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 Parcours en images et en vidéos de l'exposition
 DESSINS DE BIJOUXLes secrets de la création
 avec des visuels 
              mis à la disposition de la presseet nos propres prises de vue
 
 
   
               
                 
                  
                    
                      
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                        | Entrée de l'exposition  |  
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                            La collection de dessins de bijoux du Petit Palais, riche  de plus de cinq mille cinq cents œuvres, reste méconnue.Constituée tardivement, à partir de 1998, elle est  conservée en réserve, à l’abri de la lumière. Cette exposition dévoile la  diversité et la particularité de ce fonds. S’il comprend de belles feuilles qui  portent la marque de grands noms de créateurs et de maisons de joaillerie de la  seconde moitié du XIXe au milieu du XXe siècle, comme René Lalique ou  Boucheron, il comporte aussi les fonds entiers des artistes Pierre-Georges  Deraisme et Charles Jacqueau. Ces deux ensembles permettent de témoigner de la  globalité du processus créatif du dessin de bijoux, de la première idée  rapidement jetée sur le papier à un dessin achevé et mis en couleurs.
 
 Le parcours propose de dérouler ce fil pour évoquer les  sources d’inspiration des dessinateurs de bijoux, la genèse de leurs  compositions et les techniques qui leur sont propres. Il invite à considérer  leurs dessins pour leur valeur artistique intrinsèque, mais aussi à l’aune de  leurs fonctions de conception, de fabrication et de commercialisation, parfois  au regard de la pièce finale. Il évoque enfin la longévité de ces feuilles qui  endossent de nouveaux usages une fois les bijoux réalisés.
 
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                        | Hall d'entrée de l'exposition.
 
 |  | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Hall d'entrée (accès libre).  |  
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                          Vever Frères, d’après un modèle d’Eugène Grasset. Peigne «Cygnes et  nénuphars», vers 1900. Ivoire, or repoussé, émail cloisonné translucide et  opaque, 15,5 × 9,5 × 0,5 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de  Paris. Don d’Henri Vever, juin 1925. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Ce peigne est issu de la collaboration de la Maison Vever avec Eugène  Grasset, dont l’ensemble est présenté lors de l’Exposition universelle de 1900.  En une composition symboliste, un cygne blanc et un cygne noir entrecroisent  leurs cous pour former un cœur. Le fond trilobé et nervuré reprend un motif  stylisé de feuilles de nénuphars. Avec ses émaux colorés, comme posés au  pinceau, ce peigne est qualifié de «bijou de peintre», à l’instar des modèles conçus  par Alphonse Mucha pour la Maison Fouquet. |  | Georges Callot. Dessin d’après le peigne  «Cygnes et nénuphars», vers 1900. Encre noire, papier calque, gouache, crayon graphite, 23 ×  14,8 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat, 1987.  CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Le dessin préparatoire de Grasset n’étant pas localisé, c’est la  comparaison avec une épreuve photographique de ce dernier, conservée dans le  fonds Vever du musée des Arts décoratifs, qui éclaire le statut de cette  feuille signée par le peintre Georges Callot. Le dessin du Petit Palais a  probablement été effectué d’après le bijou ou son dessin originel, à la demande  d’Henri Vever lui-même, pour garder la mémoire de cette création remarquable.  Callot avait déjà copié ainsi un tableau de Pierre Puvis de Chavannes que Vever  appréciait. |  
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 1 - INSPIRATIONS
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    InspirationsAux  sources du dessin
 Pour interroger les sources d’inspiration des dessinateurs  de bijoux, cette première section de l’exposition s’appuie essentiellement sur  les fonds complets de Pierre-Georges Deraisme et de Charles Jacqueau, donnés au  Petit Palais par leurs descendants. Ces deux artistes ont en effet  consciencieusement gardé leurs études, parfois ordonnées dans des cahiers pour  faciliter leur réemploi. Celles-ci éclairent autant les modèles qu’ils  choisissent que les premières étapes de leur processus créatif individuel.
 Pour plusieurs thématiques puisant dans les vastes  répertoires de la nature ou bien dans celui des arts, le parcours invite à  suivre l’évolution de formes et de motifs étudiés par les artistes.  Retravaillés, assimilés, parfois hybridés, ils sont disséminés dans des projets  de bijoux qui jouent de la citation comme de l’interprétation personnelle. Ils  témoignent des recherches sans restriction de ces dessinateurs cultivés dont  les centres d’intérêt et la curiosité dépassent largement le domaine de la  bijouterie et de la joaillerie.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | René Lalique (1860-1945).  Diadème chatons. Entre 1900 et 1902. Crayon graphite, encre, aquarelle et  gouache sur papier translucide BFK Rives. Paris, Petit Palais. Achat sur les  arrérages du legs Dutuit, 2002.  
                            Avec  ce projet de diadème, Lalique propose un bijou imprégné de ses observations de  la nature. Bien qu'il adopte une stylisation des formes typique de l'Art  nouveau, sensible notamment dans les boucles et enroulements souples des  rameaux, une fidélité au modèle perdure. La coiffe est constituée de branches entrecroisées  portant feuilles, bourgeons et spectaculaires chatons. Ces derniers forment des  masses cascadantes qui alternent avec des pierres, rythmant la composition de ce  bijou de tête.
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                        | Scénographie  |  
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                          NATURE
                          Dès la fin du XVIIIe siècle, les dessinateurs de bijoux  s’inspirent de la botanique, discipline en plein essor. Ils se constituent des  répertoires de formes naturelles, végétales et animales, qui alimentent leurs conceptions.  Tour à tour, selon les goûts et les périodes, les fleurs nobles et simples, les  classiques oiseaux et papillons comme les plus étranges coléoptères y trouvent  leur place.
 
 Les artistes observent la nature sur le motif, à la  campagne ou au Jardin des plantes. Ils étudient dans leurs ateliers fleurs et  feuilles coupées ou encore consultent des ouvrages scientifiques, des traités  et des recueils d’ornements qui en offrent déjà une première interprétation. Le  regard précis et naturaliste de travaux réalisés sur le vif peut donner lieu à  des projets qui traduisent une quête de stylisation, empreinte de fantaisie et d’imaginaire  ou bien tendant à l’épure et à l’abstraction.
 
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                        | Texte du panneau didactique. 
 
 |  | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...). Cahier d'idées n°4, 1940. Crayon  graphite sur papier ligné. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Les oiseaux stylisés,  parfois hybridés avec les motifs de nœuds et de végétaux qui les jouxtent,  occupent une belle place dans ce cahier de Jacqueau. Ces deux pages densément remplies  de projets de broches, de clips et de breloques, suggèrent un dessinateur  frénétique et un travailleur acharné. L'artiste, affranchi de tout réalisme,  accumule les idées tantôt amusantes, tantôt élégantes: chouette aux grands  yeux, coq-girouette, oisillon sortant sa tête de l'œuf ou encore couple de  volatiles perchés sur une branche. |  
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                        | Citation  |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...):1- Broche oiseau, années 1940.  Crayon graphite, encre noire et gouache sur papier translucide.
 2- Broche  oiseau, années 1940. Crayon graphite et gouache sur papier translucide.
 3-  Broche oiseau, s.d. Crayon graphite sur papier translucide. Paris, Petit  Palais. Donation famille Jacqueau 1998.
 
 Ces trois projets de broches présentent une mise en couleurs.  Celle-ci permet, autrement que par des annotations dont elle est parfois complémentaire,  de visualiser les matériaux imaginés par l'artiste pour la réalisation de ces  bijoux: diamants, saphirs, or jaune ou blanc, émail... La gouache transforme  aussi un Oiseau huppé en bijou patriotique bleu, blanc et rouge, plutôt que  bleu, blanc et vert, comme le suggère l'inscription précédant son application  sur le dessin. La couleur contribue à la fantaisie de ces projets de broches et  de clips animaliers, à la mode des années 1920 aux années 1960. |  
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                            À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la nature est  la source d’inspiration principale de l’Art nouveau. René Lalique et  Pierre-Georges Deraisme sont tous deux représentants de ce mouvement artistique  qui cherche à abolir la hiérarchie entre beaux-arts et arts décoratifs.  Deraisme, bien que créateur à son propre compte, est aussi ciseleur pour  Lalique: cette relation influence nécessairement son travail. Tous deux  étudient végétaux et animaux, les insectes notamment, avec une rigueur quasi  scientifique. De ces premières études très réalistes découlent des projets qui  laissent place à une stylisation spécifique à l’Art nouveau. Les bijoux qu’ils  conçoivent restituent ainsi la nature avec davantage de fantasmagorie que de  réalisme. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Pierre-Georges Deraisme  (1859-1932). Épingle à chapeau insecte. Vers 1900. Crayon graphite, encre et  gouache sur papier translucide BFK Rives. Paris, Petit Palais. Donation  Monsieur et Madame Martin L'Ebraly, 2001. 
 
 Ce projet d'épingle à  chapeau offre un exemple d'application à un bijou d'un motif stylisé de  coléoptère. L'insecte présente de longues mandibules crantées. Celles-ci sont  exagérément étirées et recourbées: cette déformation ornementale est aussi fonctionnelle  puisqu'elle leur permet d'enserrer la forme circulaire translucide qui coiffe  l'épingle. Ce projet est représentatif de la veine Art nouveau du travail de  Deraisme qui conçoit également à la même époque des bijoux historicistes. |  
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                        | Scénographie  |  
                        |    Nombre de dessinateurs de bijoux, parmi lesquels  Pierre-Georges Deraisme et Charles Jacqueau, cherchent dans les musées ou dans  les bibliothèques des références pour alimenter leurs créations et stimuler  leur imagination. Ils reprennent à leur compte l’idée d’Owen Jones, auteur de  la Grammaire de l’ornement (1856), parangon du genre, selon laquelle il est impossible  de faire du neuf sans l’aide du passé.Les artistes compilent et s’approprient ainsi formes et  motifs issus de toute période et région du monde, et de tout domaine suscitant  leur curiosité, au-delà des arts décoratifs et de l’architecture. Ce faisant,  ils se créent des répertoires personnels foisonnants, sommes d’études, de  décalques et de notes prêts au réemploi. Ils reprennent en cela le modèle des  recueils d’ornements, qui connaissent leur apogée au XIXe siècle et qui restent  leurs références de prédilection.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Sous  la direction de Jules Maciet (1846-1911). Album Maciet 113/1, «Bijoux,  Agrafes, boucles, broches. Antiquités». Vers 1887-1940. Carcasse en carton dur,  reproductions par procédés photomécaniques contrecollés sur des feuillets  attachés par des baguettes en bois serrées par des vis. Paris, bibliothèque des  Arts décoratifs. 
 
