resservir de support de création pour des copies conformes ou des variantes. Ils peuvent être conservés dans les ateliers ou les musées et collections privées, alors que les bijoux ont été dispersés, voire détruits. Les grandes maisons toujours en activité aujourd’hui, comme Boucheron ou Cartier, conservent précieusement de tels dessins. Le parcours se termine avec une sélection de bijoux appartenant à la collection du Petit Palais. Celle-ci, constituée dès l’ouverture du musée en 1902, est rarement montrée. Une exposition unique et rare avec des pièces de toute beauté. R.P. Petit Palais 8e. Jusqu’au 20 juillet 2025. Lien: www.petitpalais.paris.fr. Pour vous abonner gratuitement à la Newsletter cliquez ici
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