DENTS ! CROC ! GRIFFES ! CAROLEIN SMIT

 

 



Parcours en images de l'exposition

DENTS ! CROC ! GRIFFES !
CAROLEIN SMIT

avec des visuels mis à la disposition de la presse
et nos propres prises de vue

Parcours accompagnant l'article publié dans la Lettre n°564 du 22 février 2023




Titre de l'exposition
 
Cour du musée avec Chien brut, 2022. Photo David Bordes.
 
Carolein Smit. Chien brut. Grès, 2022. Collection de l'artiste. Photo David Bordes.

Installée au centre de la cour, l’œuvre Chien brut est un trône pour chien. Monumental et chargé, le trône initialement pensé pour être réalisé en bronze est façonné en céramique, en grès émaillé. Son aspect très travaillé comme sa couleur évoquent le métal et l’art des orfèvres, alors que son décor de têtes d'animaux aux accoudoirs et en partie basse et la fourrure qui le recouvre nous conduisent au temps des civilisations anciennes. Le chien ressemble à une impassible divinité perchée sur le fauteuil le plus baroque du salon! Ironique, étrange, voire inquiétante, mais fantaisiste, l’œuvre illustre bien l'inspiration de Carolein Smit.

Dents ! Crocs ! Griffes ! Carolein Smit

Carolein Smit est une artiste plasticienne hollandaise de renommée internationale. Elle est née à Amersfoort (Pays-Bas) en 1960. Elle vit et travaille actuellement en Belgique, près de Liège. Ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections publiques, en Suisse, en Allemagne, en Turquie et en Chine. En 2018, elle a fait l'objet d’une exposition rétrospective au Victoria and Albert Museum, à Londres et au Drents Museum, à Assen (Pays-Bas) ainsi qu'au Grassimuseum, à Leipzig (Allemagne).
Formée à la gravure et la lithogravure à l'école d'art de Breda (Pays-Bas), Carolein Smit s'intéresse à la céramique depuis les années 90. Très vite, ce nouveau matériau l'emporte et elle y transcrit en volume l'hyperréalisme de ses œuvres gravées.
Inspirée par les mythes et les monstres, les contes et les légendes, l'artiste plasticienne bouleverse les codes de la céramique et de la sculpture animalière. Ses créatures et animaux façonnés en faïence ou en grès nous plongent dans un monde onirique empreint d'étrangeté et de préciosité. On y sent d'emblée toute son attirance pour les époques anciennes, du Moyen Âge aux siècles baroques, tandis que son goût pour les cabinets de curiosités - ou cabinets des merveilles -, les bijoux et les matériaux précieux ne fait aucun doute. L'artiste aime naviguer aux frontières du réel, de la mythologie et de l'iconographie religieuse populaire en interrogeant toutes les formes de beauté.
Le bestiaire qu'elle déploie dans cette exposition est d'une grande richesse : chiens, chouettes, hiboux, vautours,

 

singes, souris, licorne et hérisson peuplent les salles aux côtés d'improbables êtres hybrides, mi-hommes mi-bêtes. Faune, Guerrier et Chaman imposent leurs corps velus et tatoués parmi les animaux, une présence trouble, voire malaisante.
À bien y regarder, le temps paraît suspendu. Les créatures se révèlent pensives et les animaux sont saisis à l'arrêt, prenant la pose pour le spectateur.
Le plus frappant, c'est l'extraordinaire traitement des surfaces, des pelages, des plumes et des épidermes, très réaliste et décoratif à la fois, sans aucune contradiction. Époustouflante sur le plan technique, la céramique de Carolein Smit se pare de couleurs brillantes.
Chaque créature possède un socle, une terrasse, ornée, orfévrée ou décorée au naturel, dans la veine de Bernard Palissy, grand céramiste et émailleur du XVIe siècle. Les colliers-bijoux de ses chiens lui ont été inspirés par des colliers anciens issus de la collection du Musée.
Réalisée spécialement pour l'exposition, la fresque en bas-relief composée de figures blanches sur un fond bleu à la manière des productions anglaises Wedgwood Blue de la fin du XVIIIe siècle, illustre un conte de chasse : une chasse à l'ours à la résonnance contemporaine dans l'esprit de l'artiste.
Les œuvres de Carolein Smit se distinguent par leur extrême singularité. Loin de la sculpture animalière des siècles passés détaillant l'anatomie ou exaltant la force, le mouvement, voire la fureur des bêtes, les animaux de Carolein Smit s'apparentent davantage, en dépit de leur matériau et de leur format, à ceux crées avec fantaisie par les joailliers.

Texte du panneau didactique


Salle d'exposition temporaire

Scénographie. Photo David Bordes.
 
Carolein Smit. Énorme bouledogue au collier doré. Céramique émaillée, 2022. Collection de l'artiste. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Limier. Céramique émaillée, 2022. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Chauves-souris. Céramique émaillée, 2021. Collection de l'artiste. A droite, photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.

