DENTS ! CROC ! GRIFFES !
CAROLEIN SMIT

DENTS ! CROCS ! GRIFFES ! CAROLEIN SMIT. Née aux Pays-Bas en 1960, la plasticienne Carolein Smit s’intéresse à la céramique (faïence ou grès) dans les années 1960 et en fait son matériau de prédilection. Elle a bénéficié d’expositions personnelles dans plusieurs grands musées européens et ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques en Suisse, en Allemagne, en Turquie et en Chine. La présente manifestation est la première exposition personnelle de cette artiste dans un musée français.
Dès l’entrée, nous sommes accueillis par une sculpture monumentale en grès, évoquant le bronze, Chien brut, un trône pour chien, à la fois inquiétant et fantaisiste. Les œuvres, une cinquantaine, sont présentées non seulement dans la salle d’exposition temporaire mais aussi dans le parcours permanent, au milieu des meubles, animaux naturalisés et objets divers du musée.
Dans la première salle sont exposés plusieurs groupes de sculptures. Au mur, entourant le grand panneau didactique, nous avons trois grandes chauves-souris d’un réalisme parfait, échelle mise à part. Sur une estrade, un groupe de chiens dont deux bouledogues munis de colliers évoquant des couronnes (l’artiste s’est inspirée de colliers anciens conservés dans le musée), la gueule grande ouverte, semblent monter la garde. En tout cas leur attitude n’a rien d’engageant et leur réalisme est inquiétant. Voici la première remarque que l’on se fait en les contemplant.
Le long du mur, divers rapaces nous scrutent de leurs yeux perçants, qu’ils s’agissent de hiboux, de grands ducs ou de vautours perchés sur des monceaux d’os. En effet Carolein Smit réalise des socles très soignés pour présenter ses animaux. On en verra, en fin de parcours, de jolis exemples avec des souris perchées sur des boîtes qui, pourquoi pas, pourraient contenir des dents ? Que ce soit des poils ou des plumes, leur réalisation est faite avec minutie. Rien à voir avec ces sculptures lisses ou à peine marquées comme le sont celles de Pompon ou de Bugatti. En outre, le matériau utilisé permet de donner à ces créatures des couleurs éclatantes.
Un autre groupe est constitué d’êtres hybrides, mi-hommes mi-bêtes, qualifiés de faune, de chamane ou de guerrier. Ils peuvent se montrer débonnaires comme l’Homme sauvage mangeant un poisson, ravis devant une petite souris (Faune à la souris) ou plutôt inquiétant tel le Chamane couvert de gouttes de sang et d'une peau de cerf.
La plupart des œuvres présentées ici ont été réalisées en 2021 ou 2022. Carolein Smit en a même fait une spécialement pour le musée. Il s’agit d’une grande fresque murale en céramique émaillée, L'Amour fou et l'ours volant, où l’on voit un arbre, des squelettes, des étoiles, divers animaux et une forme pouvant être un ours, le tout évoquant un conte.
Dans les autres salles, on trouve tout d’abord une licorne et un daim écorché sur des supports extravagants, presque aussi grand qu’eux, une chouette et deux hiboux, des chiens de salon avec de jolis colliers et des petits coussins, puis des singes, pas moins de six, dans différentes attitudes dont plusieurs autour d’une haute sculpture, Guerrier, sorte d’homme à tête d’ours, accompagné de son chien Galgo (2018).
Un ensemble d’œuvres d’une très grande originalité et d’une très belle facture, qui mériterait d’entrer dans les collections publiques françaises. R.P. Musée de la chasse et de la nature 3e. Jusqu’au 5 mars 2023. Lien : chassenature.org