DANS LA SEINE

Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours

Article publié dans la Lettre n°602 du 16 octobre 2024



 
Pour voir le parcours en images de l'exposition, cliquez ici.

DANS LA SEINE. Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours. Dans l’antiquité les cours d’eau étaient sacrés. Le mystère de leurs sources leur procurait un culte dédié aux divinités qui les représentaient, telle la déesse Sequana pour la Seine. Ils étaient appréciés pour le transport de marchandises et la pêche mais aussi redoutés pour leurs crues. C’est pourquoi on trouve dans un fleuve tel que la Seine toutes sortes d’objets tombés, jetés, perdus, ou déplacés par les courants. Tous témoignent de l’histoire de ce fleuve, de son évolution, de ses aménagements et de ses paysages, mais aussi de ses populations successives, leurs modes de vie, leurs croyances ou leurs combats. La présente exposition nous présente de façon chronologique et thématique quelque 150 de ces découvertes et nous explique comment les interpréter scientifiquement.
Le parcours se déploie sur le pourtour des ruines archéologiques de l’ancienne Lutèce, dans la crypte aménagée lors de la construction d’un parking sous le parvis de Notre-Dame de Paris. Il commence par la Préhistoire. En effet on a trouvé, dès le XIXe siècle, de nombreux silex taillés dans les sablières situées en aval de Paris, en particulier à Clichy-la-Garenne. Ceux-ci attestent la présence de Néandertaliens durant le paléolithique. Outre divers types de silex, nous avons des défenses de mammouths laineux, et toutes sortes de panneaux didactiques (retranscrits dans le parcours en images accompagnant cet article), ainsi que des dessins illustrant ces panneaux.
La deuxième partie est sans doute la plus en rapport avec le lieu de l’exposition puisqu’elle couvre l’Antiquité. Au Ier siècle de notre ère, la Seine est une succession d’îles, de bancs de sable et de marécages. Les Romains choisissent l’île de la Cité comme point de franchissement de la Seine et aménagent un port dont il reste un tronçon de quai visible ici. De cette époque, nous avons de nombreuses poteries, dont certaines ont été importées, des objets en métal (casseroles, jattes et situles), des bijoux, des statuettes et aussi des ex-voto en pierre ou en métal. En effet, il était d’usage d’honorer la déesse pour lui demander de guérir certaines parties du corps ou pour la remercier. On trouve ainsi des objets représentant des membres, des têtes, des sexes masculins ou féminins, des yeux, etc. Les archéologues en ont recueilli plus de 1500 sur le lieu dédié à Sequana. Cette deuxième partie se termine par l’évocation d’une pêcherie installée à 120 km en amont de Lutèce, à Pont-sur-Seine, dans l’Aube. Outre les panneaux et dessins décrivant ce lieu, nous avons une nasse en vannerie retrouvée dans un état de conservation exceptionnel.
La troisième partie, «la Seine Médiévale» nous présente une multitude de petits objets trouvés dans le fleuve au cours des opérations de curage ou de dragage à partir du XIXe siècle. En effet, jusqu’à cette époque, la Seine n’était navigable que quatre à six mois par an. Parmi ces objets, on remarque un grand nombre d’enseignes (insignes) de pèlerinage, petites médailles attestant de la venue sur des lieux saints que l’on pouvait également jeter dans le fleuve pour accompagner la formulation d’un vœu. Certaines de ces enseignes étaient en plomb. On a retrouvé des milliers de ces plombs, parmi lesquels on a aussi des méreaux, à savoir des jetons pouvant servir, par exemple, de laissez-passer pour des péages ou de monnaie d’échange au sein de confréries religieuses. Leurs motifs étaient très variés. En dehors de ces petits objets de toutes sortes nous avons les restes d’un pieu en chêne du XIIIe siècle qui servait de pilotis pour une maison ou un pont.
Dans cette section sont exposée également une multitude d’armes datant de l’âge du bronze jusqu’à la Seconde guerre mondiale. Les plus anciennes sont des haches et des épées auxquelles s’ajoutent, à l’époque mérovingienne, des lances et des scramasaxes, des coutelas à un seul tranchant. Ces armes ont pu être enfouies dans la Seine d’une manière intentionnelle, en offrande à l’eau. En revanche les armes plus récentes, tels des casques, des pistolets et même des obus, ont certainement été perdues ou jetées intentionnellement pour s’en débarrasser.
La dernière section est consacrée à «la Seine aujourd’hui» où est mis en avant le travail de la brigade fluviale, qui supervise la sécurisation des biens et des personnes et effectue des opérations de plongée lui permettant de ramener d’autres trouvailles, tel un mascaron ou un candélabre du pont Alexandre III.
Des œuvres contemporaines ornent le parcours. Nous avons tout d’abord une sculpture de Yan Tomaszewski inspirée des ex-voto anatomiques offerts par les Celtes à la déesse Sequana. En fin de parcours se dressent deux carottages, une recomposition d'éléments issus de forages, œuvre de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, permettant de reconstituer l’histoire enfouie de la ville.
Après cela on peut s’intéresser au parcours permanent où l’on voit les vestiges de la première fortification de Lutèce, un autre du premier Hôtel-Dieu, un mur de quai du premier port de Lutèce, une cave médiévale, un mur de l’hospice des Enfants-Trouvés et les thermes antiques.
Une exposition originale, riche en documents, objets et informations de toutes sortes. Signalons aussi la présence de panneaux très intéressants destinés au jeune public. R.P. Crypte archéologique de l’île de la Cité 4e. Jusqu’au 31 janvier 2025. Lien : www.crypte.paris.fr.


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