Les chauves-souris. Le plus souvent associées au monde de la nuit et des vampires dans l'imaginaire collectif, les chauves-souris sont surtout d'étranges petits mammifères volants au rôle primordial dans l'écosystème. L'artiste qui les observe depuis son jardin en livre ici une version inoffensive et cocasse, les dotant d'oreilles et d'ailes lustrées.
 
Carolein Smit. Homme sauvage mangeant un poisson. Céramique émaillée, 2015. Galerie Steinitz. Photo David Bordes.

Personnage emblématique de l'univers de Carolein Smit, l'Homme sauvage, aussi spectaculaire soit-il, n'a rien d'effrayant. Son regard est doux et son activité pacifique : il déguste un poisson sans doute pêché à mains nues dans la rivière voisine. Assis sur une souche, appuyé sur un bâton, l'Homme sauvage au corps partiellement recouvert de fourrure porte deux cornes sur la tête, indices de son appartenance à un autre monde que le nôtre, en dépit de sa pose conventionnelle et du grand calme qui s'en dégage.
 
Carolein Smit. Faune à la souris. Céramique émaillée, 2019. Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022..

Les êtres hybrides

Si le Faune à la souris semble saisi dans un moment de ravissement - il hume une brassée de fleurs, délaissant l’exubérance que la mythologie lui a longtemps attribuée pour la connivence avec un petit rongeur - les deux chamans créés pour l'exposition (voir ci-dessous) sont indéniablement plus perturbants. Issues de la nature, voire d’un entre-deux-mondes que seuls certains seraient aptes à voir, les créatures de Carolein Smit suscitent tout autant la curiosité que le dégoût. Sommes-nous face à des êtres fantastiques tout droit sortis de contes anciens ou de l'imagination de l'artiste ? Ou bien face à une version augmentée de l’homme, en pleine mutation et hybridation, saisie entre deux règnes et annonçant les décennies à venir ? On remarquera là encore l'extrême soin apporté au traitement des surfaces : poils, mèches, gouttes et tatouages évoquent la formation de l'artiste à la gravure et son goût immodéré pour le détail et l’individualisation des éléments.

 
Carolein Smit. Chamane sur l'arbre bleu. Céramique émaillée, 2022. Collection de l'artiste.
 
Carolein Smit. Chamane couvert de gouttes de sang et d'une peau de cerf. Céramique émaillée, 2022. Collection de l'artiste. Photo David Bordes.
Les oiseaux de proie. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.

L'artiste ne cache pas sa fascination pour les rapaces, et plus particulièrement pour les vautours, des charognards conjuguant une certaine beauté, due à leur envergure, au goût pour la pourriture et la mort. Cette dualité est ici sensible dans la façon dont l'artiste a traité les oiseaux, attirants et inquiétants à la fois. Hiboux, grand-duc, vautours semblent ici guetter le visiteur dès son entrée dans la salle. Regards perçants, plumage détaillé à l'extrême, chaque œuvre a reçu une terrasse (un socle) originale et très soignée.
 
Carolein Smit. Hibou grand-duc. Céramique émaillée, 2022. Collection de l'artiste.
 
Carolein Smit. Vautour tenant une proie sanglante. Céramique émaillée, 2021. Galerie Steinitz. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Vautour sur un crâne et un tas d'os. Céramique émaillée, 2021. Collection privée.
 
Carolein Smit. Vautour sur un tas d'os. Céramique émaillée, 2021. Collection de l'artiste. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
Carolein Smit. L'Amour fou et l'ours volant. Céramique émaillée, 2022.  Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.

La fresque intitulée L'Amour fou et l'ours volant est une création pour l'exposition. Carolein Smit se lance sans plan préconçu mais fait appel à des éléments récurrents de son répertoire - arbre, squelette, étoiles, animaux - pour composer le plus magique des récits : un conte de chasse mettant en scène un ours, animal emblématique des Carpates et de Sibérie, au cœur de la nature. Réalisée en bas-relief blanc sur un fond bleu nuit, la composition évoque les procédés de la céramique anglaise, le fameux Jasperware de Wedgwood, à la fin du XVIIIe siècle.

Carolein Smit. L'Amour fou et l'ours volant, détail. Céramique émaillée, 2022.  Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. L'Amour fou et l'ours volant, détail. Céramique émaillée, 2022.  Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. L'Amour fou et l'ours volant, détail. Céramique émaillée, 2022.  Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.


Salle du cerf et du loup

Scénographie. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Licorne. Céramique émaillée, 2013.  Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.

Licorne

Animal mythique à l'existence fantasmée, la licorne est l'animal merveilleux par excellence. Représentée ici a contrario décharnée et squelettique, la licorne évolue dans un monde plus macabre que féerique, telle la monture d'un cavalier de l'Apocalypse. Seule la terrasse sur laquelle elle se dresse, couverte de fleurs, symbole d’une nature renaissante, en adoucit la vision.
 