 En 1887, Alfred de  Champeaux, conservateur de la bibliothèque de l'Union centrale des arts  décoratifs, décide du classement des milliers d'images accumulées depuis son  ouverture. Le collectionneur Jules Maciet lui prête main-forte: il trie,  découpe, colle, enrichit cette somme encyclopédique. Répartie dans des albums  par thématiques et par ordre chronologique, elle offre aux usagers de la salle  de lecture des sources d'inspiration variées. Parmi d'autres, Charles Jacqueau  copie ou décalque nombre de ces images. |  
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                        | Scénographie  |  
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                                                    FRANÇOIS CHARLES JACQUEAU
                          (1885-1968)
 Après des études à l’École professionnelle artistique  Bernard Palissy puis à l’École des arts décoratifs, dont il est diplômé en  1906, Charles Jacqueau travaille comme dessinateur chez des bronziers parisiens.  En 1909, grâce à un ancien condisciple, il intègre la Maison Cartier. Il occupe  rapidement une place de choix au sein du studio de création, et entretient une  relation d’estime et de confiance avec Louis Cartier, qui apprécie sa curiosité  intellectuelle et son inspiration sans cesse renouvelée. Après la mort de ce  dernier, en 1942, Jacqueau s’éloigne de la création du stock de haute  joaillerie et se concentre sur les commandes clients. Il participe à la  réorganisation de l’atelier de Cartier Londres entre 1945 et 1950, et prend sa  retraite en 1954.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | François Charles Jacqueau (1885-1965). |  
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                            Si Charles Jacqueau, tout comme René Lalique et Pierre-Georges  Deraisme, apprécie la nature, qu’il observe volontiers sur le motif, au Jardin  des plantes par exemple, il s’en empare aussi par le biais de publications. En plus  de lectures dans des institutions publiques et de références qu’il acquiert à  titre personnel, la bibliothèque de la Maison Cartier lui fournit nombre de  modèles. Elle met à la disposition des dessinateurs une somme d’ouvrages  hétéroclites, des recueils d’ornements aux livres scientifiques qui offrent  également un répertoire ordonné de formes. Ces publications apportent souvent  une première stylisation des motifs végétaux et animaux que les créateurs  peuvent reprendre, amplifier ou réinterpréter à leur tour.
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                        | Charles Jacqueau (1885-1968),  pour la Maison Cartier (1847-...). Broches fleurs. Années 1940. Crayon graphite  et gouache sur papier translucide. Paris, Petit Palais. Donation famille  Jacqueau, 1998. |  | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968). Cahier d'idées. Années  1910-1940. Carnet contenant des dessins, certains contrecollés, au crayon  graphite, aux crayons de couleur, à l'encre ou à la gouache, ainsi que des  photographies et des reproductions par procédés photomécaniques contrecollées. Paris,  Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 Les cahiers d'idées de  Charles Jacqueau consistent en une compilation de photographies, d'images découpées  dans des revues de mode, d'histoire de l'art, d'archéologie, d'ethnologie ou  encore d'ornithologie, et de dessins. Ceux-ci peuvent être des copies d'objets ou  de motifs qui éveillent l'intérêt de l'artiste, mais aussi des projets de  bijoux rapidement formulés et agglomérés à cette masse visuelle. Jacqueau se  compose ainsi un répertoire de formes auquel il revient sans cesse pour  stimuler son imagination. |  | Ce diaporama propose de  parcourir le cahier d'idées de Charles Jacqueau présenté ci-contre. Le défilement  des pages où sont contrecollées des images hétéroclites, accompagnées pour  certaines d'annotations ou de croquis saisissant une idée de bijou, révèle la  diversité de ses sources d'inspiration et les premières étapes de son processus  créatif. Cette somme visuelle témoigne ainsi des appétences multiples et des  capacités d'assimilation de Jacqueau. |  
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                        | Scénographie  |  
                        |                            PIERRE-GEORGES DERAISME (1859-1932)
                         
 Pierre-Georges Deraisme se forme à la ciselure auprès de  l’orfèvre Eugène Michaut. Également dessinateur et modeleur, il vend ses  projets de bijoux à différentes maisons et travaille comme ciseleur pour René  Lalique à partir de 1890. Il obtient pour cette collaboration une médaille d’or  à l’Exposition universelle de 1900. En 1908, Deraisme s’associe à Georges Uldry  pour ouvrir une boutique au 7, rue Royale, où il présente ses propres  créations. De 1909 à 1919, il expose bijoux et objets d’art dans les vitrines  du Salon des artistes décorateurs et s’éloigne progressivement de l’esthétique  Art nouveau au profit de pièces annonciatrices de l’Art-déco. Au lendemain de  la Première Guerre mondiale, il devient directeur artistique des parfums Coty.  Il enseigne à l’École Boulle jusqu’à sa mort.
 
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Cartier Paris (1847-...).  Broche-pince «Oiseau», 1944. Or, platine, diamants, émeraudes, saphirs, rubis.  Collection Cartier. |  
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                        | Scénographie  |  
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                         MAISON CARTIER (1847-…)
 En 1847, Louis-François Cartier rachète l’atelier de  joaillerie de son maître Adolphe Picard et fonde sa maison, qui séduit une  clientèle issue de la haute société. Son fils Alfred lui succède en 1874. Ses  trois petits-fils participent à leur tour au développement de Cartier. En 1898,  Louis, l’aîné, rejoint l’entreprise, qui installe l’année suivante sa boutique  et un studio de dessinateurs au 13, rue de la Paix. Pierre, le cadet, ouvre une  filiale à Londres en 1902 puis à New York en 1909, tandis que Jacques, le  benjamin, prend les rênes de Cartier Londres. La maison ignore à dessein l’Art  nouveau et fait figure de précurseur pour l’Art déco. Directeur artistique,  Louis Cartier entretient un rapport privilégié avec les dessinateurs, dont il  encourage la curiosité intellectuelle. Il cède ce rôle en 1933 à Jeanne  Toussaint. La maison est toujours en activité aujourd’hui.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Maison Cartier (1847-…).
 
 En 1847, Louis-François  Cartier rachète l’atelier de joaillerie de son maître Adolphe Picard et fonde  sa maison, qui séduit une clientèle issue de la haute société. Son fils Alfred  lui succède en 1874. Ses trois petits-fils participent à leur tour au  développement de Cartier. En 1898, Louis, l’aîné, rejoint l’entreprise, qui  installe l’année suivante sa boutique et un studio de dessinateurs au 13, rue  de la Paix. Pierre, le cadet, ouvre une filiale à Londres en 1902 puis à New  York en 1909, tandis que Jacques, le benjamin, prend les rênes de Cartier  Londres. La maison ignore à dessein l’Art nouveau et fait figure de précurseur  pour l’Art déco. Directeur artistique, Louis Cartier entretient un rapport  privilégié avec les dessinateurs, dont il encourage la curiosité  intellectuelle. Il cède ce rôle en 1933 à Jeanne Toussaint. La maison est  toujours en activité aujourd’hui. |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...). Montres et bagues panthère. Vers  1914-1915. Crayon graphite et encre noire au recto, encre noire au verso sur  papier translucide. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998l. |  | Jean-Henri-Prosper Pouget  (17??-1769). Planche extraite du Traité des pierres précieuses et de la manière  de les employer en parure. 1762, Paris, chez l'auteur. Réédition en fac-similé  d'un recueil illustré de gravures à l'eau-forte. Paris, archives Cartier. |  
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                        | Scénographie  |  
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                                                    INFLUENCES CLASSIQUES
                          
                          Au début du XXe siècle, alors que l’Art nouveau est à son  apogée, la Maison Cartier s’en tient intentionnellement à l’écart et reste  fidèle à des modèles classiques, Renaissance, néo-XVIIIe et néo-classiques.  Elle adopte durablement un vocabulaire pétri de références plus ou moins  réinterprétées et visibles à l’Antiquité, source récurrente d’inspiration en  bijouterie-joaillerie, tant pour les ornements que pour certaines techniques  comme les camées. Lors de voyages et de visites architecturales ou muséales, ou  bien grâce à des recueils d’ornements, Charles Jacqueau étudie ainsi pour mieux  les assimiler des motifs issus de l’architecture ou des arts décoratifs grecs  et romains. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Friedrich Hottenroth  (1840-1917). Le costume, les armes, les bijoux, la céramique, les ustensiles,  outils, objets mobiliers, etc. chez les peuples anciens et modernes, 1885-1889,  Paris, A. Guérinet. Publication illustrée comportant 120 planches en couleurs  de reproductions par procédés photomécaniques. Paris, archives Cartier.
 
 L'édition française de cet  ouvrage de Friedrich Hottenroth figure dans la bibliothèque de Louis Cartier.  Une succession de planches colorées, accompagnées de pages explicatives, y  propose une histoire mondiale du costume dans une démarche encyclopédique  typique du XXe siècle. Parmi les illustrations qui ont pu inspirer les  dessinateurs de la maison, deux bracelets filigranés d'une planche consacrée au  costume chinois trouvent un écho frappant dans les bracelets aux têtes de  dragons présentés ci-contre. |  
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                        | Dessinateur non identifié, pour Cartier Paris. Dessin  pour un bracelet Chimères, 1928. Crayon graphite,  encre et gouache sur papier vélin translucide. Archives Cartier, Paris. ©  Cartier. 
 
 |  | Cartier Paris. Bracelet rigide «Chimères», 1928. Or émaillé, corail  sculpté, saphirs, diamants, émeraudes, onyx, 7,4 × 8,15 × 1,60 cm. Collection  Cartier, Paris Nils Herrmann, Collection Cartier © Cartier.
 
 Le bracelet «Chimères», caractérisé par sa forme rigide et ses têtes  affrontées, connaît une belle longévité chez Cartier. Il est influencé par des  bracelets indiens que la maison importe pour les revendre tels quels, dans le  cas du stock oriental, ou bien pour les modifier ou les intégrer dans de  nouvelles pièces, dans le cas du stock des apprêts. Ce bracelet résulte quant à  lui du concours d’ateliers sollicités par Cartier: les têtes de dragons en  corail sont sculptées par Dalvy, et le reste du bijou, réalisé par Lavabre. |  
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                        | Photographe non identifié. Épreuves  photographiques d'un bracelet indien. Vers 1921-1922. Trois épreuves  photographiques annotées au crayon graphite, contrecollées sur papier. Paris,  Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Ces photographies annotées  de la main de Jacqueau semblent indiquer qu'il a vu le bracelet de ses propres  yeux. Peut-être figurait-il dans la collection personnelle de Louis Cartier,  dans le stock des apprêts ou dans le stock oriental de la maison, tous deux  accessibles aux dessinateurs. L'attention que Jacqueau accorde aux formes, aux  motifs, aux couleurs et aux matériaux qui composent ce bijou, lui permet d'en  maîtriser la référence pour proposer des créations qui s'en inspirent. |  | Cartier Paris (1847-...).  Bracelet «Chimères », 1929. Platine, diamants, saphirs. émeraudes, cristal de roche.  Collection Cartier. |  
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                        | Cartier Paris. Broche draperie, commande de 1922. Platine, diamant,  corail, onyx, 13,9 × 16,9 cm. Collection Cartier, Paris. Nils Herrmann,  Collection Cartier © Cartier. |  | Charles Jacqueau pour Cartier. Pendentif,  début des années 1910. Crayon graphite, gouache et encre noire au recto,  gouache au verso sur papier vergé translucide. 18,5 × 6,4 cm. Petit Palais,  musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Donation famille Jacqueau, 1998. ©  Charles Jacqueau - Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la  Ville de Paris. 
 
 Sans doute jugé trop fantaisiste pour Cartier, ce projet de pendentif  n’a pas été réalisé. Il est en revanche exemplaire des hybridations opérées par  Charles Jacqueau à partir de motifs et de couleurs prélevés dans des viviers  d’inspiration différents. Les branches fleuries inscrites dans un disque  évoquent un élément décalqué par l’artiste dans Le  Japon artistique, le disque lui-même fait écho au bi en jade chinois, tandis que les  deux cyprès stylisés appartiennent au lexique des arts de l’Islam. |  
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                        | Scénographie  |  
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                                                    VISITES DE MUSÉES
                          
                          Si les bibliothèques jouent un rôle prépondérant dans la  diversification des sources qui intéressent les dessinateurs de bijoux, ceux-ci  savent également chercher leur inspiration dans les musées, nombreux dans la  capitale parisienne, mais aussi visités lors de déplacements, en France ou à  l’étranger. Il faut encore y ajouter certaines collections privées accessibles  aux intéressés. Procédant de la même manière que les recueils d’ornements, ces  institutions muséales classent et organisent les œuvres pour la présentation  aux visiteurs, les rendant assimilables par les artistes. Louis Cartier ou Léon  Rouvenat encouragent ainsi leurs créateurs à parcourir les musées pour stimuler  leur inventivité et mieux œuvrer pour leur maison respective. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...). Broches, attache et pendentif.  Crayon graphite, encre noire et gouache sur papier translucide. Paris, Petit  Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Cet ensemble de projets,  remontés sur un support adapté à leur conservation, frappe par sa diversité. La  broche vase est agrémentée, sur la panse du récipient renversé, d'une frise  grecque de feuilles de lierre tirée de la Grammaire  de l'ornement. Ce motif se mêle à d'autres références, toutes travaillées  et entrecroisées à la même époque par l'artiste: rose stylisée typique de l'Art  déco, apprêts chinois en pierres sculptées, ou encore harmonies colorées  inspirées des bijoux indiens. |  
                        |                            RECUEILS D'ORNEMENTS, MODÈLES DE BIJOUX
 Dès le  XVIe siècle, des recueils gravés et imprimés de modèles de bijoux, parfois  produits par les orfèvres eux-mêmes, diffusent des formes qui sont ainsi  accessibles à d’autres professionnels de la bijouterie-joaillerie. Des  pendentifs conçus par Daniel Mignot dans les années 1590, connus de  Pierre-Georges Deraisme, aux compilations de créations de Nicolas Joseph Maria  et Jean-Henri-Prosper Pouget, publiés tous deux dans les années 1760, ces  ouvrages font circuler des modèles dont l’influence perdure. Ces deux derniers  exemples figurent en bonne place dans la bibliothèque Cartier, où Charles  Jacqueau les consulte à plusieurs reprises. Ils témoignent du goût néo-XVIIIe  défendu par cette maison au début du XXe siècle.
 |  |  RECUEILS D'ORNEMENTS, FORMES PRÊTES À L'EMPLOI
                            Comme nombre de praticiens avant eux, Charles Jacqueau et  Pierre-Georges Deraisme étudient, copient, décalquent et s’inspirent dans les  bibliothèques privées, professionnelles ou ouvertes au public, telles la  bibliothèque du musée des Arts décoratifs, la bibliothèque Forney et la  Bibliothèque d’art et d’archéologie. Ils y consultent des recueils d’ornements  qui leur offrent des modèles, classifiés par types, époques ou régions du  monde, afin d’en faciliter l’appropriation par les artistes. D’autres  compilations ordonnées d’images, ainsi que des publications spécialisées aux  préoccupations parfois éloignées des applications ornementales, sont mises à  profit par les dessinateurs qui diversifient leurs sources d’inspiration.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Texte du panneau didactique. |  
                        |                            ÉGYPTOMANIE
                          
 L’expédition militaire et scientifique menée par le général  Bonaparte en Égypte de 1798 à 1801, le déchiffrement des hiéroglyphes par  Champollion en 1822 et, un siècle plus tard, la découverte de la tombe de  Toutankhamon nourrissent la fascination, durable, de l’Occident pour l’Égypte  antique. Nombreux sont les bijoutiers et joailliers qui exploitent cet  engouement dès la première moitié du XIXe siècle. Au début du XXe siècle, la  Maison Cartier prend à son tour part à l’égyptomanie ambiante. Charles Jacqueau  alimente ainsi ses projets en multipliant ses approches du répertoire décoratif  égyptien, étudiant aussi bien la Grammaire  de l’ornement d’Owen Jones que des publications plus  spécialisées, comme L’Art égyptien de l’égyptologue Jean Capart.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Owen Jones (1809-1874). Grammaire de l'ornement, 1865. Londres,  Day and Son / Paris, Cagnon. Publication illustrée comportant 112 planches en  couleurs de reproductions par procédés photomécanique. Paris, archives Cartier. 
 
 La Grammaire de l'ornement d'Owen Jones est un  indétrônable exemple de ces recueils du XXe  siècle qui tentaient de classifier des modèles décoratifs par époques et par  aires géographiques. Inexacte à bien des égards, cette publication offre  néanmoins aux artistes un catalogue ordonné de motifs dont l'appropriation est  aisée. Louis Cartier n'avait lui-même que l'édition in-folio, mais les  dessinateurs pouvaient parcourir les immenses planches de l'édition originale à  la bibliothèque des Arts décoratifs, par exemple. |  
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                        | Scénographie  |  
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 2 - DESSINER LES BIJOUX
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    DESSINER  LES BIJOUXUN ART ET UN MÉTIER SPÉCIFIQUES
 Les dessins de bijoux sont le plus souvent dus à des  artistes spécialisés dans ce domaine. Parfois praticiens en plus d’être  dessinateurs, ils sont formés en interne dans les ateliers ou dans des écoles destinées  aux futurs artisans. Ces feuilles étant rarement signées, l’identité et la  position de leur auteur, interne ou externe à l’atelier, sont souvent  difficiles à déterminer.
 Ces dessins, avant tout fonctionnels, servent à la  réalisation d’une pièce. À ce titre, ils répondent à des codes que leur auteur  et leurs destinataires connaissent et respectent. Le plus important est sans  doute le principe de l’échelle 1. Le bijou est en effet représenté à la taille  réelle de sa potentielle exécution, de sorte que quiconque consulte le dessin  en saisisse les dimensions exactes. Les dessinateurs et maisons suivent de plus  des préférences qui leur sont propres, par exemple dans le choix de couleurs symbolisant  l’une ou l’autre pierre. Un dessin de bijou est ainsi à la fois le point de  départ d’un projet et le support de référence, passé de main en main dans les  ateliers.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Carl Philippi (1843-1871). Broche  néo-Renaissance. Vers 1865-1870. Crayon graphite et gouache sur papier.
 
 Les dessins de mise au net  et même les gouachés, pourtant considérés comme la forme la plus aboutie du  dessin de bijou, peuvent encore porter les marques d'hésitations, de repentirs  ou d'inflexions, qui révèlent que le processus créatif est en cours. Des tracés  au crayon graphite que Carl Philippi n'a pas pris la peine d'effacer, en partie  haute de ce dessin, suggèrent des ajustements pour augmenter le décor  néo-Renaissance de ce projet de broche. |  
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                        | Scénographie  |  
                        |    La collection du Petit Palais permet de témoigner de  l’ensemble du processus créatif du dessinateur de bijoux, de la première idée  rapidement jetée sur le papier à un dessin achevé et mis en couleurs. Rarement  conservés – parce qu’ils n’ont pas été retenus ou qu’ils ont été remplacés par  des dessins plus aboutis –, les croquis initiaux révèlent les premières étapes  de la réflexion de leur auteur. Si l’idée est retenue, ils sont suivis d’une  mise au net. Ce nouveau dessin, rigoureux et précis, prend en compte les  contraintes des matériaux du futur bijou, le placement des pierres ou  l’articulation de la monture, afin de servir de guide pour la fabrication de  l’objet. Il peut encore être suivi d’une ultime étape, le gouaché.  Compréhensible pour les praticiens des ateliers, mais aussi pour les clients  moins informés, ce dessin volontiers séduisant offre une image fidèle du futur  bijou, consciencieusement figuré et coloré.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Charles Jacqueau  (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Broche pince. Années 1920-1940.  Crayon graphite recto verso et crayon de couleur bleu sur papier quadrillé.  Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Bijoux multifonctionnels,  les broches pinces peuvent être portées seules, mais elles sont également  pensées pour être fixées sur des bracelets. Une succession de dessins autour de  ce type de pièce montre les tâtonnements du dessinateur. Charles Jacqueau  définit d'abord le principe d'une symétrie centrale et les masses qui  constituent la broche. Ces premiers dessins, effectués au crayon graphite ou au  crayon de couleur, peuvent être assez grossiers. La taille des pierres est  toutefois déjà esquissée ici. |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Jumelles de théâtre. Années  1910. Crayon graphite sur papier. Paris, Petit Palais. Donation famille  Jacqueau, 1998. 
 
 Charles Jacqueau  s'approprie la forme des jumelles de théâtre grâce à un dessin très simple.  L'objet, appréhendé sous deux angles, y est réduit à son profil, tracé de  manière à respecter ses dimensions. Il est dépourvu de tout décor. Dans un  second temps, le dessinateur habille cette silhouette à l'encre et à la gouache:  la mise en couleurs propose différents motifs. Puisqu'elle est régulière, la  trame de ce décor en émail n'est travaillée que sur une moitié des jumelles. |  | Charles Jacqueau pour Cartier. Jumelles de théâtre,  années 1910. Crayon graphite encre noire et gouache au recto gouache et encre  noire au verso sur papier vélin translucide, 6,5 × 9,9 cm. Petit Palais, musée  des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Donation famille Jacqueau, 1998. © Charles  Jacqueau - Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de  Paris. |  
                        |  |  |  |  
                        | Charles Jacqueau  (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Pommeau. Vers 1910. Crayon  graphite et gouache au recto, gouache au verso sur papier translucide BFK  Rives. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998l. |  | Pierre-Georges Deraisme  (1859-1932). Manche de peigne (allégorie de l'architecture). Vers 1899. Crayon  graphite et gouache au recto, gouache au verso sur papier translucide BFK  Rives. Paris, Petit Palais. Donation Monsieur et Madame Martin L'Ebraly, 2001. 
 