Carolein Smit. Daim écorché. Céramique émaillée, 2021. Collection de l'artiste. Photo David Bordes.


Cabinet des rapaces

 
Carolein Smit. Chouette. Céramique émaillée, 2021. Collection privée.

Les rapaces

Moins effrayants que les grands rapaces présentés dans la première partie de l'exposition, les deux hiboux et la chouette de cette vitrine semblent issus des histoires ou des films pour enfants. Leur taille, leur anatomie et leur plumage ont été finement reproduits par l’artiste à la suite de ses observations et dessins d'après nature.

 
Carolein Smit. Deux hiboux. Céramique émaillée, 2022. Galerie Michèle Hayem. Photo David Bordes.


Salon des chiens

- Carolein Smit. Carlin. Céramique émaillée, 2019. Galerie Michèle Hayem. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
- Carolein Smit. Mops au collier à clochettes. Céramique émaillée, 2020. Collection de l'artiste. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022..

Les chiens de salon

Passionnée par les chiens, Carolein Smit est effrayée par l'évolution des bouledogues, devenus des chiens, voire des «objets » à la mode. Les croisements et manipulations génétiques dont ils font l'objet depuis quelques années en font aujourd'hui des chiens monstrueux, à la face toujours plus plissée et au souffle bruyant.
En dépit de ces difformités, l'artiste en donne ici une vision attendrissante.


Salon bleu

Scénographie. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Scébographie avec, à gauche, de Carolein Smit. Singe au bâton. Céramique émaillée, 2008. Galerie Michèle Hayem. Photo David Bordes..
 
Carolein Smit. Gibon. Céramique émaillée, 2018. Collection de l'artiste. Photo David Bordes.


Salon de compagnie

Carolein Smit. Guerrier. Céramique émaillée, 2018. Collection de l'artiste. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.

Guerrier. Galgo Tatoo.

Intitulée Guerrier, l'œuvre demeure énigmatique. L’homme-bête, sorti tout droit de l'imagination de l'artiste, est comme dans un conte d'heroic fantasy à la Game of Thrones, doté d’une massue-bijou et accompagné d'un chien, Galgo. Le corps de l'homme et celui de la bête sont couverts de tatouages foisonnants. Dans le dos du guerrier, de petites scénettes animées évoquent les décors des ivoires gravés du Moyen Âge ou ceux des chopes allemandes en grès représentant la vie quotidienne, sans que l’on puisse en saisir le sens. Le masque d'ours, le ventre sanglant et la fourrure entrelacée d'écailles de serpent participent au sentiment d'attraction / répulsion que suscite cette étrange silhouette. À ses côtés, le chien Galgo, pourtant massif, s'avère désarmant ; son corps tatoué, parsemé de boutons de rose, a la souplesse d’une tapisserie orientale tandis que son collier le rend délicat. Ce mélange de réalisme, d'invention débridée et de virtuosité d'exécution convoquent chez le spectateur des sensations contrastées. C'est là l'essence même du travail de Carolein Smit.
 
Carolein Smit. Guerrier, Galgo Tatoo. Céramique émaillée, 2018. Collection de l'artiste. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Guerrier, détail. Céramique émaillée, 2018. Collection de l'artiste. Photo David Bordes.
 
Carolein Smit. Singe avec des noix. Céramique émaillée, 2021. Galerie Michèle Hayem. Photo David Bordes.
 
Carolein Smit. Singe. Céramique émaillée, 2021. Collection privée.
Scénographie. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Ouistiti. Céramique émaillée, 2016. Galerie Steinitz. Photo David Bordes.
 
Carolein Smit. Girly Monkey. Céramique émaillée, 2021. Collection privée. Photo David Bordes.
 
Vitrine avec rongeurs et hérisson. Photo Winnifred Limburg. Adagp, Paris, 2022.
 
Carolein Smit. Grand hérisson. Céramique émaillée, 2022. Collection de l'artiste.

Le hérisson sur son socle traité au naturel, entouré de plantes, évoque l’art de Bernard Palissy, céramiste du XVIe siècle au service de Catherine de Médicis et des grands notables de l’époque pour qui il réalisait des plats émaillés au décor fantastique en relief, composé de plantes et d'animaux préalablement moulés. Il était également l’auteur de décors féeriques de grottes de jardins.
 
Carolein Smit. Rat sur une boîte à bijoux. Céramique émaillée, 2019. Galerie Michèle Hayem.

Les rongeurs

Les souris de Carolein Smit ne sont pas si petites. Parées de bijoux, elles surmontent un délicat coffret aux allures de trésor. Une boîte à dents, évidemment ! L'artiste fusionne avec bonheur l’histoire racontée aux enfants qui perdent leurs dents de lait et une représentation fantastique de la petite souris moins affairée que chez Walt Disney et plus inquiétante aussi !
 
Carolein Smit. Souris blanche. Céramique émaillée, 2018. Collection privée.