 Entourée d'enroulements  végétaux stylisés, une allégorie de l'architecture occupe le centre de ce  projet de manche de peigne. Pierre-Georges Deraisme la représente sous les  traits d'une femme nue, debout, tenant d'une main une feuille de papier et de l'autre  un compas appuyé sur un chapiteau corinthien. Son crayon graphite n'étant pas  assez fin pour restituer les détails des feuilles d'acanthe de cet élément,  Deraisme en dessine un agrandissement dans l'angle supérieur droit de la page. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
                        |   Les dessinateurs de bijoux, contraints par le peu de matériaux et de  techniques à leur disposition, savent tirer parti des spécificités des  supports. Les papiers colorés mettent ainsi en valeur les gouachés, notamment  dans le cas de projets qui font la part belle aux diamants. Les papiers  translucides se prêtent bien, quant à eux, à l’évocation de la lumière qui  traverse les pierres et les émaux. Ces feuilles, que l’on peut travailler au  recto aussi bien qu’au verso, permettent de restituer l’illusion d’un objet en  volume en jouant de la transparence et de la superposition de couches  graphiques. Le recto est alors souvent dévolu à la représentation des éléments  les plus saillants des bijoux, ainsi que des reflets lumineux à leur surface. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Charles Jacqueau (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Bougeoir. Vers 1910. Crayon graphite et gouache au recto, gouache au verso sur papier translucide BFK Rives. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
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  Frédéric  Philippi (1814-1892), le père de Carl, se forme à la bijouterie et à la  ciselure à Hambourg. En 1836, il s'installe à Paris et débute comme ouvrier  dans l’atelier du bijoutier Pierre Caillot, où ses aptitudes le conduisent  rapidement à la réalisation de dessins et de modèles. En parallèle, il ouvre un  petit atelier, en 1838. Ses premiers succès lui permettent de déménager son  activité dans un local plus spacieux, où il travaille avec une douzaine  d'ouvriers à des bijoux de commande et des pièces inspirées de la Renaissance allemande  qui font sa renommée. Son fils Carl, dont le joaillier Henri Vever souligne le  talent prometteur, le rejoint, mais meurt prématurément, en 1871, à la bataille  de Buzenval. Frédéric Philippi associe sa maison à celle de Caillot, Peck et  Guillemin Frères en 1876. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Carl Philippi (1843-1871).  Broche. Vers 1865-1870. Crayon graphite et gouache sur papier. 
 
 Par un travail très fin de  la gouache, Carl Philippi traduit avec brio l'éclat des diamants, les reflets  lumineux sur le métal, sur son décor en émail noir, et les irisations qui  donnent vie à la perle centrale. Un léger lavis restitue l'ombre portée de la  broche. Philippi suit ici une convention du dessin de bijou, qui veut que la  lumière éclaire l'objet depuis l'angle supérieur gauche de la feuille. Une  impression saisissante de volume en résulte. |  
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                        | Scénographie  |  
                        |    Léon Rouvenat (1809-1874) entre en 1827 dans l’atelier du  bijoutier Hugues Calmette, beau-frère de Charles Christofle. Rouvenat dirige  l’activité joaillière de cette affaire familiale à partir de 1849, puis fonde  sa propre maison, en 1851. Récompensé lors des expositions universelles  suivantes, il connaît un grand succès pendant le Second Empire, attirant une  clientèle prestigieuse avec des bijoux historicistes ou naturalistes. Il est à  la tête d’une véritable manufacture joaillière qui réunit en un même lieu  dessinateurs, batteurs d’or, lapidaires ou encore orfèvres, ainsi que des  salons pour recevoir les clients. Son gendre Charles Lourdel lui succède en  1874, puis Félix Desprès prend la relève en 1883. La Maison Rouvenat-Desprès  disparaît peu avant la Première Guerre mondiale et est recréée en 2022. |  |  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  | Dessinateur non identifié pour Léon Rouvenat. Bracelet  et collier, années 1850-1870. Crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier  vélin translucide. 27 × 21,8 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. Don Marc Bascou, 2018. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Ce dessin représente la moitié d'une parure composée d’un bracelet, d’un  collier, d’un diadème et d’une broche. Des motifs de fleurs et de feuilles,  repris pour chacun de ces bijoux, donnent une unité à l’ensemble. Le traitement  de ces éléments végétaux traduit une observation fine du modèle et une volonté  de réalisme, qui passe également par l’intention d’insuffler la vie à cette  parure: le mince trait qui représente les tiges chargées de pluies de  clochettes laisse deviner un montage sur trembleuses, qui les feront frémir au  moindre mouvement grâce à un système de ressort. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          PIERRE-GEORGES DERAISME (1859-1932)
                          Pierre-Georges  Deraisme se forme à la ciselure auprès de l’orfèvre Eugène Michaut. Également  dessinateur et modeleur, il vend ses projets de bijoux à différentes maisons et  travaille comme ciseleur pour René Lalique à partir de 1890. Il obtient pour  cette collaboration une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1900. En  1908, Deraisme s’associe à Georges Uldry pour ouvrir une boutique au 7, rue  Royale,
 |  | où il présente ses propres créations. De 1909 à 1919, il expose bijoux  et objets d’art dans les vitrines du Salon des artistes décorateurs et  s’éloigne progressivement de l’esthétique Art nouveau au profit de pièces  annonciatrices de l’Art-déco. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il  devient directeur artistique des parfums Coty. Il enseigne à l’École Boulle  jusqu’à sa mort. |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  |  |  
                        | Pierre-Georges Deraisme  (1859-1932). Pendentif naïade et serpents, Vers 1905. Crayon graphite, encre et  gouache sur papier. |  | Pierre-Georges Deraisme. Broche scarabée égyptien, vers  1905. Crayon graphite, encre et gouache sur papier, 8,2 × 13,5 cm. Petit  Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Donation de Monsieur et  Madame Martin L’Ébranly, 2001. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Avant l’ouverture de sa propre boutique en 1908, Deraisme dessine et  ciselle pour le compte d’autres ateliers de fabrication et maisons. La  versatilité des styles qu’il aborde sur une courte période est révélatrice de  ce travail de sous-traitance. Afin de répondre au goût de tous, il est capable  d’imaginer des bijoux néo-Renaissance, néo-gothiques, de s’imprégner de  l’esprit rocaille ou Art nouveau, de proposer des pièces néo-XVIIIe ou  «égyptomaniaques», telle cette broche scarabée. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          RENÉ-JULES LALIQUE (1860-1945)
                          
 Doué pour le dessin, René Lalique entre en apprentissage en  1876 dans la Maison Aucoc, où il se forme aux techniques de la bijouterie. Il  s’installe comme dessinateur indépendant en 1882, œuvrant pour Cartier,  Fouquet, Vever ou encore Boucheron. À partir du Salon des artistes français de 1895,  il expose à son nom. Promoteur de l’Art nouveau, il réinterprète la faune, la flore  et la figure féminine, et met
 
 
 |  | en avant des matériaux tels que la corne et les  pierres fines, au détriment des pierres précieuses. Il renouvelle ainsi l’art  du bijou en défendant la valeur de la conception, supérieure à celle, vénale,  des gemmes. Lalique triomphe à l’Exposition universelle de 1900, lors de  laquelle il reçoit un grand prix. Par la suite, il délaisse peu à peu le bijou  pour se consacrer exclusivement au travail du verre, qui le passionne depuis  les années 1890. |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  |  |  
                        | Peigne sauterelles. Vers  1900. Crayon graphite et gouache sur papier translucide BFK Rives. Henri  Manuel, René Lalique, 1910. © Lalique SA. 
 Avec un pinceau sec et  chargé d'une gouache très dense, le dessinateur restitue la texture des élytres  de ces insectes. À l'inverse, il pose une gouache plus diluée pour évoquer l'aspect  marbré de l'écaille dans laquelle le corps du peigne doit être taillé.  |  | René Lalique. Peigne et broche fleurs de centaurées, vers  1904. Crayon graphite, encre et gouache sur papier vélin translucide BFK Rives,  28 × 22 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat sur  les arrérages du legs Dutuit, 2002. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
                        |  |  |  |  
                        | René Lalique (1860-1945),  concepteur du modèle, et Pierre-Georges Deraisme (1859-1932), ciseleur. - Boîtier de montre  «Pommes de pin ». Vers 1900. Plume et encre noire sur épreuve photographique.  Paris, Petit Palais. Donation Monsieur et Madame Martin L'Ebraly, 2001. 
 |  | René  Lalique (1860-1945), concepteur du modèle, et Pierre-Georges Deraisme  (1859-1932), ciseleur.  Boîtier de montre  «Pommes de pin», 1900. Or, émail translucide à jour, contre-émail transparent  incolore, émail opaque. Paris, musée des Arts décoratifs. 
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                        | En plus d'être créateur à  son propre compte, Pierre-Georges Deraisme effectue des travaux de ciselure  pour d'autres maisons ou artistes, parmi lesquels René Lalique. Cette épreuve photographique,  conservée dans le fonds Deraisme du Petit Palais, témoigne de cette relation  professionnelle. Le boîtier d'une montre est photographié partiellement ciselé.  L'épreuve est retravaillée à l'encre, par l'un ou l'autre homme. La composition  est ainsi précisée au cours de la fabrication. Le boîtier réalisé montre que  des aiguilles de pin ont été rajoutées pour compléter son décor.  |  
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                        | Scénographie  |  
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                                                  RAYMOND HENRI SUBES (1891-1970)
                         
 Elève dans la section métal à l’École Boulle de 1906 à  1910, Raymond Subes se forme à la ciselure et au dessin. Il entame également,  sans les terminer, des études à l’École des arts décoratifs. Blessé au début de  la Première Guerre mondiale et démobilisé, il intègre l’atelier personnel de  ferronnerie d’art créé par Émile Robert et apprend à forger.
 
 
 |  | Au retrait de son  mentor, en 1919, Subes devient directeur artistique puis directeur général de  l’entreprise. Il conçoit des pièces en métal pour des lieux publics, des  bâtiments civils ou religieux ou des paquebots transatlantiques. Reconnu comme  l’un des plus importants ferronniers d’art de la période Art déco, il réalise  également de nombreux bijoux et objets honorifiques, du collier actuel du grand  maître de la Légion d’honneur aux épées d’académiciens. |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Raymond Subes. Collier,  années 1910. Crayon graphite et gouache sur papier gris, 23,8 x 16 cm. Petit  Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat, 2007. © ADAGP, Paris,  2025, Raymond Subes - Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la  Ville de Paris. 
 
 Raymond Subes utilise pour ce projet un papier coloré dont la teinte  grise met en valeur l’éclat du collier. Les tonalités retenues et la technique  de l’auteur laissent deviner une possible réalisation en platine, diamants,  perles et émeraude. Subes travaille spécifiquement le rendu des perles, animées  de chatoiements chauds, et de l’émeraude, centrale, qui attire l’attention.  Reflets, ombres, effets de brillance et de transparence confèrent à ce dessin  une présence et un volume particuliers. |  | Raymond Subes. Broche, années 1910. Crayon graphite et gouache sur papier gris, 11,1 x 9,1  cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat, 2007. ©  ADAGP, Paris, 2025, Raymond Subes - Paris Musées / Petit Palais, Musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
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                        | Scénographie  |  
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                            La Maison Boucheron est fondée en 1858 par Frédéric  Boucheron, formé chez le bijoutier Jules Chaise. Il ouvre son propre atelier en  1866, afin de maîtriser la réalisation de pièces conçues pour l’Exposition  universelle de 1867. Récompensé lors des expositions internationales, il sait  aussi mettre en valeur les collaborateurs dont il s’entoure.
                            
                         |  | En 1893, il s’installe  place Vendôme. Son fils, Louis, lui succède à son décès, en 1902, et accompagne  la transition de l’Art nouveau à l’Art déco, développant des collections  d’accessoires pour la femme émancipée des Années folles. Frédéric et Gérard  prennent la suite de leur père, Louis, en 1937. La Maison Boucheron se relance  réellement à la Libération, rencontrant notamment un grand succès avec des  nécessaires du soir au décor ajouré. Elle est toujours en activité aujourd’hui.
 
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                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  |  |  
                        | Dessinateur non identifié pour Boucheron. Nécessaire  papillons, vers 1945. Crayon graphite, encre et gouache au recto, encre et  gouache au verso sur papier vélin translucide, 12,1 x 15 cm. Petit Palais,  musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat sur les arrérages du legs  Dutuit, 2002. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. 
 
 Derrière les papillons et les guirlandes de fleurs en métal repercé qui  forment le couvercle de ce projet de boîte, un subtil dégradé et un jeu de  zébrures évoquent le matériau réfléchissant qui en constitue le fond. Une fois  ouvert, ce type de nécessaire dévoile en effet deux volets doublés de miroirs.  D’autres dessins, tels que celui pour un nécessaire antilopes, portent une  inscription restituant cette précision. L’artiste a trouvé ici une solution  graphique pour transcrire cette indication. |  | Dessinateur non identifié pour Boucheron. Nécessaire  papillons, vers 1945. Crayon graphite, encre et gouache au recto, encre et  gouache au verso sur papier vélin translucide, 14,8 x 21,9 cm. Boucheron Paris  Modèles déposés. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat  sur les arrérages du legs Dutuit, 2002. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée  des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Le motif du papillon est récurrent en bijouterie-joaillerie. La Maison  Boucheron réinterprète après-guerre cet insecte - déjà étudié durant la seconde  moitié du XIXe siècle par son fondateur, Frédéric Boucheron -, dans ses boîtes  à décor qui deviennent de véritables best-sellers. Ce projet de nécessaire en  est un exemple fastueux: des papillons en émaux colorés ou en diamants sont  délicatement posés sur une trame fleurie. Le dessinateur restitue le relief de  cet objet en rehaussant de blanc les cabochons de rubis et de saphir et en  ombrant légèrement, au crayon graphite, les corps et les ailes des insectes. |  
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                        | Scénographie  |  
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                       UN ENSEMBLE DE GOUACHÉS ART DÉCO
                       
 Au centre de la deuxième section du parcours, quatre  vitrines présentent une sélection de gouachés issus de tous les ensembles qui  constituent le fonds du Petit Palais. Ce dessin de bijou achevé, à la fois  document technique et séduisante feuille colorée, révèle par son nom  l’importance d’un matériau : la gouache.
 
 
 |  | Privilégiée pour la mise en couleurs,  elle adhère à tout type de supports, même les moins absorbants, comme les  papiers translucides, qu’ils soient huilés ou calques. Elle peut être utilisée  diluée, afin d’obtenir des effets de transparence, ou bien épaisse, pour  couvrir complétement la surface. Cinq feuilles, issues d’un petit fonds anonyme  de dessins de bijoux de style Art déco, offrent un bel exemple de cette façon  de traiter densément la gouache.  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  |  |  
                        | Dessinateur non identifié.  Planche de Broches maisons. Années 1920. Crayon graphite, encre noire et  gouache sur papier gris. 
 
 Cette feuille réunissant trois  projets de broches illustrent l'un des usages de la gouache blanche,  privilégiée pour représenter les diamants, par les dessinateurs de bijoux. Là où  certains montrent les arêtes des pierres et les éclats de lumière sur leurs  facettes, d'autres utilisent une forme de gouache très épaisse et disposent sur  le support de simples gouttes très chargées. Celles-ci, en séchant, laissent  des empâtements de matière. Ces reliefs transcrivent de manière très littérale  le volume des pierres et rapprochent le dessin de l'objet fini. |  | 
                          Dessinateur non identifié. Broche  village. Années 1920. Crayon graphite, encre noire et gouache sur papier gris.
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                           La technique du gouaché - Vidéo. |  | 
                           Cette vidéo, filmée dans les salles de classe de la Haute  École de joaillerie, propose une immersion dans le processus du dessin de  bijoux, et plus spécifiquement dans la technique du gouaché. Cette dernière est  en effet toujours enseignée et largement pratiquée dans les studios de création  des maisons de bijouterie-joaillerie. Les gestes des enseignants et des élèves  d’aujourd’hui laissent deviner ceux des auteurs des gouachés présentés dans  cette exposition. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        Après des études à  l’École professionnelle artistique Bernard Palissy puis à l’École des arts  décoratifs, dont il est diplômé en 1906, Charles Jacqueau travaille comme  dessinateur chez des bronziers parisiens.  |  | En 1909, grâce à un ancien  condisciple, il intègre la Maison Cartier. Il occupe rapidement une place de  choix au sein du studio de création, et entretient une relation d’estime et de  confiance avec Louis Cartier, qui apprécie sa curiosité intellectuelle et son  inspiration sans cesse renouvelée. Après la mort de ce dernier, en 1942,  Jacqueau s’éloigne de la création du stock de haute joaillerie et se concentre  sur les commandes clients. Il participe à la réorganisation de l’atelier de  Cartier Londres entre 1945 et 1950, et prend sa retraite en 1954. |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  |  |  
                        | Charles Jacqueau pour Cartier. Collier, vers  1933. Crayon graphite et gouache sur papier gris. 8,5 x 23,9 cm. Petit Palais,  musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Donation famille Jacqueau, 1998. ©  Charles Jacqueau – Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la  Ville de Paris. 
 
 En n’employant qu’un papier gris, de la gouache blanche et du crayon  graphite, Charles Jacqueau parvient à produire un spectaculaire gouaché qui  restitue merveilleusement bien un projet de collier en platine et diamants. Le  fond coloré fait ressortir l’éclat lumineux des pierres, tandis que le crayon  graphite, à peine estompé, reproduit l’ombre projetée du bijou. Celui-ci semble  ainsi se détacher de son support, anticipant la pièce réalisée. |  | Charles Jacqueau pour Cartier. Bague, vers  1945. Crayon graphite et gouache sur papier vélin translucide, 16,7 x 12,6  cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la  Ville de Paris. Donation famille Jacqueau, 1998. © Charles Jacqueau – Paris  Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
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                        | Citation  |  
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                        | Scénographie  |  
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                          LES  CIRCONSTANCES DE LA CRÉATION
                          Le dessin de bijou accompagne la conception et, le cas  échéant, la fabrication de la pièce. Les circonstances de sa création dépendent  de ses destinataires. S’il est avant tout un dessin technique transmis aux  ateliers, il peut aussi être un support de validation, que ce soit par la  direction artistique d’une maison, dans le cas d’une création pour le stock,  par la clientèle, dans le cas d’une commande, ou encore par un jury, dans le  cas d’un concours.
 |  | Les formes qu’il peut prendre tiennent compte des  interlocuteurs avec lesquels le dessinateur doit composer. Outre ces instances  de validation, le dessin de bijou est également soumis aux praticiens qui  peuvent juger de la faisabilité technique d’un projet et le faire amender, si  nécessaire. Les feuilles peuvent ainsi porter la trace de précisions et  d’ajustements formulés pour ces partenaires spécifiques, ou en fonction de  leurs propres retours.  |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
                        |  |  
                        | Scénographie  |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Coiffe de maharadjah. Années  1920. Crayon graphite, encre noire et gouache sur papier translucide. Paris,  Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Certains diamants qui  ornent cette coiffe impressionnante présentent un aspect grisé. Ils étaient  pourtant bien blancs à l'origine. Il s'agit d'une altération courante de la gouache  blanche: en s'oxydant, elle vire au brun orangé ou au gris-noir. Le code  couleur de la représentation des pierres est crucial pour les dessins de bijoux,  une telle dégradation peut donc en affecter radicalement la lecture, notamment dans  le cas de projets qui font la part belle aux diamants et au platine. |  | Charles Jacqueau pour Cartier. Coiffe de Maharadjah,  années 1920. Crayon graphite encre et gouache sur papier vélin translucide,  54,5 × 47,5 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.  Donation famille Jacqueau, 1998. © Charles Jacqueau - Paris Musées / Petit  Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Dans les années 1920, Cartier répond à plusieurs demandes de maharadjahs  qui souhaitent faire remonter les pierres de leurs anciens bijoux. Ce gouaché  de Charles Jacqueau correspond à une commande non identifiée et qui n’a pas  abouti. Le dessinateur formule deux propositions pour un somptueux ornement de  tête, l’un présenté de trois-quarts et l’autre de profil. Le nombre et la  grosseur des diamants et des émeraudes, à l’échelle 1, donnent la mesure de  l’importance de ce projet. |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...). Broche bouquet, 1940. Crayon  graphite, encre noire, gouache, et crayon de couleur bleu sur papier  translucide. Paris archives Cartier. |  | Charles Jacqueau  (1885-1968) pour la Maison Cartier (1847-...). Broches bouquet, 1940. Crayon  graphite, encre noire et gouache sur papier translucide. Paris, Petit Palais.  Donation famille Jacqueau, 1998. |  
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                        | Charles Jacqueau  (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Étui à cigarettes. Vers 1912.  Crayon graphite, encre et gouache au recto, gouache au verso sur papier  translucide. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998. 
 
 Au lieu de présenter ses  idées alternatives sur des feuilles différentes, Charles Jacqueau les rapproche  ici sur la même silhouette d'étui à cigarettes. Ce dernier, divisé en quatre,  offre autant de variantes de trames décoratives en émail. Le motif étudié en  haut, à droite, est appliqué à un étui à cigarettes exécuté en 1912 et exposé  ci-dessous. Cette réalisation est elle-même une variante de cette proposition: le  décor ne se cantonne pas à l'encadrement de la boîte, mais la recouvre  entièrement. |  | Cartier Paris (1847-...).  Étui à cigarettes, 1912. Or émaillé, onyx et diamants sertis dans du platine.  Collection Cartier. |  
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                        | Ces quatre projets d'étuis ou  de nécessaires de Charles Jacqueau sont autant de variations autour d'un même  apprêt chinois en jade sculpté. Les apprêts de la Maison Cartier représentent un  stock de petits objets réutilisables: fragments de bijoux, pierres sculptées ou  encore pièces anciennes égyptiennes, indiennes ou chinoises. Pour chacune des  deux typologies de petites boîtes, Jacqueau propose deux agencements ornementaux  différents que la clientèle, dans le cas d'une commande, ou la direction artistique  de la maison, dans le cas d'une création pour le stock, peut choisir ou écarter.  |  
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                         Charles  Jacqueau (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Nécessaire. Crayon graphite, gouache, encre noire et  crayon de couleur rouge au recto, gouache au verso sur papier translucide. Vers  1912-1913. Paris, Petit Palais. Donation famille Jacqueau, 1998 
                         |  | Charles  Jacqueau (1885-1968), pour la Maison Cartier (1847-...). Étui à cigarettes. Crayon graphite et gouache au  recto, gouache au verso sur papier translucide. |  
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                        | Raymond Subes (1891-1970).  Truelle pour la pose de la première pierre de l'hôtel de la Chambre syndicale,  58, rue du Louvre, 1713. Crayon graphite, encre et gouache sur papier  translucide contrecollé sur papier gris. Paris, Petit Palais, achat, 2007. 
 
 Fondée en 1864, la Chambre  syndicale de la bijouterie, de la joaillerie et de l'orfèvrerie s'engage pour  la formation des nouvelles générations et ouvre dès 1867 une école de dessin et  de modelage. Un nouvel immeuble est construit au 58 de la rue du Louvre, afin d'accueillir  l'organisation professionnelle et l'école dans les mêmes locaux. À l'occasion  de la pose de sa première pierre, le 9 juillet 1914, une truelle honorifique  est réalisée à la suite d'un concours de dessins ouvert aux élèves de l'école.  Ce projet de Raymond Subes l'emporte. |  | Raymond Subes (1891-1970),  dessin; Henri Gauthier (1870-1922), orfèvrerie; Alexandre Auguste Caron  (1857-1932), sculpture; Léon Étienne Arvisenet (1864-1939), ciselure; Eugène  Feuillâtre (1870-1916), émail. Truelle pour la pose de la première pierre de  l'hôtel de la Chambre syndicale, 58, rue du Louvre; 1914. Laiton, émail  champlevé opaque et translucide, ivoire. Paris, Union française de la  bijouterie, joaillerie, orfèvrerie, des pierres et des perles. 
 
 La confrontation du dessin  lauréat et de l'objet, conçu grâce à la collaboration de spécialistes de  l'orfèvrerie, de la sculpture de l'ivoire, de la ciselure et de l'émail, révèle  divers aménagements du projet initial. La taille et les proportions de la  truelle ont été modifiées, par exemple, et le décor, simplifié, ne figure plus  les putti ciselant, étudiant ou tenant divers objets d'orfèvrerie. |  
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 3 - BIJOU DESSINÉ, BIJOU RÉALISÉ
 
 
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                        | Scénographie  |  
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                        Le dessin de bijou est le document de référence pour les  corps de métiers qui contribuent tour à tour à la création de la pièce,  véritable œuvre collective. Outre les dessinateurs, celle-ci ne nécessite en  effet parfois pas moins d’une dizaine de spécialistes différents pour voir le  jour : modeleurs, graveurs, ciseleurs, reperceurs, émailleurs, joaillier,  sertisseurs, enfileurs ou encore polisseurs.
                           
                          
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                         À l’échelle 1 de la pièce à réaliser, accompagné le cas  échéant de vues de profil ou d’annotations diverses, mis en couleurs pour  signifier les matières, le dessin doit être rapidement compréhensible par le  chef d’atelier. Ce dernier dispose de toutes les clés pour lire correctement le  bijou dessiné et établir une marche à suivre. 
                             Les allers-retours entre le dessinateur et les ateliers  n’en restent pas moins possibles. Le projet est en effet susceptible d’évoluer  en fonction par exemple de contraintes techniques, d’amendements portant sur le  choix de pierres ou de matières, ou de déclinaisons en plusieurs bijoux si un  même motif rencontre un certain succès. |  
                        | Texte du panneau didactique. |  
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                        | Charles Desrosiers. Projet de Peigne épingle  «Sycomore», vers 1905. Crayon graphite et gouache sur papier vélin translucide BFK  Rives contrecollé sur papier bleu, 21,7 x 13,9 cm. Paris, Les Arts Décoratifs,  musée des Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs. 
 
 Le fonds de dessins de bijoux et de photographies de la Maison Fouquet a  été donné en plusieurs fois au musée des Arts décoratifs, par Alphonse, Georges  puis Jean Fouquet. Parmi les nombreux documents qui y sont rassemblés figurent  les dessins de Desrosiers. Ceux-ci ont été contrecollés sur des feuilles de  papier bleu, elles-mêmes montées sur onglets, et réunis dans les albums de  dessins constitués par Georges Fouquet pour documenter sa propre production au  sein de cette maison familiale. |  | Georges Fouquet, d’après le dessin de Charles Desrosiers. Peigne épingle  «Sycomore», vers 1905. Corne, émaux sur paillons cloisonnés d’or, diamants et  opales, 15 x 8 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.  Achat à Georges Fouquet, 1937. © ADAGP, Paris, 2025, Georges Fouquet – Paris  Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Eugène Grasset (1845-1917).  Modèles de bijoux (broche, peigne). Vers 1900. Crayon graphite sur papier. |  | Eugène Grasset (1845-1917).  Bijou, peigne doré représentant une femme dans les vagues. Vers 1900. Crayon  graphite sur papier calque contrecollé sur papier. Paris, musée d'Orsay. Achat  grâce au soutien de la Société des amis du musée d'Orsay, 1993. |  
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                        | Eugène Grasset. Peigne «Naïade», vers  1900. Crayon graphite et gouache sur papier (fac-similé), 32,9 x 5,5 cm. Cooper  Hewitt, Smithsonian Design Museum, Museum purchase through gift of Mrs. Gustav  E. Kissel. © Smithsonian Institution / Photo Matt Flynn. 
 
 Dans l'exposition, une succession de feuilles montre trois étapes du  travail du dessinateur. Avec la première, Eugène Grasset formule plusieurs  propositions de composition. Ensuite, il passe à la mise au net de l’idée  retenue: le peigne est représenté à l’échelle 1, et sa structure est rendue  symétrique à l’aide d’une règle et d’un compas. Enfin, le gouaché suggère le  choix des matériaux – ici de l’or, de l’émail et de l’écaille – grâce à la mise  en couleurs, et donne l’illusion du volume avec des rehauts clairs. |  | Vever Frères, d’après un modèle d’Eugène Grasset. Peigne «Naïade», vers  1900. Écaille, or repoussé, émail cloisonné translucide et opaque. 16 x 7,5 cm.  Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Don d’Henri Vever,  juin 1925. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de  Paris. 
 
 Les yeux clos, le visage et le haut du corps tendus hors des flots, une  naïade occupe le centre de ce peigne à l’esthétique symboliste et Art nouveau.  Sa crinière ondoyante se mêle aux ondulations des vagues, répondant à la  chevelure que devait coiffer ce bijou de tête. Conformément au gouaché, auquel  ce bijou est très fidèle, de petites bulles d’or se détachent du fond en  écaille ou en émail bleu pour évoquer l’écume. Un or gris a toutefois été  préféré à un or jaune pour la réalisation. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          GEORGES FOUQUET (1862-1957) etCHARLES DESROSIERS  (1865-1927)
 
 Fondée en 1860 par Alphonse Fouquet, la Maison Fouquet  connaît un grand succès dans les années 1870-1880 avec des bijoux d’inspiration  antique et Renaissance. Georges Fouquet succède à son père en 1895 et prend le  tournant de l’Art nouveau, donnant un nouvel essor à l’entreprise. Il entame  une collaboration féconde avec le dessinateur indépendant Charles Desrosiers,  ancien élève de Luc-Olivier Merson et d’Eugène Grasset.
 
 
 |  | Celui-ci est à  l’origine d’un grand nombre de bijoux produits par la Maison Fouquet entre 1898  et 1910. Georges fait aussi plus brièvement appel à Alfons Mucha, pour des  modèles de bijoux et pour le décor de son nouveau magasin du 6, rue Royale,  conservé au musée Carnavalet. En 1919, son fils, Jean, oriente la production  vers le style Art  déco. La crise de 1929  est fatale à la maison, qui fait faillite en 1936.  |  Texte du panneau didactique. | 
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                        | Charles Desrosiers. Projet de pendentif  «Sycomore», vers 1905-1910. Crayon graphite et gouache sur papier vélin  translucide sur BFK Rives contrecollé sur papier bleu, 12,7 x 17,3 cm. Paris,  Les Arts Décoratifs, musée des Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs / Photo  Jean Tholance. 
 
 Charles Desrosiers, ancien élève d’Eugène Grasset, a conçu deux  variantes de pendentif à motif de graines de sycomore. Ce gouaché est très  enlevé, voire sommaire, et pourtant très évocateur: quelques traits de pinceau  font émerger diamants, perles et émaux translucides. Le projet du bijou, dont  le Petit Palais conserve la réalisation, est pensé pour pouvoir également être  porté en broche. Le pendentif montre de petits ajustements par rapport au  dessin de Desrosiers: les graines en perles sont finalement des péridots, et la  pendeloque gagne en caractère avec le choix de cette perle baroque. |  | Georges Fouquet, d’après un modèle de Charles Desrosiers. Pendentif  «Sycomore», entre 1905 et 1910. Or, émaux à jour sur paillons, diamants, deux  péridots et une perle baroque, 5,8 × 9 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts  de la Ville de Paris. Achat à Georges Fouquet, 1937. © ADAGP, Paris, 2025,  Georges Fouquet – Paris Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Charles Desrosiers (1865-1927). Projet de broche «Chardons». Vers 1905.  Crayon graphite et gouache sur papier translucide BFK Rives contrecollé sur  papier bleu. Paris, musée des Arts décoratifs. |  | Georges Fouquet (1862-1957), d'après un modèle de Charles Desrosiers  (1865-1927). Broche «Chardons». Vers 1905. Or, émaux à jour sur paillons,  diamants. Paris, Petit Palais, achat à Georges Fouquet, 1937. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Charles Desrosiers. Projet de collier  «Fuschias», vers 1905. Crayon graphite et gouache sur papier vélin translucide sur  BFK Rives contrecollé sur papier bleu, 27,8 × 22,1 cm. Paris, Les Arts  Décoratifs, musée des Arts Décoratifs. © Les Arts Décoratifs. |  | Georges Fouquet, d’après un modèle de Charles Desrosiers. Collier  «Fuchsias», vers 1905. Or, émaux à jour sur paillons, diamants, perles et  opales. 23 x 13 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.  Achat à Georges Fouquet, 1937. © ADAGP, Paris, 2025, Georges Fouquet – Paris  Musées / Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.
 
 Georges Fouquet agit comme un chef d’atelier et collabore avec plusieurs  artistes indépendants qui lui fournissent des dessins. À partir de 1898,  Charles Desrosiers réinterprète pour lui une nature imprégnée par l’esprit Art  nouveau. Le mouvement organique de ce collier composé d’éléments végétaux  stylisés s’achève sur une cascade de cloches de fuchsia. Des enroulements  souples sont repris jusque dans le détail du fermoir, très élaboré, qui  n’apparaît pas sur le dessin de Desrosiers. |  
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                        | Charles Desrosiers (1865-1927). Deux projets de peignes. Vers 1905-1906.  Crayon graphite et gouache sur papier translucide BFK Rives contrecollé sur  papier bleu. Paris, musée des Arts décoratifs. |  | LGeorges Fouquet (1862-1957), d'après un modèle de Charles Desrosiers  (1865-1927). Peigne épingle fourche. Entre 1905 et 1906. Corne, émaux sur  paillons cloisonnés d'or, diamants, perles baroques. Paris, Petit Palais. Achat  à Georges Fouquet, 1937l. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | René Lalique (1860-1945).  Devant de corsage «Fleurs de chardon». Vers 1904. Crayon graphite, gouache et  encre noire sur papier translucide BFK Rives. Paris, Petit Palais. Achat sur  les arrérages du legs Dutuit, 2002. 
 
 Ce gouaché de René Lalique  correspond en tout point à l'objet final. Le dessinateur montre une fois encore  sa capacité à évoquer les matériaux souhaités, choisis pour la réalisation.  S'il affine le rendu de la pierre centrale et des fleurs en verre, il se  contente toutefois de représenter les diamants qui bordent ce bijou par des  liserés de gouache blanche. C'est le joaillier qui, lors de la mise en pierre,  ajuste le nombre et la taille des gemmes conformément à l'espace défini par le  dessin. |  | René Lalique (1860-1945).  Devant de corsage «Fleurs de chardons». Vers 1905. Or, verre, algue-marine et  diamants. Londres, Victoria and Albert Museum. Dépôt de William, Judith,  Douglas et James Bollinger. |  
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                        | René Lalique (1860-1945). Pendentif «Paon sur une branche de Prunus».  Entre 1900 et 1902. Crayon graphite, encre noire et gouache sur papier  translucide BFK Rives. Paris, Petit Palais. Achat sur les arrérages du legs  Dutuit, 2002. 
 
 René Lalique écrit ici: «Le paon entièrement ramolayé et champlevé, la  branche et le cadre ramolayés et champlevés, les fleurs ramolayées seulement  pour recevoir des pierres, ciseler les cœurs des fleurs.» Ces instructions de  mise en œuvre rappellent que le bijou est le fruit du-travail de plusieurs corps  de métiers. Elles guident les praticiens et clarifient les intentions du  dessinateur. Celui-ci demande du ramolayé, une technique: de gravure du métal  dont le pendentif ci-dessous, bien que variant du dessin par ses couleurs,  offre un bel exemple. |  | René Lalique (1860-1945). Pendentif  «Paon sur une branche de prunus». Entre 1900 et 1902. Or, émail, perle. Wingen-sur-Moder, musée Lalique. Dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi. |  
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                        | Scénographie  |  
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                          FANNIÈRE FRÈRES
 
                            François-Auguste (1818-1900) et François-Joseph-Louis  (1820-1897) Fannière apprennent la ciselure auprès de leur oncle, l’orfèvre  Jacques-Henri Fauconnier. Auguste est de plus admis à l’École des beaux-arts.  Dessinateur et sculpteur, il conçoit les modèles, tandis que Joseph supervise  l’exécution des pièces et en réalise lui-même la ciselure. Ils travaillent  d’abord pour les plus grands orfèvres de leur temps, comme Christofle et  Froment-Meurice, puis pour leur propre compte. Surtout réputée pour sa  production d’orfèvrerie, la Maison Fannière Frères propose également des  bijoux, privilégiant le style néo-Renaissance, alors en vogue. À la mort  d’Auguste, en 1900, le fils de Joseph poursuit l’activité de la maison, reprise  ensuite par Fernand Poisson. 
                        
                           
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                        | Texte du panneau didactique et photographies de Joseph et Auguste Fannière. |  | Dessinateur non identifié,  pour Fannière Frères (vers 1839-1900). Planche de 47 dessins d'épingles, d'ornements  de tête et de boutons. Entre 1839 et 1900. Crayon graphite, encre et gouache  sur papier contrecollé sur papier. Paris, Petit Palais. Achat, 2010. 
 
 Ces projets réunis avec  soin montrent la prédilection de la Maison Fannière Frères pour le style néo-Renaissance,  mais aussi une capacité à s'adapter à d'autres goûts, comme en témoignent sept  d'entre eux en forme de scarabées égyptiens. Par ailleurs, les styles et les  techniques graphiques semblent signaler plusieurs mains. Ayant eux-mêmes  d'abord œuvré comme sous-traitants, les deux frères ont pu faire appel à des  dessinateurs extérieurs pour des projets éloignés de leur spécialité de  ciselure, par exemple. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Boucheron. Nécessaire et son sac à main écrin (ci-dessous), vers 1950. Or et argent,  pierres bleues et rubis taillés en cabochon, sac en cuir, 8,5 x 13 x 2 cm sans  sac, 17 x 19,5 x 3 cm avec sac. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. Achat, 2006. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de  la Ville de Paris. 
 
 Ce nécessaire offre une variante du décor de papillons et d’oiseaux qui  orne nombre de boîtes de la Maison Boucheron. Les caractéristiques techniques  de ces productions sont reprises: une plaque en or repercé, parsemée de  quelques cabochons colorés, placée sur un fond composé de deux volets de  miroirs. Le nécessaire est ici accompagné d’un sac, accessoire indispensable  des toilettes de soirée, spécialement conçu pour l’accueillir. L’ensemble  assume pleinement sa vocation d’élément de parure et sa fonction ornementale. |  | Boucheron. Poudrier, vers 1950. Or et argent, rubis taillés en cabochon.  7,5 x 9,5 x 1,5 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.  Achat, 2006. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. |  
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                        | Boucheron. Nécessaire et son sac à main écrin, vers 1950. Or et argent,  pierres bleues et rubis taillés en cabochon, sac en cuir, 8,5 x 13 x 2 cm sans  sac, 17 x 19,5 x 3 cm avec sac. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. Achat, 2006. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de  la Ville de Paris. |  | Fannière Frères (vers  1839-1900). Demi-parure (collier et boucles d'oreilles) aux putti et satyres  musiciens. Vers 1965. Or, argent et lapis-lazuli. Paris, Petit Palais, achat,  2011l. |  
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 4 - SECONDE VIE
 
 
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                        | Scénographie  |  
                        |    SECONDE  VIE, LA LONGÉVITÉ DU DESSIN DE BIJOU
 Aujourd’hui, les dessins de bijoux sont mieux conservés,  que ce soit dans les maisons qui ont vu leur naissance ou bien au sein de  collections publiques ou privées. Une telle revalorisation tient au fait que  ces feuilles revêtent de nouveaux usages une fois les pièces fabriquées. Dans  le prolongement de leur finalité première, elles peuvent resservir de support  de création et donner jour à des copies conformes ou des variantes  d’inspiration plus lointaine. Partagées avec une clientèle à la manière d’un  répertoire visuel de modèles possibles, elles se font aussi outils de  communication. Les dessins préparatoires et les dessins rétrospectifs, actant  l’aspect définitif d’une pièce réalisée, témoignent de la production de  créateurs et de maisons pour certaines disparues. Plus pérennes que les bijoux,  qui sont dispersés, démembrés ou détruits, ils sont investis d’une valeur  historique, patrimoniale, voire juridique. Enfin, devenus objets de collection,  considérés comme des œuvres d’art à part entière, ces dessins méritent d’être appréciés  pour eux-mêmes.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | - À gauche : Cartier  Paris (1847-...). Pendentif, 1921. Platine, diamants, émeraudes, cristal de  roche gravé, onyx, émail. Collection Cartier.
 
 Ce pendentif en platine,  diamants, cristal gravé et émeraudes, créé par Cartier en 1921 pour répondre à  une commande, est un bon exemple de bijou dont la création s'appuie amplement  sur des dessins et des pièces antérieures. À la demande de la clientèle, il  reprend en effet le vocabulaire stylistique et les spécificités de mise en  œuvre de conceptions précédentes, réalisées ou non, telles que les dessins de  pendentifs de Charles Jacqueau.
 
 - À droite : Cartier  Paris (1847-...). Pendentif aux têtes de faunes, 1912. Platine, diamants,  saphirs, perles fines, cristal de roche gravé. Collection Cartier.
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                        | Scénographie  |  
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                        | Dessinateur non identifié,  pour Fannière Frères (vers 1839-1900). Planche de broches et pendentifs. Entre  1839 et 1900. Crayon graphite, encre et gouache sur papier contrecollé sur  papier. Paris, Petit Palais. Achat, 2010. |  | Fannière frères. Broche pendentif  néo-Renaissance, entre 1839 et 1900. Crayon graphite et gouache sur papier blanc, 8,6 ×  5,2 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat, 2010.  CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
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                        | Dessinateur non identifié,  pour Fannière Frères (vers 1839-1900). Planche de pendants d'oreilles. Entre  1839 et 1900. Crayon graphite, encre et gouache sur papier contrecollé sur  papier. Paris, Petit Palais. Achat, 2010. |  | Dessinateur non identifié,  pour Fannière Frères (vers 1839-1900). Planche de pendants d'oreilles. Entre  1839 et 1900. Crayon graphite, encre et gouache sur papier contrecollé sur  papier. Paris, Petit Palais. Achat, 2010. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Dessinateur non  identifié, pour la Maison Rouvenat (1851-avant 1914). Collier. Années  1850-1870. Crayon graphite, aquarelle, encre et gouache sur papier translucide.  Paris, Petit Palais. Don Marc Bascou, 2018. 
 
 Les dessins peuvent  contribuer à la résurrection d'un nom de maison: Rouvenat en constitue un  exemple frappant. Ce fleuron disparu de la haute joaillerie du Second Empire,  dont peu de pièces authentifiées sont conservées, trouve en effet un deuxième  avatar en 2022. Les créations de la nouvelle Maison Rouvenat s'inspirent, en  les épurant, des dessins les plus géométriques du XIXe siècle. Rien n'aurait été  possible sans les feuilles rachetées sur le marché ou accessibles dans les  collections publiques. Ces dessins, témoins d'une entreprise éteinte,  redeviennent alors aussi outil de création, source de recommencement. |  | Dessinateurs non identifiés pour Léon Rouvenat. Broche,  années 1850-1870. Crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier vélin  translucide, 16,3 × 10,8 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de  Paris. Don Marc Bascou, 2018. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris. |  
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                        | Dessinateur non  identifié, pour la Maison Rouvenat (1851-avant 1914). Collier et Broche.  Années 1850-1870. Crayon graphite, aquarelle, encre et gouache sur papier  translucide. Paris, Petit Palais. Don Marc Bascou, 2018. . |  | Dessinateurs non  identifiés, pour la Maison Rouvenat (1851-avant 1914). Deux broches épis de  blé. Années 1850-1870. Crayon graphite, aquarelle et gouache sur papier  translucide. Paris, Petit Palais. Don Marc Bascou, 2018. |  
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                        | Scénographie  |  
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 5 - LA COLLECTION DE BIJOUX DU PETIT PALAIS
 
 
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                        |    Dès son ouverture au public à la fin de l’année 1902, le  Petit Palais conserve un ensemble de bijoux qui s’étoffe progressivement. Il  réunit notamment quelques pièces Renaissance de la collection des frères  Dutuit, léguée à la Ville de Paris en 1902, ainsi que des créations Art  nouveau, données en 1916 par le collectionneur Jacques Zoubaloff, achetées pour  le musée en 1937 au bijoutier Georges Fouquet, ou encore transférées en 1979 au  Petit Palais par le Palais Galliera, alors devenu musée de la Mode et du Costume.  Une politique d’acquisition activement menée pendant les années 2000 a  contribué à renforcer cette collection. Une sélection de bijoux issus de cet ensemble, pour l’heure  rarement exposés au sein du musée, est présentée en fin de parcours. Prolongeant  l’exposition Dessins de bijoux, elle propose un aperçu de la richesse de ce  fonds et invite à poursuivre la visite dans le parcours permanent des  collections. Quelques précieuses parures y sont en effet montrées en vitrine,  ou représentées portées, dans de séduisants portraits.
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                        | Texte du panneau didactique. |  | Lucien Falize (1839-1897).  Pendentif néo-Renaissance. Vers 1880. On, émail, diamants, tourmaline et perle. Paris  Petit Palais, achat 2007.
 
 La Renaissance compte parmi  les sources d'inspiration chères à Lucien Falize, qui réalise dans ce style des  bijoux à l'allure symétrique et aux proportions harmonieuses. Ce pendentif en  forme de losange est orné en son centre d'une tourmaline rose encadrée d'un  réseau de lignes géométriques et d'enroulements en «C» bordés d'émail blanc.  Cinq diamants et une perle poire viennent enrichir cette composition finement  rythmée. |  
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                        | Paul Baudry (1828-1886). Madame Louis Singer, 1884. Huile sur  toile. Paris, Petit Palais. Don Madame Singer, 1950. 
 
 Thérèse Stern (1859-1935)  devient par son mariage l'épouse de Louis Singer, banquier et maire de la  commune de Neufmoutiers-en-Brie. Le couple possède le château du Chemin, situé  sur la commune, ainsi que l'hôtel Singer dans le 16e arrondissement de Paris.  Sa tenue sobre, d'un noir de jais, met en valeur la blancheur de sa peau, ainsi  que la magnifique broche de corsage qu'elle arbore sur son décolleté. |  | Léon Bonnat (1833-1922). Portrait de Madame Georges Ehrler, 1880.  Huile sur toile. Paris, Petit Palais. Don Madame Soyer, 1908. 
 
 Née Pauline Desouches  (1836-1908), l'épouse de Georges Erhler pose ici dans une tenue rouge cramoisi  rehaussée de dentelles blanches. Ce portrait, réalisé par Léon Bonnat, l'un des  portraitistes les plus renommés de l'époque, représente une figure de la haute  bourgeoisie parée de magnifiques bijoux au luxe discret. Pauline Erhler était  en effet l'épouse de l'un des fabricants de voitures à cheval parmi les plus  renommés de l'époque. |  
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                        | Scénographie  |  
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                        | Lucien Falize. Bracelet, entre 1880 et 1897. Or, turquoises et diamants.  16,5 × 7 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. Achat sur  les arrérages du legs Dutuit, 2001. 
 
 À l’instar de l’art japonais et de la botanique, le goût néo-médiéval  représente l’une des passions de Lucien Falize. Ce bracelet se compose de  quatorze panneaux, dont la forme rappelle les lancettes des cathédrales  gothiques, décorés de turquoises reparties en losange autour d’un  quatre-feuilles. Un compartiment plus large, enrichi d’un rang de diamants qui  entoure la turquoise centrale, est destiné à accueillir le fermoir. Ce bijou  évoque de manière originale le style gothique flamboyant. |  | Jules Wiese (1818-1890).  Bracelet. Vers 1885. Or, argent et émail vert. Paris, Petit Palais, achat, 2006. 
 
 Le décor de ce bracelet  articulé s'inspire d'une série de bustes ciselés par Lorenzo Ghiberti entre  1400 et 1424 sur l'encadrement des portes du baptistère de Florence. Six têtes  fondues en argent et sculptées en haut-relief se détachent sur un fond d'émail  vert dans des médaillons ovales à décor de fleurons, reliés par des torsades.  Le style néo-Renaissance en orfèvrerie et joaillerie est très à la mode en  France à partir des années 1840, et Jules Wiese compte parmi ses représentants  majeurs. |  
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                        | Henry Marie Ernest Dabault  (1858-1935). Pendentif, 1899. Or et jade. Paris, Petit Palais, legs Madame  Dabault, 1945.
 
 Les créations de Dabault  s'inscrivent dans le mouvement Art nouveau, proposant des thèmes originaux  souvent inspirés de la mythologie ou de l'Orient, comme le motif de ce bijou  réalisé dans le goût égyptien. Son décor présente un personnage dont le masque  de pharaon est sculpté en relief. Son corps est orné de hiéroglyphes encadrés  de deux ibis affrontés tenant entre leurs pattes un scarabée. Le pendentif  comporte une inscription gravée mentionnant son destinataire, à savoir la femme  de Dabault. |  | Henri Husson (1852-1914).  Pendentif et sa chaîne. Entre 1909 et 1914. Or et émail. Paris, Petit Palais,  don Jacques-Michel Zoubaloff, 1916. 
 
 Les bijoux de Husson ont  tous la particularité d'avoir été fondus. Ce grand orfèvre Art nouveau se plaît  à représenter des insectes saisis dans leur environnement, posés sur une  feuille de trèfle ou un enroulement de lierre. C'est le cas des deux pendentifs  présentés (nota: un seul reproduit ici), créés pour Sarah Bernhardt, où une mouche en émail vert et un  scarabée en émail brun-vert figurent sur les feuillages ornant les montures en  or. Le choix d'utiliser comme motifs décoratifs pour des bijoux des créatures  insignifiantes, voire répugnantes, trouve probablement sa référence dans l'art  japonais. |  
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                        | Attribué à Lucien Falize. Collier, entre 1880 et 1890. Or, émail,  perles; médaillon en émail peint sur cuivre. 16 cm. Petit Palais, musée des  Beaux-Arts de la Ville de Paris, achat en 2005. Achat sur les arrérages du legs  Dutuit, 2001. CCØ Paris Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville  de Paris. 
 
 Ce collier de style néo-Renaissance en or jaune agrémenté de petites  perles fines retient en son centre un pendentif à profil de jeune femme dans  des entourages de rinceaux, fleurs de lys et monogrammes avec les lettres H et  D, qui sont les initiales du roi Henri II et de sa maîtresse Diane de Poitiers.  Le décor en émail peint du médaillon est réalisé par Claudius Popelin, qui  trouve dans cette technique le moyen d’exprimer son érudition et sa passion  pour la Renaissance. |  | René Lalique. Pendentif «Anémone des bois», vers 1900. Or, diamants,  émail et pâte de verre. 6,6 × 5,2 × 2,5 cm. Petit Palais, musée des Beaux-Arts  de la Ville de Paris, achat sur les arrérages du legs Dutuit, 2010. CCØ Paris  Musées / Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 
 
 Surnommée «fille du vent» par Pline, l’anémone est une fleur qui s’ouvre  au moindre souffle et sème ses graines au gré du vent. Ses pétales légers et  ses feuilles découpées sont savamment rendus ici par Lalique, fin observateur  de la nature, qui adopte des matériaux transparents ou translucides pour  évoquer la fragilité de la fleur. Ce pendentif exceptionnel a été acheté  directement à Lalique par le consul des Pays-Bas en Russie à l’occasion d’une  exposition à Saint-Pétersbourg en 1903. |  
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                        | Eugène Fontenay  (1824-1887). Bracelet. Vers 1875. Or, émail et diamants. Paris, Petit Palais,  achat sur les arrérages du legs Dutuit, 2011. |  | René Lalique (1860-1945).  Broche aux têtes de coqs affrontés. Vers 1900. Or, perle et nacre. Paris, Petit  Palais, achat, 2009. 
 
 Le thème d'un combat de  coqs évoqué ici montre le goût de Lalique pour le monde animalier et sa fascination  pour l'iconographie naturaliste japonaise. Les têtes affrontées de deux coqs phœnix  à l'attitude fière sont gravées sur la nacre, dont les irisations suggèrent le  majestueux plumage. Lalique fait preuve d'inventivité en s'adaptant avec talent  à son matériau: l'huître avec sa perle est montée sur une plaque en or, dont le  revers gravé représente une réplique exacte du devant de la broche. |  
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                        | Jules Desbois (1851-1935).  Pendentif, 1901. Argent et rubis.  Paris, Petit Palais, don  Jacques-Michel Zoubaloff, 1916. 
 |  | Jules Desbois (1851-1935). Broche. 1901. Or et perles  fines. Paris, Petit Palais, don Jacques-Michel Zoubaloff, 1916. |  
                        | Considéré par Auguste Rodin  comme l'un des sculpteurs les plus doués de sa génération, Jules Desbois est  également connu pour ses créations d'orfèvrerie, qui sont souvent en rapport étroit  avec ses sculptures. Ce précurseur de l'Art nouveau puise son inspiration  principalement dans la nature et dans l'art antique, et fait des femmes aux  formes voluptueuses son sujet de prédilection. Réalisés à l'aide du procédé de la fonte à cire perdue,  ces deux bijoux magnifient les lignes souples du corps féminin, dont la  chevelure en volutes est un symbole de séduction et de désir.
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                        | Debut et Coulon  (1879-1889). Broche «Pissenlit». Entre 1880 et 1889. Or, platine, diamants,  argent, plume. Paris, Petit Palais, achat sur les arrérages du legs Dutuit,  2006. 
 
 Jules Debut, dessinateur de  grand talent, auprès de Frédéric Boucheron pendant presque vingt ans, s'associe  avec Léon Coulon en 1879. Assisté de son confrère, il réalise cette broche -  qui peut également servir d'épingle à cheveux - en forme de fleur de pissenlit,  d'un naturalisme marqué. Ce bijou s'inspire sans doute de l'art japonais, qui  introduit au XIXe siècle une nouvelle déclinaison du naturalisme fondée sur  l'observation minutieuse de tous les aspects, même les plus fugitifs, du monde  végétal. |  | Boucheron (1858-...),  d'après un modèle d'Octave Loeuillard (?-?). Broche «Fougère». Vers 1880. Platine,  or et diamants. Paris, Petit Palais, achat sur les arrérages du legs Dutuit,  2008. 
 
 Qualifié par Frédéric  Boucheron «d'ouvrier modèle», Octave Loeuillard a fait de la nature sa  principale source d'inspiration. Son dessin réalisé sur le vif saisit la beauté  éphémère de l'univers végétal, comme le montre cette fronde de fougère  entièrement sertie de diamants. Sa monture articulée dite «en trembleuse» produit  des vibrations qui participent au rendu naturaliste du bijou, ainsi que des  effets de scintillement admirables. |